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sous les murs de Mégalopolis, et périt dans la bataille (330).

AGIS IV, roi de Sparte de 243 à 235 av. J.-C. Il entreprit de faire revivre l’antique constitution de Lycurgue, et proposa d’abolir toutes les dettes et de procéder à un nouveau partage des terres. Mais il trouva un redoutable adversaire dans Léonidas, son collègue, et s’attira la haine de l’aristocratie. Pendant une expédition d’Agis, une conspiration se trama contre lui. De retour à Sparte et voyant le triomphe de ses ennemis, il se réfugia dans le temple de Minerve ; mais Léonidas eut l’adresse de l’en arracher et le traduisit devant les éphores. Agis, condamné à être étranglé, subit courageusement sa peine. Ce dramatique événement a inspiré plusieurs poëtes, et Alfiéri en a fait une tragédie remarquable.

AGISSANT (a-ji-san) part. prés. du v. Agir : Plus je considère l’action et la réaction des forces de la nature agissant les unes sur les autres, plus je trouve que, d’effets en effets, il faut toujours remonter à quelque première cause. (J.-J. Rouss.)

AGISSANT, ANTE adj. (a-ji-san, an-te — rad. agir). Qui agit, qui a de l’activité, qui se donne beaucoup de mouvement : Josabeth et Nathan sont des personnages peu agissants. (Volt.) Toujours projetante et toujours agissante, elle ne nous laissait guère oisifs ni l’un ni l’autre. (Volt.) || Se dit des choses, dans le même sens : Ne commencez pas par l’inapplication et la paresse une vie qui doit être occupée et agissante. (Boss.) Ah ! que je plaindrai son esprit vif et agissant, si vous ne lui donnez de quoi s’exercer. (Mme de Sév.) Cela s’appelle, ce me semble, une vie assez agissante. (Le Sage.) L’esprit du roi Guillaume, plus agissant que jamais dans un corps sans force et presque sans vie, remuait tout pour abaisser Louis XIV. (Volt.) || Qui est en activité : Le nombre des volcans éteints est sans comparaison beaucoup plus grand que celui des volcans actuellement agissants. (Buff.) || Qui opère avec force, avec efficacité : La poudre n’est plus agissante dès qu’elle est humide. || Qui a de l’action, de l’influence sur : Ce sont leurs conseils qui sont encore vivants et agissants en nous. (Pasc.) Le propre de la foi, selon ce que dit saint Paul, c’est d’être opérante et agissante par amour. (Boss.)

Médecine agissante, Système de médecine qui consiste à employer des remèdes énergiques et violents, par opposition à la médecine expectante, qui attend plus de l’action de la nature que de l’énergie des remèdes.

Syn. Agissant, actif. V. Actif.

AGISTEMENT s. m. (a-ji-ste-man). Anc. jurispr. Droit de faire paître les bestiaux dans les bois.

AGITABLE adj. (a-ji-ta-ble — rad. agiter). Susceptible d’être agité, discuté : Cette question n’est pas agitable.

AGITANT (a-ji-tan) part. prés. du v. Agiter : Les vagues agitant le vaisseau.

AGITANT, ANTE adj. (a-ji-tan, an-te — rad. agiter). Qui amène de l’agitation : Des nouvelles agitantes. Les grands hommes sont les produits des révolutions agitantes. (Ballanch.)

AGITATEUR, TRICE adj. (a-ji-ta-teur, tri-se — rad. agiter). Qui sert à agiter, à mettre en action, en mouvement : Moulin agitateur. Machine agitatrice.

AGITATEUR s. m. (a-ji-ta-teur — rad. agiter). Brouillon, celui qui excite du désordre : Nous avons en lui l’agitateur au complet, le frondeur, le factieux, dans tout son beau. (Ste-Beuve.)

Quelques agitateurs, ralliés pour détruire,
Soldatesque sans frein qu’on rougit de conduire,
Quêtant partout un chef pour détrôner un roi,
De refus en refus sont tombés jusqu’à toi.
(***)


|| Se dit particulièrem. dans le sens de Révolutionnaire, qui excite de la fermentation dans les assemblées, dans les masses populaires : Au Palais-Royal s’aggloméraient, en 1789, des agitateurs : Camille Desmoulins commençait à se distinguer dans les groupes. (Chateaub.) Ce grand agitateur, Calvin, rencontra de si sérieux obstacles, qu’il fut pendant un certain temps banni de Genève à cause de la sévérité de la réforme. (Balz.) Robespierre n’avait été d’abord qu’un discuteur d’idées, un agitateur subalterne, infatigable et intrépide, mais éclipsé par les grands noms. (Lamart.) Les plus grands seigneurs siégeaient avec les plus vils agitateurs de la rue. (Thiers.)

