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et de combats que nous pourrons entrer dans le royaume de Dieu. (Sacy.)

Syn. Affliction, amertume, désolation, douleur, mal, peine, souffrance, tourment.

Le mal se dit presque uniquement du corps, et exprime tout ce qui l’affecte désagréablement : Ce remède guérit bien des maux. (Acad.) Peine s’applique à l’esprit et désigne une souffrance intérieure : Les peines que Dieu lui envoyait lui étaient douces. (Fléch.) Douleur exprime des maux ou le sentiment de maux aigus, poignants : Tant que la douleur fut médiocre, elle la supporta avec patience. (Roll.) Souffrance marque l’idée de maux moins vifs, mais continus : Le reste de ma vie me paraît une longue souffrance. (Mme  de Lafayette.) L’amertume est une peine extrêmement désagréable, mais moins grave, moins profonde que la souffrance : David passa le reste de ses jours dans des sentiments de componction et d’amertume. (Mass.) Le tourment est le comble de la douleur et de la peine : Quel tourment est comparable à celui d’un esprit blessé qui aime et qui s’aperçoit qu’il n’est pas aimé ? (Bourdal.) L’affliction est produite par un revers de fortune, une catastrophe, la perte d’une personne chérie : L’affliction éclate ; elle se manifeste par le deuil, par des pleurs et des gémissements. (Lafaye.) La désolation est une extrême affliction.

Syn. Afflictions, croix, peines, tribulations. Peines est le terme général : Tout ce qui augmente nos passions, multiplie nos peines. (Mass.) Les afflictions sont des peines causées par de graves accidents : Le temps amortit les afflictions. (Pasc.) Les tribulations sont dues à des persécutions, à des traverses ; Je m’en vais à Jérusalem, et l’esprit de Dieu me fait connaître que des tribulations et des chaînes m’y sont préparées. (Bourdal.) Les croix sont des peines que Dieu envoie aux chrétiens pour les exercer et les rendre dignes des récompenses qui leur sont destinées : Dieu nous aide lui-même à porter les croix que lui-même nous impose. (Mass.)

Antonymes. Aise, alacrité, contentement, enjouement, gaieté, hilarité, joie, jubilation, ravissement, satisfaction.

AFFLICTIVEMENT adv. (a-flik-ti-ve-man — rad. afflictif). D’une manière afflictive.

AFFLIGÉ, ÉE (a-fli-jé) part. pass. du v. Affliger. Qui a de l’affliction, qui est dans l’affliction : Une femme affligée est plus intéressante. Venez à moi, vous tous qui êtes affligés, et je vous soulagerai. (Évang.) À Paris, l’homme affligé est distrait par la gaieté publique. (La Bruy.) La comtesse est très-affligée de la mort de sa fille. (Mme  de Sév.) Je suis sensiblement affligé de voir que votre colique ne vous quitte point. (Volt.) Je suis plus affligé qu’étonné de ses souffrances. (J.-J. Rouss.)

Consolez les vieux ans de mon père affligé.
Voltaire.
. . . . . . . Ses gardes affligés
Imitaient son silence, autour de lui rangés.
Racine.

— Fig. Atteint d’un fléau ; tourmenté, accablé, abattu : Rome était affligée d’une peste épouvantable. (Boss.) Il n’est pas de spectacle plus touchant que celui d’une vertu affligée. (Boss.) Dieu est auprès de ceux qui ont le cœur affligé. (Sacy.) La censure est inepte à Rome, comme dans tous les pays affligés d’une censure. (E. About.)

Vos regards affligés redemandent en vain
Le verger, les bosquets que planta votre main.
Delille.


|| Qui est atteint, affecté de quelque mal, en parlant des personnes et des choses : Il y a des gens qui sont affligés de fréquentes maladies, d’infirmités habituelles. (Bourdal.) Mes pauvres nerfs ont été rudement affligés de rhumatisme. (Mme  de Sév.) Vos nerfs sont affligés, vous ne remuez ni pied ni patte. (Mme  de Sév.) Il trouva le meunier affligé d’un violent accès de goutte. (Balz.)

— Se dit par antiphrase pour Doté, jouissant, etc. : Tu as le bonheur d’être le mari désigné d’une veuve de vingt-deux ans, affligée de quatre mille napoléons de rente. (Balz.) || Se dit, par plaisanterie, pour se moquer de quelqu’un dont la personne offre quelque chose de singulier, de caractéristique : Être affligé d’une bosse, d’une loupe. C’était un petit homme chétif, horriblement grêlé, et affligé de lunettes vertes. (Balz.)

