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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/139

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de l’accouchement à terme exposent la vie de la mère et souvent celle de l’enfant.

Syn. Accouchement, enfantement. Accouchement indique tout ce qui précède et suit immédiatement l’enfantement. Enfantement n’indique que l’action de mettre l’enfant au monde.

Épithètes. Heureux, facile, difficile, dur, pénible, laborieux, douloureux, précoce, prématuré, tardif.

ACCOUCHER v. n. ou intr. (a-kou-ché — rad. coucher ; signifiait autrefois Se mettre au lit, en la couche). Enfanter, mettre au monde un ou plusieurs enfants : Ses parents et ses voisins l’avaient vue grosse de la fille dont elle avait accouché. (Vertot.) Elle vient d’ accoucher d’un garçon. (Mme de Sév.) Ce fut à Jaffa que la reine, femme de saint Louis, accoucha d’une fille nommée Blanche. (Chateaub.)

. . . Quoi ! d’un enfant mourant
J’accoucherai ! N’y savez-vous remède ?
La Fontaine.


|| Absol. : Quand donc ce gros homme (Guillaume le Conq.) accouchera-t-il ? (Philippe Ier). Marie dit à Joseph que son temps d’accoucher était proche. (Volt.) Une pauvre Égyptienne est venue accoucher et mourir chez de bonnes gens qui ont gardé l’enfant et en prennent soin. (G. Sand.) Ma mère accoucha dans une cabane de paysan où elle s’était cachée. (F. Soulié.) Si, pour accoucher, une femme pouvait se faire suppléer par une autre, combien de femmes grosses prétendraient qu’il leur est impossible par elles-mêmes de mettre leur enfant au jour. (E. de Gir.) Madame accouche comme si elle n’avait jamais fait que cela. (Balz.) L’apparition des furies, dans une des pièces d’Eschyle, fit accoucher des femmes sur le théâtre. (Nisard.)

        Blaise aimait certaine donzelle ;
    Il l’épousa ; dès la première nuit,
        En la caressant, il lui dit :
« J’ai peur que nos plaisirs, dans quelque temps, ma belle,
        Ne te causent bien des tourments.
— Ne crains rien, lui répond la maligne femelle,
        Blaise, j’accouche heureusement. »

— Art vétér. Mettre bas, en parlant des animaux.

— Fig. Produire avec effort une idée, un ouvrage d’esprit ; trouver difficilement une réponse, une repartie : Féodalement libéral, aristocrate et démocrate, Montlosier accouche avec difficulté d’idées disparates. (Chateaub.) Il fit ce qu’il put pour répondre et il accoucha de cette belle repartie. (G. Sand.) Il se leva pour accoucher d’un : Messieurs ! qui pouvait passer pour être palpitant d’intérêt. (Balz.) Voilà comment Rivarol accoucha, au bout de trois mois, de son discours préliminaire. (A. Houss.)

J’accouchai lentement d’un poëme effroyable.
A. de Musset.


|| Absol. dans le même sens : C’est un bel esprit qui conçoit facilement, mais qui accouche laborieusement. (Trév.) || Fam. S’expliquer, dire une chose qu’on ne voulait ou qu’on n’osait pas dire : Accouchez donc ! Accouchera-t-il bientôt ? Parlez, accouchez enfin. Le roi insistant, il fallut bien accoucher, et Chamillart lui dit que... (St-Sim.)

— v. a. ou tr. Aider une femme à accoucher : Ma bonne vous accouchera, si vous accouchez à Grignan. (Mme de Sév.) Socrate entendait raconter à sa mère les souffrances des femmes qu’elle avait accouchées dans la journée. (Lamart.) || Abs. Cette sage-femme accouche bien.

— Fig. Aider au travail de l’intelligence : Socrate faisait accoucher les esprits. L’art d’accoucher les esprits n’est pas autre chose que l’induction. (V. Cousin.) Le secret de l’art pédagogique est de faire penser, de faire produire, d’ accoucher l’esprit de l’enfant. (Vacherot.) Quel moyen de salut as-tu-donc trouvé, drôle ? Faudra-t-il accoucher ton idée avec le forceps ? (V. Hugo.)

      Lui-même. . . .
Appelle la parole, accouche la pensée.
Delille.

S’accoucher, v. pr. Opérer son propre accouchement, sans l’aide de personne : En mai 1802, la Sauviat eut une fille ; elle s’accoucha toute seule, et vaquait aux soins de son ménage cinq jours après. (Balz.)

