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Page:Larguier - L'an mille, 1937.djvu/96

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Ils complotaient, ils se plaignaient… Joseph, malgré sa peu solide couronne espagnole, venait d’être assez mal traité par Napoléon. Dans son cabinet des Tuileries, aux murs écussonnés d’aigles d’or et de lauriers, l’Empereur l’avait reçu debout, ses belles mains grasses derrière son dos. Il arpentait rageusement l’immense pièce ; les talons de ses bottes sonnaient malgré le tapis ; il avait des arrêts brusques devant son frère aîné qui se raidissait alors instinctivement comme un soldat pris en faute et rudoyé par son chef. Des paroles dures et parfois quelques mots passaient, plus sonores ceux-là, venant de l’île où ils étaient nés… Pauline, qui lisait un petit volume de M. de Chateaubriand écoutait à peine les plaintes de ce roi malmené et madame Lætitia Bonaparte se taisait, grave et pensive. Ce n’était qu’une mère au cœur douloureux et fort qui se trouvait là, dans cette pour-