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— Fig. Rendre plus difficile à supporter, plus pénible, plus douloureux : N’est-ce pas aggraver ses chagrins à pure perte, que de s’ôter le plaisir de les partager avec un ami ? (J.-J. Rouss.) Les Athéniens furent contraints de supporter des outrages qu’aggravait le souvenir de tant de glorieux exploits. (Barthél.) Après avoir puni les Égyptiens de leur révolte, et follement aggravé le poids de leurs chaînes, faut-il encore aggraver leur joug par le mépris ? (Barthél.) Elle n’avait pas aggravé son mal par d’importuns et inutiles reproches. (G. Sand.) Les remèdes vains aggravent le mal qu’ils ont l’air de vouloir guérir. (Guizot.) Témoin des misères des peuples, j’éprouve une profonde horreur pour les systèmes politiques qui les aggravent chaque jour. (Lamenn.)

— Droit can. Fulminer une aggrave.

S’aggraver, v. pr. Devenir plus lourd ; s’appesantir : La main du Seigneur s’aggrava sur les Azotiens. (Volt.) || Devenir plus grave : Le mal s’aggrava rapidement.

— Fig. Devenir plus pénible, plus douloureux, plus poignant : Mon infortune s’est aggravée par ce malheureux événement. (Rac.) En province, une pareille aventure s’aggrave par la manière dont elle se raconte. (Balz.)

Antonyme. Atténuer, diminuer.

AGHA s. m. (a-ga). V. Aga.

AGHIRLIK s. m. (a-ghir-lik). Présent ou compliment que fait à une parente du Sultan celui à qui elle est accordée en mariage.

AGHLABITE s. m. (a-gla-bi-te). V. Aglabite.

AGHORI s. m. (a-go-ri). Nom d’une secte ascétique de l’Inde : Les aghori adorent le mauvais principe sous les formes les plus hideuses. (Compl. acad.)

AGI (a-ji) part. pass. du v. Agir. Dans le langage philosophique, Poussé, mis en mouvement : Toute âme chrétienne est agie. (Boss.) Un corps est modifié par la seule puissance de Dieu ; il n’agit en rien ; il est seulement agi. (Fén.) || Ne se dit plus.

AGIAU s. m. (a-ji-ô). Techn. Sorte de pupitre sur lequel le doreur place le cahier qui contient les feuilles d’or.

— Famil. et au pl. Colifichets de femme, affiquets, bijoux, etc. : Les agiaux de la mariée de village. Inusit. aujourd’hui.

Homonyme. Agio.

AGIDES, l’une des races royales de Sparte, qui descendait d’Agis, fils d’Eurysthène, l’un des Héraclides qui envahirent le Péloponèse dans le xiie siècle av. J.-C.

AGIEM-CLICH s. m. (a-ji-èmm-klik). Cimeterre ou sabre persan très-courbe.

AGIER (Pierre-Jean), magistrat, né à Pars en 1748, m. en 1823. Il fut successivement député suppléant à la Constituante, membre de la commune, président du tribunal révolutionnaire après le 9 thermidor, enfin juge, puis vice-président de la cour d’appel. Il a laissé des écrits de jurisprudence, des traductions des Prophètes et des Psaumes, etc.

AGILE adj. (a-ji-le — lat. agilis, même sens). Qui a une grande facilité à agir, à se mouvoir ; vif, souple, dispos : Un homme vigoureux, agile. Les Suédois sont bien faits, robustes, agiles. (Volt.) La chèvre est plus forte, plus légère, plus agile et moins timide que la brebis. (Buff.)

Légère et court vêtue, elle allait a grands pas,
Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile,
Cotillon simple et souliers plats.
La Fontaine.


|| S’applique également aux choses : Pas agile. Main agile. Langue très-agile. Prenez vos plumes sacrées, agiles instruments d’un prompt écrivain. (Boss.) Ces insectes se trouvent aux bords des eaux ; leur démarche est assez agile, leur couleur très-brillante. (Dejean.)

Le lion sort, et vient d’un pas agile.
La Fontaine.

— Fig. Vif, prompt à comprendre, à saisir : Voltaire avait l’imagination riche, l’esprit agile. (Joubert.)

Antonymes. Engourdi, lent, lourd, pesant.

AGILEMENT adv. (a-ji-le-man — rad. agile). Avec agilité : Sauter agilement. S’élancer agilement sur un cheval.