— Hist. Nom, donné aux officiers que l’armée anglaise élut, en 1643, pendant les troubles politiques de cette époque : Cromwell se ligua avec les agitateurs les plus influents. || Le grand agitateur, Surnom donné à O’Connell, qui consacra toute sa vie à revendiquer les droits politiques de l’Irlande, sa patrie, devant le parlement anglais.

— Chim. Baguette en verre dont les bouts sont arrondis, et qu’on emploie pour remuer les réactifs dans les vases.

— Techn. Mécanisme intérieur qui, dans les barattes, sert à agiter le liquide pour en séparer le beurre. || Vaste cadre en bois, armé de traverses, qui remue constamment la pâte de papier raffinée et colorée, pour que le mélange ne perde rien de son homogénéité. || Dans les brasseries, Appareil propre à remuer le mélange circulairement, et qui est armé de crochets en fer destinés à labourer le malt.

— Rem. L’Académie ne donne pas de féminin à ce substantif ; Boiste n’est pas de cet avis, et nous sommes de l’avis de Boiste.

AGITATION s. f. (a-ji-ta-si-on — rad. agiter). Mouvement général et irrégulier, secousses diverses et répétées : L’agitation des flots, de la mer, des arbres. En automne, les feuilles tombent par la moindre agitation du vent. Si l’agitation de l’air ne fait pas impression dans mon oreille, je ne puis entendre le bruit. (Boss.) Les planètes sont portées dans la matière céleste, qui est d’une subtilité et d’une agitation prodigieuse. (Fonten.) Il n’y a que peu de climats exposés à la fureur de ces terribles agitations de l’air. (Buff.) Le lac avait cette agitation fébrile qui, à l’époque des grandes marées, saisit toutes les masses d’eau et les fait frissonner. (V. Hugo.) || Mouvement continuel d’une masse, d’une foule : C’est le matin qu’on remarque, à Paris, le plus d’agitation aux environs de la halle. Il règne une grande agitation aux foires de Beaucaire. || Se dit particulièrem. en politique pour exprimer la fermentation, les troubles dans une assemblée, parmi le peuple : Exciter, calmer l’agitation. Il y a de l’agitation dans la Chambre. L’agitation est à son comble dans la ville. Il laissa l’empire dans une grande agitation. (Boss.) Après de longues agitations, les choses prirent enfin une assiette plus fixe. (J.-J. Rouss.) J’aime mieux les agitations de la liberté que le calme de la servitude. (J.-J. Rouss.) Les peuples du Midi passent souvent de la plus grande agitation au plus profond repos. (Mme de Staël.) Une agitation profonde tourmentait la France. (Villem.) Le bon sens du peuple demande au travail un refuge contre les nouvelles agitations. (Guizot.) La liberté contestée, c’est l’agitation permanente. (E. de Gir.)

— Par ext. Grande activité dans les actions : L’âme fidèle voit les hommes passer toute leur vie dans des agitations et des projets. (Mass.) Les hommes cherchent sans cesse dans les soins d’ici-bas desagitations qui les dérobent à eux-mêmes. (Mass.) L’activité est aussi nécessaire au bonheur que l’agitation lui est contraire. (Lévis.) Rien n’est difficile comme de s’arracher à l’agitation, au bruit, et à toutes ces puissantes entraves qu’on déplore et qu’on aime. (Le P. Ravignan.) Ce n’est pas le mouvement, le tapage qui fait la vie, c’est l’agitation. (Mme E. de Gir.)

— Fig. Troubles, vicissitudes de la vie : Je considère les diverses agitations de l’esprit humain et tant d’occupations différentes qui travaillent inutilement les enfants des hommes. (Boss.) Au milieu de l’agitation des choses humaines, la religion se soutient toujours avec une force invincible. (Boss.) Rien de plus adorable que l’asile où il se repose des agitations de la vie. (Fén.) Le calme de cet intérieur couvait donc d’effroyables agitations. (Balz.)

