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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 2, An-Ar.djvu/409

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ART-

Esprit de l’Art poétique de Boileau.

— La rime est une esclave, et ne doit qu’obéir.

V. Rime.’., .

— Ce ne sont que festons, ce ne sont qu’astragales.. V. FESTON3.

— Passer du grave au doux, du plaisant au sévère.

V. Grave.

— Enfin Malherbe vint

  • V. Venir.

— Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément.

V. Concevoir.

— Sans la langue… l’auteur le plus divin. Est toujours, quoi qu’il.fasse, un méchant écrivain. V. Langue

—.Vingt fois sur le. métier remettez votre ouvrage : Polissez-le sans cesse et le repolissez. V. MÉTIER.

— Faites-vous des amis prompts à vous censurer. V. Censurer.

— Un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire. V. Sot.

— Chez elle (l’ode) un beau désordre est un effet de l’art. V. Art.

— Un sonnet sans défaut vaut seul un long poème.

V. Sonnet.

— Le latin dans les mots brave l’honnêteté.

V. Latin. "

—... Le lecteur français veut être respecté.

, V. ’ "

—’O le plaisant projet d’un poète ignorant, Qui de tant de héros va choisir Childebrand ! V. Childebrand. —Il n’est point de degré du médiocre nu pire. V. MÉDIOCRE.

•étalent.,

V. — OUVRAUES DIVERS.

Cent pages de ce Dictionnaire ne suffiraient pas à l’ènumération complète des ouvrages qui ont été publiés sur les. arts, ce mot pris dans ses différentes acceptions. Nous nous bornerons a citer les plus estimés parmi ceux qui embrassent plusieurs branches de l’art ; on trouvera aux mots Architecture, Peinture, Sculpture, Gravure, etc., l’indication des livres qui se rapportent à chacun de ces arts en particulier. ■.,

Les Beaux-arts réduits à un même principe, par Batteux (Paris, 1746, m-it).

De l’Art de voir dans les beaux-arts, trad. de l’italien de Milizia, par Pommereul (Paris, 1798, in-8°).

Théorie générale des beaux-arts (Atlgmeine théorie der schoenenkunste), par J.-G. Sulzer (Francfort, 1798, 4 vol. in-8o). —’ Leçons sur l’histoire et la théorie des beauxarts, ’^ A’.-G. Schlegel, trad. par A.-F. Couturier (Paris, 1S30, in-8°).

Philosophie dès arts du’ dessin, par M. P,- À. Mazure (Paris, 1838, in-8o). „ Du Beau dans les arts d’imitation, avec un

. Essai sur la nature, le but et, les moyens de l’imitation dans les beaux-arts, fur Quatremèrede Quiney. (Paris, 1823, in-8°),

Essai sur l’idéal dans ses applications praL tiaues, etc^, par le même (Paris, 1837, in-8°). 1 Du sentiment considéré dans ses rapports avec la littérature et les arts, par P.-S. Ballanche (Lyon, 1801, in-8<>). "Essai sur le beau pittoresque, par’W, Gilpin (Breslau, 1799, in-8«).

Dictionnaire abrégé de peinture et d’architecture, par l’abbé de Marsy (Paris, 1746, 2"vol. in-8o)..

t Dictionnaire de peinture, de sculpture et de gravure, par Pernetty (Paris, 1757, in-8»).

; Dictionnaire des arts de.peinture, sculpture

et gravure, par Watelet et. Lévêque (Paris, 1792, 5 vol. in-8°)., .

Dictionnaire des arts du dessin {Dixionario dette belle arti del disegno), par Fr. Milizia (Bassano, 1797, s vol. in-so)*

'■’Dictionnaire des beaux-arts, fat Millin (Paris, 1806, 3 vol. in-8o).

■ Encyclopédie méthodique des beaux-arts Œnciclopedia metodica délie belle arti), par P. Zani (Parme, 1819, 29 vol. in-8o.

Dictionnaire des arts du dessin, -pat J.-B. Boutard (Paris, 1826, in-8»).

.Dictionnaire général des lettres, des beaux- àrfï, .etc.i par Th. Bacbelet etDezobry (Paris, Î862, -,2 vol. gr, in-8°).. :

. Dictionnaire des beaux-arts, publié depuis 1858 par l’Académie des beaux-arts (in-4°).

