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trouve le plus de ces crimes. Les attentats sur les enfants sont plus fréquents dans les villes, et sur les adultes plus fréquents dans les campagnes. » Sur 808 cas observés par M. Vilfermé durant une période de trois années, 293 se rapportaient aux mois de mai, juin et juillet ; 205 aux mois d’août, septembre et octobre ; tandis que février, mars et avril, en comptaient seulement 171, et novembre, décembre, janvier, 139 :ainsi, c’est dans les mois les plus chauds que les attentats à la pudeur sont les plus nombreux, et d’autres observations plus récentes ont confirmé ce résultat, qui, d’ailleurs, est indiqué par la nature même des choses. « Quant à l’âge des victimes, continue l’auteur, voici le relevé des 515 cas qui me sont propres, répartis suivant l’âge :

Au-dessous de 11 ans… 282
De 11 à 15 ans…… 138
De 15 à 20 ans 72
Au-dessus de 20 ans… 9
Non indiqué.. 14


On voit dans quelle proportion considérable, plus des deux tiers, les cas d’attentats commis sur les enfants l’emportent sur ceux qui concernent les adultes. »

Comme le principal but de cet ouvrage est de diriger les hommes de l’art quand ils sont appelés à éclairer les juges par la constatation des traces qu’ont pu laisser les attentats sur le corps des victimes, l’auteur a cru nécessaire de décrire minutieusement les parties sexuelles de la femme ; il insiste surtout sur la membrane hymen, dont on sait que l’existence a été contestée par des hommes d’une science réelle et par Buffon lui-même. Il établit ensuite la différence, aux yeux de la médecine, entre l’attentat simple et le viol ; selon lui, pour qu’il y ait viol, il faut, chez une vierge, que la membrane hymen ait été déchirée d’une manière plus ou moins complète, ce qui constitue la défloration ; et, chez une femme qui n’est plus vierge, il faut qu’il y ait eu intromission complète du membre viril. Les traces du viol sont plus apparentes, plus certaines ; mais il est possible aussi de constater les attentats qui sont restés en deçà, surtout chez les petites filles ; il est rare, d’ailleurs, que le viol puisse être entièrement consommé sur les très-jeunes filles, et la défloration reste le plus souvent incomplète ; mais, à mesure qu’on s’élève vers l’âge nubile ; elle devient à la fois plus fréquente et plus facile.

Nous renvoyons au livre même ceux qui désireraient connaître en détail les signes qui permettent au médecin de constater qu’un crime a été commis ; mais nous allons encore choisir, parmi les nombreuses observations de M. Tardieu, celles qui nous paraissent les plus propres à mettre en évidence l’étendue du mal dans un siècle qui se vante d’être celui des lumières. « L’âge de ceux qui se rendent coupables de ces crimes honteux est extrêmement variable ; tous les âges fournissent leur contingent à cette partie de la statistique criminelle. En 1858, les accusés se répartissaient ainsi qu’il suit ;

Au dessous de 16 ans 2
De 16 à 30 ans….. 142 crimes contre les adultes
—….. 225 — enfants
De 30 à 60….. 124 — adultes
—….. 453 — enfants
De 60 à 80….. 3 — adultes
—….. 319 — enfants
80 et au-dess…… 2 — enfants


