Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/23

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a suscité dans son cœur de viril enthousiasme et d’ardeurs généreuses ; il s’estime heureux de s’être trompé ainsi. Il en est de même pour tous les points de doctrine, si le mot n’est pas trop ambitieux, appliqué aux intentions de quelques images et de quelques hémistiches, qui ne résisteraient pas au critérium * d’une sévère théologie. En divorçant avec les erreurs, il faut chérir toujours les belles illusions. Dans l’âme la plus docile, quelque chose résiste à toutes les autorités, à celle des faits comme à celle des doctrines, c’est l’invincible espérance. Rêver que le mal est effacé de la création, voir au terme de toutes choses le vrai, le bien, le beau restaurant le monde tout entier et lui restituant sa forme éternelle, associer pour une large part la liberté humaine à ce travail de l’infini, de pareilles hypothèses ne doivent laisser aucun remords à l’esprit, s’il est obligé d’y renoncer. Il en est ainsi pour les rêves politiques contemporains de cette ambition d’idéal qui a inspiré Psyché ; le poëte s’en souvient avec orgueil. C’étaient des rêves, sans doute, mais assez purs, assez nobles pour mériter d’être un jour la réalité. A l’homme incapable des illusions de ce genre, la poésie reste un livre clos à tout jamais. C’est au milieu d’une jeunesse lettrée que passionnaient toutes les grandes questions de la philosophie et de l’histoire, c’est pour elle que ce poëme fut écrit. Retrouvera-t-il aujourd’hui la même classe de lecteurs ? Son caractère philosophique le fit alors remarquer ; l’attention de la critique se porta sur ce point, trop