Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 3, As-At.djvu/129

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hissant la Grèce, fut arrivé avec sa flotte devant le mont Athos, le grand roi, pour éviter les dangers que ses vaisseaux auraient courus en doublant le cap, ht séparer le mont Athos de la terre ferme par un canal dont on a récemment reconnu les traces. Au centre de la presqu’île se trouve le bourg de Karyœ, résidence d’un conseil administratif financier et judiciaire, espèce de synode formé de représentants de tous les monastères. Là aussi se trouve un aga turc, qui exerce la police et perçoit le léger tribut que les moines payent a la Porte.

— La plupart des grands monastères de l’Athos furent fondés par des princes ou des princesses de l’empire de Byzance, Constantin, Théodose, Manuel et Alexis Comnène, Andronique II, Nicéphore ; les impératrices Pulchérie et Théophanie, etc. C'est là que les ambitieux mécontents de la cour de Byzance, les favoris en disgrâce, quelquefois de simples particuliers qu’une grande infortune avait frappés, venaient attendre, les uns la mort, les autres un retour de la faveur du maître. Respectés par la conquête musulmane, ces monastères, visités au XVIe siècle par le célèbre voyageur et naturaliste Belon, ’ sont restés les mêmes jusqu’à nos jours, et suivent la règle de saint Basile. La vie des religieux, distingués en pères et en novices, se partage entre les exercices de piété et différents travaux manuels, tels que la culture de la vigne et de l’olivier, l’élève des bestiaux, etc. • Entre tous les six mille caloyers, écrit Belon dans son vieux langage, à peine en pourroit-on trouver deux ou trois de chaque monastère qui sachent lire et écrire ; car les prélats de l’Église grecque et les patriarches, ennemis de la philosophie, excommunieroient tous les prêtres et religieux qui tiendroient livres et en écriroient ou liroient autres que en théologie, et donnoient à entendre aux autres hommes qu’il n’étoit licite aux chrestiens d’estudier en poésie et philosophie. » Un rapport récent, ajoute M. Uuicini, adressé au ministère de l’instruction publique, par un Grec même, confirme pleinement le témoignage de Belon. Néanmoins, chaque monastère possède une ou plusieurs bibliothèques, riches surtout en manuscrits anciens et du moyen âge, et plusieurs savants ont déjà été envoyés au mont Athos pour essayer de recueillir quelques-uns de ces précieux débris. Malheureusement, les Turcs, ayant occupé à plusieurs reprises les couvents de l’Athos, déchirèrent les manuscrits pour en fabriquer des cartouches, et dégradèrent les marbres, ainsi que la plupart des fresques qui décoraient les églises. D’un autre côté, il faut bien l’avouer, l’ignorance et la barbarie des moines le disputaient à celles des Turcs. Les Scolies d’Homère leur servaient à faire des amorces pour la pêche ; ils calfeutraient leurs portes et leurs fenêtres avec.les Vies des hommes illustres. Pouqueville parle, dans son voyage, d’un frère servant chargé de la boulangerie, qui avait brûlé, petit à petit, pour allumer son feu, une quantité considérable de manuscrits conservés dans une salle du monastère. Aujourd’hui encore, l’état d’abandon des bibliothèques de l’Athos, les volumes jetés pêle-mêle, couverts d’immondices, témoignent assez du peu de cas que font les caloyers des richesses qu’ils possèdent. Elles eussent péri entièrement, si l’attention du monde savant, excitée par les récits de quelques voyageurs, n’eût commencé à se porter vers les bibliothèques de l’Athos, Elles furent explorées à diverses reprises, mais imparfaitement, par les savants de France et d’Allemagne. En 1843, un Grec, M. Mynoïd-Mynas, fut chargé par M. Villemain, ministre de l’instruction publique, d’aller fouiller de nouveau les couvents du mont Athos, et il rapporta de cette expédition quarante ouvrages de littérature, d’histoire, de philosophie, de droit, de médecine, de liturgie. Parmi les découvertes importantes faites au mont Athos, nous citerons le précieux manuscrit des fables d’Ésope, mises en vers coliambiques par Babrius, qui servit à l’édition princeps de cet auteur par M. Boissonade ; le Guide de la peinture, d’après le manuscrit d’un moine agliorite du XVe ou du XVIe siècle ; les fresques du couvent de Sainte-Laure, d’après lesquelles Papety a exécuté de beaux dessins, etc. Le bruit que firent ces découvertes, en éclairant les moines Sur la valeur de leurs trésors, les a rendus soupçonneux, et ils se montrent aujourd’hui très-difficiles à permettre l’accès de leurs bibliothèques aux étrangers. Leur hospitalité même s’en est ressentie, et plus d’un voyageur, venu pour visiter en détail les monastères de l’Athos, a dû devancer l’époque de son départ, parce que Vhégoumène, trompé par quelque indiscrète question, avait cru reconnaître en lui un de ces missionnaires envoyés d’Angleterre et de France pour leur ravir leurs inutiles trésors et en doter le monde savant.

