Page:Larive - Dictionnaire français illustré - 1889 - Tome 2.djvu/768

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dationdu sol sableux pardes semis d'arundo, de carex, de salix, de psamma arenaria; dans le sol fixé on fait des semis de pins qu'on protège d'abord par des clayonnages ces semis deviennent des forêts, telles que celles qui couvrent les dunes landaises et dont la valeur est estimée 25 millions. Cer- taines côtes de niveau stable et formées de roches très dures, comme quelques falaises de Bretagne, résistent à l'action de la mer d'autres, de nature ébouleuse, cèdent à la violence des vagues et se creusent par le pied; quand le couronnement de la falaise est tombé, il se forme en avant de la côte une basse falaise qui protège la falaise princi- pale. Les débris les plus légers, roulés- par la mer, se transforment en galets, qui s'ac- cumulent en certains points; au contour plus ou moins dentelé du rivage se substitue une sorte de digue naturelle qu'on appelle cordon littoral, qui peut arriver à isoler de l'Océan uns partie de l'ancien rivage. Ce cordon peut devenir la base d'une dune. C'est ainsi que sur les côtes plates du golfe de Gasco- gne les échancrures, primitivement nombreu- ses, ont été remplacées par des digues puis- sautes de direction rectiligne. L'action que les. océans exercent sur leurs rivages dépend d'abord des marées et de. la conformation géographique des côtes, ensuite de l'intensité du vent et de la puissance des vagues. Les marées de 0m,70 dans les océans largement ouverts, peuvent atteindre au fond de certains golfes 14, 15 et même 21 mètres, en temps ordinaire. La hauteur moyenne des vagues en pleine mer, par les gros temps, est de 4 à 6 mètres. Ces vagues atteignent13 mètres dans l'Atlantique et 18 mètres au large du cap de Bonne-Espérance. Il est aisé de comprendre la puissance de destruction que peuvent posséder les lames contrariées pur la résis- tance des obstacles de la côte elles s'élèvent à plus de 50 mètres au phare d'tëddystone et sont capables' de déplacer des, blocs de 40 tonnes. On a calcule qu'une lame de fond qui avait atteint le sommet du phare de Bell-' Rock devait correspondre à une pression de 33000 kilogrammes par mètre carré. Ces lames de fond peuvent agir sur des écueils cachés plus de 50 mètres de profondeur. La vie dans les océans. Les océans sont habités, jusque dans les plus grandes pro- fondeurs, par des étres vivants. Le long des côtes,,la nature des espèces dominantes varie avec celle des plages. Là zone littorale, ou portion ilu rivage soumise à la marée, dont les habitants sont périodiquement exposés à l'air et au soleil, nourrit peu d'es- pèces, parmi lesquelles le mytilus édulis, moule comestible; la zone des laminaires, qui s'éteud à 30 mètres du niveau des basses marées, cache dans ses algues les seiches, les calmars, les mollusques herbivores. A cette zoné appartiennent les bancs d'huit l'es comestibles et d'huitres perlières. La zone des corallines, qui va jusqu'à 100 mètres, est habitée par des mollusques carnivores, les pecten, et les grands buccins. La zone des coraux de nzer profonde, 100 mètres et au delà, contient un' grand nombre de genres anciens, représentés dans les fossiles anté- rieurs à l'époque actuelle. Les eaux de sur- face, partout où l'eau de mer se mêle d'eau douce et perd de sa densité, sont peuplées de rliatomées, algues simples à enveloppe si- liceuse. Les grandes nappes océaniques sont encore habitées à la surface par de nom- breux organismes microscopiques, les fo- raminifère.i calcaires ou siliceux. Les mol- lusques marins peuvent être répartis en provinces distinctes selon les latitudes. Mais cette division n'est valable que pour les zones horéales.Les fa unes sud américaine, et sud-australienne présentent de sensibles différences. Enfin, on avait cru longtemps que la vie était impossible dans les mers au delà de 550 mètres de profon- deur, à cause de l'excès de pression et de l'absence de lumière. Mais les explorations du Talisman (1883), pour ne parler qué des derniers résultats,ont démontré l'abondance et la variété des espèces vivantes