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ploi h. la préfecture de la Gironde, où il a été pendant longtemps chef de bureau. Depuis lors, M. de Lamothe a été nommé inspecteur des établissements de bienfaisance et, secrétaire général de l’Académie de Bordeaux. Indépendamment d’articles et de notices dans

le Journal des économistes, le Journal des communes, l’Echo de la semaine, les Actes de l’Académie de Bordeaux, le Mémorial bordelais, etc., M. de Lamothe a publié un assez grand nombre d’écrits qui attestent de sérieuses connaissances en économie politique et en archéologie. Nous citerons de lui : Essai historique et archéologique sur l’église cathédrale de Saint-André à Bordeaux (1843, in-8o) ; Choix des types les plus remarquables de l’architecture au moyen âge dans te département de la Gironde (1S46 ; in-s°) ; Essai de complément sur la statistique du département de la Gironde (1847, in-4o), avec Brunet ; Des moyens d’améliorer le sort de la classe ouvrière (1849, in-8o) ; De l’organisation des sociétés savantes en France (1849, in-8o) ; Observations sur les enfants trouvés (1850, in-8o) ; Études d’économie charitable (1851, in-8o) ; les Théâtres de Bordeaux, suivis de quelques vues de réforme théâtrale (1854, in-8o), etc.

LAMOTHE (Louis-François-Gabriel Dorlêans dk), prélat français. V. DOrléans.

LA MOTHE-HGUDANCOURT (Philippe,

comte de), duc ou Cordone, maréchal de France, né en 1605, mort en 1657. Dès l’âge de dix-sept ans, il suivit la carrière des armes, prit part à un grand nombre de combats contre les protestants, fut blessé à l’affaire de Castelnaudary, en 1632, devint alors gouverneur de Bellegarde, et fut nommé mestre de camp en 1633. La Mothe assista ensuite aux sièges de Nancy et de Louvain (1635), fut promu maréchal de camp en 1637, donna de nouvelles preuves de sa valeur dans l’armée de Bourgogne, dans celle d’Allemagne, battit un corps ennemi à Poligny, puis passa à l’armée de Piémont (1639), dont il eut le commandement provisoire à Sa mort du cardinal

de La Valette. Lorsque cette armée dut battre en retraite, La Mothe-Houdancourt l’empêcha d’être écrasée en soutenant de pied ferme le choc de l’ennemi à l’arrière-garde. La valeur dont il fit également preuve à la bataille de Casai (1640) et au siège de Turin lui valut le grade de lieutenant général (1641). Chargé cette même année du commandement de l’armée de Catalogne (1641), il battit plusieurs fois les Espagnols, et fut nommé successivement maréchal de France (1642), vice-roi de Catalogne et duc de C’ordone. Battu lui-même devant Lerida (1644), il perdit sa vice-royauté et fut traduit devant le parlement de Grenoble, qui l’acquitta après une détention de quatre ans. La Mothe se retira alors dans ses terres. Bien que très-hostile à Mazarin et au parti de la cour, il prit une très-faib’.e part aux troubles de la Fronde. En 1651, il obtint de retourner en Catalogne comme vice-roi et commandant en chef de l’armée. Étant parvenu à se jeter dans Barcelone, il défendit de la plus brillante façon cette place, que la famine seule força à se rendre (1652), se démit de sa vice-royauté au commencement de l’année suivante et revint alors en France.

