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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 1, L-Leo.djvu/245

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« N’ayant jamais brigué que l’honneur de servir la patrie, dit M. Eugène Garcin dans son intéressante notice sur La Tour d’Auvergne, ilétait vivement affecté devoir attacher aux services de telles distinctions. Avaitil le pressentiment que c’était par là qu’on affaiblirait les caractères, et que la simplicité des vertus républicaines allait faire place bientôt à la curée de la fortune et des honneurs ? D’autres pressentiments l’affectaient encore : ceux d’une séparation prochaine et éternelle avec ses amis. Une lettre à l’un d’eux, le citoyen Johunneau, était cachetée de noir. Il dit entre autres choses : « Mon cher

« camarade, souvenez-vous de La Tour d’Auvergne. Nous étions amis. Ma carrière va finir. L’armée est ma famille, et c’est au sein de ma famille que je dois mourir. » Puis il ajoute ces simples et grandes paroles : « Toujours en paix avec ma conscience, j’ai

« été toujours heureux. » <

« Ah ! l’instant de la mort contient toute la vie !

a dit avec raison le poëte. Comme s’il sentait^ sa fin prochaine, le nouveau Bayard solda d’avarice une pension de 600 francs, qu’il s’était imposée en faveur d’une femme tombée dans l’infortune, mit en ordre ses manuscrits, qu’il confia à Johanneau, dit adieu en pleurant à son ami Paulian, et, le 3 messidor an VIII, il était à son poste. Six jours après, en combattant à la tête des grenadiers de ia 46e demi-brigade, sur la hauteur en arrière d’Oberhausen, il tomba sans proférer une seule parole, frappé d’un coup de lance au cœur. Rien ne saurait décrire la consternation des grenadiers ; ils ne songent même plus à défendre leur vie, et déjà l’ennemi se croit vainqueur ; mais tout à coup l’un d’eux, soulevant le corps du héros : « Il ne faut pas, dit-il, que celui qui n’a jamais tourné le dos

« à l’ennemi durant sa vie le lui tourne après sa mort 1 »

Cette inspiration, ce trait sublime raniment le courage abattu des soldats, qui reprennent l’offensive et culbutent l’ennemi au pas de charge.

(« Non, grenadiers, La Tour d’Auvergne n’est pas mort I s’écria dans sa douleur le général Dessoles ; vous le verrez toujours à la tête de la 46e ! »

Et voici l’ordre du jour que, au nom du général en chef, il publia aussitôt

ORDRE GÉNÉRAL DB L’ARMÉE DU RHIN.

« Mes camarades,

Le brave La Tour d’Auvergne a trouvé une mort glorieuse. Les soldats a la tête desquels il combattit lui doivent un témoignage solennel de regret et d’admiration.

En conséquence, le général en chef ordonne :

1° Les tambours des compagnies de °renadiersde toute l’armée seront, pendant trois jours, voilés d’un crêpe noir.

2" Le nom do La Tour d’Auvergne sera conservé à la tête du contrôle de la compagnie de la «a demi-brigada où il avait choisi son rang. Sa place ne sera point remplie.

30 11 sera élevé un monument sur la hauteur, en arrière d’Oberhausen, au lieu même où La Tour d’Auvergne a été tué...

4» Ce monument, consacré aux vertus et au courage, est mis sous la sauvegarde de tous les pays.

■ » Dessoles,

« Ckef.de l’état-major général. »

Depuis, et jusqu’en 1814 ; chaque jour, quand on faisait l’appel dans la compagnie des grenadiers, l’officier criait : « La Tour d’Auvergne ! • et le porte-drapeau répondait : « Mort au champ d’honneur I » et l’on voyait des larmes rouler sur les joues et les moustaches de ces vieux soldats républicains.

Le monument élevé par ordre du général Moreau, compatriote et ami du héros, fut consacré le 21 août 1800. C’est un grand sarcophage de pierre, élevé sur trois lits de gazon et entouré de pierres liées entre elles par des chaînes de fer. Là, sur des branches de laurier et de chêne, fut déposé cet homme ’ aussi grand par la pensée que par l’action, vrai fils du xviiio siècle et de la Révolution, affranchi de tout souvenir nobiliaire et de toute superstition. Aussi, un de ses historiens qui le connut de près a-t-il dit, le comparant à Turenne : « Turcnne embrassa sans nécessité la religion catholique ; Corret, sans scandale, professa le cuite dé la philosophie et de l’humanité. > (Notes qui suivent le Discours sur La Tour d’Auvergne lu à la séance publique de la Société ph ;>utechnique, le 23 brumaire an IX.) Un ami

avait composé et envoyé cette épitaphe pour son tombeau :

Ci-git La Tour d’Auvergne. À ce grand nom, soldats, Vous pleurez un héros mourant pour sa patrie. Des pleurs 1... Entendez-vous eon âme qui vous crie ;

Enviez mon destin et ne me pleurez pas !

