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tie, les organes abdominaux. (A. Le Pileur.) Les muscles abdominaux sont très-puissants. (Lacép.) || Où prédomine l’abdomen : La vie sociale, qui va réduisant sans cesse l’emploi des forces physiques, tend à rendre l’homme de plus en plus abdominal.

Côté abdominal, Celui qui, chez la plupart des animaux, est tourné vers le sol ou repose dessus. || Membres abdominaux, Ceux qui tiennent au bassin, chez les animaux vertébrés. || Nageoires abdominales, Celles qui, chez les poissons, représentent les membres abdominaux des autres vertébrés. || Plumes abdominales, Celles qui garnissent le ventre des oiseaux. || Segments abdominaux, Ceux qui, par leur réunion, forment l’abdomen, dans les animaux articulés.

ABDOMINAUX s. m. pl. (ab-do-mi-nô). Ichthyol. Poissons malacoptérygiens, chez lesquels les nageoires ventrales sont suspendues sous l’abdomen, derrière les pectorales. Cet ordre comprend la plus grande partie des poissons d’eau douce.

— Entom. Insectes coléoptères pentamères, famille des carabiques, distingués par la prédominance de l’abdomen sur le thorax.

ABDOMINO-CORACO-HUMÉRAL adj. et s. m. (ab-do-mi-no-ko-ra-ko-u-mé-ral — du lat. abdomen, bas-ventre ; corax, corbeau, et humérus, épaule). Anat. Se dit d’un des muscles de la salamandre, qui s’étend de l’humérus à l’abdomen, et qui ressemble au bec d’un corbeau.

ABDOMINO-GUTTURAL, ALE adj. (ab-do-mi-no-gut-tu-ral). Anat. Se dit d’un des muscles de l’abdomen de la grenouille. S’empl. aussi comme subst. masc. : L’abdomino-guttural.

ABDOMINO-HUMÉRAL adj. et s. m. (ab-do-mi-no-u-mé-ral — du lat. abdomen et humerus). Anat. Se dit d’un des muscles de la grenouille, qui s’étend de l’abdomen à l’humérus.

ABDOMINOSCOPIE s. f. (ab-do-mi-no-sco-pi — du lat. abdomen, et du gr. skopein, examiner). Méd. Exploration de l’abdomen par la palpation et la percussion.

ABDOMINO-THORACIQUE adj. (ab-do-mi-no-to-ra-si-ke — rad. abdomen et thorax). Qui a rapport à l’abdomen et au thorax.

ABDOMINO-UTÉROTOMIE s. f. (ab-do-mi-no-u-té-ro-to-mi — du lat. abdomen, ventre ; utérus, matrice, et du gr. tome, section, coupure.) Chirurg. Incision pratiquée sur les parois de l’abdomen et de l’utérus pour en extraire le fœtus. V. Opération césarienne.

ABDON, dixième juge des Israélites, succéda à Abialon en 1164 av. J. C., et mourut en 1144.

ABDUCTEUR adj. et s. m. (ab-duk-teur du lat. abductor, formé de ab, hors, et ducere, conduire). Anat. Se dit de tout muscle qui produit le mouvement d’abduction : Muscle abducteur. L’abducteur de l’œil. Les constricteurs des paupières sont renforcés dans les orgueilleux, et les abducteurs dans les ivrognes et dans les spéculateurs, qui ont le mouvement de l’œil grave et constant. (L.-J. Larcher.)

— Les différents muscles qui portent le nom d’abducteurs sont : L’abducteur du petit doigt, l’abducteur de l’œil, l’abducteur de la cuisse, l’abducteur de l’oreille, l’abducteur du gros orteil, l’abducteur du petit orteil, l’abducteur court du pouce, l’abducteur long de la main et l’abducteur transverse du gros orteil.

ABDUCTION s. f. (ab-duk-si-on — du lat. abductio ; V. Abducteur). Anat. Mouvement qui écarte un membre, une partie quelconque du plan médian, que l’on suppose diviser le corps en deux moitiés symétriques. || On donne également ce nom au mouvement par lequel les doigts de la main ou du pied s’écartent de celui du milieu : L’abduction des doigts du pouce. (Paré.)

— Art milit. Action de faire passer, dans une marche, une file ou plusieurs files en arrière : Dans le récit de la retraite de Xénophon, ce général mentionne clairement des abductions auxquelles il avait recours pour le passage des défilés. (Gén. Bardin.)

