Page:Larivière - La Villa des ancolies, 1923.djvu/63

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j’ai fini. Vite, allez enfiler les jolis dessous de soie et la robe qui vous attend dans votre chambre.

Viens m’aider à mettre ma robe, je n’y parviendrai jamais seule ! supplia, quelques minutes plus tard, Mlle Laure.

— Voyez-vous cette grande Dame, il lui faut sa femme de chambre maintenant ! Oui ! on y va. Marraine de mon cœur, vous n’y êtes pas du tout, laissez-moi faire. Bien, comme cela. Non, cette boucle manque d’élégance, de grâce… Comme ceci… Bien ! Bien !… Mais quoi !… et vos souliers ?… Vous n’avez pas mis vos souliers neufs ! Naturellement, il me va falloir chausser Mademoiselle. Grand Dieu ! quel service ! Allons, asseyez-vous sur ce tabouret, donnez-moi vos jolis pieds. Bien, ça y est. Levez-vous un moment, que je juge de l’effet général, Marraine ! Marraine de mon cœur ! Vous allez me rendre jalouse, vous êtes plus jeune que moi ! Tenez, regardez-vous dans cette glace…

— Oh !… Si ce pauvre papa pouvait me voir !… Et Mlle Laure éclata en sanglots, sanglots bien vite réprimés, car elle était une de ces âmes fortes dont les impressions sont d’autant plus durables qu’elles s’étudient à les cacher.

— Un moment ! regardez-moi bien en face, marraine coquette. Oh ! j’oubliais… et saisissant une gerbe de roses thé qu’elle avait mise sur le bureau de toilette, Yolande l’épingla à la ceinture de son hôtesse. Bon ! comme ceci, c’est parfait… À mon tour maintenant. Ce ne sera pas bien long, allez m’attendre sur la véranda, dans un moment je vous rejoins.

Un moment, dans la bouche d’une jeune fille qui commence sa toilette, c’est un terme élastique qui peut facilement s’étendre à une heure et Mademoiselle Laure avait eu le temps de lire tout un chapitre de cet excellent livre