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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 2, An-Ar.djvu/220

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cabinet ne m’a pas demandé moins de deux heures, n Peu usité dans eo sens. — Action do s’approprier une chose : L’ap-

kéritage. Le gibier tombe frappé par le plomb du chasseur : ^’appropriation en est sur-le-

'.-même, sur les choses de la nature, aucune puissance ^appropriation. (Proudh.) Sous le régime ^’appropriation individuelle, ' celui qui n’a ni travail ni revenu n’a plus qu’à sortir de la nie par le suicide, s’il ne préfère s’en voir chassëpar la famine. (Proudh.) il Action do rendre propre a un usage, à une destination : ^’appropriation du sol à la culture, //appropriation d’un local à une fabrique, au service d’un hôpital.

— Théol. Sorte de fiction par laquelle on attribue certaine opération à une Personne de la sainte Trinité plutôt qu’à telle autre, quoique cette opération soit commune à chacune des trois Personnes : La’ création est attribuée au Père par appropriation.

— Méd. Action naturelle par laquelle les sucs nutritifs se transforment et passent dans l’économie animale.

— Ane. ehim. Action par laquelle deux corps qui, par eux-mêmes, ne peuvent se combiner, sont rendus propres à la combinaison par un troisième.

— Antonyme. Désappropriation.

approprié, ÉE (a-pro-pri-é) part. pass.

du v. Approprier. Mis en état de propreté : Maison appropriée. Appartement, lorjement approprié, h Rendu propre à, adapté à -.Palais approprié à l’habitation du souverain. Style approprié au sujet. Langage approprié à la circonstance. Des remèdes appropriés aux qualités des corps. (A. Paré.) Les vêtements doivent être appropriés à la forme de notre corps, et ne gêner aucune fonction. (Maquel.) Le temps est une sorte d’éternité appropriée auo choses mortelles. (Chateaub.) Combien sont rares les livres appropriés à la première jeunesse/ (Villem.) À un ordre abusif, la Révolution en a substitué un plus conforme à la justice et plus approprié à nos temps. (Mignet.)

— Dr. can. Bénéfice approprié, Revenu attaché à quelque dignité ou à une communauté religieuse desservie par un vicaire.

APPROPriement s. m. (a-pro-prî-man). Ane. jurispr. Syn. de appropriance.

APPROPRIER v. a. ou tr. (a-pro-pri-é — du lat. appropriare ; formé de ad, à ; proprius, propre, convenable ; prend doux i de suite à la ir« et à la 2" personne du pi. de l’imparf. de l’indic, et du prés, du subj. : Nous appropriions ; que vous appropriiez). Nettoyer, mettre en état de propreté : Approprier un appartement, un logement. Approprier une chambre, un cabinet. Confiez-lui le soin de cette maison, il /’aura bientôt appropriée. (Acad.) J’aigrand’peine à croire que la loutre ait l’habitude dapproprier sondomicile. (Buff.) Notre vieille portière monta t, à une heure fixe pour approprier la chambre. (Ba !z.) Il n’y a qu’une ■ femme pour savoir APPRQPRULRainsiunménage. (Balz.f

— Adapter, rendre propre à une destination. S’empl. dans le sens physique et dans le sens moral : Approprier tes remèdes, les médicaments, au tempérament, à la constitution des malades. Il faut approprier les lois aux mœurs, aux opinions, aux temps, au climat. (Boiste.) Il sera difficile cTapproprier ce que j’ai à dire au tribunal où je comparus. (J.-J. Rouss.), Le premier mérite d’un écrivain est <f approprier ses pensées et son style à la matière qu’il’ aborde. (La Harpe.) Les lettres approprient toute la nature à notre usage. (B. de St-P.) Le chanvre, le fin seraient des végétaux sans valeur, si l’art ne savait les approprier à nosgoûts. (J.Droz.) Auximsiècle, l’Église romaine, si habile dans l’art J’apfroprier sa domination au mouvement des esprits, semble les pousser vers l’étude et la science. (Villem.)