ATHOUS. Myth. Surnom donné à Jupiter, parce qu'il avait un temple sur le mont Athos.

ATHOUS s. m. (a-to-uss — du gr. atkôos, innocent). Entom. Genre de coléoptères pentamères sternbxes, dont on compte plus de cinquante espèces, qui appartiennent presque toutes à i’Europe.

ATHRIBIS ou ATHARRHABIS, ville de l’ancienne Égypte, dans la partie orientale de la basse Égypte, sur la rive droite du bras du Nil nommé autrefois Athribitique, et appelé aujourd’hui bouche de Damiette. Sous le gouvernement des empereurs romains, cette ville, siège d’un évêché, eut une importance remarquable. Les ruines d’Athribis se voient encore près du village d’Atrib ou Trieb.

ATHRICHIE s. f. (a-tri-kî — du gr. a pviv. ; thrix, trichas, cheveu). Entom. Genre de diptères athéricères.

ATHRIXIE s. f. (a-tri-ksî — du gr. a priv. ; thrix. cheveu). Bot. Genre de plantes’ do la ramille des composées, tribu des sénécionidées, comprenant des sous-arbrisseaux, semblables aux asters, et qui croissent à Madagascar ou au Cap de Bonne-Espérance.

ATHROÏSME s. m. (a-tro-i-sme — du gr. athroizô, je rassemble, j’entasse). Figure de rhétorique qui consiste dans une accumulation d’arguments par lesquels on veut prouver une même proposition. Cette figure est plus souvent appelée accumulation. (V. ce mot.) Certains rhéteurs l’appellent encore synathroïsme.

— Bot. Genre de plantes de la famille des composées, voisin des sphéranthes, comprenant une seule espèce, qui croît dans l’Inde orientale.

ATHRONIE s. f. (a-tro-nî). Bot. Syn. i’ac-

ATHROTOME s. m. (a-tro-to-me — du gr. athroos, serré ; tomos, division, article). Entom. Genre de coléoptères tétramères, voisin des charançons, et comprenant une seule espèce, qui vit à Madagascar.

ATHROZOPHYTE s. m. (a-tro-zo-fi-tedu gr. athroizô, je réunis ; phuton, plante). Bot. Nom donné par Necker aux algues dont les frondes s’accumulent par suite d’une évolution continue du végétal.

ATHRUPHYLLE s. m. (a-tru-fl-le — du gr. athroos, serré : phullon, feuille). Bot. Espèce d’ardisie de la Cochinchine. C’est un bel arbre, dont on emploie le bois dans les constructions.

ATHY, petite ville d’Irlande, dans le comté de Kildare, sur le Barrow, à 60 kilom. de Dublin. Commerce important de grains ; navigation active. Elle tut prise par les Irlandais en 1308, puis reprise et brûlée par Bruce en 1315 ; 5,300 hab.

ATHYLACE s. m. (a-ti-la-se — du gr. a priv. ; thulax, bourse). Mamm. Genre de carnassier placé parmi les mangoustes.

ATHYMBRUS. Temps hér. Héros qui fonda la ville de Nysa, en Carie.

ATHYMIE s. f. (a-ti-mî — du gr. athumia ; formé de a priv. ; thumos, courage). Méd. Découragement, abattement, tristesse, qui s’empare quelquefois des malades.

ATHYR ou ATHOR s. m. (a-tir, a-tor). Chron. Le troisième mois de l’année solaire des anciens Égyptiens, correspondant à notre mois de novembre.

ATHYR, déesse. V. Athor.

ATHYRE s. m, (a-ti-re — du gr. athuros, sans porte). Bot. Syn. du genre gesse, de la famille des légumineuses.