— Allus. littér. La montagne qui accouche, Allusion à une fable où La Fontaine établit un contraste plaisant entre des annonces pompeuses et un résultat ridicule. V. Montagne.

Syn. Accoucher, enfanter, engendrer. Engendrer désigne plutôt une conception : Des parents goutteux engendrent des enfants sujets à la goutte. (Malebr.) Enfanter exprime le fait d’une femme qui met au monde un enfant : Heureuse la mère qui l’a enfanté ! (Evang.) Accoucher est le mot vulgaire qui exprime cette opération : Pourquoi ne laisseriez-vous pas Mme la vidame accoucher à Chaulnes, où elle aura les secours nécessaires ? (Fén.) Au figuré, engendrer signifie faire naître au dedans, et se dit particulièrement des sentiments, des passions ou des idées : Un sang appauvri ne porte au cerveau que des esprits languissants et morts, et n’engendre que des idées tristes. (J.-J. Rouss.) Enfanter signifie faire naître au dehors, faire éclater : Si l’orateur chrétien va jusqu’à ce degré d’enthousiasme qui enfante le sublime, il ne mérite que l’admiration. (La Harpe.) Accoucher ne se dit que des productions de l’esprit considérées à l’instant du travail qui les fait éclore : Accoucher d’un sonnet, d’une épigramme.

ACCOUCHEUR, EUSE s. (a-kou-cheur, eu-ze — rad. accoucher). Celui, celle dont la profession est de faire des accouchements, d’aider les femmes à accoucher ; au lieu d’accoucheuse on dit plus ordinairement sage-femme : Un habile accoucheur. Dès que l’accoucheur est auprès d’une femme en travail, il devient responsable de tous les événements qui pourraient survenir. S’agit-il de chercher une nourrice, on la fait choisir par l’accoucheur. (J.-J. Rouss.)

— Fig. Celui qui aide au travail de l’intelligence : Platon, disciple de Socrate, accoucheur industrieux des intelligences. (V. Cousin.) || Dans ce sens, il se dit aussi avec un nom de chose pour sujet : Comme Socrate, le protestantisme a été un accoucheur d’esprits. (Chateaub.) || Par compar. : Le malheur est l’accoucheur des vertus. (De Jaucourt.)

Encycl. Dans les premiers temps, les femmes accouchèrent seules, comme cela a lieu encore de nos jours chez les sauvages, et même assez souvent dans nos campagnes. Avec le développement de la civilisation s’accrurent les fatigues et les dangers de l’accouchement ; les femmes durent être assistées dans l’accomplissement d’une fonction qui ressemblait si bien à une maladie ; la pratique des accouchements fut réduite en méthode et devint un art. En France, jusqu’au xviie siècle, cet art fut exclusivement exercé par des femmes. Mais sous le règne de Louis XIV, l’habile chirurgien Julien Clément fut appelé pour les couches de Melle La Vallière, qui devaient être ignorées de tout le monde (1663) ; le secret ayant transpiré, les dames de la cour imitèrent la maîtresse du roi, furent imitées à leur tour, et l’on inventa le nom d’accoucheur. — La loi impose à l’accoucheur et à la sage-femme de faire la déclaration de la naissance de l’enfant qu’ils ont reçu, dans le cas où le père est absent ou non déclaré.

ACCOUDANT (a-kou-dan) part. prés, du v. Accouder : Ah ! quelle fraîcheur, dit-elle en s’accoudant sur un des côtés du divan. (E. Sue.) Elle s’assit, en s’accoudant avec grâce sur les coussins du divan. (G. Sand.) Monsieur, dit enfin le ministre en s’accoudant sur son bureau. (Balz.)

ACCOUDÉ, ÉE (a-kou-dé) part. pass. du v. Accouder. Appuyé sur le coude : Réveillé comme les autres, il se tenait accoudé sur la fenêtre d’une petite tourelle où il logeait. (E. Sue.) En ce moment, Athanasie, pensivement accoudée sur la table, faisait jouer sa cuiller dans son bol vide. (Balz.) Je les ai vus le dimanche accoudés sur des tables, mangeant plus que leur faim et buvant plus que leur soif. (G. Sand.) || Peut s’empl. avec la prép. à : Levé avec le jour, accoudé à sa fenêtre, qui donnait sur le rivage, il contempla le magnifique tableau déroulé devant lui. (Clém. Robert.) La suivante favorite se tenait accoudée au fauteuil de sa maîtresse. (Th. Gaut.) || Par ext, il se dit du bras : La tête toujours appuyée sur sa main gauche et le bras accoudé sur son pupitre, il passait les heures d’étude à regarder dans la cour le feuillage des arbres ou les nuages du ciel. (Balz.)