dans les profondeurs des océans. Au large de la baie de Biscaye, la drague a amené de 4450 mè- tres de profondeur des spécimens des princi- paux invertébrés. Quant aux poissons, on en a capturé jusque dans les fonds de 5300 mè- tres. Toutefois ceux qui vivent dans les grandes profondeurs diffèrent des habitants de la zone de 2 000 mètres au-dessous du niveau de la mer. Ceux-ci meurent quand ils supportent un pression de 300 atmosphères; les autres, quand la drague les amène, pé- rissent par éclatement avant d'atteindre la surface. Les habitants des eaux profondes ne sont dépourvus en' général ni d'organes vi- suels ni de coupleurs extérieures. La lumière nécessaire à la plupart des réactions physio- logiques pénètre sous les eaux plus loin qu'on ne le pensait, comme l'ont prouvé des expériences de photographie sous-marine; d'autre part les organismes phosphorescents sont nombreux dans les régions profondes astéries, plumes-de-mer, gorgones forment de véritables forêts lumineuses en outre, les poissons péchés par le Talisman au large des côtes occidentales de l'Afrique étaient munis de plaques phosphorescentes comme-d'appa- reils destinés à les éclairer. Ces études ré- centes ont encore démontré l'uniformité de la faune profonde dans tous les océans, uni- formité qui doit être la conséquence de l'éga- lité de température dans les grandes pro- fondeurs océaniques; le caractère polaire de cette faune profonde, et, chose non moins importante, l'existence de nombreux types de transition servant d'intermédiaire entre des groupes considérés comme entièrement distincts. Les géographes divisent l'Océan en cinq parties océan Atlantique, océans Pacifique, océan Indien, océan Glacial arctique et océun Glacial antarctique. OCÉAN ATLANTIQUE Cet océan est compris entre le Groenland et l'Islande au N., la côte orientale des deux Amériques à l'O.; la côte occidentale de l'Europe et de l' Afrique à l'E. Au S., il est ouvert sur l'océan Antarctique. On peut le considérer comme divisé en deux bassins suivant une ligne, tracée du cap Vert aux Antilles. Le bassin méridional baigne des côtes à peine accidentées. L'Atlantique sep- tentrional,au contraire, jette des deux côtés des golfes et des mers intérieures d'un côté la Méditerranée, la Manche, le canal d'Ir- lande, la mer du Nord et la Baltique; de l'autre, la mer des Antilles, le golfe du Mexi- que, le golfe Saint-Laurent, la mer de Baf- fin, le détroit et la baie d'Hudson. Le bassin septentrional, le plus riche en accidents, est le plus praticable au commerce des nations il reçoit les eaux des plus grands fleuves Y Amazone, le Misshsipi, le Saint-Laurent, la Loire, le Sénégal et le Le bassin méridional ne reçoit que le Rio (le la Plata. le Gongo et le fleuve Orange. Les coutinents qui entourent l'Atlantique sont soutenus par des soubassements dont les pentes s'abais- sent d'environ 120 mètres sur 150 hilomè- tres. Ce n'est qu'à cette distance moyenne des points d'émergence des continents que se trouvent les grandes profondeurs. Siir ce soubassement s'élèvent, en remontant du S. au N., les îles du golfe de Guinée, les îles du Cap-Vert, les Canaries, Madère, Saint- Vincent, les îles de la côte française, dont nous parlerons avec plus de détail, les iles Britanniques; à l'O., en descendant du N. au S., Terre-Neuve, les Lucayes, les petites- iles qui bordent la côte du Venezuela et les îles Falkland. Quant aux Antilles (V. ce mot), elies sont absolument distinctes, par le relief et la nature des assises géologiques, des terres voisines de l'Amérique du Nord; les espèces végétales et animales de Haïti, de la Jamaïque, diffèrent sensiblement de celles du continent voisin. Ou ne peut donc considérer ces iles comme reposant sur les mêmes assises que l'Amérique du Nord. Elle font vraisemblablement partiè d'un plateau immergé à une profondeur moyenne de 3500 mètres, coupant en deux parties égalés l'Atlantique austral entre l'Afrique et l'Amérique du Sud jusqu'à la hauteur du golfe de Guinée, s'infléchissant vers le N. -O. un peu au-dessus de l'île de l'Ascension qu'il supporte, poussant vers la Punta-Rosas une arête qui