Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 4, Au-Az.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

982 AUT

l’agonie. Ils sont liés sur des croix en forme de T, les bras attachés derrière le dos, la tête renversée sur’le bras transversal de la croix. Deux bourreaux, bras et jambes nus, attisent le foyer, dont la flamme rougeâtre «monte et lèche les pieds des victimes. Deux pénitents, le visage recouvert de leur capuchon sinistre, ramassent des fagots pour alimenter le brasier. Un vieil inquisiteur à barbe blanche, tout courbé par l’âge et appuyé sur le bras d’un moine à la mine farouche, se penche vers les bourreaux, qu’il semble exciter de sa voix défaillante. Dans le fond, toujours à droite, des soldats écartent la foule qui contemple l’horrible spectacle. À gauche, devant la porte de la prison, sont d’autres victimes et d’autres bourreaux. Par une pitié bien digne de l’esprit de charité du saint office, les patients étaient divisés en deux classes : ceux qui s’obstinaient dans leurs hérésies étaient brûlés vifs ; ceux qui consentaient à faire un acte de contrition obtenaient la faveur d’être préalablement étranglés. Au premier plan, une femme échevelée, les seins nus, est à genoux ; elle est belle de terreur... Un moine grossier, la figure à moitié cachée par son capuchon, est debout . près d’elle et tient la corde qui lui lie les bras. Derrière ce groupe s’avance un homme de haute taille, les cheveux en désordre, les traits bouleversés par l’effroi ; des soldats, des moines l’entourent ; un jésuite lui présente un crucifix à baiser ; une femme le suit, versant d’abondantes larmes ; devant lui, un jeune garçon se baisse pour ramasser une torche tombée à terre. D’autres enfants — cet âge est sans pitié — se hissent sur les piliers de la prison, pour mieux voir les suppliciés. M. Robert-Fléury s’est parfaitement pénétré de l’horreur de cette ’scène tragique, et son émotion se communique rapidement à qui regarde sa composition, Il a fait preuve, d’ailleurs, d’une grande habileté et d’une rare énergie dans la peinture de ce tableau. Trois tons bien marqués dominent : le rouge pour les flammes, le noir pour l’ombre épaisse de la prison, le blanc pour les visages blêmes d’épouvante des victimes du premier plan. Il résulte de ces oppositions un effet lugubre et terrible. Plusieurs figures sont, du reste, très-vigoureusement exécutées : l’homme, accroché

à la croix et vu de dos, est d’une couleur robuste qui dénote l’étude des maîtres flamands."— l/Auto-da-fé a été reproduit en lithographie, d’une façon remarquable, par M. Mouilleron.

’ AUTODIDACTE adj. (ô-to-di-da-kte-du gr. autos, soi-même ; didaskein, enseigner). Philos. Se dit de celui qui, sans secours étranger, a appris seul tout ce qu’il sait, il Qui s’apprend sans maître, qui est inné : Notions autodidactes. La connaissance du bien moral est autodidacte.

— Substantiv. Personne autodidacte : Un —> autodidacte. Parmi les autodidactes les plus remarquables, on cite Valentin Duval et te philologue Wolf. (Bachelot.) AUTODIDACTIQUE adj. (ô-to-di-da-kti-ke

— rad. autodidacte). Philos. Se dit de ce qu’on apprend sans maître : Notions autodidactiques. De même qu’il y a pour l’esprit une culture autodidactique , il y a pour l’âme une culture spontanée. (De Gérando.)

autodidagmatique adj. (ô-to-di-dagma-ti-ke

— rad. autodidaxie). Philos. Qui a rapport à l’autodidaxio : Procédés autodidagmatiques.

autodidaxie s. f. (ô-to-di-dak-sî — du gr. autos, soi-même ; didaskd, j’enseigne). Action, talent d’apprendre sans maître. Ce mot a été applique a la méthode Jacotot,

autodynamie s. f. (ô-to-di-na-mî — du gr. autos, soi-même ; dunamis, puissance). État, faculté de l’être qui tire sa puissance, son action de lui-même : Lautodynamie de

autodynamique adj, (ô-to-di-na-mi-ke

— rad. autodynamie). Qui est produit par la force propre d’une chose, sans agent extérieur.

autogazogène s : m. (ô-to-ga-zo-jè-ncdu gr. autos, soi-même ; du fr. gaz, et du gr. genos, naissance, production). Techn. Sorte do lampe qui produit d’elle-même le gaz nécessaire à l’alimentation de la flamme.

autogène adj. (ô-tc-jè-ne — du gr. autos, soi-même^ genos, naissance). Qui a été fait par soi-même, qui existe par soi-même : Dieu

— Physiol. Nom donné aux parties qui doivent leur développement à des centres distincts et indépendants.

