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taille, qui croît dans l’Amérique du Nord ; ses fleurs sont blanches, à pédoncules rouges, et ses fruits bleuâtres’ ; on le cultive quelquefois dans nos jardins, où il exige l’orangerie ; son bois est dur et susceptible d’un beau poli ; 6" le laurier benjoin ou mieux faux benjoin, de l’Amérique du Sud ; on l’a regardé pendant longtemps comme fournissant la benjoin ; maison sait aujourd’hui que ce baume est produit par le styrax, benjoin, arbre de la famille des ébénacéesj 70 le laurier royal,

frand et bel arbre toujours vert, originaire es Indes et naturalisé à Madère ; 8» Te sassafras.

Laurier-cerise. Le laurier-cerise n’est pas un laurier, comme on pourrait être porté à le croire d’après son nom vulgaire ; c’est une espèce de cerisier, qui n’a de commun avec Je laurier qu’une certaine ressemblance dans la forme des feuilles ; on l’appelle aussi laurier-amande. C’est un arbre de G k 8 mètres au plus, souvent réduit aux dimensions d’un arbrisseau ; ses rameaux portent des feuilles alternes, distiques, ovales allongées, aiguës, dentées, coriaces, lisses, luisantes, d’un beau vert, surtout en dessus, persistantes ; ses fleurs, blanches, petites, très-odorantes, sont groupées en épis axillaires dressés ; les fruits qui leur succèdent- sont de petits drupes ovoïdes et noirâtres.

Originaire des bords de la mer Noire, cet arbre a été introduit chez nous en 157C, et s est presque naturalisé dans les contrées méridionales de l’Europe ; on ne le cultive guère que dans les jardins botaniques ou d’agrément. Il se plaît surtout dans les terres argileuses et exposées au nord. On le propage de fraines semées k l’exposition de l’est ; mais, ans le nord, il faut abriter les jeunes plants durant l’hiver. Les vieux pieds eux-mêmes ne résistent pas toujours aux froids rigoureux ; toutefois, les tiges seules périssent alors, et les racines émettent au printemps de nouveaux rejets, surtout si l’on a soin de receper l’arbre rez terre. D’ailleurs, sous le climat de Paris, le laurier-cerise donne rarement de bonnes graines ; aussi le propage-ton le plus souvent de boutures et de marcottes, qui s’enracinent facilement ; mais on obtient ainsi des sujets moins beaux et de moindre durée. Quant aux variétés à feuilles étroites, ou panachées de jaune ou de blanc, on les multiplie de la même manière, ou par la greffe sur le type commun.

Les feuilles et les fleurs de cet arbrisseau ont la saveur et le parfum de l’amande amère ; on les emploie, les feuilles surtout ; pour aromatiser le lait ou les crèmes-, elles leur communiquent une légère amertume fort agréable, mais qu’il faudrait se garder de pousser trop loin. On en retirait autrefois, par la distillation avec l’alcool, une liqueur assez bonne et réputée comme stomachique ; on y a a peu près renoncé, attendu que la liqueur trop chargée du principe amer de ces feuilles, ou prise à dose un peu forte, peut devenir dangereuse. Il en est de même de l’huile essentielle du laurier-cerise, qu’on vendait en Italie, sous le nom d’essence d’amandes amères, pour 1 usage de la cuisine ou pour celui de la toilette ; lu fabrication même de cette essence ortrait de graves dangers.

Ces propriétés sont dues à l’acide cyanhydrique que renferme le laurier-cerise, Duhamel a fan pér ; r un gros chien en lui faisant avaler une seule cuillerée de l’eau distillée de ses feuilles. Eontana a obtenu le même résultat en appliquant sur une plaie une goutte 0 huile essentielle. L’autopsie du premier n’indiqua d’autre trace du poison que son odeur et le second mourut avec les symptômes qui suivent l’introduction du venin de la vipère. L’eau distillée très-concentrée et, à plus forte raison, l’huile essentielle deviennent, à dose tant soit peu élevée, un poison violent pour l’homme et pour les animaux. Ce poison agit, non-seulement donné intérieurement, soit par le haut, soit en lavement, mais encore lorsqu’il est introduit dans le corps par la voie des blessures. On observe néanmoins que seselFets sont infiniment plus sensibles lorsqu’il est introduit dans l’estomac et dans les boyaux. On dit même que les émanations du laurier-cerise sont délétères, et qu’il suffit de se reposer quelque temps k son ombre, pendant les chaleurs, pour éprouver des maux de tète et des envies de vomir. Il paraît toutefois que la dessiccation détruit les principes actifs des feuilles du laurier-cerise, ou du moins qu’elle annihile les substances qui contribuent à le former. Ces principes 110 se retrouvent d’ailleurs ni dans la gomme qui exsude de la tige, ni dans la chair des fruits, dont la saveur est fade et douceâtre.

