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touffes d’arbres, des buissons ou dans les trous des vieilles murailles. La nuit, il devient plus actif, plus turbulent ; c’est alors qu’il va chercher sa nourriture, souvent loin de son terrier.

En été, à. l’époque où les nuits sont très-courtes, les lapins se risquent assez souvent à sortir en plein jour ; la même chose a lieu par les temps d’orage, où ils éprouvent une activité plus grande, un besoin de paître, un redoublement d’appétit qui les rend aveugles sur le danger. Pourtant, si on les approche de trop près, ils rentrent au terrier, mais ils en ressortent presque aussitôt, Ordinairement, dit V. de Bomare, les lapins no se laissent pas si aisément approcher sur les bords du terrier ; ils éprouvent l’inquiétude qui est une suite naturelle de la faiblesse. Cette inquiétude est toujours accompagnée du soin de s’avertir réciproquement. Le premier qui aperçoit frappe la terre et fait avec les pieds de derrière un bruit dont les terriers retentissent au loin. Alors tout rentre précipitamment. Les vieilles femelles restent les dernières sur le trou et frappent du pied sans relâche, jusqu’à ce que toute la famille soit rentrée. » Le lapin se nourrit d’herbes, d’écorce d’arbre, de fruits, de graines ; il vit une dizaine d’années au plus,

Le lapin se multiplie prodigieusement, ses portées étant très-nombreuses et très-fréquentes. On peut dire que la femelle est presque toujours en chaleur, ou du moins en état uo recevoir le mâle ; d’un autre côté, ses portées sont bien moins exposées que celle du lièvre aux nombreuses causes de destruction. Quelques jours avant démettre bas, la femelle creuse un trou, profond de 1 mètre environ, droit ou coudé, mais toujours dirigé en bas obliquement. Le fond du trou est évasé, arrondi et garni d’un lit d’herbes sèches, recouvert d’une couche de poils duveteux que la femelle détache elle-même de son ventre. C’est là qu’elle dépose ses petits, dont le nombre varie de quatre à dix. Dès qu’elle a mis bas, elle quitte le nid, en ayant soin d’en boucher l’entrée. Pour cela, elle pousse au-devant du trou, après avoir eu soin de la détremper avec son urine, une grande partie de la terre provenant du terrier. Elle se vautre dessus, répète souvent cette opération, et finit par faire de cette terre un amas de boulettes ; telle est du moins l’opinion généralement répandue aujourd’hui encore, bien qu’elle présente certains points difficiles à expliquer.

« Tant que les petits sont faibles et n’y voient pas, dit M. Z. Gerbe, l’entrée du nid est fermée dans tous ses points ; mais lorsqu’ils commencent à voir, alors on remarque " vers le bord supérieur une petite ouverture par laquelle le jour pénètre et qui s’agrandit de plus en plus à mesure que les jeunes deviennent forts. L’allaitement dure tout au plus une vingtaine de jours. L’heure à laquelle lu mère se rend auprès de ses petits est encore inconnue. Des observateurs ont eu la patience, par un beau clair de lune, d’aller faire sentinelle quelquefois jusqu’à minuit, pour pouvoir constater ce fait ; d autres ont placé des bûchettes en croix sur l’entrée du nid et les ont trouvées dans la même disposition toute la journée et même une partie de la nuit. D’après cela, il serait à supposer qu’elle ne s’y rend que vers la matinée. Les jeunes, après leur sortie, restent réunis encore quelque temps. On a cru que la femelle ne cachait ainsi ses lapereaux que pour les dérober à la fureur du mâle ; il serait bien plus raisonnable de supposer qu’elle redoute plutôt de les voir devenir la proie des autres animaux, et qu’alors son instinct maternel la porte à les mettre à l’abri. »

Les lupins ont l’ouïe très-fine et sont toujours aux aguets ; le moindre bruit les fait fuir précipitamment, et, dès qu’ils soupçonnent un danger dans quelque endroit, ’ils l’abandonnent pour n’y plus retourner. Ils paraissent craindre beaucoup l’eau. « Dans les derniers débordements de la Loire, dit V. de Bomare, qui ont noyé une quantité de gibier étonnante, on a observé que plusieurs lupins prêts à être submergés avaient eu l’instinct de grimper ou plutôt de sauter sur les arbres, de l’écorce desquels ils ont vécu uniquement jusqu’à ce que les eaux se fussent retirées. Au reste, cette observation n’est pas nouvelle, et elle a été faite plus d’une fois dans des inondations. » Le lapin a do nombreux ennemis dans le règne animal ; les mammifères carnassiers, les oiseaux de proie en détruisent un certain nombre. Mais ce qui contribue le plus à en diminuer l’espèce, qui sans cela se propagerait à l’infini, c’est la guerre acharnée que lui fait l’homme. On le chasse à l’affût ou a la battue, comme le lièvre ; on le fait forcer dans son terrier par des bassets ou par des furets. On lui dresse.des pièges. Enfin, on emploie tous les moyens pour en préserver nos récoltes.

