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l’urne ; c’est lui-même qui l’a écrit sur son bulletin. Il rentre chez lui maudissant les amis, et se promettant d’être plus heureux aux élections prochaines ; il se berce ainsi toute sa vie d’un espoir trompeur, ce qui ne l’empêche pas de bien dormir, d’être bon père et bon époux, de faire ses trois repas et d’engraisser considérablement.

Mais cet excellent éligible ne dépenserait pas un centime pour avancer ses affaires ; son ambition lui donne le plaisir de l’espérance et ne lui coûte rien.

Un jour, un riche propriétaire vint solliciter ma voix ; je lui fis observer que j’avais déjà pris des engagements, et qu’il se mettait sur les rangs un peu tard. « Si vous voulez être député, lui dis-je, donnez pendant cinq ans des dîners et des fêtes à la ville