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Le Baptême au désert

 
I

Dans les plaines où luit, d’un éclat jaune et morne,
Des sables ondoyants l’aridité sans borne,
Loin des puits et de l’ombre et plus loin des humains,
Est accroupi, couvrant sa tête de ses mains,
Fauve, sombre, immobile et différant à peine
Des rochers calcinés perçant la molle arène,
Un homme aux durs contours, aux flancs maigres, nerveux,
Inculte, hérissé de barbe et de cheveux :
Un éclair parfois brille en son orbite cave,
Il a l’œil d’un voyant et l’habit d’un esclave ;
Des lanières de cuir serrent contre ses reins
Les poils roux du chameau tissus avec des crins.
Hors lui seul, il n’est pas, sous ce ciel rouge, une âme ;
Pas un insecte errant dans cet air tout de flamme,