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ces hordes sauvages : armée, marina, administration, finances, commerce, arts, industrie, tout, hommes et choses. Lefort fut à la hauteur de cette noble mission civilisatrice. Il eut à lutter contre d’obstinés préjugés, mais il triompha de tout. Il appela en Russie des hommes de talent de tous les pays de l’Europe, et il commença avec eux la grande œuvre de création dont Pierre le Grand a seul la gloire. Au reste, le czar eut au moins le mérite de se laisser diriger par Lefort, et, chose rare, il ne fut jamais ingrat envers lui. Lefort fut toujours son conseil, l’accompagna dans tous ses voyages, dans toutes ses expéditions, et modéra souvent ses emportements sauvages. Lors du voyage que fit le czar dans les principales contrées de l’Europe, pendant une fête donnée à Kœnigsberg, Pierre voulut contraindre un des officiers de l’électeur de Brandebourg à boire un énorme flacon de vin. Celui-ci s’y étant refusé, l’empereur le fit jeter à la porte et se précipita l’épée nue sur Lefort, qui avait gardé le silence. Celui-ci découvrit sa poitrine, engageant son maître à lui donner une mort qui mettrait fin aux chagrins qu’il éprouvait à son service. Le czar jeta son épée et tomba dans les bras de Lefort. Après avoir été général, grand amiral, vice-roi de Novogorod, après avoir administré toutes les richesses de la Russie, et reçu de la plupart des souverains de l’Europe les plus riches présents (qu’il faisait immédiatement porter au trésor public), Lefort mourut pauvre, ne laissant pas de quoi subvenir aux frais de ses funérailles. Le czar s’écria, en apprenant cette nouvelle : « Hélas ! je perds le meilleur de mes amis, et cela dans un temps où j’avais plus que jamais besoin de lui ! À qui me confier désormais ? » Il assista en personne, et vêtu de deuil, au convoi de celui qui l’avait si bien servi.


LEFORT (Pierre-Alexandre-Francisque), ingénieur, né à Paris en 1809. Élève de l’Ecole polytechnique (1827-1829), il entra dans le corps des ponts et chaussées, et devint ingénieur en chef de première classe en

1857, puis inspecteur général. M. Lefort s’est principalement occupé de travaux de chemins de fer et a élevé de nombreuses constructions sur les lignes du Nord. Indépendamment de rapports, on doit à M. Lefort

une Notice sur les travaux de fixation des dunes (1S32) ; Études relatives à ta construction des ponts biais (1839) ; Tables des surfaces de déblai et de remblai des largeurs d’emprise (18C2, in-8o).


LEFORT (Léon), chirurgien français, né à Lille en 1832. Au sortir du collège, il entra dans la chirurgie militaire, et fut attaché à l’hôpital de Lille jusqu’en 1850, époque ù la

?uelle cet hôpital fut supprimé. Le jeune Leort

se rendit alors à Paris et y continua l’étude de la médecine. Interne en 1853, aide d’anatoinie en 1856, il devint prosecteur en

1858, Dans un voyage qu’il fit à Londres k cette époque, il étudia soigneusement la résection du genou, opération presque ignorée en France, et à son retour il publia, sur ce sujet, les résultats de ses observations. En

1859, il prit part à la guerre d’Italie en qualité de sous-aide major. Docteur eii 1860, il visita, l’année suivante, l’Angleterre, l’Irlande. l’Écosse, la Hollande et la Suisse, pour y étudier l’hygiène hospitalière, et, k son retour, il publia un mémoire dans lequel il montra l’infériorité de nos hôpitaux et la nécessité d’entrer dans la voie des réformes. L’assistance publique s’émut de cette brochure, et, en 1864, M. Husson chargea M. Lefort, devenu agrégé et chirurgien des hôpitaux en 1863, d inspecter les principaux établissements de l’Allemagne et de la Russie, et d’y rechercher les perfectionnements applicables aux nôtres. Après six mois d’absence, M. Lefort, de retour à Paris, présenta un mémoire dans lequel il combattait la construction du nouvel Hôtel-Dieu dans le lieu où il a été élevé depuis. Sur la question, des maternités, il écrivit un remarquable rapport qu’il présenta à M. Husson, directeur général des hôpitaux ; mais cet administrateur, trouvant que ce travail était bien inoins le compte rendu d’une mission administrative qu un traité développé de la matière, refusa de le faire imprimer aux frais de l’administration.

