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core déposer les armes. Toutefois, son frère et lui furent loin de renoncer à leur projet d’exterminer le protestantisme. Comme Henri III n’avait point d’enfants, comme, d’un autre côté, les princes du sang étaient soit protestants, soit ralliés à la cause du protestantisme, les Guises, dont l’ambition n’avait cessé de grandir, songèrent à un moment donné à s’emparer du trône de France. Dans ce but, ils signèrent, à Joinville, avec des envoyés du roi d’Espagne, une convention par laquelle les contractants s’engagèrent à faire déclarer le cardinal Charles de Bourbon héritier de la couronne (31 décembre 1584). Appuyés par l’Espagne, les Guises résolurent de faire prendre les armes à la Ligue, et au commencement de 1585 la guerre civile recommença sur une grande partie du territoire. Henri III se vit contraint d’adhérer à la Ligue, qu’il ne pouvait plus maîtriser (7 juillet 1585). Mayenne se rendit avec une armée dans la Guyenne, mais n’obtint aucun succès décisif, revint à Paris (1586), alla combattre ensuite auprès de son frère les protestants allemands qui venaient au secours de leurs coreligionnaires de France, et contribua à leur défaite (novembre 1587). Peu après, Henri III, effrayé de l’influence croissante des princes lorrains, quittait Paris, convoquait les états de Blois, faisait assassiner le duc de Guise (décembre 1588) et donnait l’ordre d’arrêter Mayenne, qui se trouvait alors à Lyon. Mais celui-ci, prévenu à temps, se réfugia dans la Bourgogne, qu’il souleva, puis se rendit à Paris (15 février 1589)

Proclamé alors chef de la Ligue et lieutenant général du royaume, Mayenne prit des mesures habiles et énergiques pour organiser à Paris un gouvernement qui reçut le nom de Conseil générai d’union, et dont il eut la présidence ; et, après avoir convoqué les états généraux pour le 15 juillet, il marcha vers la Loire, où Henri III et le roi Henri de Navarre avaient réuni leurs forces pour une action commune. Forcé de battre en retraite après la défaite du duc d’Aumale près de Senlis (17 mai 1589), Mayenne dut se replier sur Paris, dont les deux rois vinrent faire le siège (28 juillet). Mais, le 1er août, Henri III était assassiné, et le roi de Navarre, qui prit alors le nom de Henri IV, s’étant vu abandonner par l’armée catholique de son allié, dut lever le siège.

En ce moment, Mayenne, investi d’une autorité presque souveraine, eût pu se faire proclamer roi. Tous les partisans des Guises le pressaient de s’emparer du trône ; mais, comprenant les inextricables difficultés dans lesquelles le lancerait une pareille détermination, voyant qu’il ne serait point appuyé par l’Espagne, gêné à Paris par l’indépendance du conseil des Seize, ayant enfin en face de lui un adversaire aussi redoutable que Henri de Navarre, il n’osa prendre pour lui la couronne, et la fit décerner à un fantôme de roi, au vieux cardinal de Bourbon, qui prit le nom de Charles X et mourut peu après. Investi du titre de lieutenant générai du royaume, Mayenne marcha contre Henri IV. Il essaya vainement de le déloger de la position qu’il occupait à Angers, se replia sur Amiens, puis revint sur Paris, où Henri IV venait de se porter par une marche rapide. Il contraignit Henri de Navarre à battre en retraite ; mais il s’aperçut bientôt que les principaux chefs de la Ligue, mus par leur intérêt personnel, songeaient à négocier avec Henri IV, et lui-même reçut de ce prince des propositions avantageuses. Après quelque hésitation, il repoussa ces ouvertures, alla attaquer Henri IV à Ivry (14 mars 1590), fut battu, se replia sur Paris, dont le roi de Navarre fit alors le siège, et passa en Flandre pour obtenir une armée du duc de Parme, gouverneur des Pays-Bas. Après avoir fait entrer un convoi à Paris (17 juin), il fut rejoint par l’armée du duc de Parme, débloqua Paris et contraignit encore une fois Henri IV à lever le siège.