Mais, pour que tout fût simple comme la vie du héros, son nom seul fut gravé sur la pierre : La Tour d’Auvergne 1 Plus tard, sa ville natale lui éleva une statue (1841).

Le roi poète, Louis de Bavière, fondateur du Walhalla, fit réparer son tombeau. Enïin, quelques-uns de nos poètes, Jasmin, Brizeux et Du Pontavice de Heussey (qui

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tient par des liens de parenté à la famille de La Tour d’Auvergne), ont célébré en de nobles vers la grandeur du soldat républicain. Parmi les biographies de La Tour d’Auvergne, il faut surtout signaler le récit très-fidèle et très-ému intitulé :Mulo Corret de La Tour d’Auvergne, le premier grenadier de la République française, par Eugène Garcin (Paris, 18G8, in-18). Nous devons toutefois relever une erreur dans cette notice. L’auteur dit que l’épée du glorieux soldat fut placée, à côté de lui, dans son tombeau. Cette épée, au contraire, fut conservée par un ami, et remise plus tard au capitaine de Keisnusie, digne neveu de La Tour d’Auvergne, et l’un des plus vaillants lutteurs du parti républicain sous lerègne de Louis-Philippe, lequel, en 1860, après la campagne des Deux-Siciles, en fit don au général Garibaldi, le La Tour d’Auvergne italien. M. Emile Maison, dans son Journal d’un volontaire de Garibaldi, a consigné ce fait, avec un fragment de la lettre par laquelle le héros de Rome, de Païenne et de Naples exprime sa reconnaissance de ce don précieux. « J’ai reçu, dit-il, l’épée de La Tour d’Auvergne, cette épée que les consuls de la République décernèrent au plus brave de l’armée française, au plus brave de celte armée qui foulait sous ses pas de géant, et ensevelissait dans la poussière trônes et tyrans de l’Europe I Cet honneur passe tout ce que les aspirations d’un homme de guerre peuvent rêver. Je l’accepte, non-seulement avec toute la gratitude dont je suis capable, mais, de plus, comme un signe de sympathie do la France humanitaire aux nationalités opprimées. L’initiative des grandes réformes politiques qui doivent consacrer la fraternité des peuplesappartient encore à la France...» Cette lettre est datée de Caprera, 2 janvier 1861. Nous regrettons qu’elle ne soit pas plus connue, car elle fait le plus grand honneur à Garibaldi. L’épée de La Tour d’Auvergne ne pouvait pas être confiée à un plus digne chevalier de la cause des peuples.

Quant au sabre d’honneur, il fut suspendu à la voûte des Invalides, Le cœur du héros avait été enfermé dans une urne d’argent et placé au Panthéon. Il paraît que Louis XVIII le voulut donner au général La Tour d’Auvergne-Lauragais ; la famille Kersausie revendiqua, alors cette noble relique, et, après de longs procès, obtint gain de Cause, en 1837. Mais, dans l’intervalle, l’urne avait été dérobée, on ne sait à quelle époque ni par qui.

L’ouvrage dont nous avons parlé plus haut avait été publié par La Tour d’Auvergne, sous le titre de Nouvelles recherches sur la langue, l’origine et les antiquités des Bretons. La troisième édition, publiée en 1802, est intitulée : Originçs gauloises, celles des plus anciens peuples de l’Europe, puisées dans leur vraie source, ou Recherches sur la langue, l’origine et les antiquités des Cello-Rretons de l’Armorique (Hambourg, 1802). Il parait que La Tour d’Auvergne a laissé aussi des manuscrits, entre autres un Glossaire polyglotte et un Dictionnaire breton, gallois et français.

LATOURD’AUVE«GNE(Maurice-Édouard-Godefroi, comte de), écrivain militaire français, né k Londres en 1790, mort en 1832. Il fut éievé à l’École de Saint-Cyr. « À son retour de la campagne de Russie, dit la Biographie Didot, l’empereur vit un jour, en sortant de l’Élysée, un jeune homme qui saisit la bride de son cheval en s’écriant : « Sire, une sous-lieutenance 1 — Quel âge as-tu ? lui dit l’empereur. — Seize ans.— Comment t’appelles-tu ? — Godefroi de La Tour d’Auvergne.