— Log. Argumentation où le grand terme est contenu dans le moyen terme, mais où celui-ci n’est pas intimement lié avec le petit terme.

— Philos. Élimination d’une ou de plusieurs propositions considérées comme désormais inutiles à la démonstration qu’on cherche à simplifier.

ABDUL-MEDJID, sultan de Turquie, né en 1823, m. en 1861, succéda à son père Mahmoud, en 1839, huit jours après la bataille de Nézib gagnée par Ibrahim-Pacha, c’est-à-dire au moment le plus critique de la lutte entre la Turquie et l’Égypte. La diplomatie européenne arrêta Ibrahim, qui marchait sur Constantinople, et deux traités garantirent au jeune roi l’intégrité de l’empire ottoman, et lui permirent de continuer les réformes commencées par son père. Sous son règne, le sort des chrétiens a été considérablement amélioré, par le hatti-schérif de Gulkhané, 3 nov. 1839 ; par le hatti-houmaioum, 18 fév. 1856, et enfin la création du Tanzimat, qui confirmait et garantissait toutes les réformes. Il eut à réprimer de nombreuses insurrections en Albanie, en Syrie, en Bosnie et dans le Monténégro. Menacé par la Russie en 1853, il fut soutenu l’année suivante par la France et l’Angleterre, et la guerre d’Orient eut pour résultat de faire entrer la Turquie, par le traité de Paris, 30 mars 1856, dans le concert européen.

ABEAUSI, IE (a-bo-zi) part. pass. du v. Abeausir : Temps abeausi.

ABEAUSIR v. n. ou intr. (a-bo-zir — rad. beau). Mar. Devenir beau : Le temps abeausit.

S’abeausir, v. pr. S’empl. dans le même sens qu’au neutre : Le temps s’abeausit.

ABÉCÉ s. m. (a-bé-sé — réunion des lettres a, b, c, avec une prononciation figurée). Livre pour apprendre à lire aux enfants : Un abécé. Des abécés. Apprendre son abécé. Le peuple dit chez nous : L’enfant étudie l’abécé. (Volney.) V. abc.

— Clef d’un chiffre, d’un alphabet de convention : On trouva bientôt les abécés de ces lettres, et on put facilement les lire. (Hist. de Charles VIII.)

ABÉCÉDAIRE adj. (a-bé-sé-dè-re — du lat. abecedarius, même sens). Qui concerne l’abécé, qui a rapport à l’alphabet : Livre, ouvrage abécédaire.

— Élémentaire, et, par ext., Médiocre, mal fait :

C’est une loi d’État parmi nous en vigueur
Qu’un homme sans génie a le droit d’être auteur
Que maçonnant sans art un livre abécédaire,
Il peut impunément ruiner un libraire.
Guyetand.

— Fig. Qui est à l’abécé, aux études de l’enfance : Le précepteur sera tenu d’instruire, tant par lui-même que par ses préposés, les jeunes enfants abécédaires de la ville de Montpellier et de leur apprendre à lire et à écrire. (Arrêt du gr. Conseil.)

— Par ext. Qui n’a fait aucune étude, qui est d’une ignorance complète : C’est un docteur abécédaire. Rien de plus honteux et de plus ridicule qu’un vieillard abécédaire. (La Grange.) || Se dit des choses, dans le même sens : Ignorance abécédaire, ignorance complète. Il y a une ignorance abécédaire qui va devant la science, une autre doctorale qui vient après. (Montaigne.) || Se dit des poëmes dans lesquels les premières lettres de chaque strophe ou verset suivent l’ordre alphabétique : Poëme abécédaire. Psaume abécédaire. Hymne abécédaire. || Conforme à la classification de l’alphabet : Ordre abécédaire.

ABÉCÉDAIRE s. m. (a-bé-sé-dè-re — rad. abécé). Livre où l’on apprend l’alphabet, les principes de la lecture : Il faut donner un abécédaire à cet enfant. Il n’existe pas encore de bons abécédaires. Il aidait beaucoup plus les enfants à faire de petits bateaux et des cocottes avec leurs abécédaires, qu’il ne leur apprenait à lire. (Balz.) L’abécédaire où Gœthe apprit à lire n’a point été un livre inutile. (Renan.)

— Fig. Éléments d’une science, d’un art quelconque : Abécédaire d’archéologie. Abécédaire de musique. Abécédaire du naturaliste. Abécédaire de l’histoire de France.

— Un homme ignorant : C’est un abécédaire. || A désigné autrefois un maître d’école.