Cependant le peuple, fatigué de la guerre civile et des souffrances qu’elle lui faisait endurer, penchait pour la paix. Mais les catholiques exaltés ne voulaient point entendre parler de négociation avec Henri IV. Ils obtinrent de Grégoire XIV une bulle qui excommuniait ce prince et lançait l’anathème contre ses partisans, et résolurent de donner le trône à une princesse espagnole. Le conseil des Seize, arrivé au dernier degré du fanatisme, se rallia à ces idées, rêvant une nouvelle Saint-Barthélemy contre les modérés. Mayenne résolut de réagir contre ces tendances antipatriotiques. Il se rendit à Paris, fit arrêter les principaux meneurs du conseil des Seize, et, voyant la dislocation de la Ligue, il reprit les négociations interrompues avec Henri IV et convoqua les états généraux le 26 janvier 1593. Ces états ne prirent aucune décision relativement à la succession au trône, et pendant que le roi d’Espagne intriguait pour faire proclamer sa fille reine de France, Henri IV abjurait le protestantisme (25 juillet 1593). Mayenne dut alors signer une trêve avec ce prince ; mais, craignant que Henri IV n’arrivât au trône avant qu’il eût pu stipuler pour lui des conditions avantageuses, il se rapprocha de l’Espagne et essaya sans succès de réveiller le fanatisme populaire. Henri IV entra à Paris le 21 mars 1594, après avoir obtenu un arrêt du parlement en sa faveur et sans avoir souscrit aux exigences du chef de la Ligue. Celui-ci résolut de continuer la guerre, passa dans les Pays-Bas pour y réunir des troupes, tenta vainement de débloquer Laon, où il avait laissé sa famille, puis se retira dans son gouvernement de Bourgogne, lutta encore une année et finit par signer avec Henri IV, en janvier 1596, un traité qui mettait fin à la guerre civile. Par ce traité, le roi donnait à Mayenne 350, 000 écus, la possession pour six ans de Châlons, Soissons et Seurre, comme places de sûreté, le gouvernement de l’Île-de-France, etc. Le 31 janvier, Mayenne se rendit à Monceaux où il eut une entrevue avec Henri IV et se réconcilia avec lui. Il était d’une énorme corpulence et atteint d’une sciatique. On raconte que le Béarnais le prit par la main et se mit à se promener à grands pas dans le parc de Monceaux. Le voyant essoufflé, hors d’haleine, il s’arrêta enfin et lui dit en riant : « Allez, touchez là, mon cousin, car, pardieu, voilà tout le mal et le déplaisir que vous recevrez de moi. » À partir de ce moment, l’ancien chef de la Ligue ne s’occupa plus des affaires publiques ; mais, après l’assassinat de Henri IV, il fit partie des seigneurs qui demandèrent et obtinrent sans peine que la direction des affaires fût enlevée à Sully. Il avait eu de son mariage avec Henriette de Savoie deux fils, dont l’aîné fut le duc d’Aiguillon, qui lui succéda dans ses titres, et deux filles. Mayenne était un habile homme de guerre, et se montra en maintes circonstances non moins habile politique. Placé au milieu d’un centre de fanatiques, il fit preuve d’une grande modération relative et se concilia de vives sympathies par la facilité de son commerce et par sa libéralité.


MAYENNE (Henri DE LORRAINE, duc DE), grand chambellan de France et gouverneur de l’Île-de-France, fils du précédent, né en 1578, mort en 1621. Il prit successivement les titres de marquis de Mayenne, de duc d’Aiguillon et enfin de duc de Mayenne, après la mort de son père. Pendant les troubles qui agitèrent la minorité de Louis XIII, il se prononça d’abord en faveur de la cour, qui l’envoya demander en Espagne la main de l’infante pour le roi, puis il se prononça contre la régente, prit part à la levée de boucliers de 1614, contribua à la chute du maréchal d’Ancre, se montra favorable, puis hostile au nouveau favori, le duc de Luynes, avec qui il avait échangé le gouvernement de l’Île-de-France contre celui de la Guyenne, et périt au siège de Montauban, sans laisser de postérité.