— Accordé ; voilà les jeunes gens qu’il me faut » reprit Napoléon en s’adressaut à Savary. Le brevet était expédié le soir. » Le jeune officier prit part a la campagne de France, pendant laquelle il eut sous ses ordres deux compagnies qui avaient perdu leurs officiers. Sous la Restauration, il entra dans le corps d’état-major, devint aide de camp du ministre de la guerre de Latour-Mauboufg, fut attaché en la même qualité au général Donn’adieu, pendant l’expédition d’Esgne, en 1823, et se distingua par sa brillante valeur en diverses rencontres. De retour en France, un ministre voulut lui défendre de porter le nom de La Tour d’Auvergne, qu’on lui contestait ; il adressa alors une sommation judiciaire au ministre, qui le destitua. Depuis cette époque, Godefroi de La Tour ne s occupa plus que d’études sur l’art militaire et de travaux philanthropiques. Lors de la première invasion du choléra, il dirigea un hôpital, et succomba lui-même à une attaque du fléau. Il avait publié : Considérations morales et politiques sur l’art militaire (Paris, 1830, in-8<>) ; De l’impossibilité de faire une guerre sérieuse, par trois motifs : armée incomplète, point de discipline, disette de généraux convenables (Paris, 1831, in-8») ; Mémoire sur l’organisationmilitaire (Paris, 1831, in-8o).

LA TOUR D’AUVERGNE, nom de plusieurs autres personnages importants de ia même famille. V. Bouillon et Turenne.

LA TOUR D’AUVERGNE-LAUHAGUAIS (Hugues-RoberWean-Charles dk), prélatetcardijjal

français, né au château d’Auze ville, près de Toulouse, en 1768, mort à Arrus en 1851. Élève du séminaire de Saint-Sulpice, il se rit ordonner prêtre en secret en 1793, et exerça clandestinement son ministère à Amiens, où ii s’était retiré auprès d’une de ses parentes. Dénoncé et arrêté, il recouvra la liberté après

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le 9 thermidor, et fut attaché pendant quelque temps aux bureaux d’un commissaire ordonnateur ries guerres. Après le concordat, " La Tour d’Auvergne, sur la proposition do l’abbé d’Emery, alla prendre possession du siège épiscopal d’Arras (1802). Là, il fonda un grand et un petit Séminaire, réorganisa le diocèse, et fit construire une cathédrale qui fut inaugurée en 1833. Admirateur enthousiaste de Napoléon 1er, n n’en fut pas moins un chaud partisan de Louis XVIII, se garda bien de bouder la monarchie de Juillet, écrivit, en 1848, une circulaire à ses curés, pour les inviter à voter pour Cavaignac, puis s’empressa d’ordonner des Te Deum en l’honneur de Louis Bonaparte. Ce prélat plein de souplesse, n’était ferme que sur un point, sur le gallicanisme, dont il était un partisan inébranlable. Il passait pour un des plus beaux hommes de France, et n’était point insensible, dit-on, à l’admiration qu’il inspirait à ses dévotes diocésaines. Se trouvant très-bien à Arras, il refusa l’archevêché de Lyon en

1839, puis celui de Paris, mais accepta, en

1840, le chapeau de cardinal.

LA TOUR D’AUVERGNE LAURAGUAlS(Henri Godefroi-Bernard-Alphonse, prince de), diplomate et homme d’État, neveu du précédent, né à Paris en 1823, mort au château des Angliers, le 6 mai 1871. Il fut élevé à Paris, sous la direction de sa mère, Laurence de Chauvigny de Blot, femme remarquable par son esprit. Dès l’âge de dix-huit ans, Henri de La Tour d’Auvergne se fit admettre au ministère des affaires étrangères, et entra dans la diplomatie, où, grâce à sa naissance, il fit un chemin des plus rapides. D’abord secrétaire d’ambassade à Rome, il devint bientôt après, malgré sa jeunesse, ministre plénipotentiaire de France à Weimar, puis il