M. Lefort, collaborateur de la Gazette hebdomadaire et du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, secrétaire de la Société de chirurgie, a publié : De la résection du genou (Paris, 1859, in-4a) ; De la résection de la hanche dans les cas de coxalgie et de plaies par armes à feu (Paris, 1862, in-4o) ; Des vices de conformation du vagin et de l’utérus (Paris, 1863, in-8o) ; Des anévrismes (Paris, 1S6G, in-8o) ; De l’hygiène hospitalière en France et en Angleterre (Paris, 1861, in-4o) ; Des maternités (1&66) ; la Liberté de ta pratique et la liberté de l’enseignement de la médecine (Paris, 1866, in-8o) ; Sur le traitement de la syphilis (Paris, 1867, in-8o) ; Du mouvement de ta population en France (Paris, 1867, in-8o), inséré dans la Revue des Deux-Mondes ; Pansement simple par la bulnéation continue (Paris, 1871, in-S°), etc.


LEFORTIER (Jean-François), littérateur français, né k Paris vers 1771, mort en 1823. D’abord officier de santé, il se tourna ensuite vers l’enseignement, professa successivement la littérature aux écoles centrales du Morbihan et de Seine-et-Marne, à l’école militaire établie, en 1803, à Fontainebleau, puis à

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Saint-Cyr, et prit sa retraite en 1814. C’était un homme d’esprit et de goût, qui collabora à la Correspondance politique et littéraire, au Journal général de France, etc., et qui a publié : Aperçu sur les causes des progrès et de la décadence de l’art dramatique en France (1799, in-8o) ; Manière d’apprendre et d’enseigner (1803), excellente traduction d’un ouvrage du P. de Jouvency, etc.

LEFOUGA, une des lies Hapay, de l’archipel des Amis, dans le grand Océan équinoxial, parl9O30’delatit. S. et 176° 40’de longit. O. Elle a 5 kilom. de longueur sur 4 de largeur. La partie orientale est exposée aux vents alizés, et il y a sur la côte un rocher très-étendu et couvert d’eau à marée haute. Cette lie est entourée, sur plusieurs points, de rochers de corail assez élevés. On la représente comme une des plus fertiles du groupe. Dans plusieurs endroits, sur la côte, le sol n’est pas cultivé, mais, vers le milieu de l’île, la culture a paru très-régulière et la population assez considérable.

LEFOURMER (André), médecin et chimiste français, né k Paris. Il vivait au xvie siècle, exerça la médecine et fut nommé doyen de la Faculté de Paris en 1518. On lui doit : la Décoration d’humaine nature et ornement des dames, où sont montrées la manière et receptes pour faire savons, pommades, poudres et eaux délicieuses (Paris, 1530-1551, in-12).

LE FRANC (François), ecclésiastique et publicisle français, né à Vire-vers 1720, mort à Paris en 1792. Supérieur de la congrégation des eudistes, à Caen, avant 1789, il combattit vivement l’affranchissement de la nation, et vint ù Paris se concerter avec l’abbé Barruel, comme lui ennemi déclaré des principes de la Révolution française. Le. Franc, arrêté à Paris et emprisonné dans la maison des Carmes, y fut massacré avec tous les prêtres qui y étaient enfermés, le 2 septembre 1792. Parmi. Qes brochures, toutes animées du plus mauvais esprit dé réaction, on cite : le Voile levé pour tes curieux ou le Secret de la Dévolution d l’aide de la franc-maçonnerie (Paris, 1791- 1792, in-8o) ; Conjuration contre la religion catholique et les souverains, dont le projet, conçu en France, doit s’exécuter dans l’univers entier (Paris, 1792, in-89).

LEFRANC (Jacques), général français, né à Mont-de-Marsan en 1750, mortk Malagaen 1809. Ancien soldat des régiments de Béarn et de Dauphiné, il fut nommé, en 1793, chef du 30 bataillon des Landes. Élevé, quelques mois plus tard, au grade de chef de la 40B demi-brigade, il se fit remarquer à l’armée des Pyrénées-Orientales, et passa sous les ordres du général Moreau. Elu au Corps législatif en 1802, général de brigade en 1803, il fut envoyé, en 1808, à l’armée d’Espagne, et, à la tète des grenadiers, emporta de vive force l’arsenal de Madrid, d’où les Espagnols mitraillaient et décimaient nos troupes, lors de la prise de cette ville. Incorporé dans le corps d’armée du général Dupont, et compris dans la capitulation de Bayîen, il mourut de la fièvre pestilentielle dans les prisons de Malaga.