Nos agitations ne laissent pas de trace,
C’est la bulle sur l’eau qui crève et qui s’efface.
T. Lantier.


|| Inquiétude, soucis, tourments de l’âme : La constance des sages n’est que l’art de renfermer leurs agitations dans leur âme. (La Rochef.) Pendant que les princes étaient dans cette agitation, toutes les troupes étaient consternées. (Fén.) L’amour est l’agitation de la vie ; l’amitié en est le repos. (Mme Cottin.) Il se promène dans une agitation pleine de désespoir. (Balz.) Je préfère la sérénité de Bossuet et son chrétien espoir, aux agitations fiévreuses de Pascal éperdu. (Nourrisson.)

— Pathol. Chez un malade, Mouvement continuel et irrégulier, du corps, accompagné d’une inquiétude pénible de l’esprit : L’agitation qui survient dans le cours des maladies aiguës est très-grave lorsqu’elle n’est pas suivie d’une crise.

Syn. Agitation, tourment. Grande peine d’esprit. L’agitation, est une inquiétude de l’âme, une alternative de mouvements contraires ; le tourment est une peine causée par un mal déterminé et présent ; il ne suppose ni pluralité de sentiments ni incertitude. Une vie d’agitations est une vie sans repos, pleine d’alarmes et de soucis ; une vie de tourments est une vie de souffrances : La vie de la cour n’est qu’une agitation éternelle, qu’une révolution fatigante de craintes, de précautions et d’espérances. Qu’est-ce que la vie de deux époux mal assortis, sinon une vie de tourments ? En un mot, tourment exprime une idée beaucoup plus forte, plus énergique qu’agitation ; l’un est en quelque sorte l’augmentatif de l’autre.

AGITATO adv. (ad-ji-ta-to — mot ital. qui signif. avec agitation). Mus. Terme emprunté à l’italien, et qui, placé en tête d’un morceau de musique, indique un caractère d’expression passionnée joint à la vitesse.

— S’empl. substantiv. : Quoique le caractère du basson soit tendre et mélancolique, ses accents pleins de vigueur et de sentiment servent à exprimer les grandes passions dans l’agitato. (Castil-Blaze.)

AGITÉ, ÉE (a-ji-té) part. pass. du v. Agiter. Remué, secoué : Mer agitée. Arbres agités par le vent. Souvent je m’occupais à considérer les vaisseaux agités par la tempête. (Fén.) Un papillon aux riches couleurs se tenait sur un des rameaux de la plante, les ailes agitées d’un frémissement tout particulier. (Saintine.) On eût dit, à voir ce roulement des ondes, que la mer était agitée par quelque convulsion intérieure. (Hennequin.) Il y a des hommes dont l’atmosphère est le tourbillon des événements : ils ne respirent à l’aise que dans l’air agité. (Lamart.)

La rivière devint tout d’un coup agitée.
La Fontaine.

— Par ext. Qui est dans un mouvement violent d’actions et d’idées : La France est souvent agitée par les menées des partis. Dans une nation agitée et en désordre, on trouve souvent des gens injustes et artificieux qui sont déjà en autorité. (Fén.) Les politiques ont cru voir la cause des malheurs publics dans les différentes formes de gouvernement ; cependant la Turquie est tranquille et l’Angleterre est agitée. (B. de St-P.) Le règne agité de Frédéric Barberousse embrassé quarante années. (Villem.) Ferrare, jadis tant agitée de ses femmes, de ses plaisirs, de ses poëtes, est presque déshabitée. (Chateaub.)

— Fig. Inquiet, troublé, tourmenté : Mon âme est toujours agitée de crainte, d’espérance, et surtout de voir tous les jours de ma vie s’écouler loin de vous. (Mme de Sév.) Mon cœur était sans cesse agité de désirs nouveaux. (Fén.) La conscience du parricide est agitée de continuelles frayeurs. (Boss.) Madame de Clèves s’en revint chez elle, l’esprit plusagité qu’elle ne l’avait jamais eu. (Mme de Lafayette.) Depuis quelque temps, Virginie se sentait agitée d’un mal inconnu. (B. de St-P.) Coriolan, agité de différentes passions, paraissait interdit. (Vertot.)

De soins plus importants je l’ai crue agitée.
Racine.
À mes sens agités venez rendre la paix.
Racine.
Le bonheur de l’impie est toujours agité.
Racine.
Dans quelque retraite profonde,
Sous les arbres par lui plantés,
Nous verrons couler comme l’onde
La fin de nos jours agités.    Lamartine.


|| Discuté, débattu : La proposition fut agitée pendant près de trois heures. Milton a remué d’une main puissante toutes les idées agitées dans notre siècle. (Chateaub.) La grande question de l’Amérique fut agitée par Fox avec vigueur et précision. (Villem.) Ce mémoire fera l’historique exact de tout ce qui tient à la question agitée. (Beaum.)