remplit successivement les mêmes fonctions à Florence et à Turin, où il se trouvait lorsque Napoléon 111, de concert avec Victor-Emmanuel, fit la guerre à l’Autriche (1859). Envoyé ensuite en ambassade à Berlin, il occupa ce poste jusqu’en 1862, époque où il remplaça M. de La Valette à Rome, puis se renuit en Angleterre, où il remplit, de 1S63 à 1869, les fonctions d ambassadeur près de la cour de Saint-James. Lorsque, à la suite du message impérial du 17 juillet 1869, qui annonçait le retour, par voie de sénatus-consulte, à la responsabilité ministérielle, un nouveau cabinet fut constitué, le prince de La Tour d’Auvergne y entra en qualité de ministre des affaires étrangères. Frère aîné de l’archevêque de Bourges, et, par tradition de famille comme par caractère, très-attaché aux idées cléricales, il eut pour principale mission, dans un moment où la réunion d un concile à Rome pouvait amener des difficultés entre le saint-siége et le gouvernement français, de montrer, par le choix même de sa personne, le désir de Napoléon de sortir sans conflit d’une situation délicate. Parmi les circulaires qu’il écrivit à ses agents diplomatiques à l’étranger, une surtout, envoyée en septembre, fut beaucoup remarquée. «Elle avait pour objet, dit Vapereau, d’expliquer l’attitude à garder dans les relations de la société moderne avec l’Église, réglées jusqu’ici par le concordat, et menacées par ues prétentions nouvelles ; la France, eu s’abstenant de se faire représenter officiellement au concile, ne renonçait pas à agir par les voies et moyens d’influence ordinaires, pour sauvegarder ses franchises nationales et son droit public, et pour conseiller la modération. » Lors de l’avènement d’Emile Ollivier au pouvoir (2 janvier 1870), le prince de La Tour d’Auvergne quitta le ministère, où il fut remplacé par M. Daru. Au mois de juillet suivant, il se rendit en Autriche pour y occuper le poste d’ambussadeur ; mais, dès le 10 août, le ministère Ollivier étant tombé à la suite de nos premiers désastres pendant la guerre avec la Prusse, il fut rappelé en France pour reprendre le portefeuille îles affaires étrangères dans le cabinet formé par le comte de Palikao, cabinet qui croulaavec l’Empire, le 4 septembre 1870. Craignant d’être inquiété, le prince de La Tour d’Auvergne passa en Angleterre, où il mourut quelques mois après. — Son frère, Charles-Amable du La Tour d’Auvergne-Lauraguais, né à Moulins en 1826, fut destiné à suivre la carrière ecclésiastique. Grâce à une dispense d’âge, il reçut ia prêtrise à vingt-deux ans et demi, et devint successivement vicaire général de l’évêque de Langres, auditeur de rote à Rome, coadjuteur de M. Menjaud, évêque de Bourges, avec future succession, et archevêque de Colosses in partibus. Il fut le plus jeune de nos prélats, de même que son frère était le plus jeune de nos ministres plénipotentiaires. À la mort de M. Menjaud (1801), il le remplaça comme archevêque de Bourges. Depuis lors, il s’est fait remarquer parmi les membres de l’épiscopat français qui se sont prononcés avec le plus de chaleur pour l’infaillibilité-du pape.-Son frère, Kdouard-Joseph-Louis-Melchior de La Tour d’Auvergne, né à Arras en 1828, a suivi la carrière des armes. Il a été officier d’ordonnance de Napoléon III, et promu au grade de colonel.

LATOUIl - DUMOULIN (Pierre - Célestin), homme politique et publiciste, né à Paris en 1823. Il se fit recevoir licencié en droit, mais ne suivit point la carrière du barreau, s’occupa tout particulièrement de politique et d’études économiques, et collabora au Cour-