LAMOTHË-LANGON (Étienne-Léon, baron de), littérateur français, né à Montpellier en 1786, mort en 1864. Il se fit connaître, avant sa vingtième année, par des poésies lyriques où il célébrait la gloire des armes françaises. À Paris, où il vint en 1807, il se lia avec les potites les plus remarquables de l’époque, tels que Chénier et Delille, devint successivement auditeur au conseil d’État en 1809, sous-préfet de Toulouse (îsil) et de Livourne, en Toscane (1S13), préfet de l’Aude pendant les Ceiit-Jours, et rentra dans la vie privée à la seconde Restauration. Doué d’une vive imagination, Lumothe-Langon composa un grand

nombre de romans et d’écrits divers, dont le style est généralement négligé. Depuis une vingtaine d’années, il irvait cessé d’écrire et il était à peu près complètement oublié lorsqu’il mourut. Il était alors le doyen des Jeux noruuit de Toulouse, où il avait jadis fait preuve, comme administrateur, d’une grande fermeté, lors d’une émeute causée par une disette de grains. Nous citerons, parmi ses romans : les Cinq chapitres de roman ou les Noces de mon cousin (1808, in-12) ; Clémence Isaure et les troubadours (1808, 3 vol. in-12) ; l’Ermite de la tombe mystérieuse (1815, 4 vol. in-12) ; les Mystères de la tour Saint-Jean ou les Chevaliers du Temple (1818, 4 vol. in-12) ; le Spectre de la galerie du château d’Estalens ’ (1819, 4 vol. in-12) ; Duranti, premier président au parlement de Toulouse (1822, 4 vol.) ; le Vampire (1824, 3 vol.) ; Monsieur le préfet, l’une de ses œuvres qui obtinrent du succès (1824, 4 vol. in-12) ; la Province à Paris (1825,

4 vol. in-12) ; le 24 janvier ou la Malédiction d’un père (1825, 3 vol. in-12) ; l’Espion de police (1S20) ; le Chancelier et les censeurs (1823,

5 vol. in-12) ; le Ventru, roman de mœurs (1829, 4 vol. in-12) ; la Princesse et le sousofficier (1831, 4 vol. in-12) ; le Duc et le pane (1831, 4 vol.) ; le Diable (1832, 5 vol. in-12) ; le Fils de l’empereur (1832, 5 vol. in-12) ; le Gamin de Paris (1833, 5 vol. in-12) ; le Comptoir, la plume et l’épée (1834, 2 vol. in-S<>) ; les Jolies filles, avec Touchard-Lafosse (1831, 2 vol. in-S») ; la Province à Paris (1835, i vol.) ; le itoi et la grisette (1830, in-8«) ; Mademoiselle de Jluhan (1835, 2 vol.) ; la Famille du

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voleur (1835) ; Monsieur et madame (1837, 2 vol. in-8o) ; Bonaparte et le doge (1833, 2 vol. in-8o) ; l’Espion russe (183S, 2 vol. in-S°) ; Marquise et charlatan (1840, 4 vol. in-12) ; Mon général, ma femme et moi (1841, 2 vol. in-S°). Il a publié, dans un autre genre : Mémoires et souvenirs d’un pair de France (1829-1830, 4 vol. in-8o) ; Mémoires d’une femme de qualité, depuis la mort de Louis XV'J11 jusqu’à la fin de 1829 (1830, 2 vol. in-S») ; Révélation d’une dame de qualité sur les années 1830 et 1831 (1831, 2 vol. in-S») ; Mémoires sur Louis XVI !I', recueillis et mis en ordre par M. le duc Ô*" (1832-1833, 12 vol. in-S°) ; Mémoires de Napoléon Bonaparte (1834, 4 vol. in-30), inachevé ; l’Empire ou Dix ans sous Napoléon (1836, in-8o) ; Napoléon, sa famille, ses amis, ses généraux, ses ministres, ses contemporains ou Soirées secrètes du Luxembourg, des Tuileries, de Saint-Cloud, de la Malmaison, de Fontainebleau et de Paris (1838, in-S") ; Mémoires de Sophie Arnould (1837, 2 vol.).

LA MOTHE LE VAYER (Félix de), magistrat français, né en 1547, mort en 1625. Il fut substitut du procureur général au parlement de Paris, et publia un traité intitulé : Legatus seu de legatorum privitegiis, officia ac munere libellas (Paris, 1579, in-4").