ATHYRÉE s. m. (a-ti-ré — du gr. a priv. ; thureos, écusson). Entom. Genre de coléoptères pentamères lamellicornes, voisin des scarabées, et qui se trouve au Brésil.

ATHYRION s. m. (a-ti-ri-on — du gr. a priv. ; thurion, petite porte). Bot. Genre de plantes de la famille des fougères.

Encycl. Le genre athyrion présente les caractères suivants : sporanges naissant à la face inférieure des feuilles ; sores oblongs, arrondis, disposés sur les nervures secondaires en séries parallèles à la nervure médiane ; iudusie persistante, réniforme, continue par sa base a la nervure secondaire, et libre dans le reste de son étendue ; feuilles deux ou trois fois pinnatiséquées, roulées en crosse au moment de leur naissance. La principale espèce est l’athyrion fougère femelle, connue vulgairement sous le nom de fougère femelle, herbe vivace à souche épaisse, couverte d’écrailles minces, scarieuses, à feuilles de cinq à dix décimètres, disposées en touffe d’un vert gai, qu’on trouve dans les bois, dans les lieux humides et ombragés, où elle fructifie de juin à septembre.

ATHYTE adj. (a-ti-te — du gr. athutos ; formé de a priv., et thuà ; je sacrifie). Antiq. gr. Qui est privé de sacrifices, || Indigne d’être offert en sacrifice ; qui n’est point agréé par les dieux.

— s. m. Sacrifice sans victime, tel qu’en offraient les pauvres.

ATIA ou ATTIA, nom d’une famille plébéienne de Rome, dont la mère d’Auguste faisait partie. Elle avait, au sujet de la naissance de cet enfant providentiel, renouvelé la fable d'Olympias, mère d’Alexandre, prétendant qu'Apollon, sous la forme d’un dragon, l’était’venu visiter et l’avait rendue mère.

ATIBAR s. m. (a-ti-bar). Comm. Nom que les habitants du Congo donnent à la poudre d'or. les Européens en ont fait tiber, mot qui a la même signification.

ATICHE s. m. (a-ti-che). Pêch. Bandelette qui entoure le tranchant d’un haim.

ATILIA, nom d’une gens romaine demeurée plébéienne, sauf la branche des Longus.

Les principaux personnages de cette gens sont :

Lucius Atilius, jurisconsulte qui vivait dans le VIe siècle av. J.-C. Il faut un des commentateurs de la loi des Douze-Tables ;

Lucius Atilius, tribun du peuple vers 311 av. J.-C., auteur de la loi qui conférait au peuple le droit de nommer seize tribuns militaires pour les quatre légions qu’on levait annuellement ;

Murcus Atilius, poète comique d’une époque incertaine. Il est classé parmi les cinq premiers poètes comiques romains. Il ne reste de lui que les titres de quatre comédies

ATILIA. Dans la législation des anciens romains, nom donné à plusieurs lois importantes.

ATILICINUS, jurisconsulte romain du ncsiècle de notre ère. Il ne reste rien de ses écrits, mais le Digeste et les Institutes le citent sou vent comme une autorité.

ATIN ou ATIR s. m. (a-tain, a-tii).’Astr. Étoile de première grandeur, que l’on nomme aussi Ai.nÉuARAN. Elle appartient à la constellation zodiacale du Taureau.

ATINA, ville du royaume d’Italie, terre de Labour ; 6.800 hab. C’est l’ancienne Atinum des Romains.

ATINATES, nom d’un peuple de l’ancienne Italie, sur les bords du Liris ; faisait partie de la confédération des Marses.

ATINGA ou ATINGUE s. m. (a-tain-ga). Ichth. Espèce de poisson ""du genre diodon, qui habite les mers du Brésil, et que l’on

ATINGANTS s. m. pl. (a-tain-gan — du gr. a priv. ; thigyanô, je touche). Hist. relig. Sectaires phrygiens qui mêlaient des pratiques juives, chrétiennes et païennes, et avaient surtout en horreur le contact des autres hommes. Ils vénéraient particulièrement Melchisédech. || On dit aussi athingan et athinganien.

ATINGUE. V. Atinga.

ATINIA, nom de deux lois romaines.

ATINTÉ, ÉE (a-tain-tô) part. pass. du v, Atinter : Une paysanne burtesquement atintée.