— Absol. : Il restait si souvent accoudé que les manches de ses habits neufs étaient promptement percées. (Balz.) On aperçoit de la rue leur bras blanc accoudé. (Th. Gaut.)

ACCOUDEMENT s. m. (a-kou-de-man — rad. accouder). Action de s’accouder, de s’appuyer sur le coude.

— Art milit. Rapprochement des soldats de l’infanterie dans les rangs, de manière à se sentir mutuellement les coudes : Avant l’usage de l’accoudement, les hommes de rang conservaient de pied ferme et dans les marches la liberté des coudes. (Gén. Bardin.)

ACCOUDER (S’), v. pr. (s’a-kou-dé — rad. coude). S’appuyer du coude, sur le coude : Je m’accoudais des heures entières sur le socle de cette fenêtre pour regarder amoureusement cet horizon de silence, de solitude et de recueillement. (Lamart.) Le docteur et son ami s’accoudent à une table fort convenablement servie. (E. Sue.) Léonce, penché sur le bord de la fenêtre où s’accoudait Salina, fut tenté de prendre une de ses belles mains blanches. (G. Sand.) Le sourd s’était accoudé sur la balustrade à la place où était l’archidiacre. (V. Hugo.) || Absol. : L’entraînement de la méditation avait donné à Lucien l’habitude de s’accouder aussitôt qu’il était assis. (Balz.)

— Art milit. Se placer coude à coude, en parlant des fantassins dans les rangs ; s’astreindre à sentir les coudes et à se prêter réciproquement un léger appui dans l’exécution du pas cadencé, du pas oblique.

ACCOUDOIR s. m. (a-kou-doir — rad. s’accouder). Appui pour le coude ; ce qui est fait pour qu’on s’y accoude : L’accoudoir d’un prie-Dieu. || Nom que l’on donnait autrefois à la partie inférieure et cintrée des voitures. V. Accotoir.

— Archit. Balustrade ou mur à hauteur d’appui, qu’on pratique devant une croisée ou sur l’extrémité d’un mur de terrasse : L’accoudoir s’appelle encore appui, allége. (Millin.)

— Loc. pop. et iron. : Allez chercher plus loin des accoudoirs, Se dit à une personne qui s’appuie sur une autre et l’incommode.

ACCOUÉ, ÉE (a-kou-é) part. pass. du v. Accouer. Attaché par la queue : Cinq chevaux accoués l’un à l’autre. Chevaux accoués ensemble.

ACCOUER v. a. ou tr. (a-kou-é — rad. queue). Attacher des chevaux à la queue l’un de l’autre, de manière qu’ils marchent à la file.

— Vén. Accouer le cerf, S’approcher le plus près possible d’un jeune cerf, et lui couper un des jarrets de derrière : Il est dangereux d’accouer un cerf quand ses andouillers ont acquis toute leur dureté.

ACCOULINS s. m. pl. (a-kou-lain — rad. couler). Alluvions. Dans les pays de montagnes, Terres de toute nature précipitées dans les vallées par les fontes de neige. || Atterrissements de rivière, servant à la fabrication de la brique.

— Agric. Méthode pour dessécher les marais et les étangs, en y conduisant des eaux chargées de terre.

ACCOUPLE s. f. (a-kou-ple — rad. couplé). Vén. Lien dont on se sert pour accoupler les chiens de chasse.

— Par ext. Tout lien servant à accoupler différents objets.

ACCOUPLÉ, ÉE (a-kou-plé) part. pass. du v. Accoupler. Réuni par deux, rangé par couples, attaché deux à deux : Bœufs accouplés. Chiens accouplés. Colonnes accouplées. Feuilles accouplées.

— Par ext. Joint, réuni : Le bonhomme et Nanon étaient accouplés par un gros gourdin, dont chaque bout reposait sur leur épaule droite et soutenait un câble auquel était attaché un barillet. (Balz.)

— Fig. : Ces deux mots sont mal accouplés. (Lav.) Les âmes humaines veulent être accouplées pour valoir tout leur prix. (J.-J. Rouss.)