Abécédaire vocal, Ouvrage destiné à préparer les élèves au chant.

— Bibliogr. Abécédaire de la nature, Nom donné par Bacon à un traité spécial, dans lequel il devait indiquer l’ordre dans lequel il fallait distribuer les divers objets d’étude pour en rendre la connaissance plus facile.

— s. m. pl. Hist. relig. Anabaptistes qui prétendaient que, pour être sauvé, il fallait ne pas savoir même l’alphabet.

ABÉCÉDAIRE s. f. (a-bé-sé-dè-re — rad. abécé). Bot. Plante de l’Inde qui passe pour avoir la propriété de délier la langue des enfants auxquels on la fait mâcher, ce qui lui valut son nom. On l’appelle aussi Cresson de Para.

ABÉCÉDAIREMENT adv. (a-bé-sé-dè-re-man — rad. abécédaire). D’une manière abécédaire, élémentaire.

ABÉCÉDARIEN s. m. (a-bé-sé-da-ri-ain — rad. abécédaire). Hist. relig. Sectaire anabaptiste, appelé aussi abécédaire.

ABÉCÉDÉ s. m. (a-bé-cé-dé — réunion des quatre premières lettres de l’alphabet avec leur prononciation). Alphabet, petit livre de lecture : Un abécédé. Des abécedés. Acheter un abécédé.

— Par ext. et fig. Se dit d’un livre mal fait, d’un journal mal écrit : Plats abécedés, plats journaux ! (La Bruy.)

ABECQUANT (a-bè-kan) part. prés.  du v. Abecquer.

ABECQUÉ, ÉE (a-bé-ké) part. pass. du v. Abecquer : Ces oiseaux ont été abecqués. Des oiseaux abecqués par leur mère. (Littré.) || On écrit aussi abéqué.

ABECQUEMENT s. m. (a-bè-ke-man — rad. abecquer). Action de donner la becquée : L’abecquement d’un oiseau.

ABECQUER v. a. ou tr. (a-bé-ké — rad. bec). Donner la becquée : Abecquer un oiseau. Et, par ext. : Abecquer un enfant.

— Fauconn. : Abecquer l’oiseau, Lui donner une partie du pât pour le mettre en appétit.

— Fig. Allécher, affriander.

S’abecquer, v. pr. Se donner la becquée, en parlant des petits oiseaux. || On écrit aussi abéquer.

ABÉE s. f. (a-bé — du vieux mot bée, ouverture, auj. baie. La lettre a est due à une transposition dont notre langue offre un grand nombre d’exemples. On disait autref., en distinguant l’article du substantif, la bée : Pierrot Vellier entra de nuit au dit hostel du dit Pierre par la bée d’une fenestre (1389). La bée est devenue l’abée, et enfin, sans article, abée). Ouverture par laquelle coule l’eau qui fait aller un moulin ; ouverture par laquelle l’eau a son cours quand les moulins ne tournent pas.

ABÉIDIDE s. m. (a-bé-i-di-de). Nom d’une dynastie de princes mahométans.

ABEILLAGE s. m. (a-bé-iage — rad. abeille). Se disait autrefois pour désigner un essaim d’abeilles.

— Droit en vertu duquel un seigneur pouvait prendre une certaine quantité d’abeilles, de cire ou de miel, sur les ruches de ses vassaux. || Droit en vertu duquel les essaims d’abeilles non poursuivis appartenaient au seigneur justicier.

ABEILLAUD s. m. (a-bè-io — diminut. d’abeille). Bourdon, frelon : Touchant les bourdons ou frelons, qu’en plusieurs endroits de Languedoc l’on appelle abeillauds, c’est une espèce d’abeilles naissant avec les bonnes. Virgile les appelle ignavum pecus. (Olivier de Serres.)

ABEILLE s. f. (a-bè-lle ; ll mouillées. Notre alphabet n’a pas de signe pour rendre nettement ce son — du lat. apis ou apes, diminut. apicula, par la substitution de la labiale b à la labiale p, et par des transformations successives de la finale, dont notre langue ne donne pas d’exemple. On trouve cependant avette : Déjà la diligente avette boit la marjolaine et le thym). Mouche à miel : L’esprit se plaît à voltiger de cà et de là, sur les fleurs, comme les abeilles. (D’Ablancourt.) Les abeilles vont recueillir avec soin le suc des fleurs odoriférantes pour en composer leur miel. (Fén.) La première cellule d’une abeille ressemble à la dernière. (Buff.) Ils revenaient dans leur ville, comme un essaim d’ abeilles à la ruche après le butin. (Marmontel.) Avant-garde des laboureurs, les abeilles sont le symbole de l’industrie et de la civilisation, qu’elles annoncent. (Chateaub.) L’instinct physique éloigne l’ abeille de la fleur qui lui est mortelle. (E. Sue.)

