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dans la matinée, minimum dans l’après-midi. Dans une même année, elle est maximum en été, minimum en hiver. Enfin, l’inclinaison moyenne varie, dans un même lieu, d’une année à une autre. En 1671, elle était à Paris de 75°. Depuis elle a toujours été en décroissant, et le 11 novembre 1860, elle était de 66° 11′. La diminution annuelle de l’inclinaison est sensiblement de 3′.

Les instruments qui servent à déterminer l’inclinaison magnétique s’appellent boussoles d’inclinaison. V. Boussole.

La connaissance de la déclinaison et de l’inclinaison pour les différents points du globe n’est pas seulement importante au point de vue de l’étude du magnétisme terrestre ; elle est à chaque instant nécessaire dans les opérations qui se rattachent à une mesure géographique quelconque.

Une aiguille aimantée soustraite à l’action magnétique de la terre est dite astatique. Telle serait une aiguille mobile autour d’un axe horizontal dans un plan vertical perpendiculaire au méridien magnétique ; on comprend que l’aimant terrestre, agissant alors suivant l’axe, ne peut imprimer à l’aiguille aucune direction déterminée. Deux aiguilles de même force réunies parallèlement, les pôles contraires en regard, constituent un système astatique, parce que les actions contraires du globe sur les deux aiguilles se neutralisent.

AIGUILLE (L’), montagne du dép. de l’Isère, appelée la Montagne inaccessible. Ce mont, classé parmi les sept merveilles du Dauphiné, est isolé et escarpé de tous côtés. Il mesure plus de 1,000 mètres au-dessus du niveau de la mer.

AIGUILLÉ, ÉE (è-gu-i-llé ; ll mll.) part. pass. du v. Aiguiller.

AIGUILLÉ, ÉE adj. (è-gu-i-llé ; ll mll. — rad. aiguille). Qui est en forme d’aiguille : Stylet aiguillé.

— Techn. Nettoyé avec des aiguilles : Soie aiguillée.

AIGUILLÉE s. f. (è-gu-i-llé ; ll mll. rad. aiguille). Étendue de fil, de soie, de laine, de la longueur nécessaire pour travailler à l’aiguille : Apprêter des aiguillées. À chaque aiguillée de fil, c’était une souvenance, un désir, des souhaits, mille choses qui se brodaient sur l’étoffe comme les dessins qu’elle y fixait. (Balz.)

AIGUILLER v. a. ou tr. (è-gu-i-llé ; ll mll. — rad. aiguille). Chirurg. Abaisser la cataracte au moyen d’une aiguille : Aiguiller le cristallin. Inusit. aujourd’hui.

— Techn. Aiguiller la soie, La nettoyer avec des aiguilles sur le dévidoir : Quand on aiguille la soie, on l’éraille et on la détord. (Trév.)

S’aiguiller, v. pr. Se dit, dans les chemins de fer, d’une voie qui se réunit à une autre au moyen des aiguilles : Ces voies nouvelles vont s’aiguiller sur les anciennes.

AIGUILLERIE s. f. (è-gu-i-lle-rî ; ll mll. — rad. aiguille). Fabrique, commerce d’aiguilles.

AIGUILLES, ch.-lieu de cant. (Hautes-Alpes), arrond. de Briançon ; pop. 634 hab. Commerce d’excellents fromages.

AIGUILLES (cap des), pointe la plus méridionale de l’Afrique, au S.-E. du cap de Bonne-Espérance.

AIGUILLETAGE s. m. (è-gu-i-lle-ta-je ; ll mll. — rad. aiguillette). Action d’aiguilleter, état de ce qui est aiguilleté : Laiguilletage d’un haut-de-chausses.

— Mar. Manière de réunir, d’ajuster bout à bout, à l’aide d’un cordage deux objets différents, sans qu’ils se croisent l’un sur l’autre.

AIGUlLLETANT, part. prés. du v. Aiguilleter.

AIGUILLETÉ, ÉE (è-gu-i-lle-té ; ll mll.) part. pass. du v. Aiguilleter. Noué, attaché au moyen d’aiguillettes : Pourpoint aiguilleté. || Qui porte des aiguillettes : Un amant aiguilleté sera pour elle un ragoût merveilleux. (Mol.)

— Fig. Homme aiguilleté, Guindé, qui a l’air contraint. Inusit.

AIGUILLETER v. a. ou tr. (è-gu-i-lle-té ; ll mll. — rad. aiguillette ; ce verbe double la consonne t du radical quand la terminaison commence par un e muet : J’aiguillette. Ils aiguilletteront. Qu’ils aiguillettent). Attacher avec des aiguillettes : Aiguilleter ses chausses.