ATINTER v. a. ou tr. (a-tain-té). Pop. Parer avec trop d’affectation ; orner avec mauvais goût. Peu usité.

S’atinter, v. pr. Se parer avec affectation. Passer son temps à s’atinter.

ATINUM, nom latin d’Atina.

ATIPOLO s. m. (a-ti-po-lo). Bot. Grand arbre des Philippines. On croit que c’est un jaquier.

ATIR. V. Atin.

ATIRSITE s. m. (a-tir-si-te). Bot. Syn. de plantain.

ATITHYMALE s. m. (a-ti-ti-ma-le — du gr. a priv. ; tithumalos, tithymale). Bot. Genre de plantes formé aux dépens des euphorbes, et qui n’a pas été adopte.

ATKARA, petite rivière de la Russie d’Europe, prend sa source dans le gouvernement de Saratow, coule du N. au S., et, après un cours de 58 kilom., se jette dans laMedveditza, près de la ville de Atkarsk.

ATKARSK, ville de la Russie d’Europe, gouvernement et à 80 kilom. N.-O. de Saratow, sur l'Atkara, et près de l'embouchure de cette rivière, dans la Medveditza, ch.-lieu du district de son nom ; 2,200 hab.

ATKHA ou ATSCHA, île de l'archipel des Aléoutes, dans le grand océan Boréal, au S. de la mer de Behring, non loin de la presqu'île du Kamtchatka ; territoire entièrement déboisé et hérissé de monticules. Comptoir de la compagnie russe de l’Amérique ; volcan dans l’intérieur des terres ; 200 hab.

ATKINS (Richard), littérateur anglais, né en 1615, mort en 1677. Il a donné, entre autres ouvrages, un important traité sur l’Origine et les progrès de l’imprimerie en Angleterre, Londres, 1664.

ATKINS (Jean), chirurgien anglais, partit en 1751 comme chirurgien de marine, et navigua ainsi pendant deux années sur les côtes d’Afrique, au Sénégal, au Brésil, dans l’Inde, etc. Il publia à Londres, en 1735, une relation où se trouvent des détails curieux sur les mœurs et les productions des contrées qu’il a visitées.

ATKINSON (Thomas), libraire de Glascow, né en 1800, mort en 1833, s’acquit quelque réputation en littérature. Il a laissé une somme importante pour l’érection d’un édifice destiné aux lettres et aux sciences dans sa ville natale.

ATKYNS (Robert), jurisconsulte anglais, né en 1621, mort en 1709. Il eut une grande célébrité comme avocat, fut créé chevalier du Bain lors du couronnement de Charles II, siégea longtemps dans la chambre des commuues, défendit lord Russell a l’occasion du complot de Rye-House, et remplit de hauts emplois judiciaires. En 1689, il rut créé premier baron de l’Echiquier et speaker de la chambre des communes.

ATLANIQUE s. m. (a-tla-nike — du gr. tlao, soutenir). Art milit. Un des sept ordres de bataille en usage chez les Romains : Par f atlanique, on formait une ligne pleine. | Amazones, situé dans dont tes ailes s’inclinaient en avant pour cerner l’ennemi.

ATLANTA, ville forte des États-Unis d’Amérique (Géorgie), sur une éminence, dans le comté de Fulton ; fondée en 1845 ; 9,445 hab. Entrepôt d’un commerce important de grains et de coton ; centre de tous les chemins de fer de la Géorgie. Cette ville, qui avait embrassé la cause du Sud, est un point stratégique important. Après un siège de plusieurs semaines, pendant lequel les troupes fédérales et confédérées se sont livré des combats sanglants, le général confédéré Hood a dû évacuer le 4 septembre cette ville, et l’abandonner au général fédéral Sherman.

ATLANTE s. m. (a-tlan-te— du lat. Atlas, Atlantis, Atlas). Archit. Figure ou demifigure d’homme, qui tient lieu de colonne ou de pilastre pour soutenir un entablement ou quelque autre ouvrage d’architecture : On voit des atlantes antiques en pierre dans le temple de Jupiter Olympien à Agrigente. (Bachelct.) Les anciens plaçaient des atlantes comme ornement aux deux cotés des navires, ces figures semblaient alors supporter les rames. (Bachelet.) n On donne aussi a ces figures la nom de télamon.