soutient les Antilles, se con- tinuant sur une plus grande largeur à tra- . vers l'Atlantique du Nord et servant de sou- bassement aux Acores et aux autres îles situées entre les cates d'Europe et celles de l'Amérique du Nord. A droite et à gauche de ce plateau longitudinal se creusent les plus grandcs profondeurs de l'Atlantique, de 4 à 5 000 mètres au large des côtes occi- dentales de l'Afrique et de l'Europe, moins continues sur les côtes orientales de l'Amé- rique, et atteignant 6000 et 7000 mètres dans quelques fosses situées sur la ligne des Canaries, au large de New-York et au pied même de Porto-Rico. La partie S. de l'At- lantique ne contient qu'une seule de ces fos- ses de peu d'étendue à la hauteur de l'ile Trinidad. (V. la carte page Côtes de l'Atlantique français ou Mer de France. A l'époque romaine, de grandes forêts séparaient la mer des cultures, de- puis l'Alur (Adoztr) jusqu'à la Garum.na, et arrêtaient le cheminement des sables. Ces forêts ont été abattues au moyen âge, et alors a commencé l'invasion des dunes. On estime que les étangs actuels formaient primitivement une série de golfes dont le principal était l'estuaire du Sigmalus, qui est devenu l'étang d'Arcachon. La pointe de Grave n'existait pas à l'époque gallo- romaine, et il est probable que la Garumna (Gironde) avait deux embouchures. Entre la Garonne et la Loire, l'oscillation des rivages a produit depuis la conquête romaine de sensibles modifications. Le rocher de Cor- douazz, l'ile d'Aix, et sans doute l'ile de Ré, étaient anciennement joints au rivage; la mer a donc gagné dans le voisinage du golfe du Poitou mais, dans ce golfe, la terre a gagné beaucoup sur la mer. Ces deux phénomènes contraires se produisant dans le même lieu ne peuvent être attribués qu'à des mouvements de la côte elle-même. Ils sont-de date relativement moderne. L'ile de Noirmoutier a probablement été détachée du rivage depuis le commencement de notre ère, car elle n'est pas mentionnée par les géo- graphes anciens. Pornic était vraisemblable- ment le Po1'lus Secor de Ptolémée. La baie de Bourgneuf entourait de ses eaux le terri- toire encore appelé l'ile de Bouiri, rattaché actuellement au continent, et baignait Beau- voir qui, situé à 5 kilomètres dans l'intérieur des terres, garde le nom de Beauvoir-sur- Mer. Des cinq iles de Noirmoutier, d'Aix, de Ré, de Madame et d'Oléron, la dernière seule est mentionnée par les Romains. Les environs de l'estuairede la Loire ont été sen- siblement modifiés le territoirede Guérande formait une île; le Croisic et Batz étaient détachés de la terre ferme, et avec les terri- toires de Saillé, de iIontoir, de Donges et de Guérande, faisaient sans doute partie des iles Vénétiques, que Pline dit avoir été très nombreuses. Le golfe du Morbihan n'existait pas à l'époque romaine, et les iles qu'il renferme étaient rattachées au conti- nent. Pendant que les terres, formant le fond actuel de la baie de Bourgneuf, se sont exhaussées, de même que la partie située au N. des bouches de la Loire, la région de Vannes a subi un affaissement. A l'O. de la baie d'Audierne, il s'est produit des chan- gements certains. L'ile de Sein (Setza) s'est probablement abaissée ou amoindrie; elle devait comprendre tout l'archipel de rochers qu'on appelle Pont de Sein. Entre la pointe du Raz et la pointe du Van, la baie des Trépassés et l'étang de Laoual ont pris la place d'une terre affaissée. Actuellement, fa presqu'île de Bretagne présente à sa pointe extrême de nombreux accidents. L'ile d'Ouessant, située à 30 kilomètres de la côte, semble s'y rattacher par une chaine d'îles qui se dirige vers la pointe Saint- Mathieu. Elle est séparée de ces iles par le passage du Fromveur et du rivage par le chezzal de la Helle et le chevzal du Four. A l'E. de la pointe Saint-Mathieu s'ouvre le goztlet de lirest, au milieu duquel s'élève la roche de Mengam, et qui conduit à la magni- fique rade de Brest. La presqu'île qui sépare la rade de Brest de la baie de Douarnenez forme elle-même trois presqu'îles secon- daires, celle de Quelern ou Roscanvel, celle de Camaret et celle de Crozon, qui s'avance