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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/204

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de posséder trente-six mille livres de rentes à l’insu de sa femme. (Balz.)

AFFRIOLEMENT s. m. (a-fri-o-le-man — rad. affrioler). Action d’affrioler. Peu us.

AFFRIOLER v. a. ou tr. (a-fri-o-lé — de l’anc. v. frioler, frire légèrement). Attirer par quelque chose d’agréable au goût : Vous l’avez affriolé par votre bonne chère. Vous affriolez cet enfant tant que vous le gastez. (Palsgrave.)

— Fig. Attirer par quelque chose de séduisant, d’agréable : Les cadeaux l’ont affriolé. Il s’est laissé affrioler. La guérison de cette névrose affriolait le génie du docteur. (Balz.) Il est admis, dans un certain monde de romans, que l’on arrive par les femmes : doctrine plus spécieuse que vraie, mais de nature à affrioler les vaudevillistes. (Th. Gaut.)

AFFRIQUE (SAINT-), chef-lieu d’arrond. (Aveyron) ; pop. aggl. 4,785 hab. ; pop. tot., 6,807 hab. L’arrond. a 6 cantons, 52 comm. et 59,301 hab. Industrie active ; fabrique de laine, de draps, de tricots et de coton.

AFFRITER v. a. ou tr. (a-fri-té — rad. frit, de frire). Art culin. Rendre propre à faire une bonne friture : Affriter une poêle neuve, en l’essayant par divers moyens.

AFFRONT s. m. (a-fron — rad. front). Injure publique, accompagnée de mépris et qui fait monter la rougeur au front : Un sanglant, un léger affront. Recevoir, essuyer un affront. Tous mes sens s’indignent au souvenir de l’affront que vous me prépariez. (Raynal.) C’est le plus outrageant de tous les affronts. (Volt.)

Les affronts à l’honneur ne se réparent point.
Corneille.
Un affront est toujours sur le front qui l’endure.
Crébillon.
Rappeler un affront, c’est le subir deux fois.
C. Delavigne.


|| Déshonneur, honte : Il fait affront à toute sa famille.

Sauvons de cet affront mon nom et sa mémoire.
Racine.
. . . . . Pleurez l’irréparable affront
Que sa fuite honteuse imprime à notre front.
Corneille.


|| Dans cette dernière accept., il peut être suivi d’un infinitif précédé de la prép. de : Le roi eut l’affront de lever le siége. (Volt.) Ah ! sire, est-ce à moi de descendre jusqu’à l’ affront de me justifier ? (Arnaud.) J’ose croire que vous ne me ferez pas l’affront de refuser. (Balz.)

Sauvez-moi de l’affront de tomber à leurs pieds.
Corneille.


|| Insuccès, échec déshonorant : Il fut irrité du premier affront que recevaient ses armes. (Volt.) La bataille d’Iéna a lavé l’affront de Rosbach. (Napol. Ier.)

Faire l’affront d’une chose à quelqu’un, La lui reprocher vertement, hautement :

Chut ! je veux à vos yeux leur en faire l’affront.
Molière.


|| En avoir l’affront, Ne pas réussir : S’il voulait m’àider à terminer cette affaire, je crois que je n’en aurais pas l’affront. (Mme de Sév.) || Souffrir, supporter, dévorer, boire un affront, S’y résigner patiemment sans en tirer vengeance :

. . . Prétend-il que je doive souffrir
L’abominable affront dont on veut me couvrir ?
Voltaire.

|| Ne pouvoir digérer un affront, En conserver le ressentiment. || Laver, réparer, venger un affront. En tirer vengeance : Il ne cherchait que l’occasion de se venger de tant d’ affronts. (De Barante.) || Fam. Sa mémoire lui a fait un affront, lui fait souvent affront. Se dit d’un orateur ou d’un acteur à qui la mémoire a manqué ou manque d’habitude.

Syn. Affront, avanie, insulte, outrage. Affront est un trait de reproche ou de mépris lancé en face de témoins : Vulcain fit à Vénus un cruel affront devant les dieux. (Montesq.) L’insulte est une attaque faite avec insolence : Le peuple obtint des magistrats de son corps pour le défendre contre lesinsultes et les injustices. (Montesq.) L’outrage ajoute à l’insulte un excès de violence qui irrite : Il est d’un chrétien de supporter patiemment les outrages. (Guizot.) L’avanie est un traitement humiliant : Il n’est point d’avanies ni de vexations que Verrès ne fit souffrir aux infortunés laboureurs. (Roll.)