Lexique universel des beaux-arts (Lexicon universale délie belle arti). Zurich, 1763.,

Grammaire des arts du dessin, par Ch. Blanc (Gazette des beaux-arts, 1862 et suiv.). à Le Moyen âge et la Renaissance, par Paul Lacroix et F. Séré..

ART

Monuments des arts du dessin..., recueillis parle baron Denon (Paris, 1829, ’4 vol. in-fo)^

Études sur l’histoire des arts ou Tableau des progrès et de la décadence de la statuaire et de la peinture antiques au sein des révolutions qui ont agité la Grèce et l’Italie, par P.-T. Déchazelle (Paris, ’ 1834, 2 vol. in-S»).

Cabinet des singularités d’architecture, sculpture et gravure, par Florent Le Comte (Paris, 1699-1700, 3 vol. in-12).

Anecdotes des beaux-arts, par Nougaret (Paris, 1775-1781, 3 vol. in-8»).

Dictionnaire des artistes, par l’abbé de Fontenay (Paris, 1776, 2 vol, in-go).

Études sur les beaux-arts, depuis leur. origine jusqu’à nos jours, par F.-B. de Mercey (Pans, 2 vol. in-8o, 1856).

Curiosités de l’histoire des arts, par P.-L. Jacob (Paris, 1858, in-18).

Dictionnaire des arts et métiers, par Jaubert (Paris, 1773, 5 vol. in-8°).

Dictionnaire des manufactures, arts et métiers (Encyclop. méthodique), ’par Roland de la Platrière (Paris, 1785-1790, 6 vol. m-40).

Dictionnaire technologique (Paris, 1822-35, 22 vol. in-8», et 42 cah. de pi.).

Encyclopédie technologique (Technologische Encychpaedie), par J.-J. Prechtl (Stuttgard, 1829-41, in-8<>).

, Dictionnaire technologique universel (Universai technologieal dictionary), par G. Crabb (Londres, 1823, s vol. in-4»).’.

Dictionnaire de l’industrie, etc., par D"* (Duchesne). (Paris, 1801, 6 vol. in-8".)

Dictionnaire de l’industrie manufacturière, commerciale et agricole, par A. Baùdrimont, Blanqui aîné et autres (Paris, 1834-41, 10 vol. in-go).

Annales des arts et manufactures (Paris, 1799-1817, 60 vol.).

Description des arts et métiers, par l’Académie des sciences (Paris, 17Sl, 113 cah. in^fo).

Dictionnaire de technologie, par M. du Chesnel (Paris, 1857, in-8°, collect. Migne). ’.

Dictionnaire des arts et manufactures, de l’agriculture, des mines, etc., par’ Ç.’ Laboulaye et autres (Paris, 3e édit., 1865, chez Lacroix-Comon).

Le livre d’or des métiers, par Paul La^ croix, etc. (Paris, 1849 et suiv.)

Histoire des classes ouvrières, par Levas- ’ seur (Paris, 1858, 2 vol. in-8°).

L’Industrie contemporaine, par. A. Audiganne (Paris, 1855, in-8<>).

Rapport sur l’application des arts à l’industrie, par M. de Laborde (Se vol. des Travaux de la Commission française du jury international de l’Exposition universelle de Londres).

Art (V) d’assassiner les rois, enseigné par les jésuites ; imprimé à Londres, en 1696.

Art de bien vivre ; Paris, 1492.

Art de connaître les femmes.

Art de rendre les femmes fidèles ; Paris, 1713.

Art de faire des garçons.

Art de plumer la poule.

Art déplaire dans la conversation.

Art de désopiler la rate, en prenant chaque feuillet pour se T. le D., ouvrage rare et curieux, cité par Brunet, et publia, si l’on en croit l’auteur, qui a jugé à propos de garder l’anonyme, l’an des Folies 175886. C’est un recueil de nouvelles, bons mots, singularités, anecdotes burlesques, historiettes, fatras, polissonneries, rébus, traits, épigrammes, vieux contes, etc., etc., qui prouve que l’esprit grivois et français remonte plus haut qu’en l’an de grâce 1865, où nos très-spirituels chroniqueurs désopilent trop souvent la rate de leurs abonnés avec des ingrédients qu’ils donnent comme étant de leur invention, et qui ne sont que des plate de conserve dont, il y a plus de cent ans, se sont régalés nos pères.