LEFRANC (Denis-François), ecclésiastique et mathématicien français, né en 1760, mort en 1793. D’abord prêtre de la doctrine chrétienne à Boissons, il fut successivement appelé à Chaumont, à Avallon et à Saint-Omer, pour y professer la physique et les mathématiques. On lui doit un ouvrage posthume : Essais sur la théorie des atmosphères et sur l’accord qu’elle tend à établir entre les systèmes de Descartes et de Newton et les phénomènes décrits par Laplace et Bertkollet (Paris, 1819, in-s°).

LEFRANC (Jean-Baptiste-Antoine), révolutionnaire français, mort en 1816. Il était

architecte à Paris quand éclata la Révolution, et il se signala parmi les patriotes les plus ardents. Au 10 août 1792, il sembla modérer sa fougue et rechercher l’obscurité ; cependant il n’en resta pas moins lié avec Babeuf et les républicains avancés. Compromis dans la conspiration ourdie par Babeuf, en 1796, Lefranc fut acquitté par la haute cour de Vendôme ; mais, compris dans la proscription qui suivit l’explosion de la machine infernale de la rue Saint-Nicuise (3 nivôse an IX), il fut déporté aux lies Seychelles. Revenu en France après trois ans d’exil et’ enfermé aussitôt dans les prisons de Brest, il fut transféré au fort du Hâ, k Bordeaux, et de là à Pierre-Chàtel, où les alliés le délivrèrent en 1814. En 1816, il fit paraître un livre intitulé : les Infortunes de plusieurs victimes de la tyrannie de Bonaparte. Deux mois après la publication de son livre, il était accusé de complot contre la vie et l’autorité du roi, et compris dans le procès des patriotes de 1816. Condamné k la déportation, il mourut en prison.

LEFRANC (Édouard-Edme-Victor-Étienne), avocat et homme d’État français, né à Garlin (Basses-Pyrénées) en 1809. Son oncle, Jeun-Baptiste Lefranc, avait été membre de ta

Convention. Il fit son droit k Paris, puis alla se fixer, comme avocat, à Mont-de-Marsan. À la tète du parti libéral dans les Landes et connu par sa constante opposition au gouvernement de Louis-Philippe, il fut nommé,

en 1848, commissaire de la République dans ce département, qui l’envova en qualité de député k la Constituante, où il vota avec la

