Page:Larivière - La Villa des ancolies, 1923.djvu/65

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— Paix, Fidèle, paix ! Je crois que tes désirs vont bientôt se réaliser, l’attitude de Fidèle m’avertit que son ennemi n’est pas loin.

— Je vais le faire entrer, ce sera plus prudent. Ici, Fidèle, vient, mon beau chien. Voyez-vous venir votre adversaire ?

— Oui, regarde… il cause avec un autre jeune homme.

— Mais c’est avec Jean qu’il cause ! Je ne voudrais cependant pas que Jean connût si tôt ma présence ici. Où me cacher ?

— Tiens, prends « La Revue Moderne », ouvre-la et fais semblant de lire.

— C’est cela. Vous permettez bien que j’y pratique une meurtrière afin de pouvoir voir sans être vue.

— Avec plaisir, petite rusée.

— D’ailleurs, il est loin de se douter de ma présence ici.

— Et moi ?

— Vous ? Demeurez où vous êtes, il n’est pas mal qu’ils vous voient dans toute votre splendeur.

— Mais je vais paraître gauche, je ne sais quelle contenance prendre.

— La seule crainte que j’éprouve, c’est que Jean ne tombe amoureux de vous.

— Petite folle !

— Dites donc, cousine, il n’est pas mal du tout votre plaideur !… Que peuvent-ils donc se dire de si intéressant ?

— Peut-être discutent-ils de notre procès…

— Je ne vois pas bien Jean discutant avec tant de feu sur une question légale.

— Je me sens gênée et ridicule… Ils vont me rire au nez.

— Oh la plus enfant des marraines, quand donc aurez-vous confiance en vous ? Voyez le regard anxieux que Monsieur Hainault jette de notre côté : il craint de voir accourir Fidèle. Ses craintes sont dissipées : mais avez-vous remarqué la surprise que votre métamorphose a opérée sur lui ?

— Je me sens si gênée