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Page:Larive - Dictionnaire français illustré - 1889 - Tome 2.djvu/413

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que l’on entend par parallaxe horizontale d’un astre l’angle sous lequel le rayon terrestre serait vu du centre de cet astre. La parallaxe de la Lune (fig. 3), c’est-à-dire l’angle TLA, étant déterminée, et le rayon TA de la Terre étant connu, le triangle rectangle TAL fournit des données suffisantes pour LUNE ÉVALUATION DE LA DISTANCE DE LA TERRE A LA LUNE TLA. Parallaxe horizontale. qu’on puisse calculer l’hypoténuse TL c’est-à -dire la distance du centre de la Terre au centre de la Lune. (V. 1’1'iangle.) Au moyen de la méthode qui sera’indiquée a l’article Parallaxe, on trouve que la parallaxe horizontale moyenne de la Lune est de 57’ ou 3420". On en conclut que la distance moyenne TL du centre de la Lune au centre de la Terre est de 60 rayons terrestres ou 384629 kilomètres, ou encore 96 157 lieues de 4 kilomètres. La distance apogée est de 63 rayons terrestres 6 dixièmes, et la distance périgée de 57 rayons terrestres. La parallaxe horizontale de la Lune étant l’angle sous lequel un observateur placé dans cet astre verrait le rayon terrestre, on peut dire quelle est la valeur du demi-diamètre apparent de la Terre vu de la Lune mais, dautre part, on connaît le demi-diamètre apparent de la Lune vu de la Terre, qui est de 933", et comme les demi-diamètres réels de ces deux astres, vus à la même distance sous des angles très petits, peuvent étre assimilés à deux arcs décrits avec le même rayon, ils sont proportionnels aux angles au centre, c’est-a -dire aux demi-diamètres apparents. Si donc on représente le rayon de la Lune par R’ et celui de la Terre par R, pour déterminer R’ on aura la proportion On en tire pour la valeur de l’extrême R’ Ainsi le rayon de la Lune n’est qu’un peu plus des 27 centièmes de celui de la Terre. En d’autres termes, il n’est guère plus du quart de celui de la Terre, et il égale très approximativement les trois onzièmes de ce dernier, on environ 1742 kilomètres, le rayon de la Terre étant de 6366 kilomètres. Puisque la Lune est une sphère et que maintenant nous connaissons son rayon, rien de plus facile que, d’obtenir sa surface et son volume en appliquant les formules connues on trouve de la sorte que la surface de la Lune est environ fois plus petite que celle LUNE PROPORTIONS DE LA TERRE ET DE LA LUNE Fig. 4. de la Terre, ou vaut à peu près 38 millions de kilomètres carrés, que son volume est approximativement fois plus petit que celui Kig. 3. de la Terre (fig. 4), et équivaut à 22 milliards 150 millions de kilomètres’cubes. La surface totale de la Lune égale à peu près celle des deux Amériques réunies ou environ 4 fois la surface du continent européen ; mais tandis qu’il ne faudrait que 49 lunes réunies pour former un globe de la grosseur du nôtre, il en faudrait 62 millions pour en constituer un de la grosseur du Soleil. De tous les astres qui composent l’univers, la Lune est le plus voisin de notre globe terrestre, puisqu’elle n’en est qu’à une distance moyenne de 96151 lieues. Néanmoins cette distance est déjà considérable par rapport à celles que nous pouvons. mesurer sur la Terre. La lumière de la Lune met déjà une secondes un quart pour venir frapper nos yeux, et si un son produit à la surface de ce satellite, une explosion volcanique par exemple, pouvait parvenir jusqu’à nous, nous ne l’entendrionsque 13 jours 20 heures après l’événement. Un boulet de canon se mouvant avec une vitesse de 500 mètres par seconde et lancé de la Terre emploierait 8 jours 5 heures pour atteindre la Lune ; un train de chemin de fer qui ferait le tour de notre globe en une course non interrompue de 27 jours n’arriveraitil la Lune qu’au bout de 38 semaines. (V. Flammarion, Astronomie populaire.) Les astronomes ne se sont pas contentés de mesurer la distance de la Terre à la Lune, et de calculer les dimensions de ce satellite la mécanique céleste leur a fourni plusieurs méthodes à l’aide desquelles ils ont pu en évaluer le poids, et toutes ces méthodes ont donné des résultats concordants. La première est fondée sur l’analyse des attractions que la Lune exerce deux fois par jour sur l’eau de nos mers ; la seconde, sur l’étude des variations de vitesse que subit la Terre influencée par la Lune qui tantôt fait marcher notre globe plus vite, et tantôt le retarde ; la troisième est établie sur le calcul de l’attraction que la Lune exerce sur l’équateur, attraction qui se traduit par les phenomènes de la nutation et de la précession. Par l’une quelconque de ces trois méthodes, on est amené à conclure que la Lune pèse 81 fois moins que la Terre (environ 72 sextillions de kilogrammes) ; que sa densité moyenne n’est guère que les 6 dixièmes de la densité de la Terre, et que la pesanteur à sa surface est à peu près 6 fois plus faible que la pesanteur à la surface de la Terre ; car si cette dernière est représentée par 1000, la pesanteur à la surface de la Lune n9 l’est que par 164. En d’autres termes, une