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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 4, Au-Az.djvu/137

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il, se multiplieraient à l’infini ; l’autorité eçclé- i siastique, abandonnée à elle-même, serait sans force pour les réprimer. V venir considérait ce langage comme une calomnie pour le clergé, et voici comment il y répondait : « S’il était vrai que l’Église de France, sans !e secours* de l’évêque extérieur, fût à la veille de sa" ruine ; s’il était vrai que cette Église fût tombée aussi bas que vous la placez, nous demanderions encore à la loi civile la liberté du mariage des prêtres, afin de n’avoir plus pour frères que des hommes dignes de l’être, afin que le sanctuaire ne présentât plus le spectacle d’une milice retenue par la violence dans une infernale pureté. • Ce n’était pas seulement par la voie des journaux que les adversaires ecclésiastiques de l’Avenir combattaient ces doctrines ; un vaste système de correspondances privées avait encore été imaginé pour en prémunir autant que possible le clergé inférieur.

. À côté de ces attaques vinrent se placer de nombreuses adhésions, qui témoignent de quelles idées le jeune clergé était alors animé. L’abbé Doney, alors vicaire général de Besançon, aujourd’hui évêque de Montauban, écrivait, moins de huit jours après la publication du premier numéro : « Vous avez exprimé les vrais sentiments du clergé. » « La séparation, disait un ecclésiastique du diocèse de Sens, est le vœu de" tout léclergé du diocèse, à l’exception d’un petit nombre d’esclaves. » A Orléans, un chanoine ne s’effrayait pas du mot schisme : ■ Oui, s’écriait-il, vous préparez un schisme, mais avec le budget de l’État ; ce schisme généreux est nécessaire au salut de l’Église ; c’est par ce schisme que le clergé reprendra cette dignité et cette puissance morale qu’il a perdue sous l’accablante protection du gouvernement. « Un érudit découvrait, dans le discours prononcé par Fénelon à l’occasion du sacre de l’électeur de Cologne, des arguments en faveur de cette séparation. « Que l’État garde son argent, disait une lettre écrite collectivement par un certain nombre de curés et desservants du Midi ; nous le désirons, nous le voulons ; qu’il reprenne, si bon lui semble, les maisons qu’il nous prête. Nous Serons affranchis de la suzeraineté d’un maire, des menaces ironiques d’un préfet, et la liberté, de mieux en mieux comprise, mettra hommes et choses à leur place respective. » « Nous attendons avec impatience, écrivait un autre groupe d’ecclésiastiques, que nos supérieurs légitimes nous donnent le signal par leur «ixeiiilîle. » Cette invitation de renoncer à son traitement n’eut, il faut le dire, aucun effet sur 1 episcopat.

Les adhésions aux idées libérales, les déclarations d’indifférence puur le sort de la dynastie déchue, no ûrent pas non plus défaut. « Jo omis, Jisait une de ces lettres, à la raison des siècles, au progrès et à la loi du développement. Je crois a la nécessité d’une alliance entre le catholicisme et le libéralisme. Cette alliance me paraît le seul moyen de détruire la haine profonde qui égare les âmes les plus éclairées, et que partagent plus ou moins les masses, trop disposées en général à confondre l’œuvre de Dieu avec celle de quelques hommes. » À ce sujet, l’Aoenir avait déjà reconnu que le droit divin n’excluait pas la souveraineté du peuple, et que, si cette dernière doctrine avait fait du mal, c’était en grande « partie la faute du clergé catholique. Il avait également pris à tâche de séparer la cause du catholicisme de celle de la légitimité. ■ Nous déclarons hautement, écrivaient un assez grand nombre de curés bretons, vouloir tout ce que vous voulez, et de la manière dont vous le voulez. L’idée de révolution ne nous vient qu’avec les drapeaux qui l’annoncent. Les changements de gouvernement ne nous touchent que fort peu. • ■ Pas de pape civil, écrivait-on de la même province. Gouverne qui voudra, pourvu qu’on n’opprime pas le culte. » La Gazette de France tut tellement émue par ces manifestations, qu’elle se déclara prête à accepter une religion sans superstition et sans fanatisme,

