Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/350

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il ? Je l’ignore ; mais je veux voir éclater l’orage qui est sur votre front, car je ne puis attendre. Je veux savoir ce que vous pensez.

— Ah ! vous voulez savoir la vérité. Eh bien, je vais vous la dire, quoiqu’elle soit horrible. Vous vous imaginez que les choses sont ce qu’elles paraissent, que toutes les femmes deviennent des martyrs, n’est-ce pas ? Insensé ! Les unes meurent comme Lydie, c’est vrai ; mais celles qui vivent… On est seule, isolée, on souffre longtemps près d’un homme perdu devant lequel se sont brisés tous vos rêves les plus purs ; puis un jour on voit le soleil, les fleurs, la nature, et l’on trouve que l’on a le droit de vivre et d’aimer comme tout ce qui respire ici bas. Mon amie est morte, assassinée par les actions de son mari. Vous vous êtes dit : « Madame Dunel est morte ! Après tout, ce n’est qu’une femme de moins. » — Vous vous êtes trompé. Mon âme est morte avec elle, mon âme, ma conscience sur lesquels reposait votre honneur et le mien.

— Oh ! madame !…

— Ne vous étonnez pas de ma franchise, monsieur, je ne suis pas une fille de race, moi, je suis une enfant naturelle que le hasard a prise dans l’arrière-boutique d’une modiste pour en faire une demoiselle noble.

— Vous ?

— Oui, moi. Je ne connaissais pas toute l’étendue