L’hymen est inconnu de la pudique abeille.
Delille.
Tantôt, comme une abeille, ardente à son ouvrage,
Elle s’en va de fleurs dépouiller le rivage.
Boileau.
Comme on voit les frelons, troupe lâche et stérile,
Aller piller le miel que l’abeille distille.
Boileau.
Telle on voit au printemps la diligente abeille
De Flore en bourdonnant butiner la corbeille
***
Puis un léger soupir de ses lèvres coula
Aussi doux que le vol d’une abeille d’Hybla !
Lamartine.

— Fig. et par comparaison, se dit des personnes : Xénophon a été surnommé l’abeille attique. (Acad.) Rollin a, par ses ouvrages d’histoire, enchanté le public : c’est l’abeille de la France. (***) Quant à mon livre de l’Esprit des Lois, j’entends quelques frelons qui bourdonnent autour de moi ; mais si les abeilles y recueillent un peu de miel, cela me suffit. (Montesq.) C’est contre le bourdonnement de ces frelons que je vous demande votre secours, ma gentille abeille du Parnasse. (Volt.) Il récoltait la science en véritable et infatigable abeille politique. (Balz.) Les écrivains sont des abeilles dont les naturalistes ont oublié la classification. (Balz.) Un excessif bon marché, une cherté excessive, voilà Paris, où toute abeilletrouve son alvéole, où toute âme s’assimile ce qui lui est propre. (Balz.)

Sa bouche étroite est si vermeille !
Son visage a tant de fraîcheur !
Hélas ! qui ne serait abeille
Auprès d’une si belle fleur !
Cité par Salentin (de l’Oise).

— Se prend quelquefois par opposition à frelons, pour indiquer la peine sans le profit et le profit sans la peine : Les profits ont été pour les frelons de la ruche et non pas pour les industrieuses abeilles. || C’est dans ce sens que Virgile a dit :

Sic vos non vobis mellificatis, apes.
(Et le miel de l’abeille est formé pour autrui.)

Pas de l’abeille, En Égypte, Sorte de danse lascive.

Abeille d’or, Récompense accordée par quelques sociétés savantes.

— Le manteau impérial de Napoléon Ier était semé d’abeilles d’or. Aussi on a dit quelquefois figurém. les abeilles, pour l’Empire.

— Titre de plusieurs recueils périodiques et de plusieurs ouvrages : Abeille médicale. Abeille du Nord. Abeille poétique. Abeille du Parnasse.

— Astron. Constellation méridionale, appelée aussi Mouche indienne.

Encycl. Zool. Les abeilles appartiennent à l’ordre des hyménoptères, sous-ordre des aiguillonnés, famille des apiaires. Ces insectes ont six à huit lignes de longueur, le corps velu et d’un brun fauve, six pattes et quatre ailes membraneuses. Ils sont armés d’un aiguillon caché, mobile, très-acéré, qui se trouve à l’extrémité de l’abdomen, et qui est le conducteur d’un venin sécrété dans deux vésicules placées sur les côtes du canal intestinal. Leur bouche est munie d’une trompe avec laquelle ils puisent, dans les nectaires des fleurs, la liqueur sucrée dont ils font le miel. On distingue dans les abeilles trois sortes d’individus : des mâles, des femelles et des neutres ou ouvrières ; ces dernières ne sont, du reste, que des femelles dont les organes reproducteurs sont demeurés à l’état rudimentaire ; elles sont donc impropres à la reproduction, et leur mission spéciale est de donner des soins à la postérité des reines ou femelles fécondes. Les abeilles mâles, que l’on nomme faux bourdons ou improprement bourdons, frelons, sont un peu plus grosses que les travailleuses ; elles se distinguent par leur corps plus velu, leurs yeux très-gros et l’absence d’aiguillon. Les femelles ou reines sont plus grosses que les mâles ; elles ont la tête triangulaire et l’abdomen beaucoup plus allongé. Les sociétés que forment les abeilles sont fort nombreuses. Chacune d’elles se compose ordinairement d’environ quinze à vingt mille individus rassemblés dans une sorte d’habitation appelée ruche. Les mâles n’y comptent guère que pour un vingt-cinquième, et dans la même ruche on ne souffre qu’une seule reine ou femelle féconde. Parmi les abeilles ouvrières, les unes recueillent dans la corolle des fleurs les matériaux dont elles forment la cire et le miel, et construisent avec la cire les cellules destinées à recevoir et à loger les œufs : ce sont les cirières ; les autres, appelées nourrices, paraissent avoir pour fonction spéciale de nourrir le couvain, c’est-à-dire les larves issues de ces œufs. Les mâles sont destinés à féconder la reine, et, leur mission remplie, sont tués par les ouvrières. La reine est l’âme de la ruche ; sans elle pas de travail ; nourrir et élever la jeune famille d’une abeille féconde, est le mobile nécessaire de l’activité des travailleuses.