AGILITÉ s. f. (a-ji-li-té — lat. agilitas, même sens ; de agilis, agile). Facilité à se mouvoir, légèreté dans les mouvements, souplesse du corps : L’agilité d’un cavalier. L’agilité du cerf. Les lièvres ne sauvent leur vie que par leur agilité. (Trév.) Les Basques excellent à un jeu qui demande autant de souplesse que d’agilité. (Salvandy.) Tout ce qu’on sait des Ibères prouve leur agilité, leur dextérité merveilleuses. (Ampère.) La vigueur et l’agilité des reptiles sont en raison directe de la hauteur du soleil sur l’horizon. (Toussenel.) À l’âge de quatre-vingt-huit ans, l’arlequin Tiberio Fiorelli avait encore une telle agilité, que, dans les scènes de pantomime, il donnait un soufflet avec le pied. || S’applique à quelques parties du corps et principalement à la main : Le piano exige surtout l’agilité des doigts.

. . . . . Je suis vieille, et mes doigts
N’ont plus l’agilité qu’ils avaient autrefois.
C. Delavigne.

— Fig. Vivacité, facilité, souplesse : Catinat avait dans l’esprit une application et une agilité qui le rendaient capable de tout. (Volt.) Cela marque l’agilité de l’âme, si cela n’en marque l’étendue. (La Bruy.)

— Mus. Flexibilité, souplesse, étendue : L’agilité de la voix. Chanter avec agilité.

AGILOLFINGES s. m. pl. (a-ji-lol-fain-je). Hist. Descendants d’Agilolfe, guerrier bavarois ou franc qui, en 533, secoua le joug des Ostrogoths et rendit la Bavière indépendante. Depuis, les Bavarois furent gouvernés par un membre de cette famille. Le dernier des Agilolfinges fut Fassile, gendre de Didier, roi des Lombards. En 788, ayant été vaincu et fait prisonnier par Charlemagne, il fut enfermé dans un couvent, et dès lors la Bavière se vit complètement incorporée à la vaste monarchie des Francs.

AGILULF ou AGILULPHE ou AGILOLF, duc de Turin et roi des Lombards (590-615). Il fit la guerre avec succès au pape Grégoire le Grand et à l’empereur grec Maurice, avec lequel il conclut la paix en 599. La guerre ayant éclaté de nouveau par l’inobservation du traité de la part de l’empereur, Agilulf s’empara des villes de Padoue, de Crémone et de Mantoue, qui relevaient de l’empire, et consentit à une nouvelle trêve. Vers cette époque, il abjura l’arianisme pour embrasser la foi catholique. Nous avons possédé au cabinet des médailles la couronne de ce prince. C’était un cercle d’or. Ce précieux objet fut enlevé en 1804, et fondu par les voleurs.

AGINCOURT (Séroux d’). V. Séroux d’Agincourt.

AGINÉI s. f. (a-ji-né-i). Bot. Plante de la famille des euphorbiacées, que l’on trouve en Chine.

AGIO s. m. (a-ji-o — de l’ital. aggio, ajouté, donné en sus, plus value ; qui semble formé d’aggiungere, ajouter, joindre, augmenter ; dérivé du v. lat. jungere, qui a la même signification). Banq. et comm. Différence qui existe entre la valeur nominale et la valeur réelle des monnaies, entre les espèces et le papier de banque, entre l’argent du pays et l’argent des nations étrangères, entre le prix de l’or et de l’argent, et, d’une manière générale, Bénéfice qui résulte de l’échange d’une valeur contre une autre valeur. || Supplément d’intérêt qui se paye à chaque renouvellement d’un effet présenté à l’escompte, et qui s’ajoute aux droits de commission et de courtage. || Souvent ce mot, employé d’une manière générale, a un sens défavorable, et signifie Usure, tripotage de Bourse, etc. : S’enrichir par l’agio.

Voilà de nos censeurs, chacun en fait autant,
Et flétrit l’agio tout en agiotant.     Ponsard.

Homonyme. Agiau.

AGIONITES s. m. pl. (a-ji-o-ni-te). Hist. ecclés. Membres d’une secte qui parut vers 694. Les agionites prétendaient que le mariage et la chasteté étaient une suggestion du mauvais principe. Ils furent condamnés par le concile de Gangra, ville de l’Asie Mineure.