— Fam. et iron. : Le mari et la femme sont bien accouplés, L’un ne vaut pas mieux que l’autre, ou, Ils se trompent réciproquement.

— Physiol. Réuni à un individu de sexe différent, pour l’acte de la génération : Les crapauds sont accouplés pendant sept ou huit jours. (Lacép.)

— Archit. Colonnes accouplées, Placées deux à deux, très-près l’une de l’autre, et le plus souvent couronnées par le même tailloir, exhaussées sur la même plinthe, mais ayant des bases et des chapiteaux différents : Des colonnes accouplées produisent sans doute un plus bel effet que si elles étaient isolées. (B. de St-P.) Quelques colonnes accouplées, qui portent la frise du chœur, sont d’un assez bon style. (Chateaub.)

— Sculpt. Têtes accouplées, Adossées sur le même buste ou sur le même socle, comme le Mercure et la Minerve au musée Capitolin ; Sérapis et Jupiter Ammon, Bacchus et Ammon, Mercure et Hercule, au musée du Vatican. Beaucoup de médailles représentent également des têtes accouplées.

— Chem. de fer. Roues accouplées, Réunies deux à deux pour augmenter la force du moteur, principalement dans les trains de marchandises.

— Jeu. Au tric-trac, Dames accouplées, Deux dames sur la même flèche.

ACCOUPLEMENT s. m. (a-kou-ple-man — rad. accoupler). Action d’accoupler, de réunir deux à deux des animaux destinés à travailler ensemble : Dans l’accouplement des bœufs, des vaches, des chevaux, il faut avoir soin qu’ils soient de la même taille et de la même force, afin de conserver l’égalité du tirage. (Encycl.)

— Par ext. Réunion, enchaînement de deux hommes dans certaines circonstances : Accouplement des forçats. Les Tristans de Charles X avaient inventé l’accouplement des écrivains avec les voleurs. (L. Desnoyers.)

— Fig. Réunion, rapprochement de deux choses, de deux mots, de deux idées, etc. : Armée et liberté sont deux mots dont l’accouplement est un contre-sens prouvé par l’histoire. (E. de Gir.) Aussi, pendant sept années, ai-je étudié les effets de l’accouplement du jour et des objets. (Balz.) L’homme d’affaires ! que de choses dans l’ accouplement de ces deux substantifs ! (Edm. Toxier.) || Dans ce sens, le mot accouplement est souvent accompagné d’épithètes qui indiquent s’il est pris en mauvaise part.

— Physiol. Rapprochement, union des animaux mâle et femelle pour l’acte de la génération : Le mulet vient de l’accouplement de l’âne et de la jument. La durée de l’accouplement varie à l’infini, en raison des espèces. (D’Orbigny.) L’indissoluble union de deux êtres appartenant à l’humanité ne doit pas s’assimiler à l’accouplement des êtres inférieurs. (G. Sand.)

Des colosses debout regardent autour d’eux
Ramper des monstres nés d’accouplements hideux.
V. Hugo.

— Fig. Se dit quelquefois des choses : Ce gouvernement bâtard est né de l’accouplement du monopole et de la corruption. (Corm.)

. . . . . . . On voit dans la création
De noirs accouplements de choses monstrueuses
Essayant d’arriver à des formes heureuses.
A. Barbier.

— Le mot accouplement se dit par mépris de l’homme et de la femme de mœurs et de conditions viles, pour les assimiler aux animaux : Des cavités où l’on a dit que ces gens-là faisaient leurs accouplements. (J.-J. Rouss.)

— Arts et mét. Arrangement de choses disposées deux à deux, comme roues, colonnes, têtes, etc. : S’il est permis d’ajouter quelque chose aux inventions des anciens, l’accouplement des colonnes mérite d’être reçu dans l’architecture comme ayant une beauté et une commodité considérables. (Perrault.) La colonnade du Louvre offre un exemple et un modèle d’accouplements. (Millin.) Cette série d’accouplements est un des plus grands charmes de la colonnade du Louvre. (B. de St-P.) V. Accouplé.

ACCOUPLER v. a. ou tr. (a-kou-plé — rad. couple). Attacher deux à deux ; mettre deux animaux sous le même joug : Accoupler des chiens ; accoupler des bœufs, des vaches. Au signal donné par la sonnerie du départ, faite par tous les piqueurs réunis, on accouplait les chiens et on les lançait en quête. (A. de Gondrecourt.) Il a le premier accouplé les animaux sous le joug. (Andrieux.) || Se dit quelquefois des forçats, des criminels qu’on attache deux par deux : Il y a des esprits austères qui approuvent que l’on accouple un écrivain à des galériens. (Chateaub.)