— Bot. S’est dit du narcisse dont les bulbes donnent d’elles-mêmes des feuilles, avant d’ayoir été confiées a. la. terre.

autogénie s. f. (ô-to-jé-nî — rad. autogène). État de l’être qui ne doit son existence, son être qu’à lui-même : L’autogénie est un des attributs de Dieu.

éloquemment défendu par M. Pasteur,

tagonisle, M, Pouchet, défend le système de l’hétérogénie, c’est-à-dire la doctrine des générations spontanées.

AUTOGNOSE OU AUTOGNOS1E S. f. (Ô-togxio-zo, ô-tog-no-zî — du gr. autos, soi-même ; hilos. Connaissance

AUTOGNOSIQUE adj. (ô-tog-no-zi-ke — rad. autognosie). Philos. Qui appartient à l’autognosie.

AUTOGRAPHE adj. (ô-to-gra-fe — du gr. autos, soi-même ; ^rap/to’, j’écris). Qui est écrit de la main même de l’auteur : Manuscrit autographe. Lettres autographes. Je trouvai un manuscrit autographe du savant Quares-, mius. (Chateaub.) Tout nous porte à croire que c’était une collection de lettres autographes adressées à la princesse. (G. Sand.)

— Qui reproduit l’écriture manuscrite : Écrivain AVTOGRhPBK.Imprimeur autographe.

— s. m. Écrit autographe : Un autographe de Voltaire, de liousseau, de Napoléon. Collection ^’autographes. Elle avait donné dans la manie des autographes. (Balz.) Il aimait la littérature et protégeait les arts ; il avait des autographes, de magnifiques albums, des esquisses, des tableaux. (Balz.) Celte lettre est un autographe de ma main ; tu pourras en mettre un fac-similé dans tes mémoires. (Fr. Soulié.)

— Celui qui reproduit les écritures autographes : Un autographe habile.

— Antonyme. Fac-similé.

— Encycl’. Parmi les curiosités de cabinet, les lettres autographes et les documents manuscrits méritent une attention particulière, non-seulement parce que le goût s’en est considérablement répandu de nos jours, non-seulement à cause de l’intérêt qui s’attache à tout ce qui rappelle la personne même des hommes célèbres, aux religues en général, mais encore, mais surtout, à nos yeux du moins, parce que ces monuments sont souvent des sources de renseignements précieux qu’on chercherait vainement dans les documents imprimés.

Personne n’ignore que l’histoire, la biographie, la critique littéraire, se sont en quelque sorte renouvelées dénos jours par l’étude des pièces inédites, et ces faits sont trop connus pour qu’il soit nécessaire d’entrer dans aucun développement à ce sujet. Ayant k réunir dans cet article une masse de renseignements con-*s. sidérables, nous croyons inutile de charger nos colonnes de considérations générales, qui, presque toujours, fatiguent le lecteur sans aucun profit.

Le goût des autographes, que certains amateurs poussent souvent jusqu’à la manie, s’est épuré en se généralisant ; il est devenu l’auxiliaire des études sérieuses et des patientes recherches, x " —"" ’ " "

d’hui regards

chisme pur.

Il suffira de rappeler quelques-uns des ouvrages importants publiés de nos jours, et dont l’élaboration n a été possible qu’à l’aide

des collections d’autographes et "de docuinédits, pour nous dispenser de reeomlencer les plaidoyers chaleureux de Peiments i

