Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/79

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« Et si la solitude, en votre âme agrandie,
De sa soif immortelle allume l’incendie,
Le prophète apparaît qui jamais ne faillit ;
Il frappe le rocher, et l’eau vive jaillit,
Jaillit à flots pressés et coule intarissable ;
Elle creuse son lit sur le roc, dans le sable,
Et vous y buvez tous, esclaves triomphants,
La liberté, la vie. Hommes, femmes, enfants,
Tous s’y viennent plonger ; et toute plaie immonde,
Toute marque des fers disparaît dans cette onde :
Vous marchez jeunes, purs, pleins d’audace et de foi,
Vers le mont foudroyant d’où descendra la loi,

« Venez donc ! au passé dites l’adieu suprême,
Entrez tous hardiment dans la mer du baptême ;
L’eau renferme la force avec la pureté
Et l’oubli des douleurs de la captivité ;
La terre, aux anciens jours, coupable, y fut lavée.
L’onde, en touchant le corps, fait que l’âme est sauvée ;
Elle donne une voix prophétique aux roseaux ;
L’esprit du Dieu vivant flotte encor sur les eaux ! »

Tel Jean les entraînait dans le sein pur du fleuve
Pour engendrer au père une famille neuve ;