Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/333

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Qu’elle le sache bien : dans sa joie ou ses peines,
Son sang est aussi mien que celui de mes veines.
Baigné des mêmes pleurs, des mêmes bras bénis,
Nous sommes deux rameaux si fermement unis
Que, séparés, pourtant, de l’arbre qui les porte,
Le fer seul les disjoint tant leur étreinte est forte.
Si des vœux maternels, mon Dieu ! tu te souviens,
Fais prospérer ses jours plus dignes que les miens.
Tendre et forte, au chevet de la douce martyre,
C’est elle qui veillait, sachant à tout suffire.
Par le prix des douleurs, par notre mère au ciel,
De la vie à sa fille épargne au moins le fiel ;
Et, si tu veux bénir ma fervente prière,
Fais qu’un peu de bonheur lui vienne de son frère !

Fais, par elle et par moi, que sa nouvelle sœur
À notre humble foyer goûte quelque douceur.
Hélas ! ma mère heureuse à l’appeler ma femme
L’attendait pour mourir et lui léguer mon âme.
C’est elle dont l’amour, m’attirant vers le bien,
Élève à Dieu mon cœur sur les ailes du sien ;
Et, sachant le secret du bonheur qu’elle donne,
M’apprend qu’il faut ailleurs en chercher la couronne.
Elle tresse ici-bas, voilée à tous les yeux,
De prière et d’amour ses jours laborieux ;