LA MOTHE LE VAYER (François de), écrivain et philosophe français, fils du précédent, né à Paris en 1588, mort en 1672. Il hérita de la charge de son père et aussi de son goût pour les lettres et les sciences. Mlle de Gournay lui légua sa bibliothèque, et il ne tarda pas à se défaire de sa charge pour se vouer entièrement aux lettres, et surtout à l’étude de l’histoire comparée. Son premier ouvrage a pour titre : Discours de la contrariété d’humeurs qui se trouve en certaines nations et singulièrement la française et l’espagnole (Paris, 1636, 1 vol. in-8o). La Mothe Le Vayer le donne pour traduit de l’italien, de Fabricio Campolini. Ce livre fut très-bien reçu du public. Des Considérations sur l’éloquence française (Paris, 1038, in-12) achevèrent de mettre l’auteur en relief. Il y soutient la thèse, fameuse au xviic siècle, de la supériorité des anciens sur les modernes.

L’Académie française l’admit dans son sein le 14 février 1639. Un nouvel ouvrage, intitulé : De l’instruction de monsieur le Dauphin (Paris, 1640, in-4o), valut àLaMothe Le Vayer la faveur de Richelieu, qui le désigna, en mourant, pour occuper la charge de précepteur du dauphin. Après la mort du cardinal, Anne d’Autriche, devenue régente, refusa de ratifier ce choix ; mais, en 1649, elle confia à La Motte Le Vayer l’éducation du duc d’Orléans, frère du roi, et, en 1652, on le chargea d’achever l’éducation de Louis XIV, alors âgé de quatorze ans. La Mothe s’établit à la cour, suivit le roi dans ses voyages, assista au sacre, qui eut lieu à Reims (1654), et continua ses fonctions jusqu’en 1660, où fut célébré le mariage du roi.

La Mothe Le Vayer se maria pour la seconde fois à l’âge de soixante-dix-huit ans, union tardive dont ses confrères de l’Académie française plaisantaient volontiers. La lecture des récits de voyage fut une des passions de toute sa vie. Le voyageur Dernier vint lui faire une visite à son lit de mort : < Eh bien, lui dit La Mothe Le Vayer, quelle nouvelle avez-vous du Grand Mogbl ? » Il mourut sur ces paroles, à l’âge de quatrevingt-cinq ans.

Outre les trois ouvrages cités plus haut, on a encore de lui : De la vertu des païens (Paris, 1642, in-4<>), œuvre conçue dans le même esprit que ses Considérations sur l’éloquence française. L’édition du livre encombrait la boutique de l’éditeur, qui vint un jour s’en plaindre : «Je connais, dit Lamothe, un secret pour en assurer le débit. » Il fit, en effet, courir le bruit que la censure allait empêcher l’ouvrage de circuler, et l’édition fut enlevée an peu de temps ; Jugements sur les anciens et principaux historiens grecs et latins (Paris, 1646, in-8<>) ; la Géographie, la Rhétorique, la Morale, l’Economique, la Politique, la Logique, la Physique du prince, traités élémentaires composés pour l’éducation de Louis XIV ; En quoi la piété des François diffère de celle des Espagnols ; Petits traités en forme de lettres sur des sujets moraux (Paris, 1659-1660, 4 vol. in-12) ; Discours pour montrer que les doutes de ta philosophie sceptique sont d’un grand usage dans les sciences, avec un Discours sur la musique (Paris, 16B8) ; Du peu de certitude qu’il y a dans l’histoire, brochure (Paris, 166S) ; Bexaméron rustique ou les Six journées passées à ta campagne (Paris, 1670, in-16). On attribue, en outre, à La Mothe Le Vayer, des Dialogues^ faits à l’imitation des anciens, sous le nom d’Oratius Tubero (Francfort, 1698, in-4»). La meilleure édition de ses œuvres est celle de Dresde (1753-1759, 14 vol. in-8o).