— Impers. et elliptiq. Il fut agité si, On agita la question de savoir si : Il fut agité dans Versailles si le roi se retirerait à Chambord. (Volt.)

— Méd. Qui éprouve cette gêne, ce malaise qui forcent à changer sans cesse de position : Ce malade est fort agité. || Par anal. Ce malade a passé une nuit agitée, C’est-à-dire a passé la nuit dans une grande agitation. || Pouls agité, Dont les pulsations rapides indiquent un commencement de fièvre : J’eus peur en me sentant le pouls légèrement agité. (G. Sand.)

Syn. Agité, ému, troublé. L’âme est émue par un sentiment isolé, tel que la colère, la joie, etc. ; elle est agitée par une succession, une variété, de sentiments différents et quelquefois contraires ; elle est troublée par le désordre que ces sentiments apportent dans ses facultés : L’émotion indique un mouvement de l’âme ; l’agitation exprime l’idée d’incertitude, de déchirement ; le trouble, celle de désordre : L’âme est affligée et agitée en mille manières. (Boss.) L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croit pas. (Boil.) Conscience troublée s’effraye de tout. (Prov.)

AGITER v. a. ou tr. (a-ji-té — lat. agitare, même sens). Ébranler, secouer, remuer en divers sens : Le peuplier robuste agite son feuillage. (B. de St.-P.) Avant de bercer les enfants, il faut être sûr qu’il ne leur manque rien, et on ne doit jamais les agiter au point de les étourdir. (Buff.) Tout à coup Commode, qui était en habit de guerrier, agita sa lance d’une manière terrible. (Thomas.), Un homme marchait devant, portant un drapeau qu’il agitait en divers sens. (A. Thierry.) Chaque brin d’herbe que j’agitais en marchant me semblait souffrir, et se plaindre. (G. Sand.) Les palmiers agitaient en silence leurs grandes feuilles vernissées. (E. Sue.)

Les vents agitent l’air d’heureux frémissements,
Et la mer y répond par ses mugissements.
Racine.
Il agite sa chaîne avec un bruit d’orage,
Pareil à ce guerrier qui, las des maux soufferts,
Déracinait un temple en remuant ses fers.
Soumet.

— Par ext. Exciter le trouble, émouvoir fortement, soulever : Agiter le peuple. Agiter les masses. Pitt, Fox et Burke, ces trois hommes agitaient ou pacifiaient l’Angleterre d’un seul mouvement de leur pensée. (Lamart.) Les jacobins agitaient déjà la capitale. (Lamart.) Ses expressions ardentes agitent vivement l’assemblée. (Villem.)

— Fig. Exciter divers mouvements de l’âme : Il faut réprimer cette ambition qui vous agite. (Bourdal.) Les immortels rient des affaires les plus sérieuses qui agitent les faibles humains. (Fén.) Tout l’agite, l’inquiète, le ronge ; il a peur de son ombre ; il ne dort ni nuit ni jour. (Fén.) Les plus légers intérêts de la terre agitent les hommes. (Mass.) Dans les violents transports qui m’agitent, je ne saurais demeurer en place. (J.-J. Rouss.) Au milieu de tant de passions qui nous agitent, notre raison se trouble et s’obscurcit. (B. de St-P.)

Quel trouble vous agite et quel effroi vous glace ?
Racine.
Dès lors que son démon commence à l’agiter,
Tout, jusqu’à sa servante, est prêt à déserter.
Boileau.
Agitez tous leurs sens d’une rage insensée,
Tambour, fifre, trompette, ôtez-leur la pensée.
Lemercier.


|| Discuter, débattre : Agiter une question. Je voudrais bien agiter à fond cette matière. (Mol.) Il agita toute sa vie les plus hautes questions littéraires. (Lacret.)

S’agiter, v. pr. Être agité, se remuer ; être dans un mouvement continuel, en parlant des personnes et des choses : La mer s’agite. Les flots, les vagues commencent à s’agiter. Ils gesticulent, ils crient, ils s’agitent. (La Bruy.) On s’agite, de toutes manières pour être ce qu’on n’est pas. (Frayss.) Ses lèvres s’agitèrent et ne rendirent que de vains sons. (Mich. Masson.) La moindre feuille ne s’agite pas sur l’arbre sans la volonté de Dieu. (D.-Hinard.) Il me semble voir ce rideau s’agiter à tout instant derrière le vitrage. (G. Sand.)