— Subst. Celui, celle qui est dans l’affliction : Votre présence rendra la vie à un pauvre affligé. (J.-J. Rouss.) C’est assez d’être du nombre des affligés pour être de vos amis. (Volt.) La religion dit que les affligés sont les plus chéris de Dieu. (Mme  Campan.) Ayez pour les affligés de ces paroles de l’âme qui tempèrent l’amertume des pleurs. (Lamenn.) Dieu élève ceux qui étaient dans l’abaissement ; il sèche les larmes des affligés. (***.)

Syn. Affligé, attristé, contristé, fâché, mortifié. Affligé suppose un mal considérable, qui abat et accable : Le Comte de Brienne, ayant perdu sa femme, en fut si affligé que son esprit s’en aliéna. (Volt.) Fâché annonce un léger chagrin, qui contrarie, qui pique : Je suis fâché de l’indisposition de cette Éminence. (Boss.) Mortifié exprime un violent déplaisir provenant d’une atteinte portée à l’amour-propre : Je suis mortifié, en qualité de Français, d’homme, d’être pensant, de l’affront public qu’on vient de faire aux mœurs. (Vertot.) Attristé désigne un déplaisir plus apparent que profond, et qui ne fait qu’effleurer le cœur : Le sage observe le désordre public et montre sur son visage attristé la douleur qu’il lui cause. (J.-J. Rouss.) Contristé marque des maux plus grands ou plus prochains : On est contristé de voir toutes ses espérances évanouies. (Girard.)

AFFLIGEABLE adj. (a-fli-ja-ble — rad. affliger). Qui peut être affligé, qui est susceptible de s’affliger. Peu usité.

AFFLIGEANT (a-fli-jan) part. prés. du v. Affliger.

AFFLIGEANT, ANTE adj. (a-fli-jan, an-te — rad. affliger). Qui afflige, qui cause de l’affliction ; ne se dit que des choses : Événement affligeant. Une affligeante nouvelle. Il ne faut point se laisser aller à des pensées trop affligeantes. (Fén.) Les torts d’un ami sont affligeants pour nous et pour lui. (Boiste.) J’étais en proie à mille idées affligeantes. (Balz.) Je sais combien le besoin d’attachement rend affligeante aux cœurs sensibles l’impossibilité d’en former. (G. Sand.)

Je n’en prévois que trop les effets affligeants.
Palissot.
. . . . . N’êtes-vous point méchante
De vous plaire à me dire une chose affligeante ?
Molière.

— Avec l’impers. il est, on dit : Il est affligeant de... pour, Il est triste, fâcheux de : Il est bien affligeant de voir se former à Paris et à Londres une secte de mauvais naturalistes qui prétendent se passer de l’érudition. (M.-Brun.)

AFFLIGER v. a. ou tr. (a-fli-jé — du lat. affligere ; formé de ad, à ; fligere, frapper. Prend un e muet après le g devant a et o : Nous affligeons. Il affligea). Accabler de maux, de souffrances ; ruiner, désoler, dévaster, ravager, en parlant d’un pays sur lequel pèsent de grandes calamités : Que de fléaux par lesquels le ciel afflige les hommes ! (Fén.) La guerre est le plus grand fléau dont Dieu puisse affliger un empire. (Mass.) La maladie affligeait plus que jamais cette terre ingrate. (Montesq.) Dieu affligea ce royaume d’une maladie contagieuse. (Fléch.) Les maux qui affligent la terre ne viennent pas de Dieu. (Lamenn.)

— Causer de l’affliction, de la peine, de la douleur, du tourment, attrister : Cette mort l’a beaucoup affligé. Peu de chose nous console, parce que peu de chose nous afflige. (Pasc.) Puisque la mort est la peine du péché, elle doit nous affliger et exciter nos larmes. (L. Veuillot.) Affliger la femme qu’on aime ! pour moi, Pauline, c’est un crime. (Balz.) Le talent sans âme m’irrite ou m’afflige ; je veux être touché, consolé, fortifié. (Sacy.) La critique afflige plus les gens de lettres qu’elle ne peut leur nuire. (Villem.)

