Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/136

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lat. ad augment., et complere, remplir). Mener à terme, achever entièrement : Il a accompli sa vingtième année. Accomplir le temps de son apprentissage. (Acad.) Je suis près de passer du temps à l’éternité avant que l’aiguille de l’heure ait accompli son tour. (Mme  de Staël.) Les corps célestes accomplissent leurs révolutions dans une admirable unité. (Chateaub.) ) || Effectuer, exécuter, réaliser : Accomplir un dessein. Accomplir sa promesse. Ce que les philosophes n’ont osé tenter, douze pêcheurs l’ont accompli. (Boss.) On lui donne toutes les facilités nécessaires pour accomplir ce projet. (E. Sue.) L’homme n’ accomplit pas toutes ses destinées dans ce monde. (Ballanche.)

— Absol.

Où pourrai-je trouver la paix ?
Je veux et n’accomplis jamais.
Racine.


|| Suivre, pratiquer : Motif nécessaire, et sans lequel il n’est pas possible d’accomplir tout le précepte de la charité chrétienne. (Bourdal.) L’Évangile n’a besoin que d’être médité pour porter dans l’âme l’amour de son auteur et la volonté d’accomplir ses préceptes. (J.-J. Rouss.) Il y a impossibilité de garder ses droits sans accomplir ses devoirs. (Ch. Bailly.) Aimer c’est accomplir la loi. (Lamenn.) Aimez, aimez toujours, et vous accomplirez toute la loi de la société humaine. (Le P. Félix.)

— Teint. Accomplir la cuve, Ajouter à un bain d’indigo une décoction de garance et de son.

S’accomplir, v. pr. Être accompli, exécuté, réalisé : Que la volonté du Seigneur s’accomplisse. (Fléch.) Des millions d’événements s’accomplissent à la fois. (Chateaub.) Ce qui est écrit s’accomplit. (H. Castille.) Le progrès ne s’accomplit qu’avec des souffrances. (P. Leroux.)

J’en ai fait le serment ; il faut qu’il s’accomplisse.
Voltaire.


|| S’opérer, se produire : La plupart des fonctions de notre organisme s’accomplissent à notre insu. Sens-tu là comme moi, me demanda-t-il un jour, s’accomplir en toi, malgré toi, de fantasques souffrances ? (Balz.)

Syn. Accomplir, garder, observer. Vous observez la loi par votre attention à exécuter ce qu’elle prescrit : Il en coûte peu de se montrer difficile sur les lois qu’on n’ observe qu’en apparence. (Volt.) Vous la gardez par le soin continuel de veiller à ce qu’elle ne soit violée en aucun point : Il faut que je garde inviolablement les lois de la chevalerie errante. (Viardot.) Vous l’accomplissez par votre exactitude à remplir entièrement tout ce qu’elle ordonne : Quiconque aime Dieu de bonne foi a déjà accompli tous les préceptes dans la disposition de son cœur. (Bourdal.)

Syn. Accomplir, effectuer, exécuter, réaliser. Réaliser, c’est rendre réel et effectif, matérialiser en quelque sorte ce qui n’existait auparavant que dans l’esprit : On prend quelquefois plus de plaisir à former un projet qu’à le réaliser. (S. Dubay.) Effectuer, c’est en venir à l’effet, à l’exécution : Effectuer un paiement. Accomplir, c’est faire qu’une chose soit remplie de tout point, telle exactement qu’elle avait été annoncée : Pour accomplir les plus grandes choses, rien ne devait manquer à ce digne fils que les occasions. (Boss.) Exécuter, c’est faire une chose suivant un plan arrêté d’avance : Il avait autant d’audace pour exécuter un projet que de dextérité pour le conduire. (Volt.)

ACCOMPLISSANT (a-kon-pli-san) part. prés. du v. Accomplir : Dieu, qui s’est montré si fidèle, en accomplissant ce qui regarde le siècle présent, ne le sera pas moins à accomplir ce qui regarde le siècle futur. (Boss.)