Il se lève, il s’agite à pas tumultueux.
A. Chénier.
Forêts, agitez-vous doucement dans les airs.
Chateaubriand.
L’airain sacré tremble et s’agite.
C. Delavigne.

— Par ext. Être en fermentation, être prêt à se soulever : Les partisans du prétendant commençaient à s’agiter. (Volt.) Un peuple que protègent de bonnes lois n’est pas inquiet, ne s’agite ni ne se soulève comme celui qui souffre et de ses lois et de ses magistrats. (Montgaillard.)

— Fig. S’inquiéter, se tourmenter : L’ambition s’empresse et s’agitepour parvenir. (Fléch.) C’est en province que s’agitent les ambitions judiciaires. (Balz.) || Être dans un continuel mouvement d’action ou d’idées : Il faut plaindre les hommes de tant s’agiter pour des choses que le hasard seul distribue. (Mass.) Les hommes qui s’agitent beaucoup ne sont pas les plus heureux. (Alibert.) || Être discuté, traité, etc. : L’anxiété fut grande quand s’agita la question de savoir si l’on céderait à l’injuste agression du demandeur ou si l’on se défendrait contre lui. (Balz.) || S’empl. impers. dans le même sens : L’assemblée dura longtemps, et il ’s’agita une question importante. (Acad.)

— Méd. Ce malade s’agite, Il éprouve l’anxiété ; le malaise désigné sous le nom d’agitation.

Syn. Agiter, débattre, discuter, traiter. Agiter exprime une action répétée. On agite à plusieurs reprises, bien des fois ; souvent ou longtemps : Examinons cette question qu’on a agitée si souvent, s’il convient de traduire les poëtes en vers. (La Harpe.) Débattre suppose de la chaleur et de la vivacité, et s’emploie surtout à propos d’intérêts personnels ; discuter exprime plus de réflexion. Des plaideurs débattent leurs intérêts ; les juges discutent les droits des parties. Traiter signifie qu’on examine une chose à fond, sous toutes ses faces. Traiter une question philosophique.

Prov. littér. L’homme s’agite, Dieu le mène, Allusion, à un passage de Fénelon, dans son beau sermon pour la fête de l’Épiphanie :

« Dieu n’accorde aux passions humaines, lors même qu’elles semblent décider de tout, que ce qu’il leur faut pour être les instruments de ses desseins : ainsi l’homme s’agite, et Dieu le mène. » Ce passage, dont le dernier trait rappelle la maxime de l’Écriture sainte, « Le cœur de l’homme dispose sa voie, et Dieu conduit ses pas » (Prov. xvi, 9), est un éloquent commentaire du proverbe L’homme propose et Dieu dispose, qui a été formulé très-probablement par l’auteur de l’Imitation de Jésus-Christ, dans laquelle il se trouve, liv. I, ch. xix, paragr. 2 : Homo proponit, et Deus disponit.

Bossuet a exprimé éloquemment la même idée :

« Il n’y a point de hasard, dit-il, dans le gouvernement des affaires humaines, et la fortune n’est qu’un mot qui n’a aucun sens. Tout est sagesse et providence. On a beau compasser dans son esprit, tous ses discours et tous ses desseins, l’occasion apporte toujours je ne sais quoi d’imprévu, en sorte qu’on dit et qu’on fait toujours plus ou moins qu’on ne pensait. Et cet endroit, inconnu à l’homme, dans ses propres actions et dans ses propres démarches, c’est l’endroit secret par où Dieu agit, et le ressort secret qu’il remue. »

Cette religieuse et profonde pensée est souvent rappelée par les écrivains, qui aiment à l’employer comme épiphonème :

« La Révolution fut, avant tout, une grande expansion morale ; voilà ce que nos pères y ont vu ; ils se sont précipités la tête haute et le cœur plein d’enthousiasme dans le mouvement, sans savoir d’abord au juste où ce mouvement les conduirait ; mais ici le calcul, au reste, est inutile. Les révolutions n’ont besoin que de s’agiter ; dans l’ombre et derrière elles, il y a la main de Dieu qui les mène.

                              Alph. Esquiros

« N’examinons donc point la société avec ce mauvais instrument que l’on appelle préjugé ; prenons plutôt celui que nous a donné la divine Providence, la raison ; et des hauteurs sublimes de l’intelligence examinons sûrement ; bientôt nous nous écrierons avec le plus pro-