gnot, de M. Feuillet de Concbes et autres sur l’utilité des autographes. C’est une cause entendue, tout le monde est d’accord. Citons au hasard l’édition de M’»" de Sévigné, par Monmerqué, les correspondances de Henri IV, de Napoléon Ier, de Colhert ; les nouvelles éditions rectifiées de Pascal, de "Voltaire, de Rousseau ; les travaux sur Mme de Maintenon, Boileau, Racine ; les belles éditions de nos classiques entreprises par la maison Hachette ; les nombreux recueils de lettres de Lamennais, de Béranger, de Mme des Ursins, de Lacordaire, des rois Jérôme et Joseph, de Buffon ; le magnifique recueil de lettres et pièces inédites publié par M. Feuillet de Conches sous le titre de Louis XVI, Marie-Antoinette et Madame Elisabeth ; l’excellente Histoire de la régence, de Lemontey ; les travaux historiques de M. Mignet, ceux de M. Cousin sur le xvii» siècle, de M. Sainte-Beuve sur Port-Royal, etc. ; enfin toute, une série de recherches nouvelles sur l’histoire de la Révolution : la l’erreur, par M. Mortimer Ternàux ; Saint-Just, par E. Hamel  ;’Anacharsis Clools, par Georges Avenel ; Marie-Antoinette, par Ed. et J. de Goncourt ; Madame Elisabeth, par de Beaucourt ; Danton et Marat, par M. Bougeart, etc.

La passion des autographes n’est pas entièrement nouvelle ni particulière aux nations de l’Occident, comme nous le verrons plus loin. Cependant, il faut dire que chez nous elle n’est pas fort ancienne, ou du moins elle n’a pendant longtemps compté que de rares adeptes, et ce n’est guère que depuis le commencement de ce siècle qu’elle a pris assez d’extension pour former une classe à part dans la vaste monographie du genre collectionneur.

Au xvic siècle, on rencontre déjà quelques savants qui rassemblent des lettres autographes, et, en première ligne, La Croix du Maine, qui en avait des armoires pleines. Le pédant et dédaigneux Joseph Scaliger s’en moquait fort ; cependant il convenait, avec Daurat, que cette manie pouvait servir aux savants. Ce dernier disait : « Telles gens sont les crocheteurs des hommes doctes, qui nous amassent tout. Cela noussertbeaucoup ; il faut qu’il y ait de telles gens » (Scaligeriana).

Montaigne conservait les lettres de ses amis ; « Vrayment, dit-il, cela partirait d’une mauvaise nature d’avoir à mespris les pourtraicts mesme de nos amis et prédécesseurs, la terme de leurs vestements et de leurs armes. J’en conserve l’cscriture, le seing, des Heures,

AUT

et une espèce péculière qui leur a servi... Je les conserve pour l’amour d’eulx » (Essais, 11,18).

Sa fille adoptive, Marie de Gournay, gardait non-seulement les lettres de ses amis, mais encore avait formé une véritable collection. Didier Érasme, le familier d’Holbein, avait aussi rassemblé les lettres d’un grand nombre d’hommes célèbres ou éminents. Mais ces curieux étaient rares. Un goût qui se répandit davantage fut celui des albums amicorum, où les amis s’inscrivaient, celui-ci par une devise, un autre par quelques paroles d’affection pour le possesseur. Les albums avaient d’abord été de petits armoriaux de famille pour la noblesse ; ils ^devinrent, dans la bourgeoisie, de petits portefeuilles de signatures d’amis de la maison ou de réflexions tracées par eux. On voit poindre ici le véritable album d’autographes. Cette coutume se généralisa de plus en plus, et, au xviie siècle, nous voyons apparaître des albums dont le nom est demeuré célèbre, comme celui de l’électeur Jean Sigismondrmélangé de blasons, d’aidographes et de dessins, et celui de Pierre Hainhofer, patricien d’Augsbourg, qui était un recueil d’autographes de souverains, de grands seigneurs et de dessins de maîtres. II existe encore en Allemagne beaucoup de ces albums du xvie et du xvn» siècle. La plus belle collection de ce genre est à Nuremberg ; elle appartient à un négociant, amateur d’art et de curiosités, M. Frédéric Campe.

Le Dictionnaire de Trévoux définit ainsi, en 1704, le mot album : « C’est le nom qu’on a donné à un petit registre ou livret que les savants portent avec eux lorsqu’ils se trouvent dans quelque ville, en voyage ou autrement. Us vont visiter les savants du pays et leur présentent leur album amicorum, et les prient d’y écrire quelque chose, afin d’avoir de l’écriture de leur main. »

La fameuse Guirlande de Julie avait été un album d’autographes avant de devenir un chefd’œuvre de calligraphie de la main de Jarry, avec peintures de Robert et reliure de Gascon. On pourrait citer un grand nombre de ces livrets, dont la vogue s’épuisa un moment pour se ranimer au commencement du règne de Louis XVI ; mais cela nous entraînerait un peu hors de notre sujet.