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rier français et au Commerce. Lors de la révolution de 1848, M. Latour-Dumoulin, qui était très-hostile aux institutions républicaines et aux idées libérales, devint un des rédacteurs de l’Assemblée nationale, orgune de la fusion des branches de la maison de Bourbon. En 1849, il fonda le comité de la presse modérée, fut, vers la même époque, rédacteur en chef du Courrier français, puis prit la direction du Bulletin de Paris. Lors du coup d’État qui substitua à la République le gouvernement despotique do Louis-Napoléon Bonaparte (2 décembre 1851^, M. Latour-Dumoulin s’empressa de faire acte d’adhésion a ceux qui, dans le coup de balai, avaient tenu le côté du manche, et obtint, le 6 avril suivant, les fonctions de dipacteur général de l’imprimerie, de la librairie et de la presse au ministère de la police générale, où il créa la commission du colportage. En 1853, une élection ayant eu lieu dans le Doubs, il se présenta, avec l’appui de l’administration, comme candidat au Corps législatif, fut élu, vit renouveler son mandat en 1857 et en 1863, et appuya de Ses votes les mesures les plus arbitraires et les plus justement attaquées que proposa le gouvernement de Louis Bonaparte. Toutefois, comme à partir de ces dernières élections la vie politique commençait à renaître en France, et comme l’opinion commençait à réclamer des réformes dans le sens de la liberté, M. Latour-Dumoulin se rallia au parti pseudo-libéral, qui eut alors pour chefs de Morny et Walowski, dans le sein même du gouvernement, et qui fit des efforts suprêmes pour provoquer la chute de M. Routier. Aussi, lors des élections générales de 1<8G9, non-seulement le député du Doubs ne fut pas soutenu par l’administration, mais encore il fut vivement attaqué par elle. Néanmoins, il obtint la majorité au second tour de scrutin, et, dès l’ouverture de la session, il se rallia à Emile Ollivier, devenu le chef du centre gauche, fut un des premiers à signer l’interpellation des 116, et appuya la politique du cabinet du 2 janvier 1870. La révolution du 4 septembre l’a fait rentrer dans la vie privée. Nous citerons, parmi ses écrits : Une solution (1850) ; Études politiques sur l’administration départementale (1850) ; Lettres sur la constitution de 1852 (1861) ; la Marine française (1861) ; Questions, constitutionnelles (1867, in-8<>).

LATOUR-FOISSAC (Philippe-François de), général français, né en L750, mort en 1804. Ii avait fait comme capitaine la guerre de l’indépendance américaine, lorsque, la Révolution ayant éclaté, il accepta les idées nouvelles, et fut attaché comme adjudant général à l’armée du Nord. Latour-Foissac prit part au siège de Namur, à la bataille de Jemmapes, devint.général de brigade en 1793, fut arrêté peu après, recouvra ia liberté après le 9 thermidor, et obtint sous le Directoire le grade de général de division, avec le commandement militaire de Paris. Envoyé à l’armée d’Italie, il fut chargé, en 1799, de la défense de Mantoue, dont il signa la capitulation le 27 juillet, ce qui eut sur les suites de la campagne une malheureuse influence. Latour-Foissac allait être jugé par un conseil de guerre, lorsque Bonaparte, devenu premier consul, le cassa de son grade et lui interdit de porter aucun uniforme de l’armée. Ce fut en vain que le général demanda à être jugé et publia des mémoires justificatifs ; Bonaparte persista dans sa décision illégale. À partir de ce moment, Latour-Foissac vécut dans la retraite. On lui doit : Examen détaillé de l’importante question de l’utilité des places fortes et retranchements (Strasbourg, 1789, in-8o) ; Traité théorico-pratique et élémentaire de la guerre des retranchements (Strasbourg, 1790, 2 vol. in-8o) ; Précis ou Journal historique et raisonné des opérations militaires et administratives qui ont eu lieu dans la place de Mantoue (Paris, 1801, in-4o).

LA TOUR-LANDRY (Geoffroy de), gentilhomme et poète français, né dans la première moitié du xrv<> siècle. Il est connu par un petit ouvrage en vers, le Livre du chevalier de La Tour-Landry pour l’enseignement de ses filles, qui est un des monuments littéraires du moyen âge. Seigneur de La Tour-Landry, gros bourg de 1 Anjou, il est aussi appelé, dans les titres et dans 1 histoire de Le Laboureur, seigneur de Bourmont, Clermontet Frigné. Il figura, en 1363, parmi les chevaliers du comte de Craon ; en 1378, il envoya des archers au siège de Cherbourg, et prit part, en 1380, à la guerre de Bretagne. Il avait épousé Jeanne de Rougé, dame de Cornouailles, et c’est aux enfants issus de ce mariage qu’il adressa le poème moral auquel il doit sa notoriété et dont nous rendons compte ci-après, 11 le composa dans sa vieillesse, ou au moins dans sa maturité, en 1371, et l’acheva quelques années plus tard, car il y raconte une historiette qui se passa en 1372, et qu’il dit tenir d’une bonne dame. » Sa descendance s’est confondue, par alliance, avec la maison de Maillé.

La Tour-Lnndry (LB LIVRE DU CHEVALIER

de) pour l’enseignement de ses filles. Par un* singulier caprice des copistes, ou par leur ignorance profonde, les manuscrits de ce petit poème moral, très-propre à nous faire pénétrer dans les mœurs simples et naïves du moyen âge, ne nous sont parvenus qu’en prose. Ce n’est qu’une apparence, car il est facile de rétablir le texte primitif, les copistes

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