Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/20

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uns d’entre eux assigne au mythe de Psyché une date contemporaine de la belle époque du génie grec Réduite aux grandes situations retracées par le ciseau antique, cette histoire, par sa belle ordonnance, sa grâce sévère, sa portée morale, est digne d’avoir passé sur les lèvres du divin Platon. Peut-être est-ce un débris d’une tradition antérieure recueillie dans son école et marquée de l’élégance du maître. Dans tous les cas, elle est bien dans l’esprit de sa doctrine, et c’est par ses disciples qu’elle a été portée à Alexandrie et à Rome.

On a supposé, non sans vraisemblance, que cette fable faisait partie de quelques-uns des mystères où les grandes vérités cosmogoniques et morales étaient transmises aux initiés à travers des représentations allégoriques. Il est certain qu’elle n’a jamais eu place dans la mythologie officielle et populaire. Son origine et sa date fixe restent indécises, et Ton peut admettre également : ou bien que c’est un écho des traditions primitives sur la chute de l’homme, conservé dans les sanctuaires d’initiations ; ou bien que c’est un fruit plus récent, germé du sol de la Grèce, à qui la philosophie a donné la substance et le parfum et que l’art a revêtu des vives couleurs, des formes élégantes communes à toutes les productions du génie athénien. Cette incertitude même sur la date et la source du mythe est une condition des plus favorables à la liberté nécessaire au poëte. Au fond, l’idée de la fable de Psyché est identique à l’idée chrétienne. On