On emploie quelquefois en médecine l’infusion des feuilles de laurier - cerise ; mais c’est surtout de l’eau distillée extraite do ces feuilles que l’on fait un assez fréquent usage. On peut, dans ce but, les recueillir à toutes les époques de l’année, mais mieux en février et mars, en juillet et août, suivant les divers auteurs ; elles sont alors beaucoup plus actives. Cette eau doit ses propriétés à une huile essentielle et à l’acide cyanhydrique ; il est facile de doser ce dernier, mais non l’autre : leur proportion varie, d’ailleurs, avec l’âge du végétal, la saison de la récolte, le procédé de distillation employé, la quantité d’eau recueillie.

Cette eau est employée et produit de bons effets, surtout comme narcotique et calmant.

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On l’emploie avec succès dans les névralgies, dans la dyspnée ; elle agit moins bien dans les névroses. On l’a regardée comme très-eflicace contre les palpitations du cœur et les affections lentes et chroniques des viscères abdominaux, surtout chez les individus affectés d’hypocondrie. On a prétendu, mais sans fondement aucun, qu’elle guérissait des maladies réputées incurables, telles que la rage ou le cancer. À l’extérieur, elle a été conseillée contre les affections de la peau. Mais, en général, les effets en sont peu marqués. Ce médicament est assez fréquemment employé dans la médecine homœopathique.

On désigne aussi quelquefois sous le nom vulgaire de laurier-cerise deux espèces voisines, le cerisier de Colehide et le cerisier de Portugal ou azarero. Ce sont de charmants arbrisseaux à feuilles persistantes, d’un très-bon effet dans les jardins paysagers, mais d’un tempérament plus délicat encore que celui du précédent.

Laurier-rose. Le genre nérion, plus connu sous les noms vulgaires de laurier-rose, laurose, laurelle, etc., renferme des arbrisseaux et des arbustes à feuilles opposées ou ternées, lancéolées, persistantes ; les fleurs, groupées en corymbe terminal, présentent un calice très-petit, persistant, divisé jusqu’à la base en cinq segments aigus ; une corolle monopétale, un entonnoir, à tube assez court, dilaté au sommet, portant à sa gorge cinq appendices souvent bifides, qui forment une espèce de couronne déchiquetée, à limbe partagé en cinq divisions obtuses, larges et obliques ; cinq étamines à filets grêles, très-courts, portant des anthères conniventes, sagittées et terminées par un long filet ; un ovaire arrondi, composé de deux carpelles multiovulés, surmonté d’un style cylindrique que termine un stigmate tronqué, lie fruit se compose de deux follicules droits, connivents, allongés, acuuiinés, à une seule loge qui s’ouvre du côté interne, renfermant de nombreuses graines imbriquées, munies d’une aigrette soyeuse.

Ce genre renferme un petit nombre d’espèces, qui croissent dans les régions chaudes ou tempérées de l’ancien continent, où on les trouve surtout dans les endroits humides, au bord des eaux, dans les lits des torrents. Toutes se ressemblent, tant par leurs caractères que par leurs propriétés, tellement qu’on serait tenté de les regarder comme de simples variétés d’un même type spécifique. Cette ressemblance simplifiera beaucoup l’étude du genre, ce que nous dirons de l’espèce type pouvant s’appliquer presque littéralement k toutes les autres.

Le laurier-rose commun (nerium oleander) est un arbrisseau rameux, présentant ordinairement l’aspect d’un buisson, à cause des nombreux rejets qui poussent de sa base ; mais, si l’on a soin de le débarrasser de ceuxci, la tige principale prend un grand accroissement, et le laurier-rose devient un grand arbrisseau ou même un petit arbre ; on dit qu’il peut atteindre alors la hauteur de 10 mètres et devenir assezgros. Ses rameaux droits, effilés, portent des feuilles, tantôt opposées, tantôt verlicillées par trois, plus rarement par quatre, longuement lancéolées, aiguës, sessiles, fermes, coriaces, r’oides, persistantes, d’un beau vert foncé, mais souvent revêtues d’une légère efflorescence blanchâtre et farineuse, qui leur donne un aspect grisâtre. Les fleurs sont grandes, groupées en corymbes terminaux, d’un beau rose dans le type, mais d’un blanc pur dans une de ses variétés ; elles sont très-abondantes et se succèdent pendant tout l’été. Les fruits sont d’un rouge tendre qui passe au brun à la maturité.

