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HOSTILE — HÔTEL-DIEU.


HOSTILE (l. hostilem ; de hostis, ennemi), adj 2 g. Qui est d’un ennemi ; qui caractérise un ennemi : Action, projet hostile.

HOSTILEMENT {hostile + sfx. ment), adv. En ennemi : Gardez-vous d’agir hostilement avec vos voisins.

HOSTILITÉ (1. hostilitatem), sf. Acte de guerre : Commencer les hostilités. — Fig. Disposition à agir en ennemi : Une sourde hostilité.

* HOTCHKISS, sm. Canon-revolver inventé par l’ingénieur américain de ce nom. Ce canon fait partie de l’armement des embarcations de guerre et est employé pour les protéger contre les attaques des torpilleurs ; il sert aussi à flanquer les ouvrages de fortification. — Il existe également un fusil à répétition inventé par le même ingénieur.

HÔTE, HÔTESSE (1. hospitem), s . Celui, celle qui reçoit, loge et nourrit quelqu’un sans rétribution ; la personne ainsi reçue : Notre hôte n’épargne rien pour bien traiter ses hôtes. Hôtelier, aubergiste, cabaretière ; personne qui loge, mange dans une auberge : Ces hôtes si exigeants refusaient de payer l’hôtesse. || Table d’hôte, table servie à l’heure fixe et où l’on mange à un prix connu d’avance. | 1 Compter sans son hôte, compter sur une chose qui dépend d’autrui. — Prov. Qui compte sans son hôte compte deux fois, on a tort, quand on fait des projets, de ne pas tenir compte d’une chose ou d’une personne qui peut empêcher de les réaliser. || Propriétaire qui loue des logements ; locataire. || Habitant : Les hôtes de l’air, les oiseaux. — Gr. Il faut bien remarquer les deux sens opposés de ce mot. Le premier sens est actif ; le second, passif. — Hôte est de la même famille que Hospice, hôpital, etc.

* HOTÉIE (plante dédiée à Hotéi, botaniste du Japon), sf. Plante herbacée de la famille des Saxifragées et qui est l’Hoteia Japonica des botanistes. De sa souche vivace s’élèvent des tiges dressées de 30 centimètres, garnies de feuilles pennisénuécs, à deux ou trois lobes et i !ont le pétiole est dilaté à sa base. Les fleurs, blanches, sont disposées en grappes. Cette plante a été introduite dans nos parterres, oii elle sert surtout à faire des bordures. Elle se multiplie par éclats au printemps et réclame une terre douce, à mi-ombre.

HÔTEL (vx fr. hoslel : du 1. hospitale), sm. Très belle habitation : Les Archives nationales occupent l’hôtel de Soubise, à Paris. Il Autrefois , maison du roi : Le grand prévôt de l’hôtel.

Maître d’hôtel, officier chargé de pourvoir à la table d’un grand personnage. || Grand établissement public : L’hôtel des Monnaies. || Hôtellerie, auberge , maison garnie : Écrivez-moi à Tours, à l’hôtel de l Univers. || I[ôtel de ville, maison où siège l’autorité municipale. — Au moyen âge, Vhôlel de ville était ordinairement désigné sous le nom de Maison de ville ou sous celui de Maison commune. Eu France, il nous reste bien peu de ces édifices qui soient antérieurs au xiv° siècle. Les plus vieux que l’on trouve encore debout furent construits à la suite du grand mouvement populaire qui amena l’établissement des communes, et on les rencontre tous au midi de la Loire. C’est que dans cette région le régime municipal gallo-romain n’avait point péri entièrement comme dans le nord de la Gaule. Bordeaux avait son hôtel de ville dès le xii" siècle, et à la même époque, le Capitole de Toulouse était déjà une forteresse municipale. L’un des plus curieux et des plus anciens hôtels de ville du Midi qui subsistent encore aujourd’hui est celui de la petite ville de Saint-Antonin (Tarn-et-Garonne). Il fut élevé vers le milieu du xiii^ siècle. C’est un grand bâtiment en forme do parallélogramme ; le rez-de-chaussée, percé d’arcades, servait de halle ; une tour logeant un beffroi s’élevait à l’extrémité de l’un des petits côtés. Le premier étaiçe se composait d’une grande salle éclairée d’un côté par une claire-voie et d’un cabinet dont le sol était élevé de quelques marches au-dessus de la salle ; ce cabinet formait le premier étage de la tour. Le second étage de l’édifice était divisé comme le premier, mais éclairé par des fenêtres géminées percées sous la corniche. Dans le nord de la France, il ne reste plus une seule maison de ville aussi ancienne, et cela pourdeux raisons principales : la première, c’est que les communes eurent beaucoup de peine à se maintenir dans cette région. Elles avaient sans cesse à lutter soit contre le pouvoir royal, soit contre leur suzerain. ’Vaincues, on les obligeait à démolir leur hôtel de ville. La seconde cause de la rareté ou plutôt de l’absence des hôtels de ville dans le nord de notre pays, c’est le parti que prirent les évèques do mettre leurs cathédrales à la disposition des communes pour y tenir leurs assemblées.

