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Page:Larivière - L'associée silencieuse, 1925.djvu/75

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LA FEMME D’OR GRAND RECIT SENSATIONEL Par JEAN FERON Un soufle plus doux qu’un zéphir printanier caressait son front moite. Une musique, mélodieuse entre toutes, jouait des airs célestes. Alban s’amolissait dans un ravissement d’extase.. .et peu à peu il oubliait la terrible citerne, et, plus terrible encore, le monstre humain qui avait un moment tenu sa vie entre ses pattes immondes ! Non., cela n’avait été qu’un vilain cauchemar ! Il se souvenait de LA PETITE MODISTE DE LA BUE DEMONTIGNY. Son charme l’avait séduit, conquis ! Mais il se rappelait, mieux encore, la jolie enfant de bleu vêtue au sourire angélique qu’il avait trouvée dans l’atelier. Maintenant, il tâchait de se persuader qu’-il avait été malade, qu’un indisposition l’avait pris tout à coup, une indigestion peut-être, et (pie cette jolie et tendre enfant l’avait bien doucement bien pieusement couché sur son lit à elle. O délice ! ‘Tout son être, à cette pensée, frémissait d’ime vie nouvelle. Alban Buel. disons-le, n’avait pas seul** ment cherché la renommée et la gloire : il avait cherché l’amour ! L’AiMOUR ! Jusque ce jour inoubliable il n’avait pu trouver la femme capable de lui transfuser cette vie céleste qu’il avait tant convoitée dés sa nlus tendre enfance. Il n’avait voulu aimé pour lui-mênve ; il n’avait pas réussi la connuête si difficile de la déesse qu’il avait imaginée ! Une foi*. il avait pensé se faire aimer de I.A FEMME D’OR ! Cela n’avait été qu’une illusion ! Après était survenu LA PETITE MODIS-TE !

Cet amour n’avait fait qu’éclore pour

s’éclipser aussitôt ! Et cela n’avait été nu’un trop court rayon de soleil dans son âme ! Mais voilà nue. tout à coup, sans nu’il la cherchât, la dispensatrice des meilleures ioies du monde venait de se montrer à lui ! Et quelle dispensatrice !... Une jeune fille... toutes jeune..une enfant de la plus sublime beauté ! Tl ne l’avait encore qu’entrevue c’est vrai : mais le souvenir de cette vision lui semblait impérissable ! D’ailleurs il savait qu’il allait la revoir ! Tl s’assurait qu’elle était là, pas loin, tout près de lui ! Elle veillait sur lui ! Ne lui avait elle pas tendu l’échelle libératrice ? Ne l’avail-elle pas tiré de l’abîme ? Ne l’avai telle pas arraché à la mort affrcu. se ? Pourquoi ? N était-ce pas par l’amour puissant qu’il avait su faire naître au coeur de cette jeune fille, de cette fée ? Certes ! Car enfin, il était aimé ! Ah ! comme il allait aimer en revanche ! Et il n’avait qu un signe à faire. . .il n’avait qu un mot à dire un murmure à balbutier et de suite il verrait apparaître la fée...sa fée bienfaisante ! Alban Buel se sentait maintenant mourir de joie ! Mais de même qu il n’était mort ni d’horreur ni d’épouvante, de même Alban n’allait pas mourir cette fois encore ! Ne serait-ce pas stupide de mourir, quand un soleil nouveau se lève ? Non, non, Alban allait vivre encore ..... mais non plus vivre dans ce beau rêve d’amour (pi il se plaisait à faire durer ! Tous les rêves ont leur réveil, hélas ! et le reporter se réveilla et un souvenir terrible le lit pâlir. D’un coup il retomba de son ciel ! 11 se revit aux prises avec le‘monstre humain dans la citerne gluante ! On l’en avait tiré, c’est vrai ; mais n’était-ce pas pour prolonger la torture qu’on s’ingéniait à lui faire endurer ? En dépit du hienaise matériel et moral qu’il ressentait après les affres de l’agonie, il commençait à douter des horizons de joies (pi il avait entrevus ! Un bruit curieux, seulement et vaguement entendu avait suffi pour souffler sur les rayons de son beau rêve. Alban Buel écouta avec une intense appréhension le bruit (pii parvenait à son oreille . —‘Mais où suis-je donc ? se demanda t il. N’est ce pas le bruit de machines à coudre que j’entends là, dans une pièce voisine ? Parfaitement. Aucun bruit autre (pie le ronronnement monotone d une machine à coudre n’avait troublée le silence ! Mais ce n’était pas une machine à çourde.. .c’étaient dix machines au moins qui marchaient en meme temps ! Alors le journaliste se représenta l’atelier de couture de LA PETITE MODISTE. Voici ce qu’il se dit : —Oui. j’ai été malade ! On m’a porté dans une chambre ....peut-être celle de LA PETITE MODISTE elle même ! Maintenant il est jour ! Je viens de m’éveiller ! Et comme on a fermé les rideaux des fenêtres, je demeure dans l’obscurité ! Il sourit... mais il n’était pas tranquille. Les machines allaient... allaient... 11 se sentit tirailler par la curiosité, la curiosité de voir les fines silhouettes des couturières. Car il devait y avoir un bon nombre de couturières, puisque un bon nombre de machines marchaient ! Et, pourtant, il se rappelait n’avoir vu que doux ou Extrait d’un grand récit, en vente partout au prix de 15 sous.