En philosophie, La Mothe Le Vayer est de l’école de Montaigne et de Bayle plutôt que de celle de Pascal et de Huet- La Mothe Le Vayer examine, dans ses Doutes sceptiques, 0 si l’étude des belles-lettres est préférable à toute autre occupation, » et il conclut que non. On accusait La Mothe Le Vayer de n’avoir pas le sens commun ; mais il répondait : « Aussitôt que quelqu’un s’écarte de notre sens, nous disons qu’il a perdu le sens commun, t Du reste, il ne s’inquiétait point de n’être de l’avis de personne. À propos des mathématiques, il professe « qu’ici comme ailleurs, l’ha LAMO

bitude se rend maîtresse, et que la coutume fait tout. ■ Il est, du reste, essentiellement tolérant. « Je n’empêche personne d’être opiniâtre si bon lui semble, disait-il, mais qu on me permette aussi de douter avec une simplicité innocente. » On peut résumer en deux mots la philosophie de La Mothe Le Vayer : scepticisme ortho loxe. On sait que tout système prétendait alors ne s’écarter en rien de l’orthodoxie.

LA MOTHE LE VAYER (de), littérateur français, fils du précédent, né en 1629, mort en 1664. C’est à lui que Boileau a dédié une de ses satires. Il entra dans l’état ecclésiastique et fut tué par l’ignorance de ses médecins, qui lui firent prendre une trop grande quantité d’émédque. On a de lui une bonne édition de Florus (1661). — Un membre de la même famille, Jean-François de La Mothe Le Vayeh, jurisconsulte et maître des requêtes, mort en 1764, a publié un Essai sur la possibilité d’un droit unique (Paris, 1764, in-12).

LA MOTHE LE VAYER DE BOUTIGNY (Roland de), jurisconsulte français. V. Boutigny.

LA MOTTE, bourg de France. V. Motte (la).

LA MOTTË-BEtJVRON, bourg de France. V. Motte-Beuvron (la).

LA MOTTE-CHALANÇON, bourg de France. V. Motte-Chalançon (la).

LA MOTTE-FEUILLY, bourg de France. V. Motte-Feuilly (la).

LA MOTTE-SERVOLEX, bourg de France. V, Motte-Servolex (la).

LA MOTTE (Guillaume Macquest de), chirurgien français, né £1 Valognes en 1655, mort en 1737. Il fit ses études médicales à Paris, et se livra surtout à la chirurgie, qu’il étudia pendant cinq ans à l’Hôtel-Dieu. Après avoir obtenu le titre de docteur, il revint dans son pays natal, où il se livra, pendant plus de cinquante ans, à la pratique de la chirurgie et de l’obstétrique. Ce sont les résultats de sa longue expérience qui forment la plus grande partie des excellents ouvrages qu’il nous a laissés. Son Traité d’accouchement, un des meilleurs qui aient été publiés sur cette matière, eut plusieurs éditions. Il en fut de même de son Traité de chirurgie. Voici les titres des publications de ce savant praticien : Dissertations sur la génération et la superfétation (Paris, in-S») ; Traité des accouchements naturels, non naturels et contre nature (Paris, 1715, in-4o) ; Traité complet de chirurgie, contenant des observations et des réflexions sur toutes les maladies chirurgicales et sur la manière de les traiter (Paris, 1722, 3 vol. in-12).