Et, enfin, le plus singulier de tous :■ , Art (V) de péter, essai théori-physique et méthodique, en Westphalie, chez Florent Q..., rue Pet-en-Gueule, au Soufflet ; Paris, 1751, avec 2 figures, dont l’une représente le dieu Crépitus ; livre souvent réimprimé... Le lecteur s’attend peut-être à ce que le Grand Dictionnaire va lui présenter des excuses ? Mon Dieu, non : ce titre est tiré textuellement du Manuel de l’Amateur de livres, par. le très-savant, très-respectable et très-vieux (aujourd’hui 84.ans sonnés) Jacques Brunet, chevalier de la Légion d’honneur ; et le Manuel, dont le prix dépasse,100 fr., a été honoré de la souscription des personnages, les plus considérables de l’Europe lettrée. C’est parce qu’un dictionnaire, qui a affiché dès les premières pages la prétention courageuse d’être complet et de tout dire, est tenu de remplir le cadre qu’il s’est tracé et de ne reculer devant aucune nécessité de la langue.

Du reste} cette publication, qui ne fait rien de parti pris, s’adresse aux hommes d’étude, aux hommes sérieux, et l’éditeur le fait assez gros pour qu’il ne soit pas pris comme livre de messe.

ART ou ARTII, bourg de Suisse, dans le danton de Schwitz, sur le lac de Zug ; 2,300 hab. Église Saint-Georges, d’une belle architecture.

ARTA, ville de la Turquie d’Europe, dans l’Albanie, et à 60 kilom. S. de Janina, sur le fleuve Arta, non loin du golfe du même nom ; pop. 10,000 hab. Vingt-six églises grecques, sept synagogues et cinq mosquées. Ravagée

en 1816 par une peste qui enleva les deux tiers de la population ; siège d’un évêché grec ; consulat français ; commerce actif, vins, chanvres et bétail. Aux environs, ruines de l’antique Ambracie.

Cette ville a été désignée tour à tour, par les archéologues, sous les noms anciens d’Ambracie, d’Argos Amphiiochicum et d’Argithea ; elle ne possède d’ailleurs que des restes peu importants de constructions antérieures à l’époque byzantine : quelques murs qui couronnent les hauteurs voisines paraissent avoir appartenu à une acropole. Désignée au moyen âge sous le nom d’Acarnanie, et devenue le chef-lieu da la province de ce nom, elle jouit à cette époque d’une véritable prospérité. Cyriaque d’Ancône, qui la visita au xve siècle, vante la beauté de ses édifices. Elle prit le nom d’Arta vers le xie siècle, dans le temps où Michel Ducas bâtit (1071) la cathédrale de l’Annonciade, que les Grecs appellent aujourd’hui la Parigoritza (Consolatrice). Cette église, construite en briques et surmontée de sept coupoles, est depuis longtemps abandonnée : Michel l’avait décorée de deux cents colonnes enlevées aux temples de Nicopolis, et de mosaïques exécutées par les meilleurs artistes de l’époquè ; le fanatisme des musulmans l’a dépouillée de la plupart de ses ornements. Vers le milieu du xn« siècle, l’évêché de Naupacte fut transféré à Arta. Le despote Nicéphore lit construire, en 1357, le château qui existe encore. En 1449, les Turcs s’emparèrent de cette ville et en firent le chef-lieu d’un vaivodilik.

ARTA, ville d’Espagne, dans l’Ile Majorque, province et à 55 kilom. N.-E. de Palma, sur un monticule, non loin de la mer ; 8,875 hab. Aux environs, récolte de coton, carrières de pierres meulières ; belle grotte avec cristallisations curieuses.

ARTA, fleuve de la Turquie d’Europe, dans l’Albanie ; prend sa source au mont Palœrouni, qui fait partie de la’ chaîne du Pindé, à 9 kii. N.-E. de Janina ; baigne Arta et se jette dans le golfe de son nom, après un cours de 100 kil. du N. au S. C’est VAracthus des anciens, appelé aussi Arétho par Tite-Live et Polybe.

