Page:Larivière - La Villa des ancolies, 1923.djvu/91

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De son côté, Paul était trop heureux de constater qu’on n’avait pas deviné le motif réel de sa halte prolongée, pour essayer de dissuader son ami. Il avoua tout ce que l’on voulut.

— Que voulez-vous, il fait une telle chaleur…

— Et puis, avouez-le donc, vous n’avez plus vos vingt ans !

— Hélas ! je les ai deux fois.

— Continuez-vous avec moi ?

— Avec plaisir, votre compagnie me fera oublier la longueur du trajet.

Les deux compagnons continuèrent leur marche presque silencieusement. Ce pauvre Ledoux suait comme un nègre. De son côté, Paul se sentait alerte, joyeux et léger. « Après tout, se disait-il, je serais bien fou, elle ne me mangera pas cette Demoiselle Perrin… D’ailleurs, Jean m’a assuré qu’il ne serait fait aucune allusion à notre malheureuse chicane. Oui, mais je serais terriblement ridicule si elle y faisait allusion… Ô ce chien ! cette lettre ! »

En rentrant au chalet, il trouva Jean, qui, en train d’enfiler un costume de bain lui demanda :

— Enfin, as-tu pris une décision ? Viens-tu ?

— Viens-tu ! C’est facile à demander ; mais comment veux-tu que je m’y présente ?

— Puisque je te promets qu’il ne sera fait aucune allusion…

— Tout de même, je ne vois pas bien ce que je pourrais aller faire chez Mlle Perrin. Je veux bien, par amitié pour toi, cesser toute procédure contre elle ; j’irai plus loin, je regrette sincèrement les troubles que je lui ai causés ; mais, enfin, je ne puis tout de même pas aller la demander en mariage cette ex-ermite métamorphosée en déité. Voudrais-tu que j’aille lui faire la cour, par hasard ?

— Pourquoi pas ?