Épithètes. Léger, pardonnable, réparable, effacé, ineffaçable, impardonnable, impuni, dur, outrageant, honteux, odieux, cruel, douloureux, scandaleux, sacrilège, sanglant, insupportable, irréparable, infâme, mortel, éternel, salutaire.

AFFRONTABLE adj. (a-fron-ta-ble — rad. affronter). Qui peut, qui doit être affronté. Peu us.

AFFRONTAILLES s. f. pl. (a-fron-ta-lle ; ll mll. — rad. affronter). Limites d’une terre ; ligne où elle confine à d’autres terres. || Terme de bornage usité dans quelques provinces de France.

AFFRONTANT (a-fron-tan) part. prés. du v. Affronter : C’est en affrontant la mort, qu’on apprend à la mépriser.

AFFRONTATION s. f. (a-fron-ta-si-on). Syn. auj. inusité de confrontation.

AFFRONTÉ, ÉE (a-fron-té) part. pass. du v. Affronter. Bravé : Que de dangers affrontés ! Après tant de périls affrontés. (Littré.)

— Trompé : Bien des gens, affrontés par ses fourberies, se plaignaient de lui. {Acad.) || Inus. dans ce sens.

— Techn. Mis de niveau et bout à bout : Des pièces de bois affrontées.

— Blas : Se dit de deux animaux ou de deux têtes d’animaux qui se regardent, et de deux choses qui sont opposées de front. Famille de Lagani : d’or, à deux lions affrontés d’azur, soutenant de leurs pattes de devant un casque d’acier taré de front et sommé d’une fleur de lis de gueules.

AFFRONTEMENT s. m. (a-fron-te-man — rad. affronter). Techn. Action d’affronter, de mettre de niveau et bout à bout : L’affrontement de deux pièces de bois.

AFFRONTER v. a. ou tr. (a-fron-té). Syn. auj. inus. de confronter.

AFFRONTER v. a. ou tr. (a-fron-té — rad. front). Faire front à, attaquer de front ; attaquer avec hardiesse, intrépidité : Alexandre allait affronter l’ennemi en plein jour et à découvert. (Trév.) Les rois étrangers hésitent à nous affronter. (Vergniaud.) || En mauvaise part, Braver avec audace : Est-ce courage à un homme mourant d’aller, dans la faiblesse de l’agonie, affronter un Dieu puissant et éternel ? (Pasc.)

— Par ext. S’exposer hardiment à : Affronter la mort, les tempêtes, les périls de la mer. C’est un homme qui, vingt fois dans sa vie, pour servir ses amis, a généreusement affronté les galères. (Mol.) Aussi intrépide que son maître, le cheval voit le péril et l’affronte. (Buff.) Il affrontait le froid comme un Samoyède. (***) Il voulut enfin affronter l’accueil revêche de la dame. (G. Sand.) Tel qui affronte le feu des canons hésite à traverser un fleuve à la nage. (E. de Gir.)

Affronter en plein champ les fureurs de janvier.
Boileau.
Et s’il faut affronter les plus cruels supplices...
Corneille.
Vous allez de lat mort affronter la présence.
Racine.

— Poétiq. Affronter le ciel, affronter la nue, Se dit des choses qui, par leur élévation, leur hauteur, semblent menacer le ciel, les nues, etc. : L’Atlas semble affronter le ciel.

— Tromper : C’est un coquin quiaffronte tout le monde. (Acad.) Je ne me fie pas à elle : quand une fois on m’a affronté, je n’en reviens point. (Mariv.) || Ce sens a vieilli.

Vous m’avez affronté, ah ! trompeuse du diable !
Scarron.

— Chirurg. Réunir les deux extrémités d’un os fracturé, les deux lèvres d’une plaie.

— Techn. Mettre front à front, de niveau et bout à bout : Affronter deux pièces de bois, deux panneaux.

S’affronter, v. pr. S’attaquer de front : Voyez ces deux chiens qui s’aboient, qui s’affrontent. (La Bruy.)

— Fig. : Cette vivace et frappante antithèse se croise et s’affronte à chaque instant sur le Rhin. (V. Hugo.)

— Chirurg. Se réunir dans la direction normale : Les fragments, au lieu de s’affronter ont pris des positions vicieuses. (Dupuytren.)