Le laurier-rose croit spontanément sur les bords de la Méditerranée ; la beauté et la richesse de sa floraison i’ont depuis longtemps fait admettre dans les jardins d’agrément. Il peut croître en plein air dans le miui et l’ouest de la France, et même à Cherbourg ; mais, Sous la latitude de Paris et dans les climats plus froids, il exige l’orangerie en hiver. Toutefois, il est assez rustique pour qu’on puisse le conserver, durant cette saison, dans une pièce abritée contre la gelée, ou même dans une cave saine ; il en est ainsi du moins pour la variété la plus commune, car les lauriers-roses à fleurs doubles ou à fleura blanches sont beaucoup plus délicats. Au reste, les individus chétifs que l’on voit dans Je nord ne sauraient donner l’idée du magnifique développement qu’acquiert cette espèce en Algérie et surtout en Orient.

Bien que le laurier-rose croisse ordinairement dans des terrains frais et substantiels, il faut éviter de lui donner une terre qui posséderait ces deux qualités à un trop haut degré, car alors il produirait beaucoup de bois et de feuilles, mais peu de fleurs ; toutefois, si on le tient en pots ou en caisses, comme il absorbe beaucoup par ses racines, il lui faut un sol suffisamment riche, fréquemment et copieusement arrosé pendant l’été, mais fort peu dans la saison froide. Le plus souvent, on le laisse croître en buisson ; quand il devient trop vieux, ses tiges se dégarnissent à la base ; il faut alors le receper au pied et on obtient ainsi de nouvelles pousses, qui fleurissent dès la seconde année. Quoiqu’il supporte passablement la taille, il- ne faut pas abuser de la serpette.

On multiplie rarement le laurier-rose par

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ses graines, bien que ce soit le mode le plus naturel, parce que l’on possède d’autres procédés plus expéditifs. Il est peu de végétaux qui se bouturent plus facilement. Les boutures se font avec le plus jeune bois, .qui doit être fendu avant d’être mis en terre ; elles prennent racine au bout de peu de temps. On opère de la même manière pour les marcottes. Enfin, on peut propager le laurier-rose parle déchirement des vieux pieds, ainsi que par la transplantation des drageons qu’il produit en abondance. Toutes ces opérations doivent se faire en automne, aussitôt après la floraison, et on doit, par la même occasion, renouveler la terre en tout ou en partie, suivant le besoin. Quel que soit le procédé employé, les jeunes sujets doivent être mis dans des pots proportionnés à leur force, et traités comme les mères. Ils’fleurissent vers la seconde ou au plus tard la troisième année ; mais c’est vers la cinquième que la floraison est dans toute sa splendeur.

L’analyse chimique a signalé dans le laurier-rose, comme dans la plupart des autres végétaux de cette famille, des principes très-actifs. Latour y a trouvé de la cire ; une matière grasse verte ; de la chlorophylle ; une matière neutre, blanche, eristallisable ; une résine jaune, acre, électro-négative, qui est le principe vénéneux : du sucre incristallisable ; du tannin ; de 1 albumine ; de la cellulose ; des sels, chlorures, sulfates et acétates à base de potasse, de chaux et de magnésie. Le principe résineux, plus abondant dans les individus sauvages des régions méridionales que dans ceux qui sont cultivés, existe dans toutes les parties de la plante, mais surtout dans l’écorce et dans les feuilles ; il est entraîné en partie quand on distille ces dernières avec de l’eau ; les sels alcalins facilitent, d’ailleurs, sa solubilité. D’un autre côté, Landerer a signalé dans ces feuilles la présence de la salicine, et Lukowski deux alcaloïdes, la pseudo-curarine, très-peu active, etl’oléandrine, qui serait le principe toxique.