Le lapin sauvage donne des produits estimés. Sa chair est blanche, inférieure en qualité à celle du lièvre, assez délicate néanmoins chez les jeunes sujets, mais sèche et dure dans les vieux individus. Sa peau et son poil sont employés dans l’industrie. Pour se procurer abondamment ces produits, on a cherché de bonne heure et l’on a réussi à domestiquer l’animal. Le lapin, en effet, est, beaucoup plus que le lièvre, susceptible d’apprivoisement et.même d’éducation. Nous traiterons plus loin du lapin domestique.

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Il nous reste à faire connaître sommairement les autres espèces de cette section. Ce sont : le lapin des sables, d’un quart plus petit que le nôtre, et qui habite le pays des Hottentots ; le lapin de Magellanie, à’in noir violacé tacheté do blanc, qui se creuse des terriers ; le lapeti, de la taille du lapin dés sables, à pelage varié de brun noir et de roux, à queue très-courte, qui vit dans les forêts du Brésil et se réfugie dans le creux des arbres ; le lapin d’Amérique, confondu quelquefois avec le précédent, dont il se distingue par sa queue et ses oreilles plus longues ; enfin, le lapin de Virginie, peu connu.

— Econ. dom. Le lapin, soumis depuis longtemps à la domesticité, a produit de nombreuses variétés ou races, qui peuvent se rapporter à trois types principaux : 1° le lapin commun, en général gris avec le ventre blanc, quelquefois entièrement noir ou blanc, ou mi-parti de ces deux couleurs ; 2° le lapin riche, d’un gris noirâtre argenté, à poil plus long, plus soyeux et plus doux ; 3° le lapin angora, moins eitimé pour sa chair, mais dont le poil touffu est de qualité supérieure et fort recherché pour la bonneterie. On peut élever en grand le lapin de deux manières, dans une garenne ou dans un clapier. Mais, dans les petites exploitations, on se contente souvent do le tenir dans des caisses ou des tonneaux défoncés. « Chaque lapine, dit Silvestre (Nouveau cours d’agriculture), peut donner de six à sept portées par an ; trois semaines après qu’elles ont mis bas, on doit remettre les mères aux mâles ; il faut les y laisser une nuit, et lorsque l’un et l’autre sont en bon état, que le mâle n’a pas plus de cinq à six ans, et la femelle de quatre à cinq, il est rare que la lapine na soit pas remplie ; elle revient ensuite à ses petits et peut, sans inconvénient, continuer à les nourrir encore une huitaine de jours. Quolques-mères font périr les jeunes lapereaux ; on peut les corriger de ce défaut en leur donnant abondamment à manger la nourriture qui leur est la plus agréable, on les dérangeant le moins possible, et en no les mettant jamais au mâle que le soir ; lorsqu’elles en sortent le matin, elles mangent et dorment et ne maltraitent pas les petits, ce qu’elles font quelquefois lorsqu’on les fait rentrer le soir dans leur cabane.

Il ne faut faire couvrir les femelles qu’à l’âge de six mois ; elles portent trente ou trente et un jouis, et leurs portées sont depuis deux jusqu’à dix petits ; il est plus avantageux qu elles ne soient que de cinq ou six : les lapereaux sont plus forts et mieux nourris ; aussi quelques cultivateurs enlèvent-ils l’excédant de ce nombre dans les portées trop considérables, et ce procédé est convenable lorsque les mères sont faibles et surtout lorsqu’elles ont déjà perdu ou détruit leurs portées antérieures. -,

A l’âge d’un mois, les lapereaux mangent seuls et leur mère partage avec eux sa nourriture ; à six semaines, ils peuvent se passer de mère et entrer dans la grande cabane ; à deux mois et demi, on les lâche dans le clapier avec ceux qui sont destinés à la table. 11 faut, avant du les y laisser en liberté, châtrer les mâles, afin qu’ils ne fatiguent pas les femelles, qu’ils ne se battent pas entre eux et qu’ils deviennent plus gros et plus tendres à manger.