HÔTEL DE VILLE DE PARIS

Ces immenses édifices revêtaient alors un caractère à la fois civil et religieux, et jusqu’à la fin du XVI" siècle, ils servaient pour les réunions politiques et profanes de la population. Des marchés s’installaient sous leur porche et l’on vendait même sous leurs voûtes. Dès lors, les habitants des villes ne songeaient point à construire une maison municipale. S’ils en avaient une, elle ne différait L’uère, en général, des maisons des particuliers. Il en lut ainsi pour Paris. Dans cette ville, Etienne Marcel acheta en i’Vol au receveur des gabelles une maison d’habitation qui ne se distinguait en rien des autres et qui devint le premier hôtel de ville : c’était le Parloir aux Bourgeois : en 1533, place de Grève, Dominique Boccador édifia y Hôtel de Vi//emoderne,incendicenniail871 ; mais reconstruit en 1873 par l’architecte Ballu sur les mêmes plans au xvi" siècle, le nouveau monument a été inauguré en 4883. La ville d’Auxerre n’eut son hôtel de ville qu’en 1432. Dans les villes où par exception il existait une maison commune, voici quelle en était la disposition vers la finduxiii" siècle. Devant la façade s’élevait un portique de la hauteur du rez-de-chaussée et dont le porche de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois a Paris peut donner une idée. Sous ce portique un escalier à deux rampes conduisait à un palier médian surmonté d’une petite loge ou bretéche, terminée en avant par une balustrade et d’où les administrateurs de la commune parlaient au peuple. C’est au-dessous de cette loge qu’était percée la principale entrée de la maison de ville. Au centre de la façade s’élevait la tour du beffroi. Au rez-de-chaussée de cette tour se trouvait la prison de la commune, et au premier étage la salle des archives. Au-dessus était le beft’roi proprement dit, pourvu d’une guette et d’un carillon. Le beffroi était flanqué de chaque côté de deux grands bâtiments faisant corps avec lui et ayant leurs jiignons sur la lacade, comme c’était du reste l’usage pour toutes les maisons des villes du mo^eii âge. Les rez-dechaussée de ces bâtiments servaient de magasins d’armes, et au premier étage étaient la salle des délibérations et ce que nous appellerions les bureaux. En Flandre, en Belgique, en Allemagne, il existe encore un assez grand nombre de ces édifices des xiii», XIV" et xv" siècles. Tels sont par exemple les hôtels de ville de Gand, de Louvain, d’Aix-la-Chapelle, de Lubcck, de Brunswick, de Munster, de Ratisbonne, de Dantzig. Les beaux hôtels de ville de Louvain et de Bruxelles sont un peu postérieurs et n’ont été bâtis qu’au xvi» siècle. Dans le N. de la France, on construisit beaucoup d’hôtels de ville pendant la seconde moitié du xv siècle et au commencement du xvi", parce que Louis XI, dans un but politique, érigea beaucoup de villes en communes. Ces nouvelles municipalités s’empressèrent à l’envi d’élever des édifices municipaux dont quelques-uns étaient de véritables palais. Au nombre des plus intéressants q^ui subsistent encore aujourd’hui, on peut citer l’hôtel de ville de Saint-Quentin (fin du xv" siècle) et celui de Compiègne (premières années du xvi» siècle et achevé sous Louis Xil). Dans quelques villes du Nord, les beffrois étaient indépendants de l’hôtel de ville ; il en était ainsi à Amiens, à Cambrai, à Commines , à Tournai, etc. — P I. des hôtels de ville. — Hoin. Autel. — Dl). Hôjiital. ~ Dér. Hôtelier, hôtelière, hôtellerie. — Coini). Hôlel-Dieu. — S y il. CV. Hôtellerie. )

HÔTEL-DIEU (hôtel + Dieu, c’est-à-dire maison de Dieu ; ici Dieu est le complément génitif de hôtel, complément formé par simple juxtaposition, d’après l’ancienne construction), sm. Hôpital principal d’une ville, qu’on appelait encore autrefois maison Dieu, maladrerie, hospice, hôpital, mais dont on distinguait toujours la léproserie. — Les anciens n’avaient point de maisons de refuge où les malades pauvres pussent aller chercher la guérison. Les établissements de cette nature sont une création du christianisme. Il en est fait mention pour la première fois dans saint Jérôme qui nous apprend qu’une dame romaine fort riche nommée Fabiola fonda, vers l’an 380, un hôpital dans lequel on recevait les malades. Pendant les premiers temps du Moyen Âge, de semblables fondations furent faites en grand nombre en Italie, en France, en Allemagne, pour soigner et loger les malades, les voyageurs, les pauvres. Mais ce fut surtout pendant les XIe, XIIe et XIIIe siècles que l’on créa une quantité prodigieuse d’hospices. Presque toutes les abbayes avaient un hôpital dans leur enceinte. 11 existait en outre, hors des villes, un si grand nombre de léproseries, qu’on n’en comptait pas moins de 19 000 dans l’Europe occidentale. L’architecture des hôtels-Dieu du Moyen Âge était souvent fort bien entendue, ainsi que nous en pouvons juger par ceux de ces édifices qui sont parvenus jusqu’à nous. Les plus considérables d’entre eux avaient une grande salle principale à trois nefs pouvant contenir plusieurs rangées de lits. La chapelle était dans cette salle même, à l’un des bouts, ou tout à côté. Parmi ces hôpitaux les plus remarquables par leur étendue, on peut citer celui d’Angers construit en 1153, et l’Hôtel-Dieu de Chartres datant à peu près de la même époque. Au commencement du XIIIe siècle,