Le laurier-rose est un poison des plus énergiques. En 1709, en Corse, des soldats français sont morts pour avoir mangé des volailles qu’on avait fait rôtir après les avoir embrochées avec des baguettes de cet arbrisseau. Un fait analogue, mais qui a eu des conséquences moins graves, s’est produit en Espagne, dans le corps d’armée de Suchet. Plus récemment, dans les guerres d’Algérie, des militaires, qui avaient couché sous des huttes faites de branches de laurier-rose, ont été très-sérieusement malades et quelques-uns même ont succombé. Si l’on porte involontairement k la bouche des feuilles ou des fleurs de laurier-rose, elles y déterminent souvent des aphthes fort incommodes et lents à guérir. Du reste, le suc laiteux, blanc, très-âere, qui s’écoule abondamment de toutes les parties de cette plante, quand on la coupe, est déjà un indice assez sûr de ses propriétés délétères.

Le laurier-rose a été l’objet de quelques essais d’introduction dans la thérapeutique. Mais les dangers que présente son emploi l’ont fait k peu près abandonner. « On a vanté, dit T. de Bernenud, son écorce et ses feuilles, mises en décoction, contre les maladies syphilitiques invétérées et pour d’autres affections également rebelles ; mais l’emploi n’a nullement confirmé l’espoir qu’on avait conçu : force a été de les abandonner par suite des accidents qu’elles déterminèrent. Appliquées extérieurement, elles ont moins d inconvénients. Réduites eu poudre, mêlées à. de la graisse ou à de l’huile, pour former un cérat ou une pommade, pour être employées en frictions, elles guérissent de la gale, de la teigne et font périr les insectes cutanés. La décoction caustique des feuilles bouillies dans de l’huile procure les mêmes avantages ; du moins, je l’ai vue produire des cures positives. » Les feuilles sèches sont moins actives ; pulvérisées, elles servent k faire une poudro sternutatoire qui peut devenir dangereuse. On a vanté aussi ces feuilles, écrasées et appliquées k l’extérieur, comme résolutives et bonnes contre les morsures des animaux venimeux. Enfin, on a dit que le principe actif était hyposthénisant, c’est-à-dire qu’il détruisait l’irritabilité. Quoi qu’il en soit, la décoction de ces feuilles et le suc acre et caustique du végétal sont des poisons pour l’homme et pour les animaux. Les individus qui en ont pris sont attaqués d’angoisses insupportables ; le ventre se gonfle, et il survient une inflammation générale dans les viscères. Le remède ou le cotitre-poison consiste dans l’emploi de l’huile d’olive et des adoucissants.

Le bois du laurier-rose est blanc jaunâtre, assez dur, mais cassant ; il n’a pas été jusqu’à ce jour utilisé dans l’industrie, parce qu’il est très-rare d’en trouver des échantillons d’une dimension suffisante ; cependant Bélon assure en avoir remarqué dans l’île de Candie qui fournissaient des solives propres à la construction des maisons. Le plus souvent, on l’emploie pour le chauffage ; et, comme le charbon qu’il donne est très-léger, on s’en sert, sur le littoral du nord de l’Afrique, pour fabriquer la poudre à canon. On a essayé d’utiliser les aigrettes soyeuses qui surmontent les graines du laurier-rose, soit eu les filant après les avoir mêlées avec du chanvre ou du coton, soit en les préparant pour les rendre propres à faire des chapeaux, des ouates ou du papier ; mais ces essais nont pas donné de résultats avantageux.

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Le laurier-rose odorant (nerium odorum) ressemble beaucoup au précédent ; il s’en distingue néanmoins par ses dimensions plus grandes, ses corolles campanulées, ses anthères surmontées de filets plumeux et barbus, et surtout par l’odeur agréable de ses fleurs, qui rappelle celle de la vanille. Il croit dans l’Inde, au bord des rivières et sur les rivages de la mer, et a été introduit en Europe il y a environ deux siècles. Il a produit quelques variétés, à fleurs simples ou doubles, blanches, jaunes, orangées, roses ou rouges. On le cultive & peu près comme la précédent ; mais il est plus délicat et plus sensible au froid.

Le laurier-rose k bouquets (nerium coronarium) n’est peut-être qu’une simple variété, à fleurs blanches, très-odorantes ; on regarde aussi l’Inde comme sa patrie. Le laurier-rose tinctorial (nerium tinctorium) est cultivé dans ce dernier pays, notamment à Salem et à Madras ; on en retire une matière colorante bleue, servant à teindre les toiles qui s’emploient dans le pays.