AGIOSYMANTRE ou AGIOSIMANDRE s. m. (a-ji-o-zi-man-tre — du gr. agios, sacré ; sèmanterion ; signal). Instrument dont les prêtres de l’Église grecque se servaient, dans l’empire ottoman, pour appeler les fidèles aux offices. Il remplaçait les cloches, dont l’usage avait été interdit par les Turcs, de peur qu’elles ne devinssent un signal de révolte. C’était une longue pièce de bois d’érable, sur laquelle on frappait avec un marteau. || On appelait agiosiméride une lame de fer que l’on suspendait à un arbre et sur laquelle on frappait dans le même but, c’est-à-dire pour convoquer les fidèles. L’étymologie de ce dernier mot (du gr. agios, sacré, et sideros, fer) indique la différence qui existait entre ces deux instruments sous le rapport de la matière.

AGIOTAGE s. m. (a-ji-o-ta-je — rad. agio). Trafic sur les fonds publics, sur les actions industrielles, et surtout spéculation aléatoire, qui se fait dans toutes les villes de commerce : L’agiotage a prodigieusement changé le prix de l’argent. (Mirab.) On a parlé de l’agiotage de la rue Quincampoix : notre époque a vu mieux. (L. Reybaud.) || Se prend le plus souvent en mauv. part dans le sens de Tripotage de bourse, de spéculation illicite : S’enrichir par l’agiotage. La classe la plus malfaisante du corps social, celle des entremetteurs d’agiotage, nommés agents de change et courtiers, est celle qui échappe le mieux à l’impôt. (Fourier.) || Par ext., dans ce dernier sens : Tout le monde naît, beaucoup se marient et tous meurent ; voilà trois objets d’agiotage religieux qui me répugnent et que je voudrais faire disparaître. (Napol. Ier.)

Le temple de l’agiotage, la Bourse : Il était sujet à ce singulier point d’honneur qui fait commettre des crimes légaux aux hommes de bourse pour ne pas être chassés du temple de l’agiotage. (Balz.)

Encycl. Le mot agiotage désignait jadis le commerce du papier et des espèces métalliques. Aujourd’hui, détourné de son sens primitif et pris en mauvaise part, il sert à désigner les manœuvres auxquelles des spéculateurs peu scrupuleux ont recours pour s’assurer des bénéfices qu’ils ne sauraient espérer du cours régulier des opérations commerciales et financières. C’est à l’époque du fameux système de Law que l’agiotage prit en France, pour la première fois, un développement scandaleux. Il en fut de même pendant les orages de la Révolution française. Voici comment Horace Say essaye de tracer une ligne de démarcation entre la spéculation et l’agiotage. « La spéculation prend son cours naturel et se développe dans les pays libres et tranquilles ; l’agiotage n’est jamais si actif que dans les temps de calamités et de troubles publics. La spéculation est une opération régulière ; l’agiotage est un pari où les joueurs conservent l’arrière-pensée de tricher au besoin. La spéculation est un placement de capitaux fait avec intelligence par l’achat à bas prix de denrées ou de marchandises dans l’intention de les revendre plus tard, lorsque les prix s’élèvent ; la différence des prix couvre les frais de conservation de la chose, l’intérêt des fonds employés, et le bénéfice du spéculateur. Par la première opération, la spéculation empêche la baisse du prix d’atteindre un taux qui deviendrait fatal aux producteurs ; par la seconde, elle empêche une hausse excessive, qui serait fâcheuse pour les consommateurs. Dans l’agiotage, au contraire, l’achat se fait avec intention de revendre au plus tôt ; on traite le plus souvent à terme pour ne point employer de capital, on n’a pas la moindre intention de prendre livraison de la chose achetée ; d’autres fois, on vend avec promesse de livrer ce qu’on ne possède pas, ce qu’on n’a même aucune prévision de posséder ; on compte que dans l’intervalle on pourra se liquider, par une opération contraire, à des prix dont la différence deviendra un profit ; on se fie pour cela sur les événements fortuits, sur les chances des récoltes, sur les conséquences d’une nouvelle bonne ou mauvaise, qu’on s’arrange même pour inventer et répandre au besoin. » — Mirabeau définissait l’agiotage : l’étude et l’emploi des manœuvres les moins délicates pour produire des variations inattendues dans le prix des effets publics, et tourner à son profit les dépouilles de ceux qu’on a séduits ou trompés.

AGIOTÉ (a-ji-o-té) part. pass. du v. Agioter.

AGIOTER v. n. ou intr. (a-ji-o-té — rad. agio). Se livrer à l’agiotage : Ils ont agioté toute leur vie. Sous le Directoire, l’agiotage reprit ses libres allures ; sous l’Empire, on agiota moins. (Chap.-Montlav.) Il y a vingt ans, le père arrangeait les faillites ; aujourd’hui, le fils agiote : c’est une race de fripons ; ils ont eu un aïeul qui, sous la Régence, donnait du papier pour de l’argent, dans la rue Quincampoix. (Empis.)