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gauche républicaine modérée. Réélu le prer mier à l’Assemblée législative, il suivit la même ligne politique, prononça plusieurs discours, et prit une place distinguée dans le parti républicain. Le coup d’État du 2 décembre,1851 rendit M, — Lefranc a la vie privée. Il reprit alors la robe d’avocat, vint se fixer k Paris, et devint membre du conseil de l’ordre. Lorsqu’une réaction libérale commença à se produire contre l’Empire, M. Victor Lefranc recommença.à se mêler à la vie politique et se présenta, mais sans succès, dans les Landes, comme candidat de l’opposition, en 1863 et en 1869. Après la chute de l’Empire, il fut nommé membre de la commission provisoire chargée de remplacer le conseil d’État ; mais, dès le 27 septeinbre 1870, il donna sa démission. Lors des élections du 8 février 1871, pour l’Assemblée nationale, les électeurs des Landes nommèrent M. Victor Lefranc députe, le premier de la liste. Son talent comme orateur, la fermeté et la modération de ses opinions républicaines le mirent aussitôt en évidence. Dés le 17 février, il fut chargé, comme rapporteur, de proposer, à la Chambre de nommer M. Thiers chef du pouvoir exécutif..Nommé membre de la commission appelée à suivre les négociations de paix à Versailles, il fut désigné pour présenter à l’Assemblée un rapport concluant à l’acceptation des conditions de paix draconiennes imposées par l’empereur d’Allemagne (1« mars 1871). Membre de la gauche modérée, il appuya la politique de M. Thiers. Le 25 mars 1871, il demanda que l’Assemblée rlétrît les magistrats qui, en 1852, s’étaient déshonorés en faisant partie des commissions mixtes ; le 8 mai, il prononça un discours pour demander le maintien du suffrage universel actuellement en vigueur et pour combattre la proposition de M. Quinet, demandant une représentation des villes, distincte de.celle des campagnes. Lors du remaniement ministériel qui eut lieu, le 5 juin 1871, M. Lefranc fut appelé k succéder à M. Lambrecht comme ministre de l’agriculture et du commerce. A ce titre, il sut négocier avec le ministère anglais pour obtenir des modifications dans le traité de commerce passé, en 1860, entre la France et l’Angleterre, et fit, dans ce but, un voyage à Londres. Le 17 septembre, il alla, avec M. de Rémusat, assister k l’inauguration du tunnel du mont Cenis, et prononça un discours dans lequel il exprima les sentiments dû gouvernement français pour l’Italie. Bien que les questions commerciales lui fussent peu familières, il dut, k plusieurs reprises, prendre la parole, devant l’Assemblée pour demander des modifications dans lés traités de commerce, notamment en janvier 1872. Le 6 février suivant, il succédait k M. Casimir Périer comme ministre de l’intérieur. Dans ce dernier poste, M. Lefranc céda trop souvent à la pression de la majorité monarchique, et sa modération dégénéra souvent en une excessive faiblesse. C’est ainsi qu’on lui reproche, non sans raison, d’avoir attaché son nom à un projet de loi ayant pour objet d’édicter des peines particulières contre ceux qui attaqueraient par la plume ou par la parole l’impopulaire Assemblée de Versailles (21 février 1872), d’avoir essayé de justifier le maintien de l’état de siège, d’avoir remis en vigueur une loi de 181-4, tombée en désuétude, et ordonnant d’interrompre, le dimanche, les travaux entrepris pour le compte du gouvernement ou d un département, etc. M. Lefranc, en outre, désapprouva la souscription patriotique ouverte pour lalibération du territoire, blâma le maire du Havre pour avoir présidé un banquet offert k M. Gambetta (24 avril 1872), adressa aux préfets une circulaire pour les engager à interdire tout banquet et toute manifestation à l’occasion de 1anniversaire de la révolution du 4" "septembre (21 août), etc. Malgré tant de concessions faites aux impertinentes prétentions d’une majorité insatiable dans ses exigences antilibérales, M. Victor Lefranc no put parvenir k la satisfaire. Le 18 novembre 1872, ayant osé déclarer, dans une réponse k une interpellation de M. Changarnier, que nie gouvernement de la France est la République, » il provoqua contre lui les fureurs de la droite, et, le 30 du même mois, lors de l’interpellation Prax-Paris au sujet des adresses

envoyées à M. Thiers pour le féliciter d’avoir demandé, dans son message, la consolidation de la République, il se vit blûiné par 305 voix contré 293. M. Lefranc donna alors sa démission de ministre de l’intérieur, et fut remplacé, le 2 décembre, par M. de Goulard. Il alla reprendre sa plafce sur les bancs de la gauche, k côté de MM. Emmanuel Arago et Lé Royer, et reconquit la liberté, qu’une position fausse lui avait trop longtemps enlevée, de redevenir ce qu’il n avait cessé d’être, un sincère républicain.

On doit à M.-Victor Lefranc des mémoires et des rapports remarquables sur différentes questions d’intérêt public et de politique, un Traité sur l’éducation agricole, présenté à la Société d’agriculture des Landes, dont il est membre, etc.

LEFRANC (Pierre-Charles-Auguste), littérateur et vaudevilliste français, né à Bussières, près de Mâcon, en 1814. Lorsqu’il eut achevé son droit k Paris, il s’adonna k la littérature, collabora k la Vogue, au Chérubin, a la Revue de France, au Journal de Paris, à la Revue des théâtres, à l’Époque, à la Revue

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des artistes de 1853, rédigea des feuilles légères, les Papillotes, les Coulisses, fonda l’Audience et la Chaire catholique, et écrivit un assez grand nombre de vaudevilles, pour la, plupart en collaboration avec Labiche. Parmices pièces spirituelles et’ comiques, repré-, sentées presque toutes nu Palais^Royal, nous citerons : une Femme tombée du ciel (1836) ; l’Article 960 (1839) ; le. Fin mot. (1840) ; un Grand criminel (1841) ; une Femme compromise (1843) ;.une Existence décolorée (1847) ; l’Enfant de quelqu’un .(1847) ; les Roués innocents (1850) ; une Idée -fixe (1850) ; En manches de chemises (1851) ; Un ut de poitrine (1853) ; un Mauvais coucheur (1854) ; Piccolct- (1870), etc.