— Absol. : On doit accoupler serré, pour que les animaux tirent mieux.

— Par ext. Joindre, attacher ensemble deux ou plusieurs choses : Accoupler du linge. Accoupler des bateaux.

— Fig. Réunir, rapprocher deux choses, deux mots, deux idées, etc. : Accoupler deux mots contradictoires, deux idées disparates. Il n’est point de partis au monde que je ne trouve en peu de temps le moyen d’accoupler. (Mol.) Vouloir accoupler la liberté à l’autorité est une œuvre aussi chimérique, aussi insensée que vouloir accoupler la lune à la terre. (Hubaine.)

— Physiol. Apparier le mâle et la femelle, en vue de la reproduction : Accoupler des pigeons. Accoupler un chardonneret et une serine. On est toujours sûr de former des races, lorsqu’on prend soin d’'accoupler constamment des individus pourvus des particularités d’organisation dont on veut faire les caractères de ces races. (Cuvier.)

— Fig. : Fais des enfants, goûte l’amour dans la fange, accouple ta misère à une autre misère ; il en naîtra le crime : qu’importe ! (E. Sue.)

— Archit. Accoupler des colonnes, Les disposer deux à deux sur un même stylobate.

— Jeu. Au trictrac, Accoupler ses dames, Les disposer deux à deux sur les flèches du jeu.

S’accoupler, v. pr. Se mettre, être mis deux à deux : Le chanteur voit comment les vers s’accouplent, afin d’obtenir les demi-cadences. (A. de Lafaye.)

— Physiol. En parlant des animaux, Se réunir par couples de sexe différent, se rapprocher pour l’acte de la génération : Il est souvent arrivé que plusieurs animaux d’espèces différentes se sont accouplés librement et sans y être forcés. (Buff.) Les grenouilles s’accouplent encore après qu’on leur a coupé la tête. (Maquel.)

— Fig. Se joindre, se mêler, s’unir : Un remords, ce souvenir fatal de chaque minute de votre vie, qui s’accouple à vos rêves, qui vous éveille en sursaut... (E. Sue.) Le siècle de Louis XV est une orgie de taverne où la démence s’accouple au vice. (V. Hugo.)

ACCOURANT (a-kou-ran) part. prés. du v. Accourir :

Il voit fuir à grands pas ses naïades plaintives,
Qui toutes, accourant vers leur humide roi,
Par un récit affreux redoublent son effroi.
Boileau.

ACCOURCI, IE (a-kour-si) part. pass. du v. Accourcir : Un bâton accourci. Un chemin accourci.

Ses griffes vainement par Pussort accourcies
Se rallongent déjà . . . . . . . . .
Boileau.

— Fig. : Le bras du Seigneur est-il accourci ?

(Ils) virent dès le matin leurs beaux jours accourcis.
Malherbe.

— s. m. Abrégé. Se dit en parlant d’un livre : Elle n’avait en sa possession que deux livres, le saint Évangile et un accourci de la Vie des saints. (G. Sand.) Peu usité.

ACCOURCIE s. f. Mar. V. Accourse.

ACCOURCIR v. a. ou tr. (a-kour-sir — rad. court). Rendre plus court, retrancher de la longueur : Accourcir une robe, un bâton, etc.

— Par anal. Abréger : Accourcir une scène, un discours. Nous retranchons la préface, ou plutôt nous l’accourcissons beaucoup. (Volt.)

Le duc, à la harangue ayant les yeux baissés,
Vous la fait accourcir par un grand : C’est assez !
Corneille.


|| Rendre moins long : Je ne pouvais durer nulle part ; il me semblait qu’à force de changer de place, j’ accourcirais le jour. (Mme de Tencin.) || Accourcir son chemin, Prendre une voie plus directe. || Absol. Dans ce dernier sens : Ce chemin accourcit beaucoup. Si vous prenez par les prés, vous accourcirez. (Trév.)

— Rendre brève, en parlant d’une syllabe : Un Romain aurait sifflé un acteur qui eût allongé ou accourci une syllabe mal à propos. (D’Olivet.)

— Fig. Faire paraître moins long :

Le chemin étant long et partant ennuyeux,
      Pour l’accourcir ils disputèrent.
La Fontaine.

— Manég. Accourcir la bride. Tirer les