Aiguilleter des lacets, Les ferrer.

— Mar. Joindre ensemble, au moyen d’un cordage, deux objets qui ne se croisent pas, et qui, quelquefois même, restent éloignés l’un de l’autre : On aiguillette une bouée sur orin, ou les deux bouts d’une tournevire ensemble, ou une poulie à un anneau, ou une bosse à un câble, etc. (De Bonnefoux.)

S’aiguilleter, v. pr. Attacher ses chausses avec des aiguillettes : La mode de s’aiguilleter a duré longtemps. (Acad.)

AIGUILLETIER, ÈRE s. (è-gu-i-lle-tié, è-re ; ll mll. — rad. aiguillette). Celui, celle qui fait des aiguillettes, des lacets, qui les ferre. || On dit aussi aiguillettier.

AIGUILLETTE s. f. (é-gu-i-llè-te ; ll mll. — dimin. d’aiguille). Cordon ou tresse ferrée par les deux bouts, qui sert à attacher : Je voudrais bien savoir si une demi-douzaine daiguillettes ne suffit pas pour attacher un haut-de-chausses. (Mol.) Il était vêtu d’un pourpoint, d’un haut-de-chausses violet, avec des aiguillettes de même couleur. (Alex. Dum.) Son pourpoint et son haut-de-chausses disparaissent sous les aiguillettes et les nœuds de ruban. (Th. Gaut.) || Aiguillette borgne, Aiguillette qui est déferrée.

— Cordon employé comme livrée : Les laquais portaient laiguillette, et l’on ne me la donna pas. (J.-J. Rouss.) || Marque distinctive que certains militaires portent sur l’épaule : Ce groupe était formé de quatre gendarmes à cheval, commandés par un maréchal des logis aux aiguillettes mi-parties bleu et argent. (E. Sue.) C’était le chef suprême de ces kolbacks, de ces dolmans et de ces aiguillettes qui plaisent tant au beau sexe. (Balz.) || Aiguillettes d’or, Marques distinctives portées temporairement par des officiers exerçant certaines fonctions particulières, tels que les officiers attachés à l’état-major du ministre, ceux qui remplissent les fonctions de chefs d’état-major, d’aides de camp ou d’officiers d’ordonnance, et ceux qui sont attachés aux majorités des ports, ainsi qu’à l’École navale.

— Proverbialem. : Il ne fait pas bon servir un maître qui serre de vieilles aiguillettes, On gagne peu au service d’un maître trop économe. || Lâcher l’aiguillette, Satisfaire ses besoins naturels, façon de parler qui date de l’époque où les aiguillettes étaient en usage. || Courir l’aiguillette, Se disait des femmes de mauvaise vie qui courent les rues et sollicitent les passants à venir chez elles : Si la nature n’eût arrosé le front des femmes d’un peu de pudeur, vous les verriez bientôt courir l’aiguillette. (Rabel.)

... Je recherche une jeune fillette
Experte dès longtemps à courir l’aiguillette,
Qui soit ardente et vive au combat amoureux.
Régnier.

Cette expression a pris dit-on, naissance à Toulouse, parce qu’autrefois les prostituées y étaient obligées de porter, comme marque d’infamie, une aiguillette sur l’épaule. Suivant d’autres étymologistes, elle est fondée sur une coutume anciennement observée à Beaucaire, la veille de la foire, par les femmes de mauvaise vie, qui, ce jour-là, célébraient la fête de sainte Madeleine, leur patronne, en faisant une course publique ou la plus agile gagnait un paquet d’aiguillettes. Cette origine nous paraît plus probable en ce qu’elle explique les deux mots de la locution. De là, dit-on, serait venu le mot coureuse appliqué aux femmes légères. || Nouer l’aiguillette, Faire un maléfice auquel le peuple attribuait le pouvoir d’empêcher la consommation du mariage. Trois nœuds formés à une bandelette, en récitant certaines formules, constituaient cette opération magique, à laquelle avaient recours les jaloux et les amantes délaissées. On appelait noueurs et noueuses d’aiguillettes ceux et celles qui passaient pour avoir ce pouvoir. On comprend qu’à une époque où l’on portait des braguettes fermées au moyen d’aiguillettes, dire d’un jeune marié qu’il avait l’aiguillette nouée était une façon très-naturelle d’exprimer l’état d’impuissance où il se trouvait ; de là le rapport entre nouer l’aiguillette et rendre impuissant :

Ami lecteur, vous avez quelquefois
Ouï conter qu’on nouait l’aiguillette.
Voltaire.