— Moll. Genre de mollusques gastéropodes. à coquille transparente et fragile, renfermant un petit nombre d’espèces, qui presque toutes habitent les mers (les régions chaudes. Una seule se trouve dans la Méditerranée : Let atlantes sont des mollusques nageurs pat excellence. (Deshayes.)

ATLANTÉA. Temps hér. Une des femmes de Danaüs.

ATLANTES, peuple de l’ancienne Afrique centrale, sur le versant méridional du mont. Atlas. Selon Hérodote, ce peuple considérait l’Atlas comme une colonne qui touchait le ciel, et ne mangeait rien de ce qui avait vie. || On appelait encore Atlantes les habitants de l’Atlantide.

ATLANTIADE (a-tlan-ti-a-de — du lat. Atlas, Atlantis, Atlas). Myth. Descendant d’Atlas. Se dit particulièrement de Mercure et des Pléiades. Il On dit aussi atlantidë.

ATLANTIDE adj. (a-tlan-ti-de — du fr. atlante, et du gr. eidos, aspect). Moll. Qui ressemble à un atlante. Il s. m. pi. Famille de mollusques, ayant pour type le genre atlante.

ATLANTIDE, île fabuleuse, sur laquelle différents auteurs de l’antiquité nous ont laissé des récits légendaires, qui ont servi, dans ces derniers temps, de base à plusieurs hypothèses. L’auteur qui s’est étendu le plus longuement sur l’existence de cette contrée disparue est Platon. Il résulte de deux fragments importants de son Critias et de son Timëe, vraisemblablement empruntés à des sources égyptiennes, comme en convient Platon lui-même, qu’à une époque excessivement reculée, les Grecs eurent à résister à une invasion terrible, dirigée contre eux par un peuple sorti de la mer Atlantique, d’une lie plus étendue que la Libye et l’Asie réunies, dont une des extrémités s’avançait non loin des colonnes d’Hercule, c’est-à-dire du.détroit de Gibraltar actuel. Cette lie disparut subitement dans un terrible cataclysme, et fut entièrement engloutie dans les Bots en une nuit et un jour. Ce récit se trouve corroboré par les détails que l’on rencontre dans différents autres écrivains de l’antiquité grecque et latine, comme Homère, Hésiode, Euripide, Strabon, Pline, Elien, Tertullien, etc. Plusieurs savants, en présence de cette tradition assez précise, ont esquivé le problème sans le résoudre, et ont voulu y voir tout simplement une pure allégorie faisant allusion à quelques faits mythologiques. Mais plusieurs coïncidences remarquables nous font bien voir que la légende grecque devait avoir pour point de départ un événement authentique. Nous savons en effet que, dès la plus haute antiquité, les peuples habitant les côtes de la Méditerranée, Carthaginois, Phéniciens, Grecs même, avaient poussé leurs excursions commerciales dans certaines contrées situées au delà des colonnes d’Hercule, qu’on retrouve sous les noms d’îles Fortunées, Iles Elysiennes, terre des Hespérides, etc., et qu’on a voulu identifier, peut-être non sans raison, avec les Canaries, Madère, les Açores. M. de Rienzi résume ainsi la description que Platon nous donne de l’Atlantide et de ses habitants : C’était une des plus belles contrées de l’univers ; l’or brillait dans ses temples ; ses forêts donnaient une grande quantité de bois de construction ; les descendants de Neptune y régnèrent, de père en fils, pendant l’espace de neuf mille ans (qu’Eudoxe réduit à neuf mille mois) ; ils vivaient sobres, vertueux et religieux ; mais plus tard, au lieu de cultiver leurs champs, de se livrer au commerce, de suivre les lois et de respecter les dieux, ils étendirent leur domination, subjuguèrent les îles voisines, toute l’Afrique jusqu’à l’Égypte, et l’Europe jusqu’à la Tyrrhénie. Enfin, Jupiter châtia cette nation impie et guerrière de la manière que nous avons rapportée plus haut.

Plusieurs hypothèses, avons-nous déjà dit, ont été émises pour expliquer l’existence de cet immense continent submergé par un déluge subit. Ainsi Oviédo, un des premiers, a voulu rattacher l'Atlantide à l'Amérique, opinion que nous examinerons plus en détail tout à l’heure, et l’a identifiée avec le pays des Amazones, situé dans l'Amérique méridionale. Rudbek a cru y reconnaître la Scandinavie. Latreille a essayé de placer l’Atlantide dans