Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 4, Au-Az.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ahura-Mazda, résiste victorieusement aux efforts sanguinaires du mauvais esprit. Angro-Mainyu, vaincu, a alors recours à la ruse et emploie contre son adversaire la puissance des tentations ; mais cet essai est tout aussi infructueux que le précédent. Le vingtième fargard nous donne des détails sur le premier homme qui parvint à guérir les maladies. Le vingt et unième est tout entier consacré à l’explication des phénomènes célestes et des lois auxquelles obéissent les corps lumineux. Enfin, le dernier fargard rapporte comment, Angro-Mainyu ayant fait naître différents maux, Ahura-Mazda veut y remédier à l’aide du mot mystérieux et tout-puissant manthra-spenta ; mais ce moyen ayant échoué, il envoie Nairyo-Sanqha à Airyama pour lui demander de créer différents animaux et différentes choses dans ce but ; ce dernier obéit et crée successivement neuf espèces de chevaux, neuf espèces de chameaux, neuf espèces de bœufs, neuf espèces de bêtes à cornes et neuf espèces de pâturages.

La forme de ces vingt-deux fargards est généralement celle d’un dialogue entre Ahura-Mazda et Zarathustra, de même que dans les deux autres ouvrages dont nous allons nous occuper, et qui constituent, avec le Vendidad, l’Avesta proprement dit.

Le Vispered et le Yaçna diffèrent sensiblement du Vendidad par la nature de leur contenu, qui porte un caractère éminemment liturgique. Ils contiennent un nombre considérable d’invocations à la nature, aux forces qui la dirigent, aux personnifications de ces forces, symbolisées dans des entités divines. On y trouve de très-curieuses théories spéculatives sur l’origine et la formation du monde ; en un mot, ces deux livres peuvent être considérés comme représentant le code religieux et liturgique des anciens Parsis, tandis que le Vendidad a généralement — mais non pas exclusivement — rapport à l’organisation de la vie sociale et journalière.

D’après les données renfermées dans l’Avesta, et dont nous avons essayé de présenter une idée succincte à nos lecteurs, la théogonie et le système philosophique des anciens Parsis repose sur un dualisme très-caractéristique, représenté d’un côté par Ahura-Mazda, le bon principe, et de l’autre par Angro-Mainyu, le mauvais principe. Les génies subordonnés au premier sont les Ameshas-Spentas, dont six sont nommés dans le Yaçna, à savoir : Vohumand, protecteur des êtres vivants ; Asha-Vahista, génie du feu ; Kahathra-Vairya, génie des métaux ; Spenta-Armaiti, génie féminin de la terre ; Haurvat, génie de l’eau ; Ameretât, génie des arbres. Ils sont en lutte perpétuelle avec les démons ou daevas, qui obéissent à Angro-Mainyu : Akomand, Andar, Saurva, Nàonghaithi, Tauru et Zairicha. On rencontre encore d’autres démons dans le dixième fargard du Vendidad. Ces deux principes diamétralement opposés, qui, dans le langage philosophique de la seconde partie du Yaçna (le fiâthâs), sont conçus comme les principes d’existence et de non-existence, de vie et de mort, de bien et de mal, sont en hostilité permanente dans l’univers entier.

Une chose très-curieuse, et qui a beaucoup intrigué la science moderne, c’est que le nom des daevas est absolument identique à celui des devas (dious), ou bons esprits des Indous, considérés, dans les Védas, comme les protecteurs de l’homme et honorés par des sacrifices. Ainsi, voilà deux peuples de même race, les Iraniens (Persans) et les Indous, qui ont, chacun de leur côté, interprété dans un sens aussi différent une création mythique identique. Cette coïncidence indique évidemment, dans la religion de Zoroastre, de certaines tendances d’antagonisme avec la religion des Aryens établis dans l’Inde ; cette opposition est encore plus fortement accusée et mise en relief par la circonstance suivante : Indra, qui préside à l’atmosphère, un des principaux dieux du Véda, est devenu, dans l’Avesta, un démon, un daeva, sous le nom, légèrement modifié, de Andar ; Nâsatyas s’est transformé en Naànghaithi, et le démon Saurva n’est autre que le célèbre Sarva ou Siva des Indous. Différentes hypothèses ont été émises pour expliquer cette opposition systématique et réciproque ; plusieurs auteurs ont voulu croire que Zoroastre vivait à une époque à laquelle aurait éclaté un grand schisme religieux entre les Iraniens et les Indous. Mais cette hypothèse, un peu aventurée, a été rejetée par des savants plus circonspects.

