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Page:Lara - Contribution de la Guadeloupe à la pensée française, 1936.djvu/40

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CONTRIBUTION DE LA GUADELOUPE

Cet heureux jour, payé de tant de larmes !
Dans le délire où s’égare le cœur,
Des mots sans suite échappent de la bouche.
« Oui ! c’est mon fils ! mais, non ! c’est une erreur ! »
Pour s’en convaincre, on approche, le touche.
Et le vieillard, plus calme dans sa joie :
« Quand Dieu, dit-il, près de nous te renvoie ;
« Quand, t’accusant de tes torts expiés,
« Le repentir te ramène à mes pieds,
« Je n’irai point, écoutant la colère,
« D’un vain reproche accabler ta misère.
« Pour tous tes maux, Dieu m’a donné des pleurs,
« Et des pardons pour toutes tes erreurs
« Viens, mon enfant ! si ton cœur est sincère.
« Relève-toi ; je redeviens ton père ! »

Dès que Ruben, par ce mot solennel,
Eut rassuré le tremblant Azaël,
Qui dans la poudre à ses pieds s’humilie,
Un ange alors, témoin mystérieux,
Du pacte saint qui les réconcilie,
Loin de Gessen prend son vol radieux ;
Et le Pardon fut écrit dans les Cieux.