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XL
PRÉFACE.

partenir à Pierre-Joseph Proudhon. Mais la direction avait soin de ne confier au hardi penseur que des mots de grammaire générale, où il eût été difficile de faire de l’hétérodoxie. C’est égal, c’était le loup dans la bergerie.

Dictionnaire des arts et manufactures, de l’agriculture, des mines, etc., description des procédés de l’industrie française et étrangère, par M. Charles Laboulaye, en collaboration avec MM. Alcan, professeur au Conservatoire des arts et métiers ; Barral, ingénieur ; A. Barrault, ingénieur civil ; Baude, ingénieur des ponts et chaussées ; Bréguet, du bureau des longitudes ; Ebelmen, directeur de la manufacture de Sèvres ; Faure, professeur à l’école centrale ; Magne, directeur de l’école d’Alfort ; Mallet, chimiste ; Rouget de Lisle, ingénieur manufacturier, etc., etc. Cet ouvrage important, commencé il y a plus de vingt années, en est aujourd’hui à sa troisième édition. C’est une sorte d’encyclopédie technologique, destinée à fournir des renseignements précieux aux industriels, aux mécaniciens, aux manufacturiers, aux agronomes, aux physiciens, aux chimistes, et, en général, à tous ceux qui s’occupent de sciences pratiques, c’est-à-dire appliquées. Le Dictionnaire des arts et manufactures répond complètement à son titre ; il forme trois forts volumes à deux colonnes, illustrés de cinq mille gravures sur bois, renfermant les machines et les appareils employés dans l’industrie, ainsi que les chefs-d’œuvre de l’art industriel. Une table des matières, par ordre logique, termine cette publication. C’est, dans le domaine des sciences appliquées, l’ouvrage le plus important et le plus habilement disposé que possède notre pays. Mais nous avons un grave reproche à lui adresser ; le défaut que nous allons signaler serait peut-être considéré comme une qualité, si le livre avait été édité à Édimbourg ou à Francfort ; mais chez les compatriotes de celui qui ne craignait pas de mettre les Éléments de Newton à la portée de tout le monde, ce défaut est capital : nous voulons parler de la forme, de la clarté et surtout du style. Ce dernier est presque aussi lourd, aussi embarrassé, aussi compliqué que les machines qu’il se propose de décrire. Certainement le lecteur français n’exige pas un style piquant quand on parle des acides, poli quand il est question des aciers, élevé quand il s’agit des aérostats, éclatant quand on décrit des armes à feu, harmonieux quand on traite des instruments de musique… non, certes, son exigence ne va pas jusque-là. Mais la clarté et une élégance relative appartiennent à tous les genres, et ces qualités ne sont pas déplacées dans le domaine de Minerve. On rapporte que la statue de cette déesse se voyait autrefois à l’entrée du temple de Cos ; l’artiste l’avait sculptée avec un art si merveilleux, que son visage, sévère et triste pour tous ceux qui entraient dans le temple, paraissait souriant et divin à ceux qui en sortaient : c’est une figure, sans doute, pour montrer que la route des sciences est aride, et que c’est seulement au terme que le charme s’en fait sentir. Eh bien, il n’en est pas ainsi du Dictionnaire des arts et manufactures : les derniers chapitres de l’ouvrage semblent encore aussi secs et aussi rebutants que tous ceux qu’on a parcourus pour y arriver. C’est un désert sans oasis, où l’on est rassasié de science, mais où l’on soupire inutilement après un peu d’ombre et de fraîcheur.

Dictionnaire universel d’histoire naturelle, ouvrage utile aux médecins, aux pharmaciens, aux agriculteurs, aux industriels, et généralement à tous les hommes désireux de s’initier aux merveilles de la nature, par M. Charles d’Orbigny, avec la collaboration de MM. Arago, Bazin, Becquerel, Boitard, Brongniart, Broussais, Decaisne, Delafosse, Dujardin, Dumas, Duponchel, Duvernoy, Milne-Edwards, Élie de Beaumont, Flourens, Geoffroy Saint-Hilaire, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, de Humboldt, de Jussieu, Pelouze, de Quatrefages, Richard, Valenciennes, etc. ; 13 vol. de texte et 3 de planches gravées sur acier ; Paris, 1841-49.

Cet ouvrage est, sans contredit, un des recueils les plus complets qui aient été publiés jusqu’à ce jour sur l’histoire naturelle. Ce n’était pas une tâche facile que de présenter, sous la modeste forme de dictionnaire, un résumé à la fois substantiel et succinct de l’état des connaissances humaines en zoologie, anatomie, physiologie, tératologie, anthropologie, botanique, géologie, minéralogie, chimie, physique et astronomie. Maintes tentatives avaient déjà été faites en ce sens par des savants qui n’avaient rien négligé pour mettre leur œuvre au niveau des connaissances, à l’époque où ils écrivaient. Pour ne parler que de la France, nous avions le Dictionnaire d’histoire naturelle de Valmont de Bomare, publié à Lyon en 1791, 8 vol. <span style="white-space:nowrap;"><abbr class="abbr" title="in-quarto">in-4<sup style="font-size:70%;">o ; le Nouveau Dictionnaire d’histoire naturelle, publié à Paris en 1816, 36 vol. <span style="white-space:nowrap;"><abbr class="abbr" title="in-octavo">in-8<sup style="font-size:70%;">o ; enfin le Dictionnaire des sciences naturelles rédigé par Frédéric Cuvier et une société de professeurs, Paris et Strasbourg, 1816-1830, 60 vol. <span style="white-space:nowrap;"><abbr class="abbr" title="in-octavo">in-8<sup style="font-size:70%;">o. Notons aussi l’Encyclopédie d’histoire naturelle du docteur Chenu, 1855-58, 44 vol. <span style="white-space:nowrap;"><abbr class="abbr" title="in-octavo">in-8<sup style="font-size:70%;">o. Nous ne mentionnerons pas plusieurs autres ouvrages du même genre, mais beaucoup moins importants. Utiles au moment de leur publication, ces dictionnaires cessaient, après quelques années, de se trouver à la hauteur de la science. Dans l’espace d’un demi-siècle, en effet, l’histoire naturelle avait fait des progrès immenses ; ses divers éléments, auparavant dispersés, avaient été groupés dans un ordre logique ; on avait établi des nomenclatures nouvelles, redressé de vieilles erreurs ; et, plus sûrs de leur point de départ, les savants pouvaient s’élancer avec confiance vers de nouvelles découvertes. C’est alors que parut le Dictionnaire universel d’histoire naturelle. À cette époque, les connaissances déjà acquises étaient si considérables, qu’elles permettaient d’entreprendre une œuvre durable. C’est là surtout ce qui a fait la valeur du dictionnaire de