LA MOTTE (Kmmanuel-Auguste de Cahideuc, comte du Bois de), amiral français, né à Rennes en 1683, mort dans la même ville en 1764. Il entra fort jeune dans la marine, se distingua par son intrépidité, en 1711, au combat du cap Lézard et à la prise do Rio-Janeiro, se signala à maintes reprises, comme capitaine de frégate, en protégeant des convois contre des vaisseaux anglais, et obtint le grade de chef d’escadre en récompense de sa conduite. Nommé, en 1751, gouverneur des lies sous le Vent, avec résidence à Port-au-Prince, il se montra excellent administrateur, fit achever la construction de la ville de Jérémie, dans l’île Saint-Domingue, élever des bâtiments d’utilité publique, ouvrir des routes, etc. En 1753, il retourna en France, reçut, deux ans plus tard, le commandement d’une flotte de quatorze vaisseaux et deux frégates pour ravitailler le Canada et l’île Royale, fit, en 1757, un second voyage pour la même destination, rencontra une flotte anglaise avec laquelle il en vint aux mains, mais dont il fut obligé de se séparer par suite d’une terrible tempête, et revint en France avec ses vaisseaux désemparés et ses équipages décimés par le typhus. L’année suivante (1757), il combattit les Anglais, qui venaient d’opérer une descente à Saint-Cast, et fut promu vice-amiral eu 1762.

LAMOTTE (Marie-Hélène Desmottes, connue sous le nom do Mile}, actrice française, née à Colmar en 1704, morte à Paris en 1769. Fille d’un officier, elle reçut une excellente éducation chez les ursulines de Metz, se fit enlever de son couvent, et, se trouvant sans ressource, elle se tourna vers le théâtre. Grâce à son intelligence, elle apprit rapidement les principes de l’art dramatique, débuta, en 1722, à la Comédie-Française, dans les rôles de Cléopàtre, de Modogune, d’Elisabeth, du Comte d’Essex, et obtint un engagement. Toutefois, voyant qu’elle n’était pas faite pour -les grands rôles tragiques, elle aborda l’emploi des caractères, dans lequel elle se fit une réputation aussi brillante que méritée. Amie intime d’Adrienne Lecouvreur, elle fit, chez cette actrice, la connaissance du maréchal de Saxe, qui eut toujours pour elle une affection sincère. Il ne l’oublia pas même pendant ses campagnes de 1744 et des années suivantes. Des lettres, conservées par les héritiers de M’l& Lamotte, attestent qu’il aimait à l’instruire du succès de ses opérations. MllE Lamotte prit sa retraite en 1759. Dix ans plus tard, elle mourut d’une attaque d’apoplexie. Le Calendrier historique des théâtres (1753) contient les vers suivants, adressés à cette comédienne :

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Lamotte rend si finement

Tous les rôles qu’elle débite.

Qu’on croit qu’elle a réellement

Le caractère qu’elle imite.

M’io Lamotte créa un grand nombre de rôles dans les pièces des auteurs célèbres de son époque ; elle so distingua aussi dans l’ancien répertoire et laissa une juste renommée de talent, d’esprit et d’aménité de caractère.

LA MOTTE (François), musicien allemand, né à Vienne (Autriche) en 1751, mort en Hollande en 1781. De très-bonne heure, il acquit une grande réputation comme violoniste, devint premier violon de la chapelle impériale, se rendit, en 1779, à Paris, où il joua avec succès au Concert spirituel, puis passa à Londres, où il fut emprisonné pour dettes. Rendu à la liberté, en 1780, il partit pour la Hollande et y mourut l’année suivante. La Motte a laissé des Solos, des Concertos et des Airs variés pour le violon.


LA MOTTE (les époux). Ils ne doivent leur triste célébrité qu'à la fameuse affaire du collier, à laquelle le Grand Dictionnaire a consacré un long article. On ne trouvera donc ici que les renseignements biographiques qui n’ont pu trouver place dans l’ample récit que nous avons donné de cette ténébreuse intrigue.

