Page:Larguier - L'an mille, 1937.djvu/223

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nelle, honnête, modérée, pratique, des hommes capables de la servir ou de la perdre… Blanqui lui-même vint se livrer un matin, avec abandon à moi, à l’heure où l’on prétendait qu’il conspirait ma mort… Blanqui m’intéressa plus qu’il ne m’effraya. On voyait en lui une des natures trop chargées de l’électricité du temps, qui ont besoin que les commotions les soulagent sans cesse. Il avait la maladie des révolutions. Il en convenait lui-même. Ses longues souffrances physiques et morales étaient empreintes sur sa physionomie, plus en amertumes qu’en colères. Il causait avec finesse. Son esprit avait de l’étendue. Il me parut un homme dépaysé dans le chaos, qui semblait chercher de la lumière, et une route à tâtons à travers le mouvement. Si je l’avais revu plus souvent, je n’aurais pas désespéré de lui pour les grandes utilités de la République. Je ne le vis qu’une fois… »