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Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/228

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Vos amis se pressaient, beaux comme leur beau maître,
Et leurs regards suivaient le chemin de vos yeux.

Ainsi qu’un vin bénit que l’on boit à la ronde,
Vous répandiez sur eux un discours embaumé,
En flattant sous vos doigts la chevelure blonde
D’un jeune Athénien immobile et charmé.

Après venait un chœur de femmes d’Ionie ;
La flûte cadençait leurs pas mélodieux ;
Puis, ô Grecs ! enivrés d’amour et d’harmonie,
Vous chantiez sur la lyre un hymne ponr les dieux.

Sunium ! Sunium, ô divin promontoire
Que la mer de Myrtho baigne amoureusement,
Ta cime a vu trôner le sage dans sa gloire !
Il a mêlé sa voix à ton gémissement !

Il venait là s’asseoir sur la roche dorée,
Le poète ! il parlait avec un front riant ;
Parfois, comme pour lire une page inspirée,
Il s’arrêtait, les yeux plongés dans l’Orient.

Ses disciples, drapés dans leurs manteaux de laine,
Dans les myrtes en fleurs se groupant au hasard,
Recevaient en leurs cœurs, muets et sans haleine,
Le baume qui coulait des lèvres du vieillard.

Sunium ! Sunium ! as-tu fait à sa place
Fleurir un laurier rose ou quelque arbre inconnu ?
As-tu plus de parfums pour la brise qui passe ?
Tes échos chantent-ils depuis qu’il est venu ?