AFFRONTERIE s. f. (a-fron-te-rî — rad. affronter). Hardiesse effrontée.

AFFRONTEUR, EUSE s. (a-fron-teur, euze — rad. affronter). Impudent, trompeur, fourbe, audacieux : Un affronteur public. Les horoscopes et les présages sont des rêveries que les affronteurs vendent cher aux ignorants. (Bossi) Elle faillit plus d’une fois jeter les pots à la tête des buveurs quand ils se permettaient de chanter la Josette, et fit honte aux affronteurs. (G. Sand.)

Voyez donc l’affronteur qui m’en donne à garder !
(***.)

AFFRUITER v. n. ou intr. (a-frui-té — rad. fruit). Hortic. Porter, produire des fruits, en parlant d’un arbre : Cet arbre bien taillé affruitera.

S’affruiter, v. pr. S’emploie dans le même sens : Ce poirier, ce pommier s’est affruité cette année.

AFFUBLÉ, ÉE (a-fu-blé) part. pass. du v. Affubler. Costumé, vêtu d’une manière bizarre, presque ridicule : Il est singulièrement affublé. Avocat affublé de sa robe. Il est affublé d’un immense chapeau à plumes. (Balz.) Il lui était impossible de ne pas le prendre pour un noble personnage affublé d’un déguisement. (G. Sand.) Il n’est pas sûr qu’il vous reconnaisse, affublé comme vous voilà. (G. Sand.) Il était affublé de deux pelisses. (E. Sue.) Affublée de son plus beau tartan, elle se rendit dans les bureaux de l’administration. (L. Reybaud.)

— Par ext. et fam. Couvert, rempli de : C’était un homme affublé de ridicules et fourré de vices comme d’hermine. (Dider.) C’est là que La Fontaine avait emprunté ces héros si plaisamment affublés d’un nom qui en rappelle la nature, l’instinct ou les habitudes. (Dict. de la Conv.) Combien de maisons affublées d’un masque décent et d’un titre pompeux ont été de jolis sérails, ouverts en secret à quelque haut et puissant seigneur ! (Four.) || Entiché, engoué : Mais enfin je suis affublé de cette absurdité. (H. Beyle.)

Syn. Affublé, accoutré. V. Accoutré.

Syn. Affublé, fagoté, habillé, revêtu, vêtu. On est vêtu de ce qu’on porte d’ordinaire ; on est revêtu de ce qu’on porte par-dessus le vêtement, comme un insigne, une marque d’honneur ou de dignité. Habillé indique que l’on est ajusté ou mis de telle façon. Affublé et fagoté font connaître que l’on est étrangement habillé ; mais ils diffèrent en ce que affublé né se dit généralement qu’avec indication de la chose, tandis que fagoté s’emploie d’une manière absolue.

AFFUBLEMENT s. m. (a-fu-ble-man — rad. affubler). Habillement ridicule, de mauvais goût : Que signifie cet affublement ? c’est une vraie mascarade. (Littré.)

AFFUBLER v. a. ou tr. (a-fu-blé — du bas lat. affibulare, agrafer ; formé de fibula, boucle). Habiller, vétir, et, plus particulièrem., vêtir d’une façon bizarre, ridicule, grotesque : On l’affubla d’une robe deux fois trop large et d’une énorme perruque. L’habitude de voir sans cesse de brillantes étoffes, d’élégantes toilettes, lui rendit de plus en plus odieux le lourd accoutrement dont sa mère l’affublait. (Fr. Soulié.) Sa tête était coiffée d’un bonnet de laine qui ressemblait au bonnet phrygien dont on affuble la Liberté. (Balz.)

— Fig. et moral. Couvrir, revêtir : Il me prend envie d’affubler sa face de deux larges soufflets. (Volt.) Dans la conversation, on affuble vite sa pensée du premier mot qui se présente, et l’on marche en avant. (Joubert.) Son mariage avec un duc de l’Empire rallié à la Restauration l’affubla du titre de comte. (E. Sue.) Le mot perruque était le dernier mot trouvé par le journalisme romantique, et il en avait affublé les classiques. (Balz.) Le père se plaint qu’on l’ait affublé d’un ridicule quand le pauvre homme en est déjà si riche. (Balz.) On voit certaines femmes affubler leur esprit et leur corps des sentiments et des hardes de notre sexe. (A. Karr.) Il a affublé d’un nom vague, cabalistique et suspect une chose bien simple. (Peyrat.)