Mayenne (HÔTEL de) ou d’Ormesson, ancien hôtel, situé à Paris, rue Saint-Antoine, à l’angle de la rue du Petit-Musc, sur laquelle il occupe une assez longue étendue. Cet hôtel, d’une construction bizarre, heurtée, composé d’une façade avec cour, flanqué de deux pavillons en long avant-corps, aux toits d’ardoise, se rattache par ses origines à l’un des nombreux hôtels dont se composait l’ancien palais Saint-Paul, bâti par le roi Charles V. Les comtes d’Étampes possédaient sur cet emplacement un grand manoir qui s’étendait le long de la rue Saint-Antoine, depuis la place actuelle de la Bastille jusqu’à la rue du Petit-Musc. Charles V le leur acheta. Depuis lors, il porta les noms d’hôtel du Petit-Musc, du Pont-Perrin, du Petit-Bourbon et de Bretagne. Le duc Jean VI de Bretagne y logea lors de son voyage à Paris en 1415. Il appartenait à la duchesse Anne lors de son mariage avec Louis XII et devint ensuite la résidence de la princesse d’Orange. Revenu à la couronne, il fut en 1554, sous Henri II, vendu en deux lots. Le lot qui s’étendait le long de la rue du Petit-Musc jusqu’à la rue Saint-Antoine fut vendu, sous le nom d’hôtel d’Étampes, à la célèbre Diane de Poitiers. L’hôtel d’Étampes croulait de vétusté quand il fut acquis, sous Henri III, par le célèbre chef des ligueurs, Charles de Mayenne. Androuet du Cerceau construisit pour lui l’édifice actuel. En 1709, Charles, prince de Vaudémont, le fit réparer par l’architecte Germain Boffrand, Enfin, en 1771, il servit de résidence et de bureaux à M. d’Ormesson, conseiller d’État et intendant des finances. Après lui, l’hôtel de Mayenne ou d’Ormesson, car il fut dès lors connu sous ce dernier titre, fut habité par différents particuliers et devint le siège d’une institution qui fut longtemps florissante, sous le nom d’institution Favart. À part une galerie de bois d’assez mauvais goût, qui relie au-dessus de l’entablement de la porte cochère les deux pavillons en avant-corps sur la rue Saint-Antoine, l’hôtel d’Ormesson a été respecté. L’aménagement intérieur, bien que très-largement compris, le jardin, quoique assez vaste, n’offrent d’ailleurs rien de spécialement curieux, hormis les souvenirs qui s’y rattachent.


MAYÈPE s. f. (ma-iè-pe). Bot. Genre de plantes, de la famille des rhamnées.

MAYEH (Jean — Frédéric), bibliographe et biographe allemand, né à Leipzig en 1650, mort à Stettin en 1712. Il fut successivement professeur de théologie à Wittemberg, pasteur à Hambourg, professeur de théologie à Greifswaid et à Éiel et surintendant général des églises de Poméranie (1701). Mayer acquit parmi les protestants une grande réputation comme prédicateur. Ses principaux ouvrages sont:Èistoria versionis germanicx Bibliorum Lullieri (Hambourg, 1693, in-4o)— ; Bibliotheca écriptorum théologie moralis (Greifswaid,

MAYE

1705, in-S°); Bibliotheca biblica (Leipzig, 1711, in-4o)j Bibliotheca theologica (Berlin, 1716, 2 vol. in-8o), etc.

MAYER (Christian), astronome et jésuite morave, né en 1719, mort en 1783. L’électeur palatin Charles-Théodore lui confia la direction de l’observatoire de Manheim. Il a laissé, entre autres ouvrages:Basis palatina de transitu Veneris (Pètersbourg, 1769, in-S°) ; Pantometrum paeechianum (Manheim, 1772) ; Nouvelle méthode pour lever en peu de temps et à peu de frais une carte générale exacte de toute ta Mussie.

MAYER (Tobie), savant allemand, né à Marbach (Wurtemberg) en 1723, mort en 1762. Il est, dit Betambre, « universellement considéré comme l’un des plus grands astronomes, non-seulement du xvme siècle, mais de tous les temps et de tous les pays. » Son père, inspecteur des eaux à Essling, lui apprit les mathématiques et le dessin. Mayer le perdit de bonne heure et, pour subsister, se mit à enseigner les mathématiques, qu’il n’avait apprises qu’un peu à l’aventure, lisant le3 ouvrages qui en traitent dans l’ordre où il les rencontrait. A vingt ans, il chercha à entrer au service. Il publia en 1745 un Traité des courbes et un Atlas mathématique, sorte de résumé de la science, en soixante tableaux. En 1746, on le voit s’occuper de géographie et se lier avec les astronomes Frantz et Lowitz. C’est dans ces relations que sa vocation prit naissance.

Sou début eut pour objet la sélénogruphie ; il est déjà très-intéressant en ce qu’il donne le premier exemple de l’usage des équations de condition dont oh se sert aujourd’hui pour déterminer simultanément les corrections à faire à toutes les quantités dont dépendent les coordonnées astronomiques d’une planète quelconque.

Mayer vint se fixer à Goattingue en 1751 et s’y maria; il fut en 1756 nommé directeur de l’observatoire que l’on venait de fonder dans cette ville et que le roi d’Angleterre avait doté de beaux instruments construits par Bird. Pour donner une idée du soin qu’il devait apporter à toutes ses observations, il suffira de dire qu’après avoir reconnu l’erreur de collimation de son quart de cercle, ainsi que te défaut de parallélisme de l’axe optique, par rapport au plan de l’instrument, celui de verticalité de ce plan et sa déviation azmiutale, précautions usitées déjà par tous » les astronomes, il crut devoir encore dresser une table des petites erreurs qui pourraient résulter de la gaucherie de l’arc porteur des divisions.