— Tranche de chair effilée, prise le long du dos de certaines volailles : Lever les aiguillettes. Couper par aiguillettes. Servir une aiguillette de canard. || Par anal., en parlant d’une personne : Ces barbares lui arrachèrent toute la peau du dos par aiguillettes. (Trév.)

— Géogr. physiq. Petite aiguille, petite pointe de rocher.

— Moll. Nom donné à une très-petite espèce du genre agathine, que l’on trouve sous les mousses dans presque toute l’Europe. || Très-petite espèce de bulime, qu’on rencontre fréquemment dans les environs de Paris.

— Mar. Ligne qui sert à opérer l’aiguilletage. || Gros fil de fer terminé par une espèce de bouton, et qu’on emploie pour tirer du sable. || Aiguillette de porque, Allonge la plus haut placée d’une porque.

— Manég. Nouer l’aiguillette. Se dit d’un cheval sauteur, qui s’épare et qui détache des ruades violentes et répétées, les jambes étendues.

Encycl. Les diverses origines que l’on attribue aux aiguillettes n’ont rien d’authentique ; voici la plus probable : Le duc d’Albe, général espagnol, ayant eu à se plaindre d’un corps de Flamands qui avait lâché pied, avait décidé que toutes les fautes qui seraient commises à l’avenir par ce corps seraient punies de la corde, sans distinction de rang et de grade. Les Flamands répondirent que, pour rendre l’exécution de cet ordre plus facile, ils porteraient désormais sur l’épaule une corde et un clou, ce qu’ils firent en effet ; mais leur conduite devint si brillante, si exemplaire, que la corde fut transformée en une tresse de passementerie, et qu’on en décora depuis, comme marque honorifique, les officiers de la maison des princes, les pages et les corps d’élite. Sous l’ancien régime, les chevau-légers, les gardes de la marine, les cadets-gentilshommes et la maréchaussée portaient des aiguillettes. Aujourd’hui, elles sont réservées aux officiers d’état-major, aux aides de camp, aux officiers et soldats de gendarmerie et aux armes spéciales. Elles sont aussi portées par les aspirants de marine. Les gendarmes portent l’aiguillette à l’épaule gauche ; les officiers de l’état-major, les aides de camp et les aspirants de marine à l’épaule droite. Enfin, on en voit à certains domestiques de grande maison.

AIGUILLEUR s. m. (é-gu-i-lleur ; ll mll. — rad. aiguille). Celui qui, dans un chemin de fer, est préposé à la garde d’une aiguille : On a expérimenté divers systèmes destinés à empêcher les fréquentes rencontres de trains causées dans les chemins de fer par les erreurs et les oublis des aiguilleurs. (Siècle.) Laiguilleur s’est trompé en dirigeant le train sur la voie opposée à celle qu’il devait suivre. (Siècle.) Un aiguilleur, laissé en faction pendant seize heures, était la cause innocente du mal. (Ph. Basoni.) || Celui qui tourne le robinet par où s’échappe la vapeur.

AIGUILLIER s. m. (é-gu-i-llé ; ll mll. — rad. aiguille). Nom que l’on donnait autrefois à la petite boîte où l’on mettait des aiguilles : Aiguillier d’argent. Aiguillier en ébène, en ivoire, en buis. || On dit aujourd’hui un étui.

AIGUILLIER, ÈRE s. (é-gu-i-llé, è-re ; ll mll. — rad. aiguille). Celui, celle qui fabrique ou vend des aiguilles.

AIGUILLIÈRE s. f. (é-gu-i-llè-re ; ll mll.). Pêch. Filet destiné à prendre les poissons dits aiguilles, et qui se tend entre deux eaux.

AIGUILLON s. m. (é-gu-i-llon ; ll mll. — rad. aiguille). Pointe de fer fixée à un grand bâton pour piquer les bœufs : Faire avancer les bœufs avec laiguillon, à l’aide de laiguillon. Les bœufs fatigués marchent le cou penché, d’un pas lent et tardif, malgré laiguillon qui les presse. (Fén.) Un enfant de six à sept ans piquait le flanc des bœufs avec une gaule longue et légère, armée d’un aiguillon peu acéré. (G. Sand.)

Le blé, pour se donner, sans peine ouvrant la terre,
N’attendait pas qu’un bœuf, pressé par l’aiguillon,
Traçât à pas tardifs un pénible sillon.
Boileau.