La révolution de Juillet avait, avons-nous dit, créé une situation assez difficile au clergé. Les empiétements commis sous la Restauration rencontraient alors leur inévitable châtiment. M. de Broglie, ministre des cultes, exigeait l’observation rigoureuse des ordonnances de 1828, notamment de celles qui étaient relatives au régime des séminaires. Ce ministre, qui pensait que l’enseignement des séminaires ne devait pas se borner à la science du dogme, à la connaissance de la liturgie et aux cérémonies de l’Église, qu’il fallait encore former les aspirants au sacerdoce pour les temps où ils vivent, invitait les évêques à remplacer ceux des professeurs de ces établissements oui’ne remplissaient pas ces conditions. L’ordonnance du 25 décembre 1830 prenait des

précautions pour que les chaires des facultés de théologie, les sièges épiscopaux, les chapitres, les cures des chefs-lieux de département, d’arrondissement et de canton fussent occupés par des ecclésiastiques donnant à la fois des garanties de lumière et de modération. Ces mesures ne furent pas du goût de Y Avenir, qui les présenta comme ayant pour But de former un clergé docile à toutes les volontés du pouvoir, de dévaster l’épiscopat, de préparer l’oppression du clergé de second ordre par on clergé supérieur choisi par des ministres ■qui pourraient être protestants, juifs ou athées. Un episcopat sorti de la main de pareils mi AVE

nistres était, disait Lamennais, un episcopat jugé : « Qu’il le veuille ou non, cet episcopat sera traître à la religion, et sera parricide. Ces évêques plieront le clergé à une tremblante devant les " ~’~* ’""

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avait un peu’plus raison dans se :

critiques d’une circulaire préfectorale, qui faisait de la loi la divinité politique des peuples et lui attribuait un pouvoir s’étendant sur toui et partout, ainsi que dans ses appréciations d’un ordre donné par un procureur général

Eour enlever et iirùler les croix placées dans is salles d’audience. Les messes et mandements commandés à l’occasion de la fête du roi excitaient à assez juste titre son indignation : • Il viendra un temps, disait-il, où l’on rougira d’assister à une messe célébrée par ordre, les incrédules pour ne pas faire une lâcheté, les croyants pour honorer leur foit »

À plusieurs reprises, des efforts furent faits pour entraîner VAvenir dans le parti légitimiste ; il y résista constamment, et la manifestation qui eut lieu, le M février 1831, dans l’église Saînt-Germain-l’Auxerrois, ne fut nulle ■ part aussi sévèrement réprouvée que dans ses colonnes. Il la qualifia de trahison contre les « hommes et contre Dieu, en traita les auteurs de sacrilèges conspirateurs^ et les accabla de la plus vive indignation. « Catholiques, disait à ce sujet Lamennais, songez à vos descendants ; ils ne vous demanderont pas compte de la monarchie, mais de la religion, que notre devoir est de leur transmettre pure comme vous l’avez reçue. Il y a quelque chose de plus grand que la royauté, c’est la foi. Il y a quelque chose de plus grand qu’un Bourbon, c’est Dieu. Rompez donc, rompez pour toujours avec des hommes dont l’incorrigible aveuglement met en péril cette religion sainte, qui sacrifient leur Dieu à leur roi, et qui, s’ils prévalaient, dégraderaient vos autels jusqu’à n’être plus qu’un trône. »

Les rédacteurs de l’Avenir, conséquents avec leurs principes, se montrèrent, dans certaines circonstances, tout autant hommes d’action qu’écrivains. À l’occasion de ces émeutes continuelles au milieu desquelles se passèrent les.derniers mois de 1830, quelques journaux du gouvernement, trompés sans doute par leurs partisans, prétendirent qu’au milieu des personnes excitant au désordre, la police avait arrêté des ecclésiastiques. L’Avenir mit immédiatement le préfet de police en demeure

de livrer ces ecclésiastiques aux tribunaux. Le fait était faux. — Dans les grandes villes, et sur un grand nombre de points du territoire, l’exercice du culte était fort entravé. Afin de porter remède à ce mal, les rédacteurs

fense de la liberté religieuse. Sous ses auspices se formèrent, dans un grand nombre de chefs-lieux d’arrondissement, des associations ayant.pour but de déférer aux tribunaux ordinaires et administratifs tous les actes publics et privés commis contre la liberté du ministère ecclésiastique. Ces associations eurent pour adversaires le gouvernement et le journal du clergé gallican, l’Ami de la Religion. M. Barthe, qui était alors ministre des cultes, les qualifia, dans une circulaire aux évêques, de repaires de carlistes. Presque partout, la seule invitation des évêques suffit à en amener la

