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Page:Larivière - La Villa des ancolies, 1923.djvu/61

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di midi, deux robes d’une élégance admirable étaient sorties de ses doigts de fée et, à peine levée de table, elle descendit en ville acheter les derniers effets devant servir à la transformation de sa marraine.

***

— Enfin ! nous avons fini ! s’écria Mlle Perrin, le samedi midi, comme les deux femmes de peine sortaient de sa demeure après avoir tout astiqué, tout épousseté, tout lavé. Si cela avait duré une journée de plus, je crois que je serais devenue folle. Heureusement, nous allons pouvoir reprendre notre bonne vie de paix et de tranquillité !

— Encore un petit effort, marraine chérie, dit Yolande qui rentrait du jardin et dont la figure narquoise disparaissait littéralement sous une immense brassée de fleurs, aidez-moi à disposer ces fleurs dans des vases.

— Mais tu dévastes mon jardin, c’est du vandalisme ! Mes belles roses-thé que je gardais comme la prunelle de mes yeux !

— Laissez faire, elles iront très bien sur cette crédence. Tenez, placez ces balsamines dans le vase du piano. Et ces œillets ? Oui, là, sur le secrétaire de vieux noyer noir. Et ces fleurs de balisiers…

— Comment ? Jusqu’à mes balisiers !

— Ces fleurs sont si jolies ! Tenez, ici, sur la table, avec des roses blanches, des œillets géants, un peu de feuillage d’asperges et quoi encore ? Oui, ces iris versicolores. Et maintenant, cette gerbe de pensées ?

— Sur la cheminée ?

— Allons pour la cheminée. Bien ! la maison est toute parfumée et rajeunie. À votre tour, Mademoiselle Cendrillon.

— Comment ?

— Marraine de mon cœur, il va vous falloir dès ce moment dire un suprême adieu à votre vie routinière et effacée, dès ce jour vous sortez de votre coque, la chrysalide va disparaître à tout jamais pour laisser s’envoler le brillant papillon.