pierre qui chez nous pèse ztn kilogramme ne pèserait plus, transportée la surface de la Lune, gue 16i grammes. Quiconque s’avise d’observer la Lune un peu attentivement, soit à la vue simple, soit, ce qui vaut mieux, à l’aide d’une lunette, arrive bientôt à constater que l’aspect de cet astre reste toujours le même ; car on y remarque plusieurs grandes taches grises dont l’ensemble représente grossièrement une figure humaine. Comme ces taclies occupent toujours la même position sur la surface du disque et relativement à ses bords, nous sommes amenés à conclure que la Lune tourne toujours vers nous la même face, et que la face opposée est perpétuellement invisible pour nous, de sorte que nous ne pouvons nous en faire aucune idée. Ce fait ne peut s’expliquer qu’en admettant que l ;t Lune, pendant qu’elle parcourt son orbite autour de la Terre, d’occident en orient, exécute en même temps un mouvement de rotation autour d’un de ses axes à peu près perpendiculaire au plan de son orbite, et que la durée de cette rotation est précisément égale à l’intervalle de temps que la Lune emploie à décrire cette orbite. En effet, cette conception peut seule rendre compte de l’aspect immuable que présente à notre vue la portion de la Lune qui est visible de la Terre ; car soit T (fig. S) la position de la Terre à un certain moment et LL’ l’orbite que la Lune parcourt autour de la Terre, orbite que l’on peut, sans erreur appréciable, considérer comme un cercle. A l’instant où le centre de la Lune se trouve en L, supposons que de la Terre T on observe une tache ni située sur la surface de notre satellite et précisément au centre du disque, c’est-à -dire en l’un des points du rayon TL. Si la Lune se déplaçait sur son orbite sans tourner sur elle-mèmeet comme si elle était reliée à la Terre par uue tige rigide, il est bien évident que lorsque la Lune serait parvenue en L’, la droite mh tracée dans son intérieur n’aurait fait que se transporter de sa position initiale à sa position actuelle parallèlement à elle-même. Ainsi, la Lune allant de L à L’, la droite Lm serait venue prendre la position L’n parallèlc à Lm, et la tache nx que l’on apercevait d’abord au centre du disque apparaîtrait maintenant au point La droite CD représentant le plan qui, sur le globe lunaire, sépare pour nous l’hémisphère visible de l’heinisplière invisible,lorsque la Lune est en L’ la tache m, primitivement centrale, nous apparaîtrait en u, c’est-à -dire beaucoup plus près du bord C de la’ Lune. Or il n’en est point ainsi quand la Lune est arrivée en L’, nous continuons à voir la tache centrale m au centre du disque, c’est-à -dire en m’. Pour qu’il en soit ainsi, il faut que, pendant qu’elle se transporte de L en L’, la Lune ait tourné sur elle-mème de façon que la droite L’n soit venue prendre exactement la nouvelle positionL’m'. Or, les deux droiteswLet nL’ étant parallèles, les deux angles îiL’metL’TL sont égaux comme al ternes-internes par conséquent, tan- dis que la Lnue dans sa révolution autour de la Terre décrivait l’angle L’CL’ elle tournaitd’occiden en orient,autour de l’axe per-LUNE Fig. EXPLIQUANT L’ASPECT IMMUABLE QUE PRÉ-SENTE A NOTRE VUE LA PORTION DE LA LUNE QUI EST VISI-BLE UE LA TERRE. pendiculâire à son orbite, d’un angle nL’m' exactement égal à l’angle m’TL. Comme il en est ainsi pendant toute la durée d’une révolution de la Lune, on en conclut que cet astre doit nous présenter toujours ]a mème face et apparaître à nos yeux sous un aspects immuable, puisque les taches dont est parsemée sa surface occupent des positions fixes. Ainsi, la Lune exécute sur elle-mème une rotation complète dont la durée est identique à celle de sa révolution, c’est-à -dire égale à 27 jours 7 heures 43 minutes Il secondes 5 dixièmes. Ce mouvement de rotation de la Lune est l’analogue du mouvement diurne de la Terre ; et comme la Lune est un corps opaque qui ne reçoit sa lumière que du Soleil, à un instant quelconque de cette rotation, il n’y a qu’une moitié de sa surface qui se trouve éclairée, de même que pendant la rotation diurne de la Terre un seul de ses hémisphères jouit de la lumière du Soleil. Puisqu’il en est ainsi, dans le cours entier d’une rotation,un point quelconque de la Lune reçoit sans interruption la lumière solaire pendant la durée de la moitié de la rotation, c’est-à -dire pendant 13 jours 15 heures 51 minutes 35 secondes 75 centièmes ; puis pendant un temps égal ce même point de la surface lunaire est dans l’obscurité ; ainsi, un seul jour de la Lune est presque 14 fois plus long qu’un jour terrestre entier de 24 heures, et à ce jour succède immédiatement une nuit de même durée. Cette grande longueur des jours et des nuits doit amener des variations prodigieuses dans la température dans la seconde moitié du jour, la. chaleur s’est accumulée à la surface de l’astre au point d’élever peut-être la température de cette surface au-dessus de 1000, et dans la seconde moitié de la nuit suivante le rayonnement de la Lune dans l’espace est peut-être suffisant pour abaisser sa température bien au-dessous du point de congé-