C’est donc presque exclusivement à des enfants que s’adresse la lubricité des vieillards. Ce qui est plus triste encore, c’est de voir que les liens du sang, loin d’opposer une barrière à ces coupables entraînements, ne servent trop souvent qu’à les favoriser ; des pères abusent de leurs filles, des frères de leurs sœurs. » On voit même quelquefois des mères dénaturées qui abusent de leurs propres enfants ; mais, heureusement, ces cas sont très-rares : M. Tardieu en rapporte un exemple : « Une femme, jeune encore, avait, sous l’influence d’un dérèglement de l’imagination impossible & comprendre, défloré sa petite fille, âgée de douze ans, en lui introduisant les doigts très-profondément, et à plusieurs reprises, chaque jour, dans les parties sexuelles et dans l’anus. Cette femme prétendait qu’elle n’avait en vue, dans ces monstrueuses pratiques, que l’intérêt de la santé de son enfant et les soins d’une propreté singulièrement raffinée. Mais la passion coupable se trahissait dans la nature même des attouchements et dans les circonstances du fait. L’enfant racontait, avec un accent de vérité saisissant, qu’il n’était pas rare que sa mère la réveillât au milieu de la nuit, et se livrât sur elle à ces actes effrénés, qui se prolongeaient pendant une heure entière ; et durant cette scène, devant laquelle l’esprit recule, la mère était haletante ; son teint, son regard s’animaient, son sein s’agitait ; elle s’arrêtait enfin, baignée de sueur. »

On a souvent agité la question de savoir s’il est possible qu’un homme jouisse d’une femme plongée dans le sommeil, sans qu’elle se réveille et sans qu’elle en ait connaissance. M. Tardieu pense que la défloration d’une vierge est impossible dans ces circonstances, parce que la défloration est toujours accompagnée d’un certain degré de violence et de douleur ; mais il ne regarde pas comme absolument impossible le viol commis sur une femme endormie, quand elle est déjà habituée au commerce sexuel. Mais lorsqu’il s’agit d’un sommeil artificiel, produit par l’action d’un narcotique puissant ou par celle du magnétisme, la question change de face. Dans un rapport demandé par la justice à MM. Coste, directeur de l’école de médecine de Marseille, et Broquier, chirurgien de l’Hôtel-Dieu de cette ville, ces deux savants ont déclaré qu’une jeune fille soumise à leur expertise avait pu être déflorée et rendue mère à son insu et contrairement à sa volonté, le sentiment et la volonté pouvant avoir été annihilés par l’effet magnétique.

Une autre question, que M. Tardieu déclare lui avoir été souvent posée en cour d’assises, mérite aussi d’être mentionnée : est-il vrai que les maladies vénériennes puissent être guéries par le fait d’un rapprochement sexuel avec une petite fille ? Malheureusement, c’est une opinion répandue parmi le peuple qu’on peut, par ce moyen odieux, se délivrer de la syphilis la plus invétérée, et cet exécrable préjugé est une des sources des maladies qui conduisent tant de petites filles à l’hôpital Lourcine. Lors même que cela serait vrai, il n’y aurait là pour le coupable qu’une aggravation de son crime ; mais cela est de toute fausseté, et il ne faut négliger aucun moyen pour détruire une erreur si funeste.

Il y a dans l’enfance une grâce naturelle, une fraîcheur qui, si elles n’excusent pas, expliquent du moins jusqu’à un certain point les attentats dont elle est trop souvent, victime. Mais que dire de ces êtres brutaux qu’une passion tout animale porte à exercer leurs violences sur des femmes à qui leur âge devrait servir de défense ? Le plus souvent, dans ce cas, ils ajoutent l’assassinat au viol, comme s’ils ne pouvaient supporter l’idée de laisser un témoin vivant de leur infamie. M. Tardieu a été appelé plusieurs fois à constater ce double crime, commis avec d’atroces violences contre des femmes âgées de soixante et même de soixante-huit ans.