LEFRANC (Pierre-Joseph), homme.politique français, né k Mpntmirey-la-Vjlle (Jura) en 1815. F’1 ? d’un cultivateur ancien volontaire de. 1793, il hérita de l’énergié de son père, appritseul les langues anciennes, devint clerc dé notaire, puis vint faire son droit à Paris. Reçu avocat, il alla, à l’instigation d’Arago, fonder k Perpignan le journal d’opposition l’Indépendant des Pjyrénées - Orientales, qui, aux élections de 1846, subit quatorze procès et fut condamné k 25,000 francs ■ d’amende. Après la révolution de février 1848, M. Lefranc fut envoyé, par le département des Pyrénées-Orientales, k la Constituante et k la Législative, où il vota constamment avec l’extrême gauche, et se prononça, notamment, pour le droit au travail, pour la mise en accusation du pouvoir exécutif, au sujet de l’expédition de Rome, contre la loi du 31 mai 1849, qui mutilait le suffrage universel, contre la révision de la constitution, etc. À la suite du coup d’État du 2 décembre 1851, M. Lefranc fut exilé de Franco ;’, mais il put y rentrer quelque temps après., Forcé de renoncer à la politique, il prit la direction d’une maison de commerce dé comestibles ; toutefois, dans les dernières années de l’Empire, il reprit’sa plùme : de journaliste et rédigea, à Perpignan, une feuille politique, dans laquelle il combattit avec une grande vigueur les actes arbitraires de l’administration, se fit l’ardent propagateur des

idées de liberté, attaqua l’élection des candidats officiels ; MM. Péreire et Durand ; et subit, en 1869, une dure condamnation.’Nommé préfet des Pyrénées-Orientales le lendemain de la chute de l’Empire (5 septembre 1870), il réorganisa les municipalités, s’attacha à faire vibrer la fibre des populations en présence de l’invasion, et provoqua des souscriptions pour la défense. « Pour sauver la France, dit-il k ses administrés, faites comme moi : mettez votre cocarde dans votre poche. Ce qu’il faut, ce sont de3 hommes, des armes, do l’argent. Le pauvre donnera son, sang, que le riche donne son or. ».Ce patriotique langage fut froidement accueilli, et M. Pierre Lelranc se vit bientôt accusé de so mettre k la remorque de la réaction par ses amis politiques, k qui il ne cessait de dire : « Parlons moins de la République aujourdîhui et sauvons le pays. » En présence de cet état de choses, M. Lefranc donna, au bout de peu de jours, sa démission dépréfet. Lors des élections qui eurent lieu le 8 février 1871, pour l’Assemblée nationale, il fut élu député des Pyrénées-Orientales par 20,691 voix, et alla siéger a gauche. Depuis lors, il a voté contre les préliminaires de paix, contre les prières publiques, l’abrogation des lois d’exil frap^ pant la maison de Bourbon, la validation do l’élection des princesd’Orléans, le cautionnement des journaux, la loi départementale, la dissolution des gardes nationales, le pouvoir constituant de l’Assemblée, le maintien des traités’de commerce ; pour le retour de l’Assemblée à Paris, pour la dissolution de la Chambre, pour le maintien de M. Thiers lorsque la majorité tenta de le renverser après le message au 13 novembre 1S72, etc. ; en un mot, il n’a cessé d’affirmer par ses votes l’inébranlable fixité de ses opinions républicaines. A diverses reprises, il a prononcé des discours k l’Assemblée, notamment contre le cautionnement des journaux, sur’là loi de l’enregistrement et du timbre, sur les contribùtions’indirectes, etc. ; mais il s’est surtout

fait remarquer par les articles qu’il a envoyés k l’Indépendant des Pyrénées-Orientales. Un de ces urticles, dans lequel il portait sur la majorité de l’Assemblée un jugement aussi juste que spirituel et se prononçait pour la dissolution, fut dénoncé k la tribune par le général Ducrot, qui demanda des poursuites et une répression sévère. Les monarchistes de l’Assemblée furent tellement irrités que, dans l’espoir de les calmer, le gouvernement eut la faiblesse de présenter un projet de loi relatif k la répression des attaques, dirigées contre la Chambre. Mais, sur ces entrefaites, plusieurs journaux, qui s’étaient prononcés dans le même sens que M. Pierre Lefranc et qui avaient été poursuivis, se virent acquittés par le jury. Devant cette manifestation de l’opinion publique, la majorité recula, et un de ses chefs, le pauvre général Changarnier, vint déclarer en mