Page:Larivière - La Villa des ancolies, 1923.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

élégant, délicat et simple qui fasse ressortir le tableau… »

— Tu es donc une fée ! Et tu es certaine de pouvoir confectionner de pareilles merveilles ?

— Mademoiselle sera satisfaite. Quant aux chapeaux, aux souliers, aux gants, à l’ombrelle et autres menus articles, que Mademoiselle s’en rapporte à moi.

— Eh bien, petit tyran, cours bien vite en ville acheter ce que tu croiras nécessaire. Voici ma bourse, je t’autorise à y puiser sans compter. Achète ce que tu jugeras convenable, je te donne carte blanche. Pour une fois que je fais des folies, autant les faire grosses.

— Et pendant que je brûlerai mes pieds mignons sur l’asphalte de la basse ville, vous croyez que je vais vous laisser vous prélasser bien tranquillement ici, à la fraîche et à l’ombre ? Mais non, pas si bête, marraine de mon cœur. Je ne suis pas tyran à demi quand je m’y mets. N’avez-vous pas remarqué que votre maison demande à grands cris un peu et même beaucoup de peinture ? La clôture est vermoulue, la véranda est boiteuse, les persiennes, de vertes qu’elles étaient, sont maintenant presque brunes, les portes, les fenêtres, tout est rendu au bois… Les herbes folles, les jeunes arbustes ont envahi le parc et le parterre. Il faut rajeunir la cage en même temps que l’oiseau. Bien vite, faites venir les menuisiers et les peintres.

— Et les tentures de l’intérieur, ne les trouves-tu pas un peu fanées ?

— Marraine, vous êtes admirable d’intuition ! Je m’habille bien vite et, bonjour, je me sauve !


VII.

UNE FÉE PASSA…


Ce fut, durant toute la semaine, un remue-ménage inaccoutumé à la villa d’ordinaire si paisible. L’ermitage de Mlle Perrin fut