Le culte institué par Zoroastre semble, d’après ce que nous pouvons en juger par l’Avesta, avoir été de la nature la plus simple, et consistait principalement dans l’adoration du feu. Le culte comprenait des prières et des offrandes, empruntées pour la plupart au règne végétal. Une matière dont la présence était indispensable à tout sacrifice, c’est le suc du haoma ou soma, qui occupe également une place importante dans les rites védiques. Toutefois, ce culte primitif ne doit pas être confondu avec le rituel compliqué créé postérieurement par les Parsis, et qui a pour point de départ l’Avesta, et particulièrement la seconde portion du Yaçna. Les interprètes de l’Avesta ne sont pas d’accord sur la date de la composition de ces livres sacrés, sur l’époque à laquelle vivait Zoroastre, ni sur l’identification de certains personnages historiques qui y figurent (tels que le roi Kavâ— Vistaspa,


dans lequel on a voulu reconnaître l’Hystaspes, dont parlent les historiens grecs).

Quel que soit, dit M. Emile Burnouf, le temps où l’on fasse vivre Zoroastre et où l’on reporte la rédaction définitive de l’Avesta, il est certain que les doctrines contenues dans ces livres étaient admises dans l’Asie centrale à une époque fort reculée et longtemps ayant Darius, fils d’Hystaspe ; les Mages, qui étaient les prêtres de cette religion, sont de beaucoup antérieurs à la dynastie achéménide : Zoroastre n’est donc pas l’auteur premier des dogmes iraniens ; mais on peut dire qu’il les ordonna et qu’il leur donna un ensemble définitif. Les croyances de l’Avesta n’étaient pas seulement celles de la Perse, ni même de la Médie ; elles étaient, sauf les points de dissidence, communes à la plupart des peuples de l’Asie centrale situés à l’O. de la Bactriane, et elles s’étendirent à presque toute l’Asie Mineure ; croyances pleines de grandeur et de pureté, dont la connaissance nous montre dans les Perses, non des barbares, mais des peuples doux et pieux, parvenus à une haute civilisation. Dans la suite, les doctrines de l’Avesta se divisèrent et s’amoindrirent, abaissées par les superstitions populaires ; et lorsque le monde romain, las d’un polythéisme usé, chercha dans l’Orient des dogmes réparateurs, il n’emprunta de la Perse qu’une partie de la religion de Zoroastre, le culte de Mithra.

Ajoutons que le Vendidad fut apporté en Europe dès le commencement du xviiie siècle ; en 1723, il était à la bibliothèque d’Oxford. Mais comme personne n’était à cette époque en état de le lire, l’illustre Anquetil-Duperron prit la résolution hardie d’aller en Orient même étudier cette langue inconnue, et rapporter, s’il était possible, quelques autres monuments littéraires destinés à en faciliter l’interprétation. On sait de quel succès fut couronnée son initiative hardie, et Anquetil-Duperron, de retour des Indes, dota l’Europe savante du texte complet de l’Avesta. Pour plus de détails sur les difficultés que présenta le déchiffrement de ces textes, consultez l’article linguistique consacré au mot Zend langue).

AVET s.m. ou AVETTE s. f. (a-vè, a-vè-te — lat. abies, sapin). Bot. Nom vulgaire du mélèze ou du sapin dans quelques parties de la France.

AVETTE s. f. (a-vè-te — dimin. du lat. apis, abeille). Se disait autrefois pour abeille :

Déjà la diligente avette
Boit la marjolaine et le thym,
Et revient riche du butin
Qu’elle a pris sur le mont Hymette.

|| On disait aussi apette.

AVEU s. m. (a-veu — rad. avouer). Action d’avouer, de reconnaître une vérité plus ou moins pénible : Faire J’aveu d’une faute, d’un crime. Rétracter ses aveux. On est parvenu à tirer de lui cet aveu. (Acad.) L’aveu suppose souvent l’interrogation, on avoue ce qu’on a eu occasion de cacher. (Trév.) Ne faites pas d’u.- veux contre vous. (Boss.) Que de peine à faire un aveu sincère ! (Boss.) Les mauvais succès sont les seuls maîtres qui peuvent nous reprendre utilement, et nous arracher cet aveu d’a~ voir failli qui coûte tant à notre orgueil. (Boss.) Ils n’aiment pas à donner des louanges qui les humilient, et qui sont comme des aveux publics de la supériorité qu’on a sur eux. (Mass.) La jalousie est comme un aveu contraint du mérite. (La Bruy.) Cet aveu si sincère et si douloureux à faire me pénétra. (St— i Sim.) 77 suffit d’inspirer le regret d’un tort,’■ sans toujours exiger son aveu. (La Rochef.) // semble vouloir me dédommager, à force d’égards, de la confusion que cet aveu m’a coûté, i (J.-J. Rouss.) Puis-je te croire assez vil pour abuser de Z’aveu fatal que m’arrache mon dé— I lire ? (J.-J. Rouss.) Pourquoi faire des aveux qui ne sont pas nécessaires ? (J. de Maistre.)’ Mon cceur renferme un secret dont je vous dois J’aveu. (Scribe.) D’après la loi normande, dans les cas de lèse-majesté au premier chef, 2’aveu ne sauve pas le complice. (V. Hugo.)