Quelque odieux que soient tous ces attentats, il en est pourtant de plus horribles encore, parce qu’ils font violence à la nature elle-même, ce sont ceux des pédérastes et des sodomites : M. Tardieu les distingue en comprenant sous le premier nom ceux qui abusent des jeunes garçons, et sous le second tous ceux en général qui commettent des actes contre nature, soit en substituant un sexe à l’autre, soit en faisant servir à leurs immondes plaisirs des organes destinés à un tout autre usage. M, Tardieu, levant le voile oui couvre ces hideux mystères, fait connaître des faits extrêmement curieux sur une industrie criminelle à laquelle il donne le nom de vol à la pédérastie. Nous citerons seulement le passage suivant : « On n’a pas oublié le déplorable exemple donné par un homme dont le nom, haut placé dans la science, a été livré à la publicité par une indiscrétion de la presse judiciaire. Les chanteurs (c’est-à-dire ceux qui font du chantage en exploitant le vice de la pédérastie) avaient réussi à lui inspirer une telle terreur, qu’il se soumettait à toutes leurs exigences. Pendant plus de vingt ans, il s’est laissé rançonner par plusieurs générations d’escrocs, qui se léguaient ce revenu assuré et qui, plusieurs fois, se sont disputés à sa porte à qui prélèverait l’impôt en quelque sorte quotidien que leur garantissait sa honteuse faiblesse. « Ce n’est pas cinquante mille francs, s’écriait devant la justice l’un des révélateurs qui avaient participé le plus activement à ces déprédations, c’est plus de cent mille qu’il a donnés ; ça dure depuis trente ans ; on se le repassait ; il a donné ainsi à des individus qui sont morts et à d’autres qui sont retirés des affaires. » Quant aux détails sur la vie intime des sodomites, sur les lieux où ils se réunissent, etc., ils seront mieux placés à l’article pédérastie ou sodomie, et nous y renvoyons le lecteur. Après avoir donné tous ces renseignements, M. Tardieu examine à quels signes on peut reconnaître les actes de pédérastie, non-seulement par le corps des victimes, mais encore d’après l’inspection des coupables eux-mêmes, et c’est ainsi qu’il complète son Étude, que personne n’appellera un beau livre, mais que tous les médecins regarderont comme un livre éminemment utile.

Voilà la très-sèche analyse du livre qu’a publié M. Tardieu, livre qui a eu un certain retentissement, puisqu’il en est aujourd’hui à sa quatrième édition, et ce succès n’a rien qui doive étonner : le jour où Phryné dénoua sa ceinture pour se plonger nue dans la mer, tous les jeunes fous d’Athènes et l’Aréopage lui-même, si nous en croyons le plus érudit et le plus spirituel de nos peintres, célébraient la fête de Vénus sur le Pirée. Mais la mère avait eu soin de ne pas y conduire sa fille. Ce conseil est aussi celui que nous donnons à ceux qui seraient tentés de lire l’étude physico-médicale du médecin criminaliste. Quelle a donc été l’intention du célèbre docteur en étalant le huis-clos du vice au grand jour de la publicité ? A-t-il voulu jeter de nouvelles lumières dans les méandres de cette science qu’ont parcouru si glorieusement et si chastement les Hippocrate et les Ambroise Paré ? N’a-t-il voulu, au contraire, que donner une pâture à la curiosité immonde et dévergondée ? Cette question étant singulièrement indiscrète, c’est M. Tardieu lui-même qui va se donner la peine d’y répondre. « La nature du sujet exige des détails faits pour soulever tous les sentiments d’honnêteté et de pudeur, mais devant lesquels je n’ai pas cru devoir reculer. Aucune misère pysique ou morale, aucune plaie, quoique corrompue qu’elle soit, ne doit effrayer celui qui s’est voué à la science de l’homme, et le ministère sacré du médecin, en l’obligeant à tout voir, à tout connaître, lui permet aussi de tout dire. Je n’ai pas même cru devoir recourir aux voiles de la langue antique, qui ne se croyait elle-même en droit de braver l’honnêteté que quand elle parlait au nom de la science. » Bon gré mal gré, nous nous contentons de cette réponse, car, si nous étions plus exigeant, le lecteur pourrait nous demander, à son tour, pourquoi nous avons fait ce compte rendu, et notre réponse ne serait rien moins que pérémptoire.