S’approprier, v. pr. Se rendre propre une chose, en faire sa propriété, se lattribuer : S’approprier le travail d’un autre. Peu à peu, ■ il s’appropria tes biens dont il n’avait que la simple administration. (Acad.) On ne s’approprie les choses qu’on possède que par leur emploi. (J.-J. Rouss.) Ils veulent s approprier les richesses qui appartiennent au roi. (Le Sage.) Une contrée déserte et inhabitée est la seule qu’on puisse s’approprier. (Rayn.) Les mauvaises herbes s’approprient une partie de la nourriture des plantes utiles, et en hâtent le dépérissement. (Chaptal.) Les spéculateurs et les fabricants s’appropriaient avec jalousie le temps des ouvriers. (Portalis.) C’est pour traverser la vaste étendue des mers que l’homme s’est approprié l’usage de la boussole. (Alib.) Bonaparte s’occupa de maintenir les relationsavec les contrées voisines, afin de conserver et de s’approprier le riche commerce de l’Égypte. (Thiers.) Le penchant de l’homme le porte à s’approprier le poisson qu’il a péché, l’oiseau qu’il a abattu, ou le fruit qu’il a fait naître. (Thiers.) L’Angleterre s’est approprié perpétuellement des procédés qui ont trouvé sur son territoire plusieurs applications. (Bccquey.) Le sol appartient à celui qui se J’approprie par le travail. (L. Faucher.)

— Fig. : Je m’approprie de telle sorte vos joies et vos déplaisirs, que ce sont les bonnes et les mauvaises nouvelles que je reçois devons qui me font mes bons et mes mauvais jours.

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(P.-L. Balz.) Ils prennent de la cour ce qu’elle a de pire ; ils s’en approprient la vanité, la mollesse, l’intempérance et le libertinage. (La Bruy.) Il est un art de s’approprier les pensées d’autrui, de les rendre siennes par la manière dont on les exploite. (La Bruy.) Louis XIV

plaisance admirables. (St-Sim.) C’est l’esprit des grands maîtres qu’il faut tâcher de s approprier. (D’Aguoss.) Notre grande étude est celte de connaître les faiblesses des grands, pour mous les approprier. (Mass.) C’est le caractère des hommes de s’approprier peu à peu les grâces qu’ils obtiennent. (Vauven.) Si je n’ai pas hésité à m’approprier plusieurs des inspirations d’un poète que j’admire, plus souvent aussi je me suis mis en opposition avec lui, pour rester moi-même. (C. Delav.) Le mérite qui distingue la philosophie est celui de s’approprier la vérité, en s’en rendant compte. (V. Cousin.) // est des plaisirs qu’il n’est pas donné à la fortune de s’approprier, de monopoliser pour elle seule. (Lamart.) Nous nous arrêtâmes pour mieux nous approprier du reyard ce magique horizon. (Lamart.)

— Se conformer à, se mettre à la portée do : S’approprier à ses auditeurs, à ses lecteurs. La Bruyère songe plus que Pascal et La Rochefoucauld à s’approprier au public, (D. Nisard.) Jamais savant ne sut rendre la science plus lucide ; jamais professeur ne sut mieux s’appropriera sonauditoire.{Vù Mirée.) Il faut savoir s’entendre avec ses voisins, et

S’adapter, convenir : La campagne, ainsi abandonnée, avait un caractère de grandeur sauvage gui s’appropriait à notice situation. (Vital,) Ce discours s’approprie exactement.à la situation. (Guéroult.) Méditez bien là-dessus, et vous verrez que l’axiome s’approprie d la difficulté qui vous effraye. (P. Leroux.)

APPROOAGE, nom d’un quartier et d’une rivière de ’a Guyane française. V. Guizaii-

approuvaule adj. (a-prou-va-ble — rad. approuver). Qui peut ; qui doit être approuvé :

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NT (a-pro

v. Approuver : On gâte les enfants en approuvant tout ce qu’ils disent, et même leurs sottises. APPROUVÉ, ÉE (a-prou’-vé) part. pass. du v. Approuver. Qui est jugé bon, louable, digne d’estime : Il prétend ainsi se couvrir de la doctrine des docteurs approuvés. (Boss.) Ce sont des maximes universellement reçues, approuvées, autorisées. (Mass.) Il regardait, non pas ce qui serait le plus approuvé, mais ce qu’il croyait le plus équitable. (Fléch.) Et, pour être approuvés.

De semblables projets veulent être achevés.