Faisons au moins l’aueu de notre infirmité.

Boileau.

AVE

it Hymette.

lèvres d’un,

C. DELAVIONE.

— Particulièrem. Approbation, consentement, autorisation : Demander l'aveu de quelqu’un. Obtenir son aveu. Se marier sansl’AWv

primer sans Z’aveu de leurs supérieurs. (Pasc.) Elle voulut bien me garder, en attendant /’aveu de son frère. (Mariv.) J’ai besoin pour cela de l’oueu de quelqu’autre. Molière. ,.. J’obtins l’aveu d’Agrippa, votre frère. Racine.

Il faut les ménager pour avoir leur aveu.

C. DELAVIONE,

. Quelle verve indiscrète,

Sans l’aueu des neuf sœurs, vous a rendu poète ?

Si vos

is de Rome en oi

is d’être l’ai prise

n époui, et brûlant de 1

it faire u

auett’si funeste, ais vous faire.

i, reçois son aveu di

Le contraignant effort de et

Ce projet, quel est-il î — Je n’ai rien à répondre.

— Mais ton premier aveu suffit pour te confondre.

C. DELAVIONS.

— Déclaration : Faire ï’aveu de son amour. Faire un doux aveu, de tendres aveux. La pudeur fuit les aveux formels, et demande à être vaincue. (J.-J. Rouss.)

De l’aveu de Comme l’avoue, selon l’opinion, le témoignage de : C’est lui qui a le mieux parlé, de l’aveu de foui le monde. (Acad.) Il est certain, de l’aveu des Juifs, que la vengeance divine ne s’est jamais plus terriblement déclarée. (Boss.) La chose s’était passée, de son aveu, en tout bien tout honneur. (Hamilt.) Ainsi César, de l’aveu même de Cicéron, était déjà, à lui seul, plus fort que la république. (Napol. III.) De l’aveu des plus habiles flatteurs, l’apologie des grands crimi-, nels d’autrefois est la pâture la plus délicate du crime heureux. (Prévost-Paradol.)

— Sans aveu. Se dit d’un vagabond qui n’a ni feu ni lieu : C’est un homme sans aveu. Cette locution vient de l’obligation où était le vassal de faire à son seigneur la déclaration, l’aueu des terres qu’il possédait, et qu’il plaçait en quelque sorte sous son patronage ; de là l’expression d’homme sans aveu, c’està-dire qui n’a, qui ne possède rien, qui n’a pas de patron qui l’avoue.

— Féod. Description exacte et par le menu de tout ce qui composait le fief servant tant en domaines qu’en arrière-fiefs, censives, rentes, servitudes, droits utiles et honorifiques, prééminences et prérogatives. Suivant la disposition de la coutume de Paris, le dénombrement devait être fourni par le vassal en forme probante et authentique, écrit sur parchemin et passé par-devant notaire ; sous seing prive, il notait pas valable. Le vassal était tenu à donner son aveu dans les quarante jours rjui suivaient sa réception par son seigneur a foi et hommage ; cet acte devait être présenté au chef-lieu ou principal manoir du fief dominant. Un seul suffisait pour plusieurs fiefs distincts ou séparés, il Aveu en fait de personnes franches non nobles. Lorsqu’une telle personne allait établir son domicile dans une terre de servitude, pour conserver sa franchise, elle devait, dans l’année, faire sa déclaration qu’elle s’avouait franche et bourgeoise du seigneur dans la terre duquel elle allait demeurer. Il Droit de nouvel aveu, Celui— que le seigneur avait de recevoir le serment de fidélité des aubains qui venaient demeurer dans sa terre et de se les acquérir.

— Jurispr. Déclaration par laquelle une personne reconnaît comme vrais des faits de nature à produire pour elle un engagement juridique avec toutes ses’conséquences, il Aveu judiciaire. Celui qui est passé en justice par la partie ou son fondé de pouvoir, u Aveu extrajudiciaire, Celui qui a lieu dans une conversation, dans une lettre missive ou dans tout acte qui n’a pas pour but de constater une obligation ou l’accomplissement d’une obligation. "

— Syn. Aveu, confession. Vaveu est ordinairement une réponse à une interrogation : Tâchez d’obtenir J’aveu de ses petites fautes. (Mme Necker.) La confession est une révélation faite de notre propre mouvement : Pour moi, je veux faire ici ma confession sans détour. (J.-J. Rouss.)

