Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/328

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Vous seul, dans cette chair paresseuse et rampante,
Relevez notre esprit qu’elle incline à sa pente ;
Par vous j’ai pu, fidèle à des devoirs rivaux,
Mêler une œuvre sainte aux serviles travaux ;
Et, malgré tout, poëte ardent à la poursuivre,
Ajouter, chaque jour, une ligne à mon livre.

Gomme un sillon tracé que l’on suit forcément,
Ce livre m’a conduit hors de l’égarement.
Dans la nuit des erreurs, des passions, des doutes,
Où j’allais, ballotté sur mille et mille routes,
Mon œuvre, en me plaçant l’Évangile à la main,
M’a montré de la croix l’infaillible chemin.

Ainsi, m’ouvrant l’asile où mon cœur persévère,
Ma Muse a longuement habité le Calvaire ;
Et m’a forcé de boire à la source du beau
Qui jaillit, ô Jésus, près de votre tombeau.

Redescends, maintenant, jusqu’à la glèbe humaine
Où la commune loi, poëte, nous ramène ;
Mais, avant de quitter le Calvaire et la croix,
Sur le sacré sommet prie encore une fois.
A ce sol arrosé de tant de larmes saintes
Confie encor tes vœux, tes amours et tes plaintes ;