La laurier-rose antidyssentérique (nerium aiitidysentericum), devenu aujourd’hui le typo du genre wrightia, donne une écorce connue sous le nom de goudaga pala et qu’on emploie dans l’Inde contre la dyssenterie. Toutes ces espèces ont les mêmes propriétés vénéneuses. Les dernières ne se trouvent, en Europe, que dans les jardins botaniques.

— Allus. hiBt Len Inuriere do MMlinde m’empochent de dormir, Allusion à unô réponse de Thémistocle à ses amis, qui l’interrogeaient sur l’état de sombre mélancolie auquel il semblait livré depuis la bataille de Marathon. Se dit, dans l’application, de l’influence morale produite par une noble émulation, mais souvent aussi par une basse jalousie. Les écrivains rappellent souvent les insomnies de Thémistocle.

« L’histoire dit que Thémistocle ne pouvait dormir des lauriers de Miltiade. 11 y a du Thémistocle dans le chardonneret, qui ne peut non plus fermer l’œil si quelqu’un dû ses compagnons de volière sommeille perché plus haut que lui. C’est un travers d’esprit peut-être, mais l’ambitieux ne saurait se résigner à être confondu dans la foule. »

Tousshnel.

«Les nations sages favorisent le sentiment de l’émulation, qui n’est pas étranger à leur grandeur ; elles savent que les plus faibles dans le monde, et les moins honorées dans l’histoire, ne sont point celles où un grand nombre d’hommes ont connu le sommeil agité de Thémistocle. »

Prévost- Paradol.

« On prétend, disait quelqu’un à M. d’Ennery, que les lauriers de AI. Camille Doucet vous empêchent de dormir’/ — À la première de la Considération, repartit le célèbre dramaturge, j’étais placé auprès de Siraudin ; demandez-lui si je n’ai pas dormi pendant les quatre actes. »

Laurier d’Apollon (le) (El Laurel de Apolo], poème de Lope de Vega (1630). Cette longue composition, destinée k exalter les gloires littéraires de l’Espagne, est inoins réussie que le Voyage au fumasse, de Cervantes, écrit aussi dans ce but. Aucune autre nation n’a eu l’idée d’élever à ses poètes un monument aussi vaste, et, somme toute, malgré la monotonie inhérente à de pareilles énuniérations, de telles œuvres ne sont pas sans intérêt. Le curieux y trouve, il travers des éloges un peu outrés, de précieux renseignements pour l’histoire littéraire, La postérité a fait son choix parmi cette cohue de grunds hommes ; elle a retenu les noms de quelques-uns Seulement ; les autres du moins conservent l’avantage de donner au groupe une masse imposante et de rester comme enchâssés dans une strophe poétique. Pour un grand nombro, c’est tout ce qui survit d’eux !

Le Laurier d’Apollon se compose de dix chants (silvas) et n’a pas moins de 7,000 vers. C’est ia description d’une fête imaginaire donnée par le dieu de la poésie, sur l’Hélicon, au mois d’avril 162*. Tous ceux qui s’étaient fait un nom dans les lettres espagnoles depuis trois siècles figurent dans cet interminable cortège ; les morts apparaissent mêlés aux vivants ; mais il faut dire que ces derniers, contemporains du poète, sont en majorité. Le premier chant célèbre les vieilles gloires de la littéra’ture espagnole, Gregorio Hernandez le Bucolique, Garcilaso de La Vega, Valdivreso l’Elégiaque, Isabelle de Rivadeneyra, devant laquelle Lope fait jeter des lis à pleines mains, comme Dante devant Béatrix, Anne de Castro, Thomas Gracian, Pedro do Padiliajau deuxième chant, la Renommée parcourt l’univers entier, depuis cette ultima T/ittle, de Sénèque, jusqu’aux confins de ces Indes occidentales nouvellement découvertes ; elle y recherche les Espagnols qui ont transporté le goût littéraire de la mère patrie, ou les hommes illustres que ces contrées nouvelles ont fournis à l’Espagne. Pour les premiers, ce sont tous des missionnaires, des docteurs, des historiens ; quant aux seconds, Porto-Rico s’enorgueillit d’avoir vu naîtro Bernardi de Valbuena ; Quito, une Sapho nouvelle, dofla Jeronima ; le Paraguay, Luis

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