Je viens de l’affliger, c’est à moi d’adoucir
Le déplaisir mortel qu’elle a dû ressentir.
Voltaire.
    Dans quel moment son injuste rigueur
De ce cruel soupçon vient affliger mon cœur !
Racine.
Grenadier, que tu m’affliges
En m’apprenant ton départ !
Chanson populaire.


|| Mortifier, faire souffrir, en parlant du corps, de l’esprit, etc. : Esther, au milieu, des plaisirs d’une cour superbe, savait affliger son âme par le jeûne. (Mass.) Vous pouvez réparer, en affligeant votre chair, vos voluptés criminelles. (Mass.) Comment as-tu pensé que, pendant que tu te permets tout, tu eusses le droit d’affliger tous mes désirs ? (Montesq.) La réflexion afflige l’esprit qu’elle instruit ; elle endurcit le cœur qu’elle éclaire. (Boiste.) || Ce sens a un peu vieilli.

— Il signifie aussi, par exag., Affecter désagréablement : L’orgue de Barbarie afflige les oreilles musicales. (Balz.)

Qu’un sot afflige mon oreille,
Passe encor, ce n’est pas merveille ;
Le don d’ennuyer est son lot.          (***.)


|| Humilier, insulter :

J’ai tantôt sans respect affligé sa misère.
Racine.

— Par exag. Contrarier, importuner, fatiguer, ennuyer : Vous m’affligeriez, si vous n’acceptiez pas ce présent.

Ce serait m’affliger qu’insister davantage.
Etienne

— Absol. : On se décharge le cœur, avec un bon ami, de tout ce qui afflige ou qui fait plaisir. (Fén.)

S’affliger, v. pr. Éprouver de l’affliction ; se livrer à l’affliction, s’attrister : Chacun doit suivre courageusement sa destinée ; il est inutile de s’affliger. (Fén.) Nous sommes si aveugles que nous ne savons quand nous devons nous affliger ou nous réjouir. (Montesq.) Ils s’affligent de se voir environnés de tels ennemis. (Pasc.) Il faut tâcher de ne s’affliger de rien. (Pasc.) Il ne faut pas s’affliger pour des créatures qui finissent. (Fléch.) Notre âme se réjouit d’entrevoir la céleste patrie, et s’afflige d’en être exilée. (B. de St-P.) Il est permis de s’affliger de la religion d’autrui, mais il n’est jamais permis d’en rire. (Joubert.)

Toujours avant le temps faut-il vous affliger ?
Racine.
On ne devrait jamais s’affliger par avance ;
L’événement souvent confond la prévoyance.
Regnard.

— Gramm. Le verbe pronomin. s’affliger peut se conjuguer avec différentes prép., suivant le cas. Toutefois, on s’exprimerait d’une manière irrégulière en le faisant suivre de la prép. à : Je m’afflige à vous voir en cet état. Mais il peut être suivi d’une proposition subordonnée : Je m’afflige que vous pensiez ainsi de moi.

Antonymes. Charmer, consoler, contenter, dérider, désattrister, égayer, enchanter, ragaillardir, réjouir, satisfaire, transporter.

AFFLORINEMENT s. m. (a-flo-ri-ne-man — de à, et florin, ancienne mesure commune qui servait à estimer le prix, et le revenu de chaque fief). Redevance, espèce de contribution que devait un fief, et dont la valeur était représentée par un certain nombre d’unités qu’on nommait florins, D’autres gentilshommes ont demandé si c’est mon père ou moi qui paye l’afflorinement des fiefs, terme barbare que j’espère voir bientôt bannir de la langue provençale. (Mirab.)

AFFLOUAGE s. m. (a-flou-a-je — rad. afflouer). Mar. Opération qui consiste à afflouer un navire : L’afflouage dun bâtiment.

AFFLOUEMENT s. m. (a-floû-man — rad. afflouer). Mar. Résultat de l’afflouage, état d’un navire affloué : L’afflouement d’un vaisseau.

AFFLOUER v. a. ou tr. (a-flou-é — de à et flot). Mar. Remettre à flot un navire échoué, le redresser pour qu’il flotte.

AFFLUANT (a-flû-an) part. prés. du v. Affluer : Les étrangers affluant à Paris.

Nous qui, pour les vaisseaux affluant du dehors,
Allons être contraints de quadrupler nos ports…
Barthélémy.

AFFLUÉ (a-flu-é) part. pass. du v. Affluer : Les Anglais ont afflué cette année à Paris. || Ne s’empl. qu’avec l’auxil. avoir.

