Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/38

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un mot, de moins en moins libéraux, tous ces arts ont dû se développer par leur côté le moins libéral, par celui qui peut leur être commun avec les arts mécaniques. De là ces effets violents de style, ce culte exclusif de la couleur et de tout ce qui frappe les sens, ce mépris de l’idéal, tous ces vices qui ont fini par se résumer dans cette monstruosité appelée le réalisme. Or, il ne faut pas s’y tromper, quoique le réalisme avoué, et pour ainsi dire officiel, ne se compose que (l’une petite école très-justement ridiculisée et combattue, notre époque tout entière, si on la compare aux grandes et saines époques de l’art, est entachée de quelques-unes des erreurs dont l’exagération et l’aveu brutal constituent le réalisme. On dirait, fort souvent, que les vers, la musique, les tableaux sont faits pour un public qui n’a que des yeux et des oreilles, et pour toute conscience et critérium un tempérament plus ou moins nerveux, bilieux ou sanguin.

Tous les arts se sont développés de nos jours par leur côté technique et matériel ; ils ont fait dans ce sens un immense progrès. On est étonné, en parcourant les expositions de peinture et les revues littéraires, de voir combien abonde le talent d’exécution* combien il y a en France de pinceaux et de plumes habiles. Mais tous ces prodiges du doigté sont, en somme, peu estimables, et infiniment moins difficiles qu’ils ne le paraissent à la foule. Ce qu’il y a de difficile et d’admirable, en tout temps et surtout aujourd’