À Paris, l’agence générale se fondant sur la charte pour conclure à l’abrogation du décret impérial qui soumettait l’ouverture des écoles publiques à l’autorisation préalable du gouvernement, ouvrit de son chef une école rue des Beaux-Arts. Le gouvernement la fit immédiatement fermer. Les trois instituteurs, qui étaient MM. Lacordaire, de Coux et de Montalembert, furent traduits devant les tribunaux. Le père de M. de Montalembert étant venu à mourir pendant le cours de la procédure, ce fut la cour des pairs qui, par suite, se trouva juge de cette affaire. Les trois prévenus furent condamnés à 50 fr. d’amende. Les deux procès que l’Aoenir eut à subir devant le jury eurent encore une issue plus heureuse : Lamennais et Lacordaire y furent acquittés. En province, les agences en correspondance avec l’agence centrale ouvrirent également des écoles sans solliciter l’autorisation gouvernementale. La fermeture ne put, dans certaines localités, être aussi immédiate qu’à Paris, les instituteurs de ces écoles libres ayant pris soin de les tenir dans des maisons complètement dépourvues de portes et de. fenêtres, ce oui arrêtait pendant quelque temps l’apposition des scellés. Partout les frais des procès, auxquels donnèrent lieu ces actes, furent couverts par des milliers de souscripteurs, parmi lesquels on vit figurer des membres du haut clergé et même un évêque. L’Avenir était néanmoins, en défaveur auprès du haut clergé, qui alors professait presque unanimement les doctrines gallicanes". Cependant ce journal était encore une puissance avec laquelle, en certaines circonstances, il fallait compter. Le gouvernement devait en faire l’épreuve. Le siège épiscopal de Beauvais étant devenu vacant, une ordonnance royale y avait nommé M. l’abbé puillon. L’Auem’r, qui reprochait à cet ecclésiastique d’avoir osé administrer les sacrements à l’ancien évêque de Jîlois, le comte Grégoire, provoqua parmi le clergé du diocèse de Beauvais une manifestation devant laquelle le gouvernement fut obligé de reculer.

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En sa qualité dé champion de ’la liberté d’enseignement, l’Avenir ne surveillait pas avec moins de sollicitude les actes du ministre de l’instruction publique. Il poursuivit de ses railleries le projet sur l’instruction primaire présenté dans la première session de 1831. « Nous avons, disait-il, la liberté de l’enseignement primaire, comme nous aurions la

liberté de la presse si les journalistes devaient, avant d’écrire, obtenir un certificat de la police générale. Un bon projet sur l’instruction primaire devrait être conçu en deux articles. Article premier : Tout Français est libre d’avoir des écoles, à la seule condition d’avoir des élèves. — Article second : Les pères de familles sont chargés, chacun en ce qui le concerne, d’aviser à l’exécution de la présente loi. •

En appréciant l’Avenir à distance, d’après le nom de ses principaux rédacteurs et le bruit causé par les questions qu’il souleva, on est assez disposé à crqire que ce fut là un journal spécial, ou tout au moins qu’il ne fut pas plus politique que ne l’est aujourd’hui telle ou telle feuille religieuse. Il n’en est rien. L’Avenir fut tout autant un journal politique que n’importe quel autre de son temps. M était saiis doute médiocrement satisfait des résultats de la révolution de 1830 ; il ne voyait aucun avantage bien Sérieux au remplacement des gentilshommes campagnards qui avaient rempli les chambres do là Restauration par’les légistes, les industriels et les commerçants, auxquels les élections, faites à la suite de la révolution de Juillet, avaient ouvert la porte du palais Bourbon ; à la place d’une loi électorale dont les combinaisons fiscales assuraient la prépondérance aux électeurs patentés sur les