AFFLUENCE s. f. (a-flu-an-se — du lat. affluere, couler vers). Action d’affluer, en parlant des eaux : L’affluence des ruisseaux. L’affluence des eaux qui provenaient de la fonte des neiges fit déborder la rivière. (Acad.) || Par anal. Se dit des choses qu’on peut comparer à des rivières, à des canaux : Tours est le centre d’un mouvement considérable que lui procure l’affluence de plusieurs voies ferrées. (E. de la Bédoll.)

— Pathol. Concours de sang, d’humeurs, etc., qui se porte, en plus grande quantité qu’à l’ordinaire, vers un même organe : L’affluence des humeurs. L’affluence du sang à la tête peut causer des accidents fâcheux. (Lav.) Le malheureux, il nous trompe ! s’écria mademoiselle Armande, dont le cœur se dilata sous l’ affluence du sang qui abondait par grosses vagues. (Balz.)

— Par ext. Grand concours de personnes : Affluence de peuple, de spectateurs, de visiteurs. Il faut craindre, plus qu’il ne faut la désirer, l’ affluence des étrangers en France. (De Bonald.) L’affluence des sophistes a fait naître la défiance. (Fourier.) — Cromwell faisait une entrée triomphale à Londres ; un courtisan appelait son attention sur l’affluence de peuple accouru pour le voir : « Cette affluence serait encore plus grande, dit-il, si l’on me conduisait à l’échafaud. » || Grande abondance de choses : Il y a cette année affluence de marchandises à la foire, de vaisseaux dans le port. (Acad.) Le bonheur du peuple ne consiste pas seulement dans l’affluence des fruits de la terre. (Fén.) Voyez quelle affluence de biens vous environne. (J.-J. Rouss.) L’affluence de détails méthodiques n’est point une voie sûre pour instruire le lecteur. (Fourier.)

Ne cherchons pas des biens l’affluence importune.
La Fontaine.

— S’empl. absol. dans ces deux derniers sens : Quelle affluence à cette fête ! Les classes intermédiaires sont placées entre la détresse et l’ affluence. Sur tout le parcours du défilé, l’affluence est énorme. (Journ.)

— En mauvaise part, Flux, abondance inutile : Bon Dieu, quelle affluence de paroles ! (Vaugelas.)

— Au plur. Physiq. Les rayons électriques qui se portent vers un corps actuellement électrisé.

En affluence, loc. adv. En grande abondance, en foule : Les habitants sortaient des villes et des bourgades en affluence.

Syn. Affluence, concours, foule, multitude, presse. Ces mots expriment l’idée d’une réunion nombreuse. Multitude, foule et presse se rapportent à la même idée, et marquent qu’il se trouve beaucoup de gens dans un endroit. Concours et affluence, à l’idée de quantité ajoutent une idée de mouvement, et expriment que beaucoup de gens se portent d’un lieu vers un autre : La multitude, la foule, la presse, sont une chose ; le concours et l’affluence sont un fait. Multitude se rapporte uniquement à la quantité des individus : Ignorez-vous qu’une multitude de vos frères périt ou souffre de ce que vous avez de trop ? (J.-J. Rouss.) Foule exprime une idée de tumulte, de cohue : Il y a toujours foule à la sortie des théâtres. Presse éveille l’idée d’une agglomération presque périlleuse : Le peuple affamé se précipita à la porte des boulangers, et il y eut trois hommes d’étouffés dans la presse. Concours représente l’action simultanée de personnes, qui se rendent vers un même endroit, dans une certaine occasion : Il y eut grand concours de peuple le jour où Jésus-Christ fit son entrée à Jérusalem. (Boss.) L’affluence a lieu d’une manière durable, continue : Cette ville reçoit une grande affluence d’étrangers. Ainsi concours exprime l’arrivée en masse, et affluence l’arrivée successive.

Antonymes, Disette, insuffisance, manque, absence, rareté.

AFFLUENT s. m. (a-flu-an — rad. affluer). Courant d’eau qui coule vers un autre ; rivière qui se jette dans une autre : Les ruisseaux sont les affluents des rivières. Les rivières sont les affluents des fleuves. Les fleuves sont les affluents des mers. La Marne est un affluent de la Seine. Le Danube est un des affluents de la mer Noire. La Loire a de nombreux affluents.

— Par ext. Se dit des rues d’une grande ville, des voies publiques : Le boulevard Saint-Germain, l’une des grandes artères de la rive gauche, doit avoir pour affluents un grand nombre de voies nouvelles. (L.-J. Larcher.)