Voilà la très-sèche analyse du livre qu’a publié M. Tardieu, livre qui a eu un certain retentissement, puisqu’il en est aujourd’hui à sa quatrième édition, et ce succès n’a rien qui doive étonner : le jour où Phryné dénoua sa ceinture pour se plonger nue dans la mer, tous les jeunes fous d’Athènes et l’Aréopage lui-même, si nous en croyons le plus érudit et le plus spirituel de nos peintres, célébraient la fête de Vénus sur le Pirée. Mais la mère avait eu soin de ne pas y conduire sa fille. Ce conseil est aussi celui que nous donnons à ceux qui seraient tentés de lire l’étude physico-médicale du médecin criminaliste. Quelle a donc été l’intention du célèbre docteur en étalant le huis-clos du vice au grand jour de la publicité ? A-t-il voulu jeter de nouvelles lumières dans les méandres de cette science qu’ont parcouru si glorieusement et si chastement les Hippocrate et les Ambroise Paré ? N’a-t-il voulu, au contraire, que donner une pâture à la curiosité immonde et dévergondée ? Cette question étant singulièrement indiscrète, c’est M. Tardieu lui-même qui va se donner la peine d’y répondre. « La nature du sujet exige des détails faits pour soulever tous les sentiments d’honnêteté et de pudeur, mais devant lesquels je n’ai pas cru devoir reculer. Aucune misère pysique ou morale, aucune plaie, quoique corrompue qu’elle soit, ne doit effrayer ATTENTATOIRE adj. (a-tan-ta-toi-re — rad. attenter). Qui porte une atteinte, un préjudice : C’est un acte attentatoire aux libertés publiques. (Acad.) Je ne vois pas pourquoi leurs rendez-vous auraient un résultat plus attentatoire à mes prétentions. (F. Soulié.) Ce sont des Lycuryues qui regardent les retenues et les férules comme attentatoires à la liberté et à la dignité de l’homme. (E. Sue.) Monsieur, répondit le juge, je ne relèverai point ce qu’il y a de blessant pour moi et d’attentatoire à la justice dans vos paroles, (Balz.) Les bills attentatoires à leurs libertés furent révoqués. (Mignet.)

— Anc. jurispr. Qui est contre l’autorité d’une juridiction. : Une sentence, une procédure attentatoire à l’autorité d’un tribunal.

ATTENTE s. f. (a-tan-te — rad. attendre). Action d’attendre ; état d’une personne qui attend : Longue attente. Attente ennuyeuse, pénible. Passer une journée tout entière dans l’attente. Être dans /’attente, en l’ attente de quelqu’un, de quelque chose. Si vous prêtez à cet homme, vous y perdrez et l’argent et l’ attente. (Acad.) Il nous lient dans l’ attente de ce qu’il veut faire. (Boss.) Souvenez-vous que la jouissance, durant cette vie, se cache souvent sous l’ attente. (Boss.) Quand même il n’y a plus aucune espérance, la longue habitude d’attendre toujours fait que l’on vit toujours en attente. (Boss.) Tout ce qui n’est pas Dieu ne saurait remplir notre attente. (Pasc.) L’attente est une chaîne qui lie tous nos plaisirs. (Montesq.) L’attente est plus souvent un tourment qu’un bonheur. (La Rochef.-Doud.) Il y a des transes, des angoisses, des voluptés indéfinissables dans l’ attente. (E. Sue.) Il se promenait en sifflotant un petit air, pour tromper l’ennui de l’attente. (Alex. Dum.) L’attente est longue à ceux qui aiment, si patients et si résolus qu’ils soient. (X. Marinier.) La vie n’est pas seulement une station, c’est encore une attente. (E. Pelletan.) Il y a dans l’ attente d’un grand plaisir un trouble qui ressemble à la frayeur. (A. Mén.) On peut considérer l’attente comme le supplice du, bonheur. (J. Sandeau.)

Je ne puis supporter cette pénible attente.

Étienne.

Que l’attente et la nuit allongent les moments !

C. Delavigne.

L’attente d’être heureux devient une souffrance.

A. de Musset.

Si ne doutez que bien ne vous contente
Vous n’y perdrez seulement que l’attente.