— Par ext. : Dans ce monde de grandeurs et de petitesses, la jalousie sert plus souvent de poignard que daiguillon. (Balz.) Souvent les peuples donnent un aiguillon pour les conduire, jamais pour les frapper. (L.-N. Bonap.) Si le système de Law, par le jeu qui en fut la suite, ruina autant de familles qu’il en enrichit, d’un autre côté il réveilla la nation de sa torpeur, et lui enfonça mille aiguillons dans le flanc. (G. Sand.) Toutes ses joies avaient un aiguillon empoisonné. (G. Sand.)

— Fig. Stimulant, tout ce qui excite, anime, encourage : L’intérêt est un grand aiguillon. La louange des belles actions sert daiguillon à la vertu. (D’Ablanc.) L’exemple est un puissant aiguillon. (La Mothe Le Vayer.) C’était encore un nouvel aiguillon pour lui d’espérer de nouvelles victoires, sans compagnon qui en partageât l’honneur (Volt.) Mes réflexions croissaient à chaque pas dans cette route que Louis avait tant de fois faite, l’âme exaltée par tous les aiguillons de l’amour. (Balz.) Le paradis est un aiguillon qui nous pousse vers les bonnes les actions. (L. Pinel.) Le fonctionnaire n’agit pas sous laiguillon de l’intérêt, mais sous l’influence de la loi. (Bastiat.) En France, le principe de l’émulation, ou, si l’on veut, laiguillon de l’égalité, est puissant. (Ste-Beuve.)

L’aiguillon de l’amour est la difficulté.
Malherbe.
L’espoir et la difficulté
Sont les aiguillons du courage.      (***)

— Dans l’Écriture, L’aiguillon de la chair, Les tentations, les désirs de la concupiscence.

— Prov. et fig. : À dur âne dur aiguillon, Il faut employer des moyens énergiques avec une personne difficile à conduire, à diriger.

— Ichthyol. Osselet d’une seule pièce, terminé par une pointe aiguë, qui chez quelques poissons remplace le rayon des nageoires, ou qu’on voit isolément sur le corps de certains autres.

— Zool. Espèce de dard que portent certains insectes et certains arachnides à l’extrémité de l’abdomen : Les abeilles laissent ordinairement leur aiguillon dans la piqûre. (Acad.) Je ne crois pas qu’aucune mouche à deux ailes ait un aiguillon dangereux. (A. Karr.) || Fig. : Les hypocrites, comme les abeilles, ont le miel à la bouche et laiguillon caché. (Boiste.)

Fuyez cet imposteur dont la haine timide
Ne lance qu’en secret son aiguillon perfide.
Le Franc de Pompignan.

— Bot. Piquant dont sont armées diverses plantes : Le rosier, la ronce, l’acacia, ont des aiguillons.

— Chass. Pointes qui terminent les fumées des bêtes fauves, et, par ext., les fumées, les fientes mêmes.

Encycl. Zool. L’aiguillon n’est pas seulement un instrument piquant, c’est l’appareil conducteur d’un liquide vénéneux qui, en s’introduisant dans la plaie, détermine de la douleur et divers accidents. Chez le scorpion, il est formé par le dernier segment de l’abdomen, qui se termine en une pointe arquée, aiguë et perforée de deux petits trous pour donner issue au venin. Chez les hyménoptères (abeilles, guêpes), l’aiguillon se compose d’une gaine cornée renfermant deux soies, et articulée à son origine avec un certain nombre de pièces destinées à le faire sortir de l’abdomen, à l’y faire rentrer et à le diriger dans tous les sens. L’aiguillon prend le nom de tarière chez les insectes où il reste toujours apparent et ne peut jamais rentrer en entier dans l’abdomen.

En ichthyologie, le nom d’aiguillon s’applique aux osselets d’une seule pièce et pointus qui remplacent, dans certains poissons, les rayons des nageoires. On désigne encore sous ce nom les piquants que présentent sur leur corps certains animaux, les hérissons, par exemple.

— Bot. On appelle aiguillon, en botanique, une production dure et pointue que présente l’écorce de certaines plantes. L’aiguillon diffère de l’épine en ce qu’il naît seulement de l’épiderme, dont il se détache facilement, tandis que l’épine est un prolongement de la partie ligneuse. Les aiguillons sont disséminés sans ordre sur l’écorce, tandis que les épines, qui proviennent de la dégénérescence de certains organes, ne s’observent que là où doivent se trouver ces organes.

— Pathol. Sous le nom d’aiguillon, Vicq-d’Azir a traité de la cause prochaine et déterminante de l’inflammation.

