Page:Larguier - L'an mille, 1937.djvu/42

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de pin sur les trois marches du perron ; les volets et la porte sont fermés et je pourrais être un homme en manteau sur le seuil, tirer une clef de ma poche, sentir le vantail poussé, l’odeur de cire et d’humidité du vestibule, allumer moi-même le feu de bois qui m’attend, toujours préparé, dans la haute cheminée, revoir mes tableaux, mes livres, mes meubles « luisants, polis par les ans », comme dit Baudelaire, et devant l’âtre tout pétillant de sarments et de bûches, écouter la Guiraude qui me parle du pays, des vieux morts, des nouveau-nés, en me servant une omelette au lard et aux champignons, un morceau de jambon, des muscats noirs qu’elle sait conserver, à peine ridés, jusqu’en février… la Guiraude qui fut ta petite camarade, à l’école de mon père, ma Marie, et qui ressemble aujourd’hui à une Albigeoise de Montségur et à la Piéta d’Avignon… Ce se-