Villon.

Quel que soit le transport d’une âme impatiente
Ma parole m’engage à rester en attente.

Molière.

Semblable au désespoir, l’attente nous dévore ;
Et tout près du bonheur on est à plaindre encore.

Arnault.

Vous dont trois ans d’attente ont éprouvé la foi,
Je vous connais toujours incapable d’effroi.

C. Delavigne.

Oh ! que l’incertitude est un affreux tourment,
Et qu’une heure d’attente expire lentement !

C. Delavigne.

L’attente d’un retour ardemment désiré
Donne à tous les instants une longueur extrême,
Et l’absence de ce qu’on aime.
Quelque peu qu’elle dure, a toujours trop duré.

C. Molière.

O moment de l’attente ! instant délicieux
où l’amour tient encore son bandeau sur les yeux,
Combien on vous regrette auprès de ce qu’on aime !
Ah ! vous êtes pour moi la volupté suprême !

De Bièvre.

— Par ext. La personne, la chose qu’on attend : Le Messie devient l’{{sc|attente]] des nations, et il règne sur un nouveau peuple. (Boss.) Les deux Testaments regardent Jésus-Christ ; l’Ancien comme son attente, le Nouveau comme son modèle. (Pasc.) Le prophète qui devait être la dernière attente du monde a-t-il été prédit ? (Pasc.) À peine Jésus l’attente et le désiré des nations, est né, et voici les Mages qui viennent le reconnaître. (Fén.) Les Juifs s’en remettent à des inconnus sur un sujet qui avait fait de tout temps l’attente et la passion de leurs pères. (Flech.)

Qu’il vous donne ce roi promis aux nations,
Cet enfant de David, votre espoir, votre attente.

Racine.

— Prévision, espérance, désir ; opinion qu’on a conçue de quelqu’un, de quelque chose : Réussir contre l’ attente générale, contre toute attente. Son attente a-été frustrée ; il a été trompé dans son attente. Ce prince a répondu à l’attente qu’on avait de lui. (Acad.) Le succès n’a point trompé notre attente. (Acad.) Tout succède au delà de votre attente. (La Bruy.) On conçoit une si haute attenté de ces maximes… (Pasc.) Un silence extrême annonçait éloquemment la crainte, l’attention, le trouble, la curiosité de toutes les diverses attentes. (St. Sim.) L’Europe fut encore trompée dans son attente. (Volt.) Je nourrissais dans mon cœur la plus douce at-


tente. (J.-J. Rouss.) C’est l’objet d’une {{sc[attente}} générale. (Lamenn.)

Qui t’a donné, tyran, une attente si vaine ?

Corneille.

C’est l’attente du ciel, il nous la faut remplir.

Corneille.

Tout ce qui brille moins remplit mal mon attente.

Corneille.

Chimène, le succès répond à votre attente.

Corneille.

Tout mon dessein n’était qu’une attente frivole.

Corneille.

Je ne m’étonne point si je romps tes attentes.

Molière.

L’événement n’a point démenti mon attente.

Racine.

Son courage, madame, a passé mon attente.

Racine.

Quoique vieux je suis homme à lasser voire attente.

C. Delavigne.

Ainsi trompé de mon attente,
Je me consume vainement. Malerbe.

Pièce, salle d’attente, Chambre où l’on attend. Se dit particulièrement des salles dans lesquelles les voyageurs attendent le départ des trains de chemins de fer : La salle d’attente était encombrée de voyageurs. Les ministres étrangers n’étaient introduits que l’un après l’autre, suivant qu’ils étaient arrivés dans la pièce d’attente. (St-Sim.)

— Prov. Une bonne fuite vaut mieux qu’une. mauvaise attente, Il est plus sage d’abandonner une entreprise que d’en attendre inutilement le succès. || Attente, tourments, Attendre, est un véritable supplice.