Épithètes. Importun, vif, fin, pointu, acéré, piquant, poignant, pénétrant, douloureux, dangereux, mortel, venimeux, empoisonné, subtil, perfide, inoffensif, innocent.

AIGUILLON ch. lieu de cant. (Lot-et-G.), arrond. d’Agen ; pop. aggl. 2,040 hab. — pop. tot. 3,781 hab. Ville fort ancienne. Aux environs, ruines romaines ; restes d’une tour désignée sous le nom de tour de Saint-Côme.


AIGUILLON (Marie-Madeleine de Vignerod, dame de Combalet, duchesse d’), nièce du cardinal de Richelieu, qui acheta pour elle (1638) le duché d’Aiguillon. À sa mort, ce duché passa à son neveu le marquis de Richelieu, dont le petit-fils fut déclaré duc d’Aiguillon en 1731.


AIGUILLON (Armand Vignerod-Duplessis-Richelieu, duc d’), né en 1720, mort en 1782. Gouverneur de Bretagne, il persécuta La Chalotais, qui avait dit de lui que lors d’une incursion des Anglais dans le pays, s’il ne s’était pas couvert de gloire, il s’était au moins couvert de farine (on lui reprochait de s’être tenu caché dans un moulin). En 1771, il succéda à Choiseul dans le ministère, ne se fit remarquer que par son ineptie, et laissa se consommer le partage de la Pologne. Il fut disgracié à l’avènement de Louis XVI.


AIGUILLON (Armand Vignerod-Duplessis-Richelieu, duc d’), fils du précédent, né vers le milieu du xviiie siècle, mort en 1800, fut, en 1789, député de la noblesse d’Agen aux états généraux et embrassa avec chaleur la cause de la Révolution. Il se réunit au tiers état avec la minorité de son ordre, et, dans la fameuse séance du 4 août, fut un des premiers à renoncer à ses titres et privilèges. Lorsque Custine prit le commandement de l’armée du Rhin, il le remplaça dans celui des troupes disposées dans les gorges de Porentruy. Mais ayant été décrété d’accusation après le 10 août, il quitta la France et se retira à Londres, puis à Hambourg. Il mourut dans cette ville ; au moment où son nom venait d’être rayé de la liste des émigrés.

AIGUILLONNAIS, AISE s. et adj. Géogr. Habitant d’Aiguillon ; qui appartient à Aiguillon ou à ses habitants.

AIGUILLONNANT (é-gu-i-llo-nan ; ll mll.) part. prés du v. Aiguillonner  : Le postillon, aiguillannant ses chevaux de la voix, eut bientôt laissé derrière lui cette troupe irritée. (F. Soulié.)

AIGUILLONNANT, ANTE adj. (é-gu-i-llo-nan, an-te ; ll mll. — rad. aiguillonner). Qui est de nature à aiguillonner, exciter, animer : En même temps, il trouvait dans l’agitation de la curiosité quelque chose daiguillonnant et d’inconnu qui n’était pas sans plaisir. (G. Sand.)

AIGUILLONNÉ, ÉE (é-gu-i-llo-né ; ll mll.) part. pass. du v. Aiguillonner. Piqué avec l’aiguillon : Les bœufs ne devraient pas être aiguillonnés si fréquemment.

— Fig. Excité, provoqué : Dites si vous avez vu autre chose en moi qu’un homme actif quand il est aiguillonné, paresseux et stagnant après l’orage. (Beaumarch.) Il savait que Henri songerait, au milieu de la nuit, à l’audience demandée, et la donnerait avec une curiosité aiguillonnée selon la gravité des circonstances. (Alex. Dum.)

— Chass. Se dit des fumées des bêtes fauves, terminées par un aiguillon.

— Bot. et Zool. Muni d’aiguillons : Plante aiguillonnée. Insecte aiguillonné.

— s. m. pl. Famille de mammifères dont le corps est hérissé d’aiguillons. || Sous-ordre d’insectes hyménoptères, dont les femelles et les individus neutres sont armés d’un aiguillon caché dans le dernier des anneaux de l’abdomen. Les aiguillonnés comprennent plusieurs familles distinctes dont la plus intéressante est celle des abeilles.

AIGUILLONNER v. a. ou tr. (é-gu-i-llo-né ; ll mll. — rad. aiguillon). Piquer, presser avec l’aiguillon  : On aiguillonne les bœufs lorsqu’ils tirent la charrue. (Rozier.)

De tes taureaux nerveux aiguillonne les flancs.
Delille.

— Fig. Exciter, aiguiser : Le rôti paraît, son fumet délicieux aiguillonne les appétits