« Racine.

h Reconnu, recommandé comme bon par une autorité supérieure : Méthode d’enseignement approuvée par ’- -■—-•— -"— ->—

l’écriture ci-dessus.

Il Dans ce sens, est toujours invariable.il Substantiv, L’approuvé, La formule même d’approbation : l’acte est dressé, mais il y manque /’approuvé. L’engagement de payer une somme ou une chose appréciable doit être suivi d’un bon ou approuvé. (Ch. Vergé.) Le bon ou approuvé est nécessaire en matière de billet, cautionnement et dépôt. (Ch. Vergé.)

APPROUVER v. a. ou tr. (a-prou-vé — lat. approbare ; formé de ad, à ; probare, prouver). Agréer une chose, y consentir : Befuser o’ap- prouver un engagement, un mariage. Il leur dit qu’il ne pouvait approuver une distinction si odieuse. (La Bruy.) Idoménée approuvera tout ce que vous jugerez à propos de faire. (Fén.) Les deux parties intéressées approuvèrent les conditions proposées. (Le Sage.)

— Juger, trouver bon, louable, digne d’estime : /approuve son style, mais non pas ses idées. (Acad.) Approuvez-vous une conduite si étrange ? (Acad.) Nous approuvons des plaisirs que notre conscience condamne. (Mass.) Je gage que tout le monde approuvera mon choix. (Mol.) Lorsqu’on attaque une pièce qui a eu du succès, n’est-ce pas attaquer plutôt le jugement de ceux qui Tont approuvée, que lart de celui qui la faite ? (Mol.) Qu’est-ce qu’un public bizarre, qui approuve et qui condamne tout de travers ? (Volt.) Quand je te rends compte de mes observations et de mes jugements, c’est pour que tu les corriges et non que tu les approuves. (J.-J. Rouss.) La nuit suivante, je vis avec joie qu’elle avait approuvé mon hommage. (B. de St-P.) Les vices que la société approuve s’ennoblissent par le nombre et l’autorité des coupables. (Giraud. J Masséna s’approuva pas te coup d’État du 18 brumaire. (L.-J. Larcher.)

Chacun semble des yens approuver mon courroux

Le singe approuva fort cette sévérité.

La Fontaine.

Je veux que le devoir puisse approuver ma flammi Je ne veux aimer qu’une fois.

Lamartine.

11 Se dit en parlant des personnes : Dieu approuve ceux qu’il remplit de son esprit. (Pasc.) Pour la plupart des gens, j’aime mieux les approuver que de les écouter. (Montesq.)

Ce n’est pas que j’approuve, en un sujet chrétien, Un auteur follement idolâtre et païen.

Boileau.

— Peut avoir une proposition pour complément direct : Je «’approuve pas que vous fassiez cette démarche. On «’approuva pas qu’il voulût ensuite commencer le combat. (Volt.)

— Autoriser par acte authentique : L’uni>versité vient d approuver cet ouvrage. La faculté de médecine n’a pas voulu approuver ce remède. Plusieurs conciles ont approuvé cette doctrine. (Boss.)

S’approuver, v. pr. Être approuvé : Ces choses-là s’approuvent tout bas, mais ne se défendent pas au grand jour. (A. Karr.)

x, je m’approuve i

■ûjet


Il So trouver récipr. louables, dignes d’estime : Les hommes ne se goûtent qu’à peine les uns les autres, et n’ont qu’une faible pente à s’approuver réciproquement. (La Bruy.)

— Syn. Approuver, applaudir, goûter. V.

Applaudir.

— Antonymes. Blâmer, censurer, condamner, critiquer, décréditer, décrier, dénigrer, déprécier, désapprouver, discréditer, fronder, improuver, redurguer (vieux), réprouver, vitupérer (vieux).

aPprovandement s. m. (a-pro-van-deman — du vieux mot approvander, fournir des provisions, des vivres). Ane. jurispr. Somme allouée à un blessé pour subvenir à ses besoins. Il On écrit aussi aprovandement, aproven-

DEMENT et APPROVENDEMENT.

approvander v. a. ou tr. (a-pro-van-dé — rad. provande ou provende). Vieux mot. Fournir do provisions. Il On écrit aussi, apro-

APPROVISIONNANT

part. prés, du v. Appi

approvisionné, ÉE (a-pro-vi-zi-o-né) part. pass. du v. Approvisionner : Ville, citadelle bien approvisionnée.