ACCOMPLISSEMENT s. m. (a-kon-pli-se-man — rad. accomplir). Action de suivre, de pratiquer : Les instructions de l’Église tendent à porter les fidèles à l’accomplissement de la loi de Dieu. (Nicole.) Le seul acte de la vie de l’homme qui atteigne toujours son but est l’accomplissement de ses devoirs. (Mme  de Staël.) L’accomplissement des volontés maritales ne lui causa jamais le moindre murmure. (Balz.) La justice divine sur la terre est toujours l’accomplissement d’une loi. (A. Martin.) Le bonheur est le prix de l’accomplissement de la loi. (Géruzez.) || Réalisation complète : L’accomplissement de nos plus grands désirs est souvent la source de nos plus grandes peines. (Sénéq.) Les voies se préparent insensiblement à l’accomplissement des oracles. (Boss.) Quelle sérénité l’accomplissement de ses désirs répand sur son visage ! (La Bruy.) La vanité se réjouit de l’accomplissement des malheurs qu’elle a prédits. (Boiste.) Le bien, pour un être, est l’accomplissement de sa destinée. (Jouffroy.) Est-ce qu’on peut devancer l’accomplissement des desseins de Dieu ? (G. Sand.)

— S’empl. Absol. : La prophétie eut un manifeste accomplissement. (Boss.)

Que ce soit pour mourir, ou que ce soit pour vivre,
Notre siècle va voir un accomplissement.
V. Hugo.

— Par anglicisme, Talents, mérite, qualités : Nous ne tenons pas à faire de ce comédien un héros de roman, doué de tous les accomplissements, comme disent les romanciers anglais. (Alex. Dum.)

ACCOMPLISSEUR s. m. (a-kon-pli-seur — rad. accomplir). Celui qui accomplit : Hercule est le dompteur des monstres, l’accomplisseur de tâches impossibles. (Th. Gaut.)

ACCON ou ACON s. m. (a-kon). Mar. Petit bateau à fond plat, dont on se sert pour la pêche aux huîtres, ou pour le chargement des navires de commerce.

ACCONIER s. m. (a-ko-ni-é — rad. accon). Celui qui fabrique des accons.

ACCOQUINER. V. Acoquiner.

ACCORAGE s. m. (a-ko-ra-je — rad. accore). Mar. Action de placer des accores, afin de disposer, de maintenir un navire dans une position qu’il ne conserverait pas sans ces étais : Quand les couples d’un bâtiment sont élevés sur la quille, on procède à leur accorage. (De Bonnefoux.)

— Jurispr. marit. Droit que payaient les navires allant à l’île Bourbon.

ACCORANT (a-ko-ran) part. prés. du v. Accorer.

ACCORD s. m. (a-kor — du lat ad, à, et cor, cordis, cœur ; ou bien du lat. ad, à, et chorda, corde d’instrument de musique : comme on le voit, la première étym. repose sur un sens moral, la seconde sur un sens physique). Paix, bonne intelligence, union d’esprit, conformité de volonté, de sentiments : Je vois qu’il règne entre vous le plus parfait accord. Un pays ne peut guère subsister lorsque l’accord n’existe plus entre les citoyens. (Marmontel.) Plus d’accord, plus de paix ; je reprends tout ce que je voulais bien vous céder. (P.-L. Cour.) Ce que je cherche d’abord, ce n’est point ce qui sépare, c'est ce qui rapproche ; ce n’est point la querelle, c’est l’accord. (Dupanl.)

Et nouons entre nous de si parfaits accords [corps.]
Que nous n’ayons qu’un cœur et qu’une âme en deux
Rotrou.


|| Transaction, pacte, convention : L’accord conclu entre la France et l’Autriche… Les vainqueurs firent divers accords et divers partages. (Boss.) Le contrat social est l’accord de l’homme avec l’homme, accord duquel doit résulter ce que nous appelons la société. (Proudh.)

À tout accord forcé l’on a droit de manquer.
Fr. de Neufchateau.
Il voudrait qu’un accord, avantageux ou non,
L’affranchit d’un emploi qui ternit ce grand nom.
Corneille.

— Par ext., se dit, dans ce dernier sens, en parlant des choses : L’accord entre le mensonge et la vérité se fait toujours aux dépens de la vérité même. (Mass.) || Union, alliance intime : Il est extrêmement rare de trouver un accord entre le talent et le caractère. (Balz.)