Toutes ces dispositions prises, Mayer entreprit la vérification des points fondamentaux de l’astronomie. Son premier grand ouvrage est intitulé : Tabulie motuum solis et luwe novs et corrects, quibus accedit met/iodus lonyitudinum (Londres, 1770). Ces tables, en ce qui concerne le soleil, ne valent pas celles de Lacaiile, publiées en 1758, et que l’auteur, qui les avait sous les yeux en composant les siennes, avait tenté de surpasser.

La différence tient au reste essentiellement à ce que Mayer avait un peu sacrifie les observations à la théorie, tandis que Lacaiile avait, au contraire, suppléé à la théorie par les observations toutes les fois qu’il l’avait supposée en défaut. Mais l’excellence des tables lunaires de Mayer frappa aussitôt tous les yeux. Mayer les adressa à Londres pour le concours au grand prix du. Bureau des longitudes, et Bradiey, qui fut chargé de les examiner, attesta que, les ayant comparées à 230 observations, jamais il n’avait trouvé d’erreur surpassant l’3o". Le Bureau des longitudes décerna à la veuve de Mayer une première récompense de 3, 000 livres sterling pour cet ouvrage, et, peu de temps après, une seconde de 2, 000 ; il ordonna, en outre, la publication des œuvres de l’illustre mort.

L’ancienne théorie des parallaxes faisait dépendre la parallaxe de hauteur de la parallaxe horizontale, par une formule établie dans l’hypothèse de îa sphéricité de la terre. Euier avait donné des formules incommodes pour tenir compte de l’aplatissement. C’est à Mayer qu’on doit d’avoir réduit la question à des termes très-simples.

Sa Theoria lunx juxla systema Newtonianum, publiée aussi par l’ordre du Bureau des longitudes, donnait ta longitude et la latitude de notre satellite, exprimées par des formules algébriques dont les erreurs étaient déjà extrêmement petites. Il a suffi depuis de très-petites corrections pour réduire ces erreurs à moins de 15", dans les cas les plus défavorables.

Longtemps après sa mort, une idée lumineuse qu’il avait indiquée dans les mémoires de Gœttingue, mais à laquelle on n’avait pas alors fait attention, vint ajouter encore à sa gloire. La méthode connue sous le nom de répétition des angles, que l’on attribue ordinairement à Borde, appartient en propre à

Mayer.

A trente-neuf ans, une maladie de langueur, produite sans doute par un travail trop assidu, enleva Mayer à lu science. Une partie de ses manuscrits a paru en 1775 sous le titre : Opéra inedita. On y trouve : un projet pour déterminer plus exactement les variations du thermomètre ; des perfectionnements à la méthode de Kepler pour le calcul des éclipses de soleil ; un mémoire surl’affinité des couleurs ; Mayer n’en regardait comme primitives que trois seulement ; un catalogue

MAYE-

de 998 étoiles zodiacales ; un mémoire sur les mouvements propres de quelques étoiles ; enfin la carte de la lune, qui avait été son premier travail. La seconde partie n’a jamais paru ; elle devait contenir une théorie des aimants, un mémoire sur Mars et les perturbations qu’éprouve cette planète de la part de Jupiter et de la terre, enfin la description d’un nouvel astrolabe.

MAYER (Jean-Christophe-André), médecin prussien, né à Greifswaid en 1747, mort à Berlin en 1801. Il fil ses études médicales dans sa ville natale et fut reçu docteur en 1771. Six ans plus tard, il fut appelé à occuper la chaire d anatomie au collège médico-chirurgical ; mais il abandonna cette chaire au bout d’un an pour aller prendre possession de celte de médecine vacante àFrancfort-sur-1’Oder. Il y resta jusqu’en 1787, époque à laquelle il fut nommé professeur de botanique et de matière médicale et directeur dujardin botanique de l’université de Berlin. Mayer a laissé un ouvrage n’anatomie longtemps classique, qui a pour titre : Anatomisclie physiologische Abhaiid’uny von Gehirn, ltUckenmark und Urspruny derNerven (Berlin, 1779). Nous lui devons encore -.ûissertatio de calore nuturali in febribus, vel aucto, vel imminuto (Greifswaid, 1771) ; Examen quarumdam apiimarum etilaraciam extraheudi méthodorum, imprimis Wemelianx (1772) ; Disacrtatio de debititate symptomaie febrili (Francfort-sur — l’Oder, 1779) ; Descriptio/ternis umbilicalis vers (1780) ; ûissertatio vomies lienalis, quse, rvplo, uti suspicari ticet, veiitriculi fundo, pus in illum infundebat, historiam exhibens (1781) ; Dissertatio sislens spicilegia qusdam ad curationem luis vénères universalis pertinenlia (1782)^ Prscipua expérimenta de a/fectibus putredinis in puimones infant uni unie et post partum morluorum (1782) ; Saluberrimus usus aqus frigids externe applicats in sistendis hsmorrhatjiis internis (1783). etc.