électeurs propriétaires fonciers, il eût préféré que le gouvernement, écartant toute défiance, prît son assiette au centre même de la nation ; mais, néanmoins, il était disposé à faire cause commune avec la représentation issue de ce régime électoral, toutes les fois qu’il s’agirait de développer les libertés promises par la charte ou de s’opposer aux envahissements de l’anarchie. Lors du renouvellement de la Chambre, au lieu djimiter l’abstention recommandée par les journaux légitimâtes, il s’unit avec le Correspondant pour conseiller à tous les électeurs de prendre part aux élections. Les raisons par lesquelles il combattait les velléités abstentionnistes de quelques-uns de ses amis, n’ont rien perdu à l’avènement du suffrage, universel. « Nous vivons, disait-il, dans unévaste démocratiédont le président héréditaire a titre de roi ; dans une démocratie, chaque homme pouvant participer, à un degré quelconque, au gouvernement, supporte dans la même proportion la responsabilité oui pèse sur le souverain dans une monarchie. La liberté qu’on a, dit-on, de renoncer à ses droits, est une vaine excuse. On n’est pas libre de le faire ; des droits ne sont pas des privi 1/Avenir s’intéressait très - vivement aux luttes que soutenaient alors la Pologne et la Belgique pour conquérir leur liberté et leur indépendance. Le soulèvement de l’Irlande, dans ce but, lui eût paru assez légitime. Dans ces pays, comme en France, il associait le succès de la cause catholique au succès des libertés publiques. Mais, pour l’Espagne et l’Italie, cette nécessité d’une alliance entre la liberté et le catholicisme ne lui paraissait pas aussi indispensable. La raison qu’il en donnait est assez singulière : c’est qu’en Espagne et en Italie l’Église avait encore de grands biens, et que la liberté politique devait fatalementamener les gouvernements à mettre la main sur ces biens. Dans son système, une nation chez laquelle l’existence du catholicisme était assurée, ne devait pas risquer un bien aussi précieux pour la liberté politique. L’Espagne, et surtout l’Italie, n’ont pas suivi ces conseils. Ces deux pays, qui, selon l’Avenir, étaient travaillés par le terrible préjugé que la religion catholique est hostile à la liberté, ont fini par lui obéir. Les Procida de l’Italie de 1831, qui, toujours selon l’Avenir, se disaient à tort, en passant devant les ég’ises et les couvents • • La moitié de cela suffirait bien, » ne semblent pas devoir s’arrêter à moitié chemin de leur tentation ; ils prendront tout. En Belgique, l’Avenir poussa autant qu’il put à l’élection du comte Félix de Mérode commeroi. Lorsque le choix se fut porté sur le roi Léopold.il accepta cette décision de la natipn belge d’assez mauvaise grâce. « Mieux vaut, disait-il, donner l’hospitalité aux rois que la recevoir d’eux ; si le prince Léopold est ingrat, la Belgique se souviendra qu’il est étranger. Nous souhaitons qu’elle ne s’en souvienne jamais. » Ce vœu commun de l’Avenir et de M. de Montalembert est du petit nombre de ceux qui se sont réalisés.

Quant à la Pologne, l’Avenir était complètement saisi de cette fièvre d’intervention dans les affaires de ce pays, — à laquelle le gouvernement et les Chambres surent résister. Après le renouvellement de la Chambre, en 1831, ses rédacteurs présentèrent une adresse qui ne le cède en ardeur belliqueuse à aucun des appels que l’on a entendus lors de la résurrection de la question en 1863. « Tant que le sang des Polonais rougira les ondes de la Vistule, tant que leur agonie fatiguera la douleur de l’Europe, vous ne saurez rester sur vos bancs avec le calme qui convient à vos fonctions... La paix avec le remords et l’ignominie n’est pas la paix ; elle est plus ruineuse que la guerre la plus sanglante, car elle dévore la dernière

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et la plus précieuse ressource des peuples, leur honneur, p

L’Avenir, menacé dès les premiers jours de son existence, n’avait fait, en continuant la lutte, que la rendre-plus périlleuse, surtout pour les membres du clergé qui s’étaient plus ou moins ralliés à ses doctrines. Lors de l’élévation du cardinal Mauro Cappellari au pontificat, sous le nom de Grégoire XVI, ses rédacteurs profitèrent de l’occasion pour renouveler leur profession de foi politique et religieuse. En résumé, ils admettaient que l’homme doit prendre pour règle fondamentale de ses jugements, non les opinions indiv’