— Antonymes. Dénégation, désaveu, protestation.

— Encycl. Vaveu est un des modes de preuve admis par le Code Napoléon ; il ne peut émaner que d’une personne ayant rapacité pour s’obliger, et ne doit être passé en son nom que par un mandataire investi d’un pouvoir spécial ; l’avoué qui fait un aveu au

nom de son client sans une autorisation ad hoc, s’expose au désaveu ; toutefois, le client est lié s’il ne désavoue pas son avoué. L’aueu fait pleine foi contre celui de qui il émane, mais il ne peut être divisé contre lui ; ainsi, une personne achète des chevaux à un éleveur sans faire de convention écrite-, plus tard, celui-ci en réclame le prix ; l’acheteur qui, en reconnaissant le fait de la vente, affirme qu’il a’payé en même temps le prix convenu, ne peut être condamné, s’il ny a

? as d’autre preuve contre lui, parce que

ayeu doit être pris tel qu’il est tait, parce qu’il est indivisible. Il ne peut pas être.révoqué pour erreur de droit ; mais il pourrait 1 être pour erreur de fait (art. 1354 et suiv. du C. Nap.). En matière pénale, l’aueu est une des présomptions les plus graves de culpabilité ; mais il n’oblige pas les juges à l’accepter comme base nécessaire de leur décision ; il peut être divisé contre l’inculpé, et, en thèse générale, il ne dispense pas de réunir les autres éléments de conviction pour établir le fait incriminé. Les anciens jurisconsultes se défiaient de l’aueu spontané ; nemo auditur, disaientrils, perire volens.

— Anecdotes. Une femme dont le mari était à l’extrémité, paraissait inconsolable ; ses amies voulaient la faire passer dans une autre chambre : « L.iissez-moi ici, leur ditelle ; on est toujours bien aise devoir mourir

Un boucher qui se mourait dit à sa femme :

Vois-tu, Françoise, si je meurs, il faut que

tu épouses notre garçon Jacques ; c’est un bon

Un vieux mari à l’agonie disait à sa femme qu’il mourrait content si elle s’engageait à ne pas se remarier à un officier qui lui avait

Biaise est de si bonne amitié, Qu’un jour, voyant sa femme en couche, Le pauvre homme en eut tant pitié-. Qu’il devint plus froid qu’une souche.

Le voyant ainsi fondre en pleurs, Pour l’apaiser (étrange chose) : « Ce ne sera, dit-elle, rien ; Taisez-vous, Biaise, je sais bien Que vous n’en êtes pas la cause. • veux difficile » (les), comédie en un acte

1783. — Deux rmants, Mêlite et Cléante, se retrouvent après trois années de séparation, et, de part et d’autre, ils ont été infidèles. Grand embarras en se revoyant. Comment s’avouer leurs torts réciproques ? Grâce à l’entremise de leurs valets, ils parviennent a se faire ces aveux difficiles et se pardonnent mutuellement. Tel est le fond de cette comédie ; et tel est, à peu de chose près, celui de la pièce du même nom, aussi en un acte et en vers, de d’Estat, jouée aux Italiens, le 18 mars 1783, c’est-à-dire trois semaines après celle de Vigée, qui, sans contredit, l’emportait

Les Aveux difficiles donnèrent lieu à un procès qui fut égayé par de jolis vers adressés à feu Destouches, dont le Glorieux avait fourni aux deux poètes le sujet de leur ouvrage. Cette pièce, trop, longue pour être citée en entier, se terminait ainsi :

De tes plaintes je suis l’objet : C’est le seul regret que j’éprouve ; Mais tu dois être un des derniers

Voulez-vous l’un et l’autre être victorieux 1 Dans le père du Glorieux, Avouez votre modèle ;

Monsigny, représenté au théâtre de la foire Saint-Germain, le 7 février 1759. Ce fut le début dans la carrière dramatique de l’aimable compositeur. Voici, en quelques lignes, l’analyse de cette pièce :

Colin, qui vient d’épouser Toinette, lui fait l’aveu d ! une inclination qu’il a eue avant leur mariage ; et Toinette fait à Colin la mêmeconfidence. Le mari se fâche de ne pas trouver un cœur aussi neuf qu’il l’avait espéré ; la femme le prend sur le même ton, et voilà le trouble dans le ménage. Lucas et Claudine,