L’accord d’un beau talent et d’un beau caractère.
Andrieux.
Le ciel n’a point encor, par de si doux accords,
Uni tant de vertus aux grâces d’un beau corps.
Corneille.


|| Proportion, harmonie de plusieurs choses entre elles : Il faut de l’accord entre le geste et les paroles. (Acad.) Si vous n’admettez pas un créateur intelligent, commet expliquerez-vous cet accord merveilleux qui règne entre toutes les partie de l’univers ? (Fén.) L’accord des mouvements avec les sons charme les enfants. (Joubert.) || Juste rapport, équilibre moral : Le sentiment du beau résulte de l’accord de l’imagination et de la raison. (Mesnard.) Le bonheur, c’est l’accord entre la vie intérieure et la vie extérieure. (Custine.) Le bonheur consiste dans l’accord de nos besoins avec le pouvoir de les satisfaire. (Giraud.) L’accord parfait des intérêts est une chimère. (Mich. Chev.) La philosophie est l’accord de la raison et de l’expérience. (Proudh.) À chaque époque apparaît le merveilleux accord de la psychologie et de la linguistique. (Renan.)

— Au plur., Conventions préliminaires d’un mariage : Aujourd’hui les accords, demain ou après-demain les fiançailles. (Alex. Dum.)

Les accords sont signés ; je lui rends son époux.
C. Delavigne.
L’argent était touché, les accords publiés,
Le festin commandé, les parents conviés.
Corneille.


|| Dans ce sens, on dit aussi Accordailles.

Être d’accord, Vivre en bonne intelligence, avoir les mêmes volontés, les mêmes sentiments : Les Tyriens sont parfaitement d’accord entre eux. (Fén.) Licinius était d’accord avec Constantin. (Boss.) || Avouer, reconnaître : J’en suis d’accord, j’ai eu tort de me fâcher.

Autant qu’il est d’accord de vous avoir aimée.
Molière.


|| Avoir le même avis, la même opinion, s’entendre sur un point donné : Les docteurs et les conciles sont d’accord. (Pasc.) Les auteurs profanes ne sont pas d’accord sur ce point. (Boss.) Ils étaient d’accord en bien des choses. (Mme  de Sév.) Quand deux personnes qui pensent sont d’accord sans s’être donné le mot, il y a beaucoup à parier qu’elles ont raison. (Volt.) Cet homme et moi, nous somment quasi d’accord, et ne nous en doutions pas. (P.-L. Cour.) Y a-t-il deux hommes, j’entends même deux hommes de goût, qui puissent être toujours d’accord ? (Ste-Beuve.)

Sur l’argent, c’est tout dire, on est déjà d’accord.
Boileau.


|| Dans ce dernier sens, se dit en parlant des choses : Il y a trois tribunaux qui ne sont presque jamais d’accord : celui des lois, celui de l’honneur, et celui de la religion. (Montesq.) L’ignorance est d’accord avec la servitude. (Mme  de Staël.) || Se liguer, s’entendre avec quelqu’un : Vous êtes d’accord avec les jésuites. (Pasc.)

Sont-ils d’accord tous deux pour me mettre à la gêne ?
Racine.


|| Être en harmonie, coopérer, concourir au même but : Dans le chat, la forme du corps et le tempérament sont d’accord avec le naturel. (Buff.)

Pour enchanter les sens tous les arts sont d’accord.
C. Delavigne.

Être conclu, arrangé : Je vais appeler mon père pour lui dire que tout est d’accord. (Mol.)

Tomber, demeurer d’accord, Convenir d’une chose, l’admettre, l’avouer : Ils en sont tombés d’accord. (Acad.) Il n’y a point de vérités dont nous demeurions toujours d’accord. (Pasc.) De tous nos défauts, celui dont nous demeurons le plus aisément d’accord, c’est la paresse. (La Rochef.)

Oui, je tombe d’accord de tout ce qu’il vous plaît :
Tout marche par cabale et par pur intérêt.
Molière.

Mettre d’accord, Concilier : Après une discussion d’une heure, ils ont fini par se mettre d’accord. Voilà ce qui mit d’accord Scipion et Annibal. (Fén.) Nul ne réussira jamais à mettre d’accord le peuple et la bourgeoisie. (E. de Gir.) On a quelquefois plus de peine à mettre d’accord ses ami que ses ennemis. (La Rochef.-Doud.) Partout où le pouvoir tarde à mettre les lois d’accord avec les mœurs, les peuples aspirent à rétablir cette harmonie. (Matter.)

Je veux mettre d’accord l’amour et la nature.
Corneille.

Être en accord, Être en rapport, en harmonie, en proportion : Le bonheur individuel n’est légitime qu’autant qu’il est en d’accord avec le bonheur général. (Alibert.)

