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Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/204

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Là, sa foudre aux Titans défend l’abord des cieux ;
Là, taureau, sur sa croupe il porte en des flots bleus,
Vers un monde à peupler dont elle sera mère,
Europe aux pieds d’argent que baise l’onde amère.
Ainsi, dans ses projets pour l’amour ou l’effroi,
Tout élément concourt à servir le dieu-roi.

Plus loin, l’ardent Phœbus, le prince au triple empire,
Archer qui tient aussi les rênes et la lyre,
Devant qui meurt toute ombre et pâlit tout flambeau,
Apollon, le dieu seul, sans rival, le dieu beau,
Séchant sous ses traits d’or un limoneux refuge,
Perce l’impur Python, noir enfant du déluge.
Instruit par son oracle, un couple abandonné
Sème les cailloux vils dont un grand peuple est né.
Déjà sous le regard de l’éternel poète
L’univers réveillé prend des habits de fête,
Et les hommes groupés autour du dieu vainqueur
Pour la première fois savent chanter en chœur.
La lyre enlève aux monts et bâtit les murailles
Des villes qui germaient dans leurs fortes entrailles ;
Les sauvages tribus, accourant à sa voix,’
S’approchent en dansant au bord des sombres bois.
Tout fleurit sous tes pas ! Tu fais croître et transformes,
O dieu de l’harmonie ! ô roi des belles formes !
Ton bras, libre des plis de la chlamyde d’or,
Montre le vieux serpent qui rampe et hurle encor ;
Un orgueil triomphant soulève ta poitrine,
Ouvre à demi ta lèvre et gonfle ta narine,
Et sur ce monde neuf planant en souverain,
Tu jettes sur ton œuvre un œil fier et serein !

Sans rompre encor le chant de son hymne étouffée,
L’Èbre roule la tête et la lyre d’Orphée.