Lorsqu’on veut garder des lapins pour faire race, on doit unir constamment les plus beaux individus, sans souffrir de mésalliance et sans permettre qu’ils s’accouplent avant leur accroissement parfait, c’est-à-dire vers six ou huit mois. Pour renouveler les mères, il convient de préférer les femelles nées vers le mois de mars ; elles sont alors disposées à prendre le mâle vers le commencement de novembre, et l’on est à même de vendre leur première portée dans le courant de l’hiver ; on peut compter sur un produit annuel de deux cents lapereaux dans un clapier composé seulement de huit mères bien entretenues. ■

« Dans les Flandres occidentale et orientale, dit Joigneaux, on se passionne pour les lapins. Ce sont les amis du logis, et s’ils sont gros et bien faits, ils deviennent l’orgueil de la famille. Nous n’exagérons pas ; il y a de3 sociétés d’encourugement pour les lapins ; des concours ont lieu tous les ans, et c’est à qui entrera en lice, à qui produira la plus belle béte, dans l’espoir de gagner le prix. »

L’éducation du lapin ne se fait pourtant pas en grand dans les Flandres. On prend toutbonnement dans chaque ménage un vieux coffre, une caisse de moyenne dimension, on y met un épais lit de paille et l’on y loge des lapins. Après cela, on a soin que la litière ne soit jamais humide ; on la renouvello aussi souvent qu’il est besoin. En été, les boîtes à lapins sont placées dans un lieu aéré ; en hiver, on les rentre dans les habitations ou dans les étables, attendu que le lapin est quelque peu frileux, et que, s’il résiste assez bien au froid, il en souffre néanmoins et ne se développe pas convenablement.

Les nombreux lapins fournis au commerce

— sont achetés par lus marchands ambulants. Ces marchands en remplissent de petites charrettes traînées par des chiens, puis on les réunit afin d’en faire de gros chargements pour l’Angleterre.

Dans les Flandros, la nourriture habituelle des lapins consiste, pour l’été, en drèche de

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brasserie deux ou trois fois par jour, à raison d’un demi-sabot par fois (le sabot de grandeur ordinaire), en feuilles de choux parfaitement ressuyées, en herbes, pelures de pommes de terre, cuites avec du son et arrondies en boulettes. Pour la nourriture d’hiver, on donne des carottes, du foin ordinaire, du trèfle et des pelures de pommes de terre desséchées au grenier.

Dans toute la Normandie, et notamment à partir de Vernon jusqu’à Caen, on rencontre les plus forts lapins de France, appartenant, comme ceux des Flandres, à la race commune grise. Nos lupins normands pèsent communément de 4 kilog. À 7kii,500, entre l’âge de six à huit mois.

La Picardie élève aussi beaucoup de lapins, mais ils sont un peu moins forts que ceux de la Normandie. Les Ardennes, la Lorraine et la Champagne sont ensuite les contrées où l’on rencontre le plus d’animaux de cette espèce.

Toutes les herbes ne conviennent pas aux lapins ; les plantes aqueuses, froides ou mouillées peuvent leur être funestes ; on doit leur donner de préférence les liserons, les pissenlits, les moutardes, toutes les plantes aromatiques ; les feuilles et les branches d’arbres, en été, ainsi que la chicorée sauvage, le persil, In pimprenelle ; on garde pour l’hiver les regains, les pommes de terre, les turneps, les betteraves champêtres, le fourrage du blé de Turquie. Il ne faut leur donner du chou que modérément ; le sel leur est avantageux, leur aiguise l’appétit ; le son, les grains de toute espèce et surtout l’avoine leur plaisent beaucoup et sont utiles aux mères.

On doit varier la nourriture des lapins, afin de provoquer leur appétit, qui se lasse facilement.

