Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/210

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Est-ce pour y loger une ombre et de vains noms
Que tes fils ont bâti les sacrés Parthénons ?
Adore un dieu plus fort, si l’homme l’imagine,
Que ceux qui t’ont donné Platée et Salamine !
Pour l’immortel souper qu’attend Léonidas,
Trouve un autre Elysée ouvert à tes soldats !
Quand on aura brisé les image j des temples,
De quels dieux nos héros suivront-ils les exemples ?
Les autels vont crouler, les vertus avec eux…
Ah ! s’il est temps encor, rendez-nous nos faux dieux !


UN STATUAIRE.


N’allez plus, ô nochers, pour des œuvres fans gloire,
Ravir à l’Orient son or et son ivoire !
Fuyons le Pentélique où sculptaient nos aïeux,
Et la blanche Paros, cette mine des dieux.
Jetons loin nos ciseaux, outils sacrés naguères,
Qui ne traceront plus que des formes vulgaires.
Nos marbrés encensés trônaient sur les autels :
Ceux qui faisaient les dieux feront-ils des mortels !

Grèce, où l’amour des dieux, chaleur douce et bénie,
Comme un fruit de ton sol fait mûrir le génie,
Grèce, Olympe terrestre où respirent encor
Mille habitants du ciel parés de jaspe et d’or,
Qui pourra retrouver, une fois abattues,
Le moule harmonieux d’où sortaient tes statues ?
Nos fils à l’idéal s’essayeront en vain ;
Les hommes ont brisé leur modèle divin.

Vous fuirez les regards des ouvriers profanes,
O Nymphes qui veniez en des nuits diaphanes,
Vous tenant par la main, formant des pas en rond,
Les cheveux dénoués et des fleurs sur le front,