Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/290

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Pour toi dans l’univers la forme est un hommage ;
En des tons variés, sur les flots et les fleurs
Chante en te célébrant le concert des couleur »,
De leur plus pur encens les âmes et les roses
Chargent les doux rayons dont elles sont écluses,
Et chaque atome d’air se balance, animé
Du rhythme par ton souffle à son aile imprimé.

» Car c’est ta flamme, ô roi ! qui meut tout, et qui verse
Au sein du froid chaos la vie une et diverse.
C’est toi qui donnas l’âme aux éléments grossiers ;
Tu fais courir la sève en fleuves nourriciers ;
Chacun de tes regards jette à la terre avide
Et lumière et chaleur en un même fluide.
L’arôme intérieur dans tout objet caché,
Ne saurait en jaillir, si tu ne l’as touché ;
Sans toi pas d’œil qui voie et pas de cœur qui sente ;
Tout se renferme en soi quand ton rayon s’absente ;
Et ces esprits féconds qui se cherchaient entre eux
Rentrent dans un repos stérile et ténébreux.
Mais, égal en ta course, autour de tes domaines,
Vigilant et paisible, ô roi ! tu te promènes,
Jetant du haut d’un char à ton peuple indigent,
Sans t’appauvrir jamais, des flots d’or et d’argent ;
Et la terre,’à ta suite, amasse une étincelle
De ces chaudes clartés dont ta face ruisselle.

» Pour toi l’ombre n’a pas d’infranchissable seuil ;
De flots ou de granit tu perces son linceul ;
Tu fais dans la montagne aux entrailles de pierre
Germer les diamants d’un grain de ta lumière ;
Sous le noir Océan une perle qui luit
Nous atteste un rayon déposé dans sa nuit.
Seul tu peux traverser de tes flèches de flammes
La triple obscurité qui recouvre nos âmes.