Nous arrivons maintenant aux cabinets célèbres, mêlés de livres, de manuscrits, d’aiitographes et de copies de lettres, cabinets qui se sont presque tous engloutis dans les collections publiques, mais qui ont laissé un nom. Citons particulièrement ceux des frères Dupuy, du comte de Béthune, de Peirese, des frères Godefroy, de Guillaume Colletet, de Baluze, de Clairembault^du président de Mesmes, de Huet, .’de d’Hozier, de Gaignière, etc., qui nous amènent successivement aux grandes collections de nos jours, dont il sera question ci-dessous. Mais avant d’aller plus loin, nous jetterons un coup d’œil sur le goût des autographes dans l’antiquité et dans l’extrême Orient.

Autographes dans les temps anciens. Que nos lecteurs ne "s’effrayent pas du titre imposant de ce paragraphe : nous ne voulons point remonter au déluge ni les entraîner dans les âpres sentiers de l’érudition classique, mais simplement glaner dans les auteurs quelques faits caractéristiques, qui sont des preuves irrécusables que, dans les siècles les plus reculés, on a attaché une grande importance non-seulement à la conservation des manuscrits, mais encore aux autographes proprement dits.

Nous citerons seulement pour mémoire les Tables de la loi, les autographes divins, les écrits de Moïse, déposés dans l’arche d’alliance, et qui, suivant quelques traditions, disparurent sous les ruines du temple et de la ville de Jérusalem. Mais si les originaux furent détruits, on sait que des copies fidèles en ont été pieusement conservées pour l’édification des générations futures, copies dont l’authenticité est un article de foi et où la critique profane et la paléographie n’ont rien à voir. On peut encore ranger parmi les autographes sacrés les écrits des prophètes, que les Juifs, comme on le voit dans Jérémie, .préservaient de la destruction en les celant dans des pots de terre ; les trois mots mystérieux tracés en traits de flamme par la main de Jéhovah sur la mur -ille de la salle du festin de Balthazar ; et les tpîtres des apôtres, que les chrétiens de la primitive Église recevaient avec tant de vénération. Ces monuments épistolaires étaient souvent des autographes, comme on en peut juger par les citations suivantes : « Moi, Paul, j’ai écritete ma main cette salutation... » (lte aux Corinthiens.) « Voyez quelle lettre je vous ai écrite de mamain...v (Aux Galates.)"Je vous salue ici de ma propre main, moi, Paul ; c’est là mon seing dans toutes mes lettres. J’écris ainsi... »(lle aux Thessaloniciens.) Et ce postscriptum : « Voici les salutations que j’ajoute, moi, Paul, de ma propre main... » (Aux Colossiens.) Quelquefois la missive était simplement expédiée par un secrétaire : « Je vous salue, moi, Tertius, qui ai écrit cette lettre. » (Saint Paul aux Romains.)

Ces épîtres étaient sans aucun doute conservées avec un soin religieux. Mais les persécutions dont les chrétiens furent l’objet, et surtout les révolutions et les bouleversements des empires, les ont fait disparaître toutes, sans qu’il en soit resté aucun souvenir dans l’histoire. On sn.it qu’on ne doit pas prendre au sérieux les prétendues pièces originales des

AUT

temps primitifs du christianisme, que l’on conserve dans diverses collections publiques. V. plus loin au paragraphe Apocryphes.

Parmi les débris et monuments qui nous restent de l’antique Égypte, on a retrouvé, comme on le sait, de nombreux manuscrits sur, toile et sur papyrus, qui ont enrichi tous les musées de l’Europe. Au nombre de ces pièces, on a déchiffré des contrats de vente, des recueils de préceptes moraux, des calendriers, des poëmes épiques, des légendes, des traités de médecine, des hymnes, etc. Mais que de richesses ont été détruites par l’invasion des 4 Arabes, et quelle moisson abondante n’eût-on point faite ; que de révélations scientifiques l historiques, s’il se fût trouvé - • ’tiens quelque collectionneur