S’affubler, v. pr. Se vêtir d’une manière étrange, ridicule : La princesse s’affubla de la robe du prêtre et de toutes les marques de sa dignité. (Volt.) À l’instant où l’homme s’affuble du costume d’un état, il en prend l’esprit. (Boiste.)

Aussitôt notre vieille, encor plus misérable
S’affublait d’un jupon crasseux et détestable.
La Fontaine.

— Par ext. Se parer de : Il s’affubla d’un nom qui date des croisades. (Andrieux.) La coterie des économistes est d’autant plus dangereuse qu’elle s’affuble d’un masque de raison. (Fourier.)

AFFUSANT (a-fu-zan) part. prés. du v. Affuser.

AFFUSÉ, ÉE (a-fu-zé) part. pass. du v. Affuser. Soumis à l’affusion : Si le sujet affusé est dans un état de sédation ou de froid, il est évident que le malaise augmentera si le liquide est sédatif. (Récamier.)

AFFUSER v. a. ou tr. (a-fu-zé — rad. affusion). Soumettre à l’affusion : Affuser un malade ; l’affuser avec un liquide quelconque.

AFFUSION s. f. (a-fu-zi-on — du lat. affusio ; de affundere, verser, répandre). Arrosement, aspersion : Elle lui fit reprendre ses sens avec une affusion d’eau froide. (Balz.)

Encycl. Méd. L’affusion est un moyen thérapeutique qui consiste à verser en nappe, et seulement de quelques pouces de hauteur, une certaine quantité d’eau froide sur une région quelconque du corps. L’affusion diffère de la douche en ce que, dans celle-ci, l’eau est versée de plus haut et tombe en colonne d’un petit diamètre. La température de l’eau qui sert à l’affusion ne doit pas dépasser 18° centigrades. Le premier effet des affusions froides est de produire la constriction des vaisseaux capillaires et la concentration du sang sur les organes intérieurs ; le second effet est de provoquer une réaction qui peut être une révulsion salutaire. La durée des affusions varie selon les indications observées par le médecin et selon le but qu’il se propose. Les affusions ont été employées avec succès dans les fièvres typhoïdes, les affections cérébrales, etc.

AFFÛT s. m. (a-fu — rad. fût, fust, qui se disait anciennement pour Bâton, tronc, arbre, bois ; du lat. fustis, bâton. Ainsi, se mettre à l’affût a signifié primitivement Présenter un bâton, une arme contre quelqu’un). Lieu caché, endroit où l’on se poste, ordinairement le matin ou le soir, pour attendre le gibier, à la sortie ou à l’entrée d’un bois : Tuer un lièvre à l’affût. Attendre un loup à l’affût. Chasser à l’affût. C’est, dit Paul, le chien de quelque chasseur qui vient le soir tuer des cerfs à l’affût. (B. de St-P.) || Chasse faite à l’affût : L’affût pendant la nuit peut être autorisé exceptionnellement pour la chasse des oiseaux de passage. (Belèze.)

— Par anal. Retraite où l’on se met à l’abri et d’où l’on peut guetter l’ennemi : Plus ingénieuse, l’araignée maçonne se creuse une retraite cylindrique ; qu’elle tapisse à l’intérieur pour prévenir l’éboulement des terres, et dont elle ferme l’ouverture au moyen d’une véritable porte à charnière : c’est l’affût. (A. d’Houdetot.) Si quelques railleurs flagornaient le roi à mes dépens, je me mettrais à l’affût sur le chemin des railleurs ; j’en châtierais quelques-uns. (Alex. Dum.) Elle s’éloigna de quelques pas et se mit comme à l’affût derrière une haie de cactus. (Gér. de Nerv.)

— Fig et fam. Être, se mettre à l’affût, Épier l’occasion favorable pour faire une chose, être au guet : Je suis toujours à l’affût des modes. (Le Sage.) Il est des esprits qui ne peuvent rien attraper qu’à la volée, d’autres à la piste, d’autres à l’affût. (Boiste.) Elle était à l’affût du moindre souffle et de la moindre parole de son frère. (G. Sand.) Les meilleurs parmi vous, jeunes gens sont à l’affût des principes révolutionnaires des nations plus avancées que la nôtre. (G. Sand.) Lorsqu’un bonheur arrive à quelqu’un, le mal se trouve toujours à l’affût derrière. (Champfleury.)

