Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/187

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secrètes, car vous sondiez avec une clairvoyance égale les plus petites plaies du cœur et les plus grands problèmes de l’esprit ; vous saviez nous conduire dans les sentiers étroits de la vie pratique et dans les vastes régions de la pensée.

Vous jugiez sainement des choses du monde, parce que vous aviez la science d’un monde supérieur. Vous habitiez par avance cette sphère plus pure ; votre âme, dirigée tout entière vers les idées éternelles, donnait si peu de son attention à cette terre mauvaise, que vous l’avez traversée sans jamais lui appartenir : de telle sorte qu’au jour où Dieu vous a rappelé dans son sein, le passage d’un monde à l’autre a dû se faire pour vous sans étonnement. Vous êtes entré dans l’idéal comme dans une demeure bien connue ; c’était pour vous le foyer paternel, et vous le quittiez rarement ; maintenant sa chaleur et sa lumière vous enveloppent à jamais.

Vous êtes parvenu avant l’âge au terme de l’initiation. Qu’auriez-vous fait plus longtemps de la vie ? Vous aviez étouffé en vous toute ambition terrestre. Vous aviez si bien dompté l’égoïsme et la personnalité, que Dieu seul vivait en vous. Vous ne participiez aux émotions de ce monde qu’à travers l’âme de vos amis ; nos peines étaient vos peines, nos joies étaient vos seules joies. Je le sais, moi dont vous adoptiez toutes les souffrances ; moi qui vous empruntais à chaque instant les forces de votre esprit et de votre cœur pour accomplir mes douleurs et mes travaux, et qui