Le manant agiote avec le duc et pair.
Ancelot.
. . . Pendant quelque temps, agiote, grapille :
À force d’encaisser, de compter, d’escompter,
Tu pourras parvenir à te faire écouter.
Dufresny.

AGIOTEUR, EUSE s. (a-ji-o-teur, eu-ze — rad. agioter). Celui, celle qui se livre à l’agiotage : Comment un écu français échapperait-il aux poursuites des agioteurs ? (Mirab.) L’agioteur n’est qu’un escamoteur habile. (Chap.-Montlav.) Nos grands-pères avaient les précieuses, les brelandières ; nous avons tout cela, et, par-dessus le marché, les agioteuses. (***). Les agioteurs sont cent fois plus rapaces que les bêtes féroces. (Vieira.) Ce n’était ni un financier profond, ni un agioteur subtil, c’était un tripotier. (L. Gozlan.)

— S’empl. adjectiv. : Des banquiers, des actionnaires agioteurs. La gent agioteuse. (Mirab.) Ces mandats n’étaient pas encore nés, ils étaient déjà dépréciés et avilis par la même trame financière, agioteuse et politique. (Barrère.)

AGIR v. n. ou intr. (a-jir — du lat. agere, faire). Faire quelque chose, être en action : L’homme est libre d’agir ou de ne pas agir. (Pasc.) Comme la vie est dans l’action, celui qui cesse d’agir semble aussi avoir cessé de vivre. (Boss.) Pour connaître les hommes, il faut les voir agir. (J.-J. Rouss.) La vie contemplative est misérable ; il faut agir davantage et ne pas regarder vivre. (Chamfort.) S’il faut croire pour agir, il est également vrai qu’il faut agir pour croire : un commencement de foi produit l’action, et l’action produit une foi meilleure. (Virey.) Les animaux n’agissent que par la force du corps. (Virey.) Agir, c’est se développer, c’est étendre son être. (Lamenn.) Agir, c’est vouloir ; agir d’une manière ou d’une autre, c’est préférer. (Jouffroy.)

Qui conçoit veut, agit, est libre en agissant,
C’est l’attribut divin de l’Être tout-puissant.
Voltaire.


|| Exécuter quelque chose ; se dit par opposition aux raisonnements, aux projets, aux discours : On sent plus à Paris qu’on ne pense ; on agit plus qu’on ne projette. (Dubos.) Le comte de Thiard avait peu de troupes ; chef indécis et sans vigueur, il se remuait et n’agissait point. (Chateaub.) Dieu nous a mis ici-bas pour agir, et non pour rêver. (St-Marc-Gir.) Il faut agir dans la jeunesse et raconter dans la vieillesse.(St-Marc-Gir.) Le ministère, embarrassé de ses fautes, tremblait d’agir. (Villem.) L’homme n’est point ici-bas pour raisonner sur des abstractions, mais pour agir au sein des réalités des choses, en se développant selon les lois de sa nature et le but final de sa destinée. (L’abbé Gabriel.) Il n’est pas démonstratif, celui-là ; il ne fait pas de phrases, mais il agit. (Scribe.)

La foi qui n’agit point, est-ce une foi sincère ?
Racine.


|| User de son influence, faire des démarches, s’employer en quelque affaire : Agir auprès d’un ministre pour les intérêts de ses commettants. Il agit beaucoup auprès de l’archevêque de Chieti. (Boss.) On fit agir tant de femmes, qu’il y eut, après la bulle, plus de jansénistes que jamais. (Volt.) || En parlant des choses, Opérer, produire un effet : Ce remède n’agit pas. Tout ce qui agit sur l’homme agit sur la religion. (B. Const.) Le malheur agit sur nous selon notre caractère. (Chateaub.) La puissance de la nation française pour agir sur les autres est un phénomène que je n’ai jamais cessé d’admirer sans le comprendre. (De Maistre.)

Et le ciel, qui pour moi fit pencher la balance,
Dans ce temps-là sans doute agissait sur son cœur.
Racine.


|| Se conduire, se comporter de telle ou telle manière : Agir sagement, franchement, noblement. Agir d’une manière insidieuse. Agir en père, en ami. Elle agit en marâtre. Les hommes droits et simples agissent sans déguisement. (Fén.) Tout chrétien qu’on est, on agit en païen. (Bourdal.) L’ambitieux est trop habile pour ne point agir en homme de bien quand son intérêt l’exige. (Mme  Rolland.) L’homme doit agir comme s’il pouvait tout, et se résigner comme s’il ne pouvait rien. (J. de Maistre.) Parlez discrètement et agissez courageusement. (P. Boutauld.) Tu agis mal avec moi. (V. Hugo.)