AFFLUENT, ENTE adj. (a-flu-an, an-te — du lat. affluens, qui coule vers), Se dit des cours d’eau qui vont se perdre dans d’autres cours d’eau d’une étendue et d’une masse ordinairement plus considérables : Ruisseau affluent. Rivière affluente. Le Rhin et les rivières affluentes. (Acad.)

— Pathol. Se dit des humeurs qui se portent en abondance dans quelque partie du corps : Sang affluent. Sérosité, salive affluente.

— Physiq. (Se dit d’un fluide qui se porte dans une direction déterminée : Electricité affluente.

AFFLUER v. n. ou intr. (a-flu-é — du lat. affluere, couler vers. — L’i qui suit la voyelle u du radical prend un tréma aux deux prem. pers. du pl. de l’imparf. de l’indic et du prés. du subjonctif : Nous affluïons ; que vous affluïez). Couler vers ; se rendre dans un même canal, aboutir au même terme ; se dit du cours des eaux : Plusieurs rivières affluent dans le Rhône. Beaucoup de fleuves affluent dans la Méditerranée. (Acad.)

— Par anal., Se dit du sang, des humeurs qui se portent en abondance vers quelque point : Il faut empêcher le sang d’affluer à la tête. Le sang afflue vers le cœur. Le froid me gagne déjà, le sang afflue à mon cerveau. (Alex. Dum.) Au moindre mouvement de l’âme, le sang afflue aux joues, au col, jusqu’aux épaules, en ondées de pourpre. (H. Taine.)

— Par ext., Survenir, arriver en grand nombre, en parlant des personnes : Les étrangers affluent en France, à Paris, dans les grandes villes. Le peuple affluait dans les avenues du Palais de Justice. (V. Hugo.) || Abonder, se porter en abondance vers quelque endroit, en parlant des choses : Les vaisseaux affluent dans le port. Les vivres affluent dans le camp. Les marchandises affluaient sur le marché. Croyez-vous, ignorants, qu’ils soient heureux ces hommes, chez qui  affluent tous les biens de la terre ? (Mercier.) Aujourd’hui tout afflue à Paris ; le centre absorbe à lui seul toute l’activité du pays. (L.-N. Bonap.) Que d’affaires vont affluer vers vous ! (Balz.)

— Fig. Augmenter, s’accroître : Je sens que la vie, au lieu de m’abandonner, afflue en moi. (Balz.)

AFFLUX s. m. (a-flu-ks — du lat. ad, vers ; fluere, couler). Pathol. Réunion plus abondante des liquides vers une partie du corps devenue le siége d’une irritation morbide ou d’une stimulation physiologique : L’afflux du sang vers la tête. (Acad.)

AFFOISONNER v. a. ou tr. (a-foi-zo-né — de à foison). Vieux mot qui signifiait Fournir abondamment. Nous disons encore à foison pour En abondance.

AFFOLAGE s. m. (a-fo-la-je — rad. affoler). Vieux mot qui s’est dit pour Folie : Las ! grand affolage m’est d’espérer. (Chanson du xve siècle.)

— Hortic. Maladie des anémones, qui les fait pousser en feuilles et les empêche de fleurir.

AFFOLÉ, ÉE (a-fo-lé), part. pass. du v. Affoler. Rendu fou ; passionné pour : Vous ne sauriez croire comme elle est affolée de ce Léandre. (Mol.) Elle est affolée de sa propre personne. (Maynard.) Je lui ai persuadé de venir apprendre la musique, dont il se montrait si affolé. (G. Sand.) Il était poussé par l’envie irrésistible de voir son cheval, dont il était affolé. (E. Sue.)

— Mar. Aiguille affolée. Se dit de l’aiguille d’une boussole, lorsqu’elle est dérangée de sa direction naturelle vers le nord, soit par le voisinage du fer, soit à cause d’un orage violent, etc. : On est quelquefois obligé d’aimanter de nouveau une aiguille affolée. (Acad.)

— Hortic. Se dit de l’anémone. V. Affolage.

— Subst. Individu qui est devenu fou, et particulièrem. qui est devenu fou d’amour : Il a tiré d’elle tout ce dont la loi permettait à cette pauvre affolée de disposer. (Balz.)

AFFOLEMENT s. m. (a-fo-le-man — rad. affoler). Action de devenir fou et surtout fou par amour ; état d’une personne affolée : Landry lui reprocha vivement de ne pas répondre à l’affolement qu’il se sentait pour elle. (G. Sand.)

— Mar. État d’une aiguille aimantée qui est affolée.