sage national, eût été enseveu avec ses trésors dans un de ces mystérieux tombeaux -loiiS les, générations modernes ont violé le secret ! C’était en effet la coutume des Égyptiens d’entourer leurs morts, dans leurs demeures éternelles, de.tout ce qui les avait intéressés pendant la vie. Les papiers étaient ordinairement déposés dans des jarres de terre, auprès de la caisse qui contenait la momie. On a retrouvé aussi des manuscrits enlangue grecque, et naturellement postérieurs à la conquête. On sait tout le parti que les savants ont tiré de ces précieux débris ; mais ce n’est pas ici le lieu de nous occuper de ces précieuses épaves des temps anciens ; nous cueillerons seulement au voit quelques curieuses trouvailles qui rentrent tout a fait dans notre sujet. Au milieu des manuscrits gréco-égyptiens figurent des lettres autographes missives dont quelques-unes sont fort piquantes. En voici une dont l’original est au musée égyptien du Louvre, et qui a été publiée par M. Amédée Peyron (Papyri grœci, Taurini, 1841) ; elle est relative à renvoi d’une momie. « Serf>amonthès à Pamonthès, mon ■ frère, saut. Je t’ai envoyé le corps de Senyris, ma mère, embaumé, avec une étiquette au cou, par Talés, fils d’Iérax, dans un bateau qui lui appartient. Le port est payé en-entier. Il y a le signe des obsèques : c’est une mousseline à liséré rose. Son nom est écrit sur son ventre. Je souhaite, mon frère, que vous vous portiez bien. » (L’an ni, le 2 de thoth.)

Dans un tombeau égypto-grec, on a trouvé une lettre encore fermée, arrivée sans doute pendant la maladie ou après la mort du destinataire, et que, par un sentiment de pieuse délicatesse, la famille avait déposée dans le cercueil, sans l’ouvrir ; après deux mille ans, les mains indiscrètes des savants en ont brisé le sceau : ce n’était qu’une lettre banale de recommandation en faveur d’un personnage inconnu. L’antiquité a souvent de ces sortes de moqueries pour notre avide curiosité. Le fac-similé de ce billet a été lithographie.

M. Feuillet de Conches fait cette curieuse remarque, que, parmi les documents anciens de tous genres qui ont été découverts, on n’a pas retrouvé une seule lettre d’amour. « Peutêtre, ajoute-t-il malicieusement, les dames égyptiennes recommandaient - elles à leurs amants de brûler leurs lettres ; précaution naïve et toujours inutile qu’on tri grand nombre de tendres missive qui figurent dans les collections, »

Ce n’est pas seulement sur le papyrus et la toile qu’on retrouve des documents autographes ;^ manie d’écrire, de signer son nom ou de consigner sur les monuments et les murailles des réflexions, des apophthegmes, des banalités ou des excentricités était en usage parmi les anciens comme chez les modernes. On en trouvera quelques exemples au paragraphe Autographes sur les murailles.

Le goût des autographes a existé de toute antiquité, cela est hors de doute. Saint Clément d’Alexandrie’rapporte dans ses Stromates qu’une reine Atossa, non la mère de Xerxès, mais probablement une princesse plus ancienne, en faisait collection. Il s’appuie de l’autorité d’un historien dont les œuvres sont perdues, Hellanicus de Mitylène, antérieur de quelques années à Hérodote.

Mais, avant d’entrer dans les détails, nous devons rechercher d’abord comment les littératures anciennes rendaient Vidée que le mot autographe, pris substantivement, exprime dans les langues modernes. Tantôt elles employaient un seul mot, tantôt une périphrase. On rencontre parfois chez les auteurs grecs le mot idiographe (écriture propre), pris adjectivement ; chirographe (main, écriture), |pris substantivement. Suétone paraît être le premier qui ait employé le vocable autographus (soi-même, écriture), soit qu’il l’ait trouvé, dans" quelque écrivain grec, soit que lui ou tout autre Latin en ait simplement tiré les éléments de la langue grecque. Il l’emploie adjectivement : «Lettres autographes d’Auguste. Litterœ Augusti autographe.» (Vita Augusti, ch. 71 et 87.) Ailleurs, il prend comme synon vme le mot chirographe, qui, dans les auteurs latins, s’entend quelquefois de l’écriture autographe en général, et parfois aussi se rapporte simplement à la signature. Symmaque emploie le mot autographe comme substantif : Vetustatis exemplum de autographo tuo. Plus tard, nous voyons Aulu-Gelle faire usage adjectivement du mot idiographe pour désigner un manuscrit autographe de Virgile : « Je suis, dit-il, fort disposé à croire ceux qui disent avoir vérifié dans un manuscrit idiographe de Virgile... (idiographum librum). »

Les monuments de la littérature latine abons modernes