APPROVISIONNEMENT s. m. (a-pro-vi-zi-one-man — rad. approvisionner). Action d’approvisionner une ville, une armée, une

flotte, etc. : De riches moissons servent à l’approvisionnement d’Athènes. (Barthél.) il Provisions, choses rassemblées : Cette place a un approvisionnement suffisant pour, six mois.

mais d’éventualités qui varient d’une année à l’autre ; en agriculture, le travail est dans une certaine mesure subordonné à des forces dont il ignore les lois et dont il ne peut prévoir les effets ; de là, la iscessité de faire des réserves dans les années d’abondance pour combler le déficit des récoltes trop faibles, ou de tirer de l’extérieur, lorsqu’il y a insuffisance dans la production des pays, le complément nécessaire. Le soin de faire ces réserves a toujours été laissé à la prévoyance et a l’activité individuelles pour la population des campagnes, des villages et des petites villes. Mais on a cru longtemps que, pour les grandes villes l’approvisionnement par l’État, pi >•- ^ <■■

r „..... jtorité

offrait des garanties, une sécurité que ne présentait pas Vapprovisionnement par le commerce, par la liberté : de là le soin qui incombaitaux gouvernements ou aux administrations locales d entretenir des réserves permanentes, des greniers d’abondance, ou de former ces réserves chaque fois que l’état des récoltes leur faisait prévoir une époque de disette ou de cherté excessive.

Les économistes ont très-bien montré les inconvénients qui résultent de ces opérations. ■ En premier lieu, dit M. A. Clément, les informations d’après lesquelles l’administration se détermine à faire procéder à des achats pour former les réserves, ne sauraient jamais avoir un degré suffisant de certitude : aucun maire de village ne pourrait savoir exactement ce

que sa commune produit année par année

En second lieu, le public, qui ne sait pas combien ces renseignements ont peu de valeur, se persuade qu’il y a certitude acquise sur l’insuffisance de la récolte, lorsqu’il voit l’administration se préoccuper de réserves à faire pour les grands centres de population ; en conséquence, l’alarme se répand, tous ceux qui n’ont pas à compter sur la prévoyance administrative s’empressent de faire ou de grossir leurs approvisionnements particuliers, et la demande s accroît spontanément sur tous les marchés ; d’un autre côté, les fermiers, les meuniers et tous les détenteurs de grains partageant la croyance générale et craignant de se trouver au dépourvu pour les fournitures auxquelles ils se trouvent toujours plus ou moins engagés d’avance envers les marchands, les boulangers, etc., ralentissent leurs ventes le plus possible ; en sorte que l’offre se restreint en même temps que la demande s’étend, d’où résulte nécessairement la rapide élévation des prix. En troisième lieu, enfin, l’intervention Je l’administration publique dans les achats de grains a pour effet inévitable d’arrêter les opérations du commerce libre ; car

aucun spéculateur doué de la moindre prudence ne peut vouloir soutenir la concurrence d’administrateurs qui n’agissent pas pour leur compte, et n’opèrent pas à leurs propres risques, qui, en conséquence, ne visent nullement a faire des bénéfices, et qui même, le plus souvent, s’attendent à vendre à plus bas prix qu’ils n’auront acheté. »

Ainsi, d’après les principes dé*Téconomîe politique, l’approvisionnement par voie d’autorité va contre le but même qu’il se propose ; d’une part, il est impuissant à atteindre ce but ; de l’antre, il paralyse la force qui peut seule l’atteindre, d’est-Ji-dire le libre mouvement des intérêts. En un mot, l’action de l’État en matière d’approvisionnement ne peut marcher de concert avec celle du commerce ; il faut que l’une ou l’autre se charge de tout ; il faut, ou se reposer complètement sur la prévoyance et la responsabilité de l’État, ou ne rien attendre que de la fatalité économique.