Jeanne de Luz, de Saint-Rémy, de Valois, comtesse de La Motte, née à Fontète (Champagne) le 22 juillet 1756, morte à Londres en 1791, était fille d’un gentilhomme champenois, qui descendait d’un fils naturel du roi de France, Henri II ; mais, malgré cette origine, la famille était tombée depuis plusieurs générations dans une telle pauvreté, que le baron de Saint-Rémy, après avoir vécu de braconnage et même de vol, alla mourir, en 1761, à l’Hôtel-Dieu de Paris, laissant un fils et deux filles, dont l’aînée, qui devait être la fameuse comtesse, fut recueillie d’abord par la comtesse de Boulainvilliers. On chercha ensuite à obtenir pour ces orphelins l’aide du gouvernement, et Chérin, généalogiste des ordres du roi, ayant vérifié leur généalogie et certifié qu’ils descendaient bien réellement par les mâles du fils naturel de Henri II, le roi accorda au fils une pension de 1,000 livres et l’admission gratuite à l’École de la marine ; chacune des deux filles reçut une pension de 600 livres, et elles furent placées gratuitement à l’abbaye de Longchamps, où elles étaient destinées à prendre le voile plus tard. Mais la vie religieuse ne pouvait guère convenir au caractère ardent et à l’esprit aventureux de l’aînée, et, après quelques années passées au couvent, elle s’enfuit un beau jour avec sa sœur. Toutes deux allèrent se réfugier à Bar-sur-Aube, auprès d’une dame de Surmont, qui les garda chez elle par pure bienfaisance, mais qui en fut assez tristement récompensée, car les deux sœurs ne se firent pas remarquer précisément par la régularité de leur conduite. Jeanne noua des relations avec un jeune homme du nom de Beugnot, qui joua depuis un rôle politique assez important, et enfin fit la connaissance du comte de La Motte, neveu de M. de Surmont, mauvais sujet sans fortune et criblé de dettes. Il finit par l’épouser. Deux mois à peine après son mariage, elle mit au monde deux enfants, qui moururent en naissant. Mme de Surmont, indignée, chassa de chez elle les deux époux, qui allèrent alors chercher fortune à Paris.

Là, Mme de La Motte retrouva Beugnot, qui l’aida de ses conseils et de sa bourse ; mais c’était une ressource trop précaire, et la comtesse, après avoir fatigué la cour et la reine de ses sollicitations, se mit en quête d’une intrigue qui lui offrlt une perspective plus brillante. En 1781, elle noua des relations intimes avec le cardinal de Rohan, et ne tarda pas à prendre un grand ascendant sur ce prélat, aussi débauché qu’il était ambitieux. Toutefois, ce ne fut qu’en mars 1784 qu’elle ébaucha la fameuse intrigue dont nous avons raconté toutes les péripéties, et sur laquelle nous ne reviendrons pas. Arrêtée, condamnée, elle s’évada, comme on le sait, de la Salpêtrière, probablement avec la connivence de l’autorité (1787), et se réfugia à Londres, où elle retrouva son digne époux, qui, lui, n’avait pas été arrêté, mais avait jugé prudent de passer à l’étranger. On sait aussi qu’elle rédigea des Mémoires, où elle accusait formellement Marie-Antoinette de complicité dans l’affaire du collier, et que ce pamphlet, dont l’édition entière fut rachetée à prix d’or par la cour de France, fut néanmoins réimprimé à plusieurs éditions, sous le titre de Vie de la comtesse de La Motte, d’après quelques exemplaires qui avaient échappé à la destruction.

À la fin de 1789, la comtesse était venue à Paris, au grand effroi de Marie-Antoinette. La fameuse aventurière voulait, disait-on, faire reviser son procès ; mais on parvint à la faire repartir, probablement en la soudoyant de nouveau. Elle eut encore de nouvelles aventures dont le détail est peu connu. Il y a aussi diverses versions sur sa fin ; mais la plus généralement admise, c’est qu’elle périt à Londres, en 1791, en tombant d’une fenêtre dans la rue.

Le comte de La Motte lui survécut longtemps. Il avait été condamné par contumace, et il revint, lui aussi, en France, pour faire reviser son procès et se constitua prisonnier. Déjà il avait obtenu un arrêt qui pouvait lui donner quelque espérance, lorsque éclata la