Toujours autour de nous le diable est à l’affût.
Piron.
En vain, pour tout saisir, j’ai l’esprit à l’affût.
C. Delavigne.

AFFÛT s. m. (a-fu — du lat. fustis, bâton, bois). Artill. Charpente destinée à soutenir une bouche à feu dans les manœuvres et dans le tir : Affût roulant. Affût à flèche. Affût de campagne. Affût de mortier. Affût de vingt-quatre. Affût marin ou de marine. On y voit même des canons de l’époque, composés de barres de fer reliées par des cercles, avec leurs roues pleines et leurs affûts contournés. (Th. Gaut.) On voit les canons courir en retentissant sur leurs affûts. (E. Sue.)

Je dormis sur l’affût des canons meurtriers.
V. Hugo.

— Par ext. Support de certains instruments : L’affût d’un télescope.

Encycl. L’affût est muni de roues pour les pièces qui ont besoin d’une grande mobilité. Il diffère dans certaines de ses parties suivant qu’il est destiné à l’artillerie de campagne, de montagne, de place, de marine, etc. ; mais il doit toujours pouvoir être placé facilement dans la direction du but, et permettre à la pièce de prendre différents degrés d’inclinaison, soit au-dessus, soit au-dessous de l’horizon, dans les limites reconnues nécessaires pour le genre de service auquel il est destiné. L’affût a beaucoup varié dans sa forme ; aujourd’hui, il se compose d’un châssis rectangulaire en charpente, dont la partie antérieure supportant la bouche à feu repose sur un essieu garni de deux roues, et dont la partie postérieure, nommée crosse, repose à terre et forme le troisième point d’appui du système. On appelle flasques les parties qui reçoivent la pièce ; elles présentent supérieurement une espèce d’échancrure, nommée encastrement, qui reçoit les tourillons. Anciennement, les flasques allaient jusqu’à terre et étaient liés par des traverses ou entretoises. Aujourd’hui, ils sont très-courts et assemblés sur une flèche qui se termine en crosse. Cette crosse repose sur le terrain et porte un anneau de fer, dit bout de crosse-lunette, qui sert à réunir l’affût à l’avant-train. Enfin, l’affût présente, à peu près au milieu de sa longueur, une vis verticale munie d’une poignée, sur laquelle repose la culasse de la bouche à feu, et que l’on appelle vis de pointage, parce qu’elle permet de pointer la pièce, c’est-à-dire de l’élever ou de l’abaisser pour en amener l’axe à l’inclinaison voulue. L’affût porte, en outre, un seau, l’écouvillon, les leviers et les autres accessoires que nécessite le service.

L’affût qui précède est celui des pièces de campagne. Celui de siége en diffère très-peu. L’affût de place et de côte, au contraire, s’en éloigne beaucoup. Il a les flasques formés par un assemblage triangulaire en charpente, dont la partie antérieure repose sur un essieu à roues, et qui est monté sur un grand châssis rectangulaire ; deux roulettes placées à l’extrémité postérieure de ce châssis en facilitent les mouvements latéraux. Comme l’humidité de l’air de la mer détruit rapidement le bois, on construit souvent l’affût de côte et son châssis en fonte et en fer, ou seulement en fonte. L’affût de marine se compose de deux flasques assez élevés et de deux essieux montés sur quatre roulettes, le tout en bois. À bord des bâtiments, il est attaché de chaque côté des sabords par un cordage appelé brague, qui l’entoure et limite par son élasticité et sa résistance la longueur du recul. Enfin, on le fait avancer ou reculer au moyen d’une espèce de moufle nommée palan. Les mortiers, tirant sous de grands angles, produisent un recul si violent qu’aucun essieu ne pourrait y résister. La même cause mettrait promptement hors de service les affûts de ces pièces, si on les faisait en bois. On évite ces deux inconvénients en supprimant les roues et en construisant des flasques en fer coulé. Le devant et le derrière portent deux entailles et deux boulons saillants, nommés tenons de manœuvre, qui servent à mouvoir la pièce, pendant le tir, à l’aide de leviers.

AFFÛTAGE s. m. (a-fu-ta-je — rad. affûter). Techn. Action d’affûter, d’aiguiser un outil : L’affûtage se fait à sec ou sur la pierre mouillée. (Lenorm.) || Collection de tous les outils nécessaires à un ouvrier, et particu-