— Costume milit. Morceau de drap, tissu de cuivre, d’argent ou d’or qui sert à retenir les êpaulettes sur la tunique.

— Archit. Pierres d’attente, Pierres saillantes ménagées d’espace en espace, au bout, d’un mur, de manière à pouvoir faire liaison avec un mur que l’on viendrait à construire à côté. On les appelle aussi pierres d’arrachement, harpes et amorces. || Fig. Ressources ménagées pour préparer ou aider à attendre ce qui doit ou peut se faire plus tard : Les ducs de la Trémoille exigèrent deux bagatelles qu’ils donnèrent à leur sœur pour pierre d’attente. (St-Sim.) L’histoire de la nature est un édifice à peine commencé ; ne craignons pas d’y poser quelques pierres d’attente. (B. de St. P.) Ménagez-les ; ils sont la pierre d’attente de la civilisation future. (Lamart.) || Par plaisant. Personne sans position et qui reste disponible pour la première qui s’offrira à elle : Moi, greffière !… Feu mon mari est mort, la charge est vendue, je n’ai plus de titre, plus de qualité : je suis une pierre d’attente. (Dancourt.)

— B.-arts. Tables d’attente, Plaque, pierre, planche ou panneau sur lequel il n’y a encore rien de gravé, de peint, de sculpté. || Fig. Jeune homme dont l’esprit n’est pas encore entièrement formé, mais qui est propre à recevoir, toutes les impressions qu’on voudra lui donner : Ce n’est qu’un jeune homme, mais c’est une bonne table d’attente.

— Techn. Table d’attente, Panneau de menuiserie en saillie au-dessus des guichets des grandes portes, sur lequel on fait des ornements en sculpture.

— Chirurg. Ligature d’attente, Ligature provisoire.

— Epithètes. Longue, prolongée, vaine, superflue, agréable, aimable, joyeuse, charmante, pénible, fatigante, ennuyeuse, dure, cruelle, douloureuse, mortelle, affreuse, effroyable.

ATTENTER v. n. ou intr. (a-tan-té — lat, attentare, même sens ; formé de ad, à ; tentare, tenter). Commettre un attentat ; faire une tentative criminelle : Attenter sur une personne. Attenter à la vie de quelqu’un. Attenter à l’honneur d’une jeune fille. Il avait attenté à ses biens. C’est Attenter ouuertement aux libertés publiques. Un prince se rend odieux s’il essaye d’attenter au bien de ses sujets ou à l’honneur de leurs femmes. (Machiavel.) Attenter à la liberté d’un Français, et refuser de lui confronter ses délateurs, c’est violer la première loi de l’État. (Henri IV.) Il est aussi criminel d’attenter à la bonne foi des princes qu’à leur personne sacrée. (Mass.) Attenter à la liberté de son prochain me paraît un crime contre l’humanité ; c’est un pèche contre nature. (Volt.) La populace croit aller vers la liberté quand elle attente à celle des autres. (Rivar.) On doit s’abstenir d’attenter à la vie de son semblable, qui existe par la volonté de Dieu, comme nous. (Récamier.) Citez-nous un chrétien que le généreux mépris de la vie, inspiré par la religion, ait porté à attenter à ses jours. (La Luzerne.) Le peuple n’a pas le droit d’attenter à ses libertés, et de les vendre à un despote. (Chateaub.) L’homme qui attente à ses jours montre moins la vigueur de son âme que la défaillance de sa nature. (Chateaub.) Attenter à la liberté d’un seul, c’est attenter à la liberté de tous. (Ch. Ballot.) Celui qui attenterait au suffrage universel serait un ravisseur. (E. de Gir.) Qui entrave la pensée attente à l’homme même.’(V. Hugo.)

C’est attenter sur nous qu’ordonner de sa vie.

Corneille.

On a dix fois sur vous attenté sans effet.

Corneille.

De quel droit sur vous-même osez-vous attenter ?

Racine.

Attenter sur ses jours est le dessein d’un lâche.

Gresset.