perpétuelles de la société humaine, lesquelles présentent, dans leur permanence et leur universalité, le caractère immuable du vrai. Ils reconnaissaient comme légitime la plénitude des pouvoirs que le saint-siége réclame, condamnant tout ce qu’il condamne et approuvant tout ce qu’il approuve, sans ombre de restriction ; ils lui soumettaient tous leurs écrits passés et futurs, et repoussaient le gallicanisme, c’est-à-dire l’ordonnance de 1582, qui en est l’expression, comme ayant déjà été annulée et cassée par le saint-siége. Ils affirmaient de nouveau la séparation de l’Église et de l’État, en contestant aux gouvernements ledroit d’exiger non-seulement les déclarations improuvées par le saint-siége, mais encore toute espèce de doctrine ; le droit de suspendre, interdire ou permettre les rapports des églises et des évêques avec les églises ; ils contestaient également au gouvernement le droit de légiférer sur l’enseignement, et la validité des mariages contractés dans la société civile et politique ; ils distinguaient deux ordres, un ordre légitime, invariable et universel, et un ordre légal variable suivant les temps et les lieux, mais auquel il était dû obéissance tant qu’il subsistait. Ils reconnaissaient, comme étant de droit divin, la force prépondérante qui existe dans toute société civile pour ramener à l’ordre et au respect des droits de tous les volontés perverses et perturbatrices. Ils reconnaissaient en même temps aux individus, aux familles et aux peuples des droits divins qui ne sont point une concession des princes, mais qui ont leur source dans quelque chose d’antérieur et de supérieur à tout pouvoir politique. Ils considéraient la liberté comme la conséquence nécessaire de tout régime politique fondé sur la justice et !e droit ; enfin ils admettaient la légitimité de l’amissibilité du pouvoir dans les cas où la force sociale prépondérantemanquait à sa mission de maintenir la justice et le droit.

Pendant les neuf mois qui suivirent cette déclaration, les animosités dont l’Avenir-et tout ce qui l’approchait étaient le point de mire s’étaient envenimées ; sans aucune autre raison qu’une adhésion plus ou moins explicitement exprimée à ses doctrines, des prêtres, aussi recommandables par leur savoir que par la pureté de leurs mœurs, furent enlevés à leurs fonctions, des professeurs de séminaires expulsés- de leurs chaires ; l’ordination fut refusée à des jeunes gens dont tout le crime était d’avoir lu ce journal, dont aucun évêque n’avait cependant jugé à propos de censurer aucune des doctrines ; un seul avait mentionné son improbation dans une conversation confidentielle, mais sans cependant vouloir entreT dans aucune explication.

Les rédacteurs de l’Avenir ne virent d’autres moyens de faire cesser cette guerre sourde, que de renouveler leur déclaration de février, et de suspendre leur publication jusqu’à ce que le saint-père eût donné son assentiment à leurs doctrines. « Nous porterons, disaient-ils —en terminant, cette déclaration, pieds nus s’il le faut, à la ville des apôtres et aux marches de la confession de saint Pierre, et on verra qui arrêtera sur leur route les pèlerins de Dieu et de la liberté. » On sait comment l’encyclique de 1832. accueillit ces doctrines. L’Auem’r ne fut pas repris. À l’exception de M. de Lamennais, tous les rédacteurs se soumirent, ainsi du reste qu’ils s’y étaient engagés. Plus tard, cette participation aune publication qui avait, pendant plus d’un an, si fort préoccupé les hommes d’État et les hommes d’Eglise, n’empêcha pas deux de ses rédacteurs, MM. Gerbet et Salinis, d’être élevés à l’épiscopat, etM. de Montalembert d’être créé grand sacristain.

Nous n’avons pas hésité à donner une certaine étendue à l’analyse de cette feuille, qui a tenu une place si importante dans les événements qui ont marqué les premiers temps de la monarchie de Juillet. Les documents que nous rapportons sont devenus aujourd’hui assez rares. Les journalistes, les polémistes pourront y puiser des arguments à l’occasion. Nous allons maintenant en faire un/rès-court résumé pour le commun des lecteurs, pour ceux qui, sans approfondir, ne veulent pas rester complètement étrangers aux luttes qui se trouvent mêlées à l’histoire de leur pays.

Le journal l’Avenir, fondé, comme nous l’avons dit, par Lamenn-iis, le 17 octobre 1830, pour greffai- la religion sur la déinoques

intérêts libéni

ait pour de

Dieu et la Liberté ; il demandait la I berté religieuse pleine, universelle, sans distinction comme san3 privilège, c’est-ii-dire, pour les catholiques, la séparation de l’Église et de l’Htiit, ce qui impliquait, la suppression