D’accord, s’emploie souvent avec ellipse du verbe être, surtout après voir, sembler, paraître : Voilà la première fois que je vous vois d’accord. (Pasc.) Tous les objets qui nous environnent paraissent d’accord avec notre corruption. (Mass.) Le sentiment d’Arnaud et des jansénistes semblait trop d’accord avec le plus pur calvinisme. (Volt.)

. . . . . . . D’accord avec lui,
La reine aurait osé me tromper aujourd’hui ?
Racine.


|| Il devient alors une sorte d’adjectif, et on dit : Ils ne se sont montrés d’accord que dans cette circonstance. (Acad.) L’Allemagne entière s’était soulevée : la Suède marchait d’accord avec la Russie. (Mignet.)

Se montrer d’accord avec soi-même, Être conséquent dans ses idées, ses principes, sa conduite : En acceptant cette charge, il ne s’est pas montré d’accord avec lui-même.

Qu’en tout avec lui-même il se montre d’accord.
Boileau.

D’accord, loc. adv. et elliptiq. pour J’en demeure, j’en tombe d’accord, j’en conviens : Vous voulez que je m’éloigne, d’accord ; mais qu’allez-vous devenir ? (Mariv.)

Mes vers sont durs, d’accord, mais forts de choses.
Voltaire.

D’un commun accord, loc. adv. Unanimement : C’est ce qu’enseignent d’un commun accord tous les saints docteurs. (Boss.)

— Gramm. Relation entre plusieurs mots se rapportant à un même objet, et qui prennent autant que possible les mêmes variations accidentelles de forme : Accord de l’adjectif avec le substantif. Accord du verbe avec le sujet. Accord du participe avec le sujet ou avec le complément direct, etc.

— Peint. Effet résultant de l’unité de composition et de style, de l’harmonie des couleurs, et du jeu régulier des lumières et des ombres : Il y a un bel accord dans ce tableau. || Se dit, par ext., d’un tableau offert par la nature : Il s’accouda sur le parapet et regarda le beau paysage formé par la préfecture de police et les pittoresques accords de la rue de Jérusalem. (P. Féval.)

— Archit. Unité de composition et de style. || Accord de composition, Exact rapport du plan avec l’élévation, de la décoration extérieure avec les dispositions intérieures. || Accord de goût et de style, Harmonie de la décoration et de la construction.

— Mus. Union de plusieurs sons entendus ensemble et formant harmonie : Cette musique généreuse dont les nobles accords élèvent l’esprit et le cœur… (Boss.) Tout cela sonne à l’oreille comme des accords parfaits. (G. Sand.) On ne fait pas un accord avec une seule note, ni un tableau avec une seule couleur. (A. Houss.) C’étaient des fusées, des tremolo, des accords de dix notes, une averse de sons. (H. Berlioz.)

Tenir l’accord. Se dit d’un instrument de musique qui reste au ton où on l’a mis.

— Par ext. Ensemble de sons mélodieux, touchants ; harmonie des vers, du rhythme : La nymphe joignit les accords de sa lyre aux douces voix de toutes les autres. (Fén.)

Aux accords d’Amphion les pierres se mouvaient.
Boileau.
Jusqu’au terme des temps devenus leur conquête,
Voleront, respectés, les accords du prophète.
Alex. Soumet.

— Se dit aussi, par anal., du chant des oiseaux : Les notes monotones du coucou et de la tourterelle servent de basse aux ravissants concerts du rossignol, et aux accords vifs et gais de la fauvette. (B. de St-P.)

D’accord, Dont toutes les cordes sonnantes sont montées au ton voulu : Ce piano n’est pas d’accord. || Mis au ton général d’une orchestration : Le second violon n’était pas d’accord avec le reste de l’orchestre.

— Comm. Rapport exact entre les écritures, les livres : On l’avait soupçonné de fraude ; mais l’accord de ses livres a démontré sa probité. Le journal et le grand livre se trouvent en parfait accord.

— Manég. Concordance des moyens employés par le cavalier pour obtenir de l’ensemble et de l’harmonie dans les mouvements du cheval.