Une seule reine peut pondre jusqu’à 30,000 œufs ; ainsi son rôle est d’être littéralement la mère de son peuple. De ces œufs les uns doivent produire des femelles semblables à elle ; les autres des mâles ; les autres, en plus grand nombre, des ouvrières sans sexe. L’œuf déposé dans chaque cellule y éclôt par la seule chaleur de la ruche : c’est d’abord un petit ver blanc, auquel plusieurs fois par jour une ouvrière vient apporter à manger : puis ce ver file une coque soyeuse dans laquelle il subit la transformation en chrysalide ; enfin, parvenu à l’état d’abeille, il perce sa prison et apporte son concours à la communauté. Notons que la grandeur et la forme des cellules varient selon qu’elles doivent servir de berceaux à des neutres, à des mâles ou à des femelles. L’extrême fécondité de la reine ne tarde pas à amener, avec l’excès de population, la nécessité des émigrations. Lorsque l’espace manque à la communauté, une partie des habitants de la ruche va s’établir ailleurs. Cette colonie errante porte le nom d’essaim. S’il se trouve deux reines dans un même essaim, il y a entre ces rivales un combat à outrance, dont les ouvrières demeurent toujours simples spectatrices, et qui finit par la mort de l’une des combattantes. Parmi les nombreuses espèces d’abeilles que l’on connaît, les unes vivent en société, les autres sont solitaires. Chez les abeilles qui vivent réunies, on appelle villageoises celles qui ne sont pas sous la dépendance de l’homme, et domestiques celles qu’on élève pour en recueillir le miel et la cire.

— Hist. Si l’on en croit les Grecs, ce serait Aristée, roi d’Arcadie, qui aurait inventé l’art d’élever les abeilles ; selon d’autres auteurs, il faudrait rapporter à Gorgoris, roi d’un peuple d’Espagne, l’usage du miel comme aliment et comme médicament (1520 av. J.-C). Les anciens avaient sur les abeilles un grand nombre d’idées fausses. Ils croyaient que ces insectes venaient de la putréfaction. Dans le quatrième livre des Géorgiques, Virgile nous enseigne que, pour reproduire les abeilles, il faut tuer un jeune taureau, l’enfermer dans une cabane et l’y laisser se corrompre : « Au printemps suivant on voit, dit-il, naître de cette corruption des vers qui ne tardent pas à devenir des abeilles. »

Pour les anciens, la reine était un roi, et ce roi n’avait pas d’aiguillon. Plusieurs devises ont été faites sur ce roi sans aiguillon. Louis XII entrant dans Gênes parut en habit blanc semé d’abeilles d’or avec ces mots : Rex non utitur aculeo (le roi n’a pas d’aiguillon). Le pape Urbain VIII portait des abeilles dans ses armes ; on mit au-dessous ce vers latin : Gallis mella dabunt, Hispanis spicula figent (le miel pour la France, l’aiguillon pour l’Espagne). Un Espagnol répondit : Spicula si figent, emorientur apes (quand l’abeille pique, elle laisse dans la blessure et son dard et sa vie). Le pape fit répondre par ce distique :

Cunctis mella dabunt, nulli sua spicula figent,
Spicula nam princeps figere nescit apum.

(Elles auront du miel pour tous et des blessures

pour personne, car le roi des abeilles n’a pas d’aiguillon.)

— Méd. La piqûre des abeilles produit une assez vive douleur, ordinairement suivie d’une petite tumeur ronde, dure et circonscrite, et de rougeur érysipélateuse. Il faut d’abord extraire l’aiguillon, qui demeure souvent dans la plaie, puis faire sur celle-ci des fomentations avec de l’extrait de saturne ou de l’ammoniaque liquide. À défaut d’autre substance, on emploie l’eau salée.