On ne doit pas songer à engraisser les lapins avant qu’ils aient atteint l’âge de cinq mois ; l’opération dure un ou deux mois ; elle demande un repos complet de l’animal et une riche alimentation. « Voici, dit Ooigneaux, comment on procède dans les Flandres pour engraisser un lapin en quinze jours : on fixe un bout de planche contre le mur, à 1 mètre environ du sol, et on place l’animal sur ce bout de planche, où il peut à peine se retourner. C’est là qu’on lui sert trois fois par jour et à heure fixe une nourriture copieuse, qui consiste en pain de seigle avec du lait, en deux poignées de graines d’avoine, une vers midi, l’autre vers le soir, et enfin en trèfle sec, quand ce fourrage est du goût de l’animal. Le lapin, ainsi placé, ne bouge guère ou ne bouge pas, tant il a peur de tomber, et cette immobilité favorise beaucoup la production de la graisse. On le met à la gêne pour lui donner de l’embonpoint, comme on met à la gêne les vaches dans leurs loges, les oies, les canards, les dindes et les poules dans leurs enges étroites ou leurs épinottes. »

Ce mode d’engraissement rapide exige une certaine attention ; la nourriture amène parfois un état de constipation qu’il faut combattre avec un peu de nourriture verte.

L’engraissement en un mois ou cinq semaines n’offre pas cet inconvénient. On se contente de placer les lapins dans une caisse ou dans une loge, toujours en lieu sec, un peu chaud même et en partie obscur. On leur donne à manger trois fois par jour, à des heures très-régulières, en variant le plus possible la nature des aliments et en faisant alterner le sec avec le frais. Chaque fois qu’on leur sert un repas, on a bien soin d’enlever les débris du repas précédent. Les lapins doivent souvent la mort à leur voracité ; ils meurent d’indigestion lorsqu’on leur donne de l’herbe verte trop succulente. Une autre maladie qui leur pst très-commune est la daze ou gros ventre, occasionnée par un amas d’eau considérable dans la vessie ; cette maladie est combattue par une nourriture sèche, du regain, de l’orge grillée, des plantes aromatiques et de l’eau à discrétion.

La gale, qui les attaque principalement dans leur jeunesse, les rend étiques, tristes, arrête leur croissance, leur enlève l’appétit et les fait mourir dans de violentes convulsions ; on l’attribue à l’humidité, le plus terrible ennemi des lapins. Lorsqu’un animal est atteint de la gale ou de la daze, qui se traitent de la même manière, on doit aussitôt éloigner le malade.

■ Pour connaître la valeur d’un lapin, l’acheteur saisit la béte par les oreilles, la couche à plat ventre sur son bras gauche et souffle sur le dos. Si le poil s’envole, c’est que le lapin n’est pas bien portant ; s’il ne s’envole pas, c’est que l’animal est çlein de santé. Et, en effet, un animal maladit mue presque en tout temps. D’ailleurs, en soufflant dessus, on peut voir si le poil du fond’ est vif et la peau blanche ; ce sont deux bons indices. Quand le fond du poil est terne et la peau terreuse, les bêtes ont été mal nourries et se portent mal.

La chair du lapin domestique a une certaine importance dans l’art culinaire ; inférieure à celle des lapins sauvages ou de garenne, elle peut être relevée par les apprêts, et fournit ainsi’une ressource aux peins ménages, dans les campagnes. La peau, revêtue de tout son poil, bien passée ot bien préparée, sert à faire plusieurs sortes de fourrures, des manchons, des couvre-pieds, etc. ; il en existe de diverses couleurs, de noires, de blanches, de grises ; les noires d’Angleterre sont surtout fort estimées.

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Les peaux gris cendré, lorsqu’elles sont belles, se vendent quelquefois frauduleusement sous le nom de petil-gris.

Le poil du lapin, coupé au ras de la peau et mêlé avec certaines laines, devient poil de loutre et est employé par les chapeliers. Les marchands de peaux de lapin parcourent les villes et les campagnes et achètent, non-seulement les peaux de ces animaux, mais encore les vieux habits, les papiers déchirés, etc. Ils revendent ensuite les peaux à des marchands en gros qui les distribuent aux industriels auxquels elles sont utiles.