L’histoire a confirmé pleinement les enseignements de l’économie politique en ce qui concerne les mesures prises accidentellement par l’autorité pour gurantir le public d’une disette attendue. En 1789, le ministre Necker, jugeant, d’après les renseignements qu’il avait recueillis, que la récolte était insuffisante, fit acheter à l’étranger 1,400,000 quintaux de b !ê ; puis il annonça a l’Assemblée nationale que 800.000 quintaux étaient déjà arrivés ; il comptait sans doute que cette déclaration ferait baisser le prix du blé ; elle le fit au contraire monter aussitôt dans tous les marchés, et cependant un observateur ex act^t très-digne de foi, qui parcourait la France dans cette même année 1789, affirme que partout on lui dit que la récolte avait été ordinaire, et que rien, avant l’annonce de M. Necker, ne semblait devoir faire hausser le prix. En 1811, l’administration crut qu’il y.avait dans la récolte un déficit de 80 millions d’hectolitres. Dès le mois d’août elle créa un conseil des subsistances, et accapara une grande quantité de grains qu’elle fît moudre elle-même et vendre à Paris. L’effet de ces mesures fut de répandre l’alarme dans toute la France et de faire hausser partout le prix du blé ; à Paris, le sac de farine monta rapidement de 72 à 80 fr., puis à 84, à 9ï, à 100, et atteignit, le u avril 1812, le chiffre de 140 fr. Cependant la volonté de l’État (elle s’appelait alors Napoléon) redoublait d’efforts pour garantir l’approvisionnement de Paris, sans sa douter que ces malencontreux efforts n’aboutissaient qu’a augmenter la hausse. Et cependant le déficit n’était pas aussi grand au on se l’était imaginé, car l’importation de 1SU et 1812 ne dépassa pas 1 million d’hectolitres, c’est-à-dire la consommation d’environ sept ou huit jours pour toute la France. Lors de la disette de 1846 et 1847, l’intervention administrative eut une influence en sens contraire de celle qu’elle avait exercéo en 1811 et 1812. Vers les derniers mois de 1846. le ministre, fort rie ses tableaux officiels, crut devoir annoncer que les inquiétudes qui commençaient à se répandre sur l’insuffisance de la dernière récolte n’étaient en rien fondées ; cette annonce, qui devait être démentie par les faits (il fallut importer plus de 13 millions d’hectolitres de blé j, eut l’inconvénient de retarder on d’amoindrir les achats que le commerce aurait pu faire à l’extérieur en temps plus opportun.

Quant aux approvisionnements permanents par voie d’autorité, ils n’appartiennent plus aujourd’hui qu’à l’histoire. C/a été un des triomphes de l’esprit économique ou individualiste sur l’esprit socialiste, et un de ses triomphes les plus dignes d’attention, que d’avoir complètement supprimé le rôle traditionnel de l’État dans cette matière. La légende de Joseph vendu par ses frères et devenu ministre d’un Pharaon en Égypte, nous offre le premier exemple des greniers d’abondance. A Athènes, nous voyons des agorauomes commissaires généraux des vivres, des sitones qui allaient acheter du blé a l’étranger, des empiméliies

?ui tenaient l’état des denrées arrivées et en

aisaient payer le prix aux marchands, des sitophylaces, gardiens des greniers, des sitométrarques, mesureurs de grains, des epsanomes, chargés de tout ce qui était relatif aux viandes et qui réprimaient le luxe des festins, des mnamones, préposés à la distribution du vin, et condamnant à l’amende ceux qui eu buvaient trop. Dans l’ancienne Rome, on pourvut aux approvisionnements par Vannone et par la frumentation (V. ces mots). Au moyen âge, on voulut aussi assurer l’approvisionnement des grandes villes. En 1170, des marchands constitués en corporation sous le nom de matelots parisiens {naulœ parisiaci), furent chargés d’approvisionner Paris par la Seine et ses affluents. Jusqu’en 1791, le commerce d’approvisionnement’ fut réglementé comme l’industrie ; à cette époque tombèrent les monopoles et les privilèges ; plus tard, un décret consulaire nous rendit ceux des boulangers et des bouchers, en leur imposant des réserves et des dépôts de farine pour garantir l’approvisionnement des villes. Chaque boulanger dut déposer sous la garde de la villo 15 sacs de fartne de première qualité du poids de 3î5 livres, et conserver en outre chez lui un approvisionnement de 60, 30 ou 15 sacs, selon l’importance de sa maison. Une ordonnance royale du 21 octobre 1818 éleva le dépôt de garantie à 24 sacs, et l’approvisionnement chez le boulanger à 140, 110, 80 ou 30 sacs, selon l’importance de la boulangerie.