Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/25

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consacre l’existence de son activité personnelle et libre. Il est impossible de conclure plus directement contre le système qui confond en une seule vie, en une seule cause, Dieu, l’homme et la nature, c’est-à-dire contre le panthéisme. Mais, nous le répétons, malgré les intentions morales inhérentes au sujet, Psyché n’est pas une thèse de théologie ou de politique, c’est un poëme. L’auteur y cherchait avant tout la poésie, c’est elle aussi que le lecteur doit y chercher. Le souci de la forme poétique, de l’harmonie des couleurs, de la pureté du style est le seul qui ait présidé aux corrections nombreuses faites à cette édition. L’écrivain a cru devoir respecter scrupuleusement sa pensée première sur les points mêmes qui se sont rectifiés dans son esprit. Un auteur n’a pas le droit de détruire sa propre pensée une fois émise, quand cette pensée a été honnête, sérieuse et sincère. Que l’on se hâte d’effacer un tableau licencieux, une page empoisonnée de lâches conseils, d’énervantes séductions, un mot en fiel le de haine et de calomnie, si Ton a été assez malheureux pour récrire, c’est là un devoir. Mais de pareilles souillures, dont il importe de purger son nom et son œuvre, n’ont rien de commun avec cette chose noble et sainte entre toutes, la conviction d’une âme éprise de la vérité et témoignant de ce qu’elle croit. Une erreur de l’esprit n’est coupable, n’est dangereuse même, que si elle est combinée avec une mauvaise passion du cœur. Il faut donc se respecter soi-même dans toutes les pages que l’on a