On n’agit pas toujours aussi bien que l’on pense.
La Chaussée.
Le but d’un philosophe est de si bien agir,
Que de ses actions il n’ait point à rougir.
Destouches.


|| Poursuivre en justice : Agir civilement, agir criminellement. Agir contre un débiteur.

Agir de, agir par. Se dit elliptiq. pour, Agir avec le secours de, à l’aide, par le moyen de : Il faut que Dieu agisse de toute la force de sa grâce. (Fléch.) Nous n’agissons que par vos conseils et par vos ordres. (Fléch.) Nous agissons de nous-mêmes. (Pasc.) || Agir contre, Se mettre en lutte, en opposition avec : Agir contre les novateurs. Agir contre sa conscience, contre ses intérêts. Quand il nous verra agir contre ses ennemis, et pour ses intérêts, nous abandonnera-t-il ? (Bourdal.)

— Le verbe agir a été employé substantiv. pour exprimer l’action d’agir : Il faut non-seulement ôter les mauvais désirs, mais ôter le trop qui se trouve souvent dans les bons, le trop agir, l’excessive activité qui se détruit et se consume elle-même. (Boss.)

S’agir, v. pr. Être question de. Il ne s’emploie qu’impersonnellem. : Il s’agit, il s’est agi, il s’agissait, il s’agirait, et peut avoir pour complément un nom de personne ou de chose : Il ne sait plus parler quand il s’agit de demander. (Fléch.) O ciel ! puisqu’il s’agit de mort, fais-moi la grâce de n’être pas pris pour un autre. (Mol.) Il s’agit du salut et de l’honneur du royaume. (Mirab.) Il ne s’était agi dans la négociation que de faire sortir Charles XII des terres du Grand Seigneur. (Volt.) Il ne s’agit pas à présent de moi, il s’agit de la France. (Napol. Ier.) Il réservait ses études pour le moment où il s’agirait de passer ses examens. (Balz.)

               Une femme chantait :
C’était bien de chansons alors qu’il s’agissait !
La Fontaine.

— Elliptiq. Il s’agit si, Il s’agit de savoir si : Il ne s’agit point si les langues sont anciennes ou nouvelles, mortes ou vivantes. (La Bruy.) || S’agissant, loc. conj. Vu qu’il s’agit, puisqu’il s’agit : La même retenue devenait impossible à conserver, s’agissant d’accusations énormes portées contre lui. (St-Sim.) Cette locution elliptique a vieilli.

Dont s’agit, locut. encore en usage au barreau, et qui doit être bannie du langage ordinaire ; il faut dire : L’affaire dont il s’agit. L’objet dont il s’agit.

— Gramm. Ne dites pas : Il en a bien agi, il en a mal agi avec moi ; mais dites : Il en a bien usé ou mal usé avec moi, ou simplement : Il a bien agi, mal agi avec moi.

Employé comme verbe impersonnel et dans la forme pronominale, il s’agit prend toujours l’auxiliaire être. C’est une faute grossière de dire : Quand il a s’agi de payer, pour quand il s’est agi.

AGIS, nom de quatre rois qui ont régné sur Sparte.

AGIS Ier, fils d’Eurysthène, roi de Sparte, lui succéda vers l’an 1000 av. J.-C. Des traditions historiques plus ou moins avérées prétendent qu’il soumit le premier les habitants d’Hélos, ou Ilotes.

AGIS II, fils et successeur d’Archidamus, régna de 427 à 399 av. J.-C. Il combattit avec succès les Athéniens et les Argiens pendant la guerre du Péloponèse, et concourut plus tard, avec Lysandre, à la prise d’Athènes après la célèbre bataillo d’Ægos-Potamos. Ce fut ce prince qui adressa cette laconique réponse à un ambassadeur dont la harangue avait été longue et pénible : « Dis à ceux qui t’ont envoyé que tu as eu beaucoup de peine à finir, et moi à t’entendre. »

AGIS III, fils d’Archidamus III, lui succéda l’an 338 av. J.-C. Contemporain d’Alexandre, il fit d’héroïques efforts pour soustraire son pays à la domination macédonienne pendant l’expédition du conquérant. Mais il fut écrasé par Antipater, gouverneur de la Macédoine,