MAYER (Charles-Joseph), littérateur français, né à Toulon en 1751, mort vers 1825. Il se rendit fort jeune à Paris, où il suivit la carrière des lettres et composa des pièces de théâtre, des romans, des compilations historiques, etc. Dans sa vieillesse, Mayer s’occupa beaucoup de réformes grammaticales. Parmi ses ouvrages, d’une valeur médiocre, nous citerons : Anecdotes françaises (Paris, 1774, 3 vol. in-8o) ; la Femme infidèle, drame en trois actes et en vers (1775, in-8o) ; Tableau politique et littéraire de l’Europe pendant Cannée 1775 (1777) ; Tableau des finances sous Charles IX, Henri III et Henri I V (Paris, 1777) ; Histoire philosophique et militaire de la France (Paris, 1778) ; Aventures et plaisante éducation du chevalier Charles le Bon, sire d’Armagnac (Paris, 1785, 3 vol.) ; Galerie philosophique du xvie siècle (Paris, 1783-1788, 3 vol. in-8o) ; Voyage en Suisse en 1784 (Paris, 1786, 2 vol. in-8o) ; les Ligues achéenne, suisse et hollandaise et révolutions des ÉtatsUnis d’Amérique comparées ensemble (Paris, 1787, 2 vol. in-12) ; les Amours de Châteiard et de Marie Si uari (Paris, 1737) ; Des états généraux et autres assemblées générales (Paris, 1788-1789, 18 vol. in-8o) ; Idéologie de Mayer, Étude de la chose (Paris, 1823, in-s<>).

MAYER (Constance), artiste française, née à Paris en 1778, morte en 1821. Elle fut d’abord l’élève de Suvée et de Greuze et commença à se faire connaître aux Salons de 1796 à 1802, en exposant surtout des portraits à l’huile, des pastels qui furent remarqués, et quelques compositions allégoriques ou semblaientrenaîtreles dernières lueurs de Greuze

et de Fragonard : une Jeune fille, un Enfant tenant une colombe (Salons de l’an VI et de l’an VII) ; une M ère et ses enfants devant un tombeau, le Mépris des richesses ou 'Innocence entre l’Amour et la Fortune (Salon de l’an XII).

Vers 1803, elle entra dans l’atelier de Prudhon et bientôt une étroite sympathie lia les deux artistes. « MH » Mayer, dit M. Arsène Houssayo, avait beaucoup de séduction ; c’était une brune enjouée, enthousiaste et toujours passionnée. Elle était loin d’avoir la beauté que Prudhon donnait à ses figures de vierges ou de nymphes ; mais, malgré son teint basané et ses pommettes saillantes, elle avait un attrait qui frappait les plus philosophes. » Telle, en effet, on la retrouve dans le beau portrait d’un des salons du Louvre. Prudhon fut séduit quoique, ayant dépassé la quarantaine, il entrât dans cette période de la vie où l’amour ne tient plus une grande place. MUe Mayer ayant perdu son père vint s’installer chez Prudhon, et leur union était si bien acceptée du monde officiel comme du monde des artistes, que Napoléon leur fit assigner à tous deux un appartement à la Sorbonne ; lorsqu’il décora Prudhon (1808), il fit acheter le même jour deux jolis tableaux anacréontiques de M’1" Mayer. Celle-ci obtint

une médaille en 1806 et continua d’exposer à presque tous les Salons jusqu’à sa mort. En travaillant avec Prudhon, eile s’était presque assimilé sa manière, et l’on retrouve dans ses toiles cette suavité et cette mélancolie qui distinguent l’œuvre du maître. Le Louvre possède d’elle deux tableaux composés pour se faire pendant, la Mèr* heureuse et la Mère abandonnée, exposés au Salon de 1810 et dans lesquels la tendresse de Prudhon est heureusement mariée à la grâce de Greuze. Prudhon même termina un des tableaux laissés inache-