« Pour la chapellerie, dit Joigneaux, le

poil des lapins normands ne constitue pas la première qualité ; on préfère le lapin picard, dont la nuance est d’un plus beau gris, cVii-diro d’un gris plus clair, et dont le poil

est-

— est

dus lin. C’est à’Beauvais et à Amiens que l’on achète surtout ces qualités. La chapellerie recherche également’les lapins de la Champagne, des Ardennes, de la Lorraine et do la Bourgogne, qui fournissent beaucoup moins que la Normandie et la Picardie, mais qui se recommandent presque toujours par 1 excellente qualité des peaux. La nourriture a unû influence très-marquée sur la aualité de ces peaux ; aussi les marchands estimentils particulièrement celles qui proviennent d’animaux mangeant souvent du grain et du fourrage sec. Bonne nourriture, diseut-ils, bon poil et bonne chair. »

Les lapins communs du midi de la France sont tout petits et ne pèsent, sauf exception, que de lk>l,5 à 2hil,5 au plus ; mais ils donnent un poil fin et d’une nuance gris clair agréable.

Le lapin angora ou de ménage, dont le poil servait autrefois à faire des gants et des bas, n’a plus de raison d’être aujourd’hui. La bonnoterie n’en veut plus, la chapellerie n’en veut pas davantage ; enfin on l’exclut de toutes les cuisines, parce que sa ehairest de très-mauvaise qualité.

Le lapin riche, élevé d’abord à Troyes et dans les enviions, a été très-recherché pour fourrures naturelles à bon marché, autrement dit pour fourrures non lustrées. La chapellerie dusse son poil parmi les qualités très-inférieures, parce qu’il est grossier et feutre mal. Sa chair, enfin, est très-ordinaire. La peau, néanmoins, et par cela même qu’on en fait des fourrures communes, a un prix plus élevé que celle des autres races. En 1856, les 100 peaux valaient de 150 à 175 francs, et à l’heure où nous écrivons elles sont encore à 100 et 120 francs. La mue des lapins commence vers le 15 septembre et dure jusqu’à la fin de novembre ; c’est le moment où ils fournissent le poil le plus grossier ; aussi, en admettant que 100 peaux de la race commune aient en hiver une valeur.de 50 francs, elles ne vaudront plus que 36 francs pendant la mue, et, en été, de 34 à 35 francs. À ce compte, les lupins du Midi, dont les 100 peaux ne se payent que 15 à 10 francs en hiver, à causu de leur petitesse, ne valent plus que 7 à S francs en temps de mue, en été.

Les lapins noirs, les lapins blancs, les la- t pins bariolés sont de qualité inférieure comme poil et comme chair. Le poil manque de finesse et reçoit mal la teinture.

Les peaux de lapin, dépouillées de leur poil, sont découpées en lanières et servent à préparer la colle pour les peintres. Les déchets de peaux, tûtes, pattes et rognures ou claquettes, sont vendus comme engrais.

Los excréments de lapin constituent également un bon engrais. Pour en tirer le meilleur parti, et aussi pour entretenir les lapins dans de bonnes conditions hygiéniques, il faut quo la litière de ces animaux soit sèche et fréquemment renouvelée.

On voit depuis quelque temps des animaux attribués au croisement du lièvre et de la lapine, et que l’on désigne sous le nom de léporides.

— Art culin. ■ Quoique, au premier coup d’œil, dit Griinod do La Reymère, le lapin ait avec le lièvre de grands rapports, il en diffère essentiellement par ses mœurs, ses habitudes et la nature de sa chair ; elle est bien plus blanche, plus tendre et plus succulente ; mais ces bonnes qualités n’appartiennent qu’au lapin sauvage : le lapin domestique doit être écarté de toutes les tables un peu jalouses de leur bonne renommée. Le lapin sauvage, au contraire, nourri de thym, de marjolaine, de serpolet et d’autres herbes odoriférantes, est le véritable parfumeur d’un bon garde-manger : c’est le Fargeon de la cuisine. Choisi jeune (et pour ny pas être trompé, il faut lui tâter les jointures des pieds de devant, au-dessous du genou ; si vous y trouvez une petite grosseur, comme une lentille, soyez sûr que c’est un adolescent), c’est un manger aussi sain que délicat. On le sert à la broche, piqué ou lardé, en gibelotte, à l’éluvéo, en fricassée de poulet, an casserole, en brezoles, à la polonaise, à l’italienne, à l’anglaise, à l’espagnole, au gîte, à la Rossane, au coulis de lentilles, et de mille autres manières ; on en fait même des boudins et jusqu’à des papillotes. De tous les lapins qu’on mange à Paris, ceux de Cabourg sont les plus estimés. ’ En dépit de Griinod de La Reynière, il est prouvé par l’expérience que la chair du lapin franc fournit un excellent bouillon, comparable à celui du bœuf, et le bouilli que l’on