Encycl. Le mot accord a deux acceptions différentes en musique : tantôt il s’applique à l’état d’un instrument dont les cordes sont entre elles dans toute-leur justesse, ou à l’état de tous les instruments ensemble par rapport à un ton donné ; tantôt il exprime l’effet produit par plusieurs sons entendus à la fois ; alors il est du domaine de l’harmonie, qui se compose précisément d’accords.

Accorder un instrument, C’est égaliser les distances entre ses différentes cordes, de manière que si la distance du son de la deuxième corde au son de la première est d’une quinte, la distance du son de la troisième au son de la deuxième soit aussi d’une quinte. Accorder plusieurs instruments, c’est allonger ou raccourcir les cordes ou les tuyaux, augmenter ou diminuer la masse du corps sonore, jusqu’à ce que toutes les parties de chaque instrument soient au ton donné. Le son qui sert de terme de comparaison, et qui est adopté comme régulateur des accords, est la note la. Ce la s’obtient au moyen du diapason. Dans un orchestre, c’est le hautbois qui donne le la, parce qu’il éprouve le moins de variations dans son intonation. On voit, par ce qui précède, qu’autre chose est d’accorder entre elles les cordes d’un instrument à cordes, autre chose d’accorder entre eux plusieurs instruments de cette espèce. Quant aux instruments à vent, la première opération est inutile ; un instrument à vent est toujours d’accord avec lui-même, parce qu’il peut être considéré comme n’ayant qu’une seule corde.

2° Plusieurs sons qui se font entendre simultanément, et dont la réunion flatte plus ou moins agréablement l’oreille, prennent le nom collectif d’accords. Le système général des accords et les lois de leur succession appartiennent à une branche de l’art musical qu’on désigne par le nom d’harmonie. Chaque voix ne pouvant produire qu’un son à la fois, deux voix qui s’unissent ne peuvent donc faire que des accords de deux sons : ce sont les plus simples possibles. On les appelle intervalles, parce qu’il y a nécessairement une distance quelconque d’un son à un autre ; les noms de ces intervalles expriment les distances qui se trouvent entre les deux sons. La seconde est l’intervalle compris entre deux sons voisins ; la tierce, celui qui se trouve entre deux sons séparés par un autre ; la quarte, celui qui renferme quatre sons, et ainsi de suite : la quinte, la sixte, la septième, l’octave, la neuvième, désignent les intervalles qui renferment cinq, six, sept, huit, neuf sons. On appelle consonnances les intervalles agréables, et dissonnances les autres. Les intervalles consonnants et dissonnants ont la propriété de se renverser ; c’est-à-dire que deux notes quelconques peuvent être à l’égard l’une de l’autre dans une position inférieure ou supérieure. Le renversement des consonnances produit des consonnances, celui des dissonances produit des dissonances. Le renversement, qui est un changement d’ordre dans les sons qui composent les accords, est une source de variété pour l’harmonie. L’accord qui se forme de la réunion de la tierce, de la quinte et de l’octave, s’appelle par excellence l’accord parfait, parce que c’est celui qui satisfait le plus l’oreille. Tous les autres se désignent par l’intervalle le plus caractéristique de leur composition. Dans certains cas, on prolonge une ou plusieurs notes d’un accord sur l’accord suivant, et l’on a ce que l’on appelle des accords par prolongation. Dans d’autres accords, on substitue une note à une autre, et l’on a des accords par substitution. On a des accords par altération, en altérant momentanément une ou plusieurs notes par un dièze, un bémol, ou un bécarre accidentels. Enfin certains compositeurs font entendre quelquefois dans un accord une ou plusieurs notes de l’accord qui va suivre : c’est ce qu’on appelle des accords par anticipation. On comprend sans peine de quelle variété ces diverses modifications unies au renversement doivent être la source. Tous les accords qui ne sont modifiés ni par renversement, ni par prolongation, ni par substitution, ni par altération, ni par anticipation, s’appellent accords fondamentaux ; les autres sont des accords dérivés. Selon M. Fétis, il y a beaucoup d’apparence que les peuples de l’antiquité n’ont point eu d’idée des accords et de l’harmonie ; dans tout ce qui s’est conservé de l’ancienne musique grecque, on ne trouve aucune trace d’accords. La science des accords ne commence guère à se montrer qu’au xive siècle avec quelques musiciens italiens et français : François Landino, Jacques de Bologne, Guillaume Dufay, Gilles Binchois. Elle fut ensuite perfectionnée au xvie siècle par le Vénitien Monteverde, au xviiie par Rameau,