ARTA (golfe p’), le golfe Ambracique des anciens, formé par la mer Ionienne, entré la Turquie d’Europe et la Grèce. 40 kilom. sur 15. C’est à l’entrée de ce golfe, sur la côte sud, que se livra.la bataille d’Actium, en 31 av. J.-C.

artaba ou ARTABE s. m. (ar-ta-ba). Métrol. Mesure de capacité usitée en Égypte, du temps des PtoléméeSj après la réforme, philéténenne. On l’appelait aussi bath, quand* on l’employait pour les liquides, et éphd, quand c était pour les grains. Vartaba correspondait, dans les deux cas, à 35 de nos litres. Aujourd’hui, il existe en Perse un artaba pour les matières sèches, qui vaut environ 65 litres 757.

ARTABAN, nom commun à plusieurs rois des Parthes’: Artaban 1er, régna de 216 à 196 av. J.-C., et battit Antiochus III, roi de Syrie ; Artaban II (127-124 av. J.-C), périt dans une bataille contre les Scythes ; Artaban m monta sur le trône vers l’an 18 de notre ère, après avoir détrôné son frère Vononès. Vers l’an 36, il fut lui-même renversé par Tibère et mourut l’an 44 ; Artaban IV, roi l’an 216, fut vaincu par Caracalla, mais il força Macrin à acheter la paix. Artaxerce le vainquit et le détrôna l’an 226 ; en lui s’éteignit la dynastie des Arsacides.

ARTABAN, général hyreanien, commandant des gardes du corps de Xerxès (465 av. J.-C), assassina ce prince, se débarrassa de l’un de ses trois fils et s’empara du trône ; mais il fut tué par Artaxerce, autre fils de Xerxès qu’il avait tenté d’assassiner à son tour.

ARTABAN, héros d’un roman de LaCalprenède, qui a pour titre Cléopâtre. L’auteur montre beaucoup d’imagination : ses héros ont le front élevé ; il offre des caractères fièrement dessinés, et celui d’Artaban a fait une espèce de fortune, car il a passé en proverbe. C’est de là qu’on a dit : fier comme Artaban. L’auteur était de la Gascogne, ce qui a fait dire à Boileau :

ARTABAZE, général de Xerxès, sauva par une savante retraite les 40,000 hommes qu’il commandait à Platée, où Mardonius avait été vaincu, en combattant malgré les avis d’Artabaze.

de participer à la trahison de Bessus. Alexandre le nomma satrape de la Bactriane, en 330 av. J.-C.

ARTABAZE, roi d’Arménie (50 av. J.-C), trompa Antoine et causa en partie ses désastres dans l’expédition contre les Parthes. Dans la suite, le triumvir l’emmena en Égypte, où Cléopâtre le fit mourir l’an 30.

ARTABOTRYS s. f. (ar-ta-bo-triss — du gr. arlaô, suspendre ; botrus, grappe). Bot. Genre de la famille des annonacées, renfermant quatre espèces, qui croissent dans l’Asie équatoriale.

ARTABRUM PROMONTORIUM, nom latin du cap Finistère.

ARTACHKE, architecte ancien qui dirigea

ARTACOANA ou ARTACANA, ville de l’ancienne Perse, cap. de l’Arie. Auj. Pouscheng. ’ ARTAGERA ou ARTAG1CERTA, place forte de l’ancienne Arménie, entre le Tigre et l’Euphrate. Les Romains rasèrent la forteresse 3e cette ville pour venger la mort du fils de Drusus, Caîus César, blessé à mort devant Artagera.

ARTALE (Joseph), poète italien, né en 1628 à Mazzareno (Sicile), mort en 1679. Il suivit la carrière des armes et déploya à Candie la plus impétueuse valeur contre les Turcs. Sa redoutable adresse à l’escrime l’avait fait surnommer le Cavalier sanguinaire. On a de lui : Dell’ Encyclopedia poetica ; Pasife (Pasiphaé) ; la Bellessa atterrata, etc.

artame s. f. (ar-ta-me — du gr. artaâ, je suspends).- Zool. Genre d’aranéides, voisin des thomises.

— Ornith. V. Artamie.

Art amène OU le Grand Cyrus, roman célèbre de Mlle de Scudéry, en 10 vol. in-8», qui fut publié à Paris en 1650, ejt qui parut d’abord sous le nom de son frère, comme ses précédents ouvrages. On ne voit pas trop, au premier coup d’œil, ce que pouvaient offrir d’attrayant a une société brillante et lettrée les expéditions de Cyrus déguisées en aventures

et elle n’ignorait pas que le succès d’un

de ce genre ne peut s’obtenir qu’en flattant les goûts de son époque. Nous voici donc dans le plus splendide salon de l’hôtel Rambouillet, —r-la Perse n’est qu’un voile que nous écarte- *• rons tout à l’heure — au milieu de cette société fameuse dont les conversations ressemblaient à celles du comte de Guiche avec Mil* de Brissac, • tellement sophistiqués, dit Mme de Sévigné, qu’ils auraient besoin d’un truchement pour s’entendre eux-mêmes. • Tous les Personnages du roman couvrent des individualités réelles, vivantes, jusqu’à Artamène, auquel MU" de Scudéry trouva spirituellement un aller ego dans le grand Condè. Le début de l’ouvrage est noble et majestueux ; on se croirait sur le seuil d’une épopée. Sinope, capitale de laCappadoce, révoltée contre Cyaxare, est dévorée par un immense incendie. Artamène, oui s’avançait à la tête de l’avant-garde de 1 armée de ce prince afin de soumettre la ville rebelle, s’élance aussitôt pour combattre la flamme, car c’est à Sinope que Mandane, son amante et fille de Cyaxare, a été conduite, après avoir été enlevée par le roi d’Assyrie.

Celui-ci montre à Artamène, en plei :

une galère qui emporte Mandane avec Mazarej

Ïirince des Saces, et leur commun rival, et il ui propose de différer le combat qui doit vider leur querelle jusqu’à ce qu’ils aient arraché la princesse à son ravisseur. Artamène a la générosité de consentir à cette proposition ; mais tandis qu’il s’efforce de sauver les restes de Sinope, le roi d’Assyrie parvient à s’échapper. Toutefois, il écrit à Artamène pour lui jurer qu’il tiendra sa parole. Cependant Cyaxare arrive avec le reste de l’armée. Bientôt il

réponse d’Artamène. Ces circonstances lui inspirent de violents soupçons sur la fidélité de son général, auquel il demande à voir la lettre du roi d’Assyrie. Artamène, placé dans l’alternative de confirmer les défiances injurieuses du roi ou de trahir sa passion pour Mandane, se contente d’assurer Cyaxare de son respect et de son obéissance, et ce prince le fait alors arrêter et enfermer dans une tour. Comme l’armée et ses principaux chefs murmurent de cette sévérité, Chrysante et Feraulas, confidents d’Artamène, jugent le moment opportun pour dévoiler le secret qui couvre sa naissance. Chrysante apprend alors à l’assemblée des chefs qu’Artamène n’est autre que Cyrus, fils de Cambyse, roi de Perse. Il leur fait le récit do la naissance de Cyrus, leur rapporte les ordres cruels qu’Astyage, roi des Medes, troublé par des prodiges, donne pour la mort de cet enfant, qui est son petit-fils, et la conservation de celui-ci par les soins du berger Mitradate, auquel on l’a confié pour le faire périr. Dès lors, c’est l’histoire de Cyrus qui va se dérouler a nos yeux, mais embellie ou plutôt défigurée par une foule d’incidents sortis de l’imagination de Mlle de Scudéry. Sur cette histoire, déjà quelque peu fabuleuse, l’auteur a greffé un roman où s’entremêlent des aventures incroyables, dés épisodes étrangers au sujet principal, des dissertations alambiquées sur la nature des sentiments, des conversations sans terme, d’où le naturel semble avoir été soigneusement exclu, où tout respire cette préciosité si bien ridiculisée par le maître de notre scène comique. Le mobile de toutes les actions de Cyrus est dénaturé : ce n’est pas l’amour de la gloire ou des conquêtes qui exalte son ambition ; ce n’est plus pour fonder un vaste empire qu’il soumet une foule de nations ; c’est pour retrouver Mandane, qui lui échappe toujours au moment où il croit la saisir, comme une fiancée du roi de Garbe. Cyrus, c’est le roi Arthus des temps antiques, moins les enchantements, beaucoup perfectionnés par la riche imagination des conteurs du moyen âge. Mlle de Scudéry a rapetissé cette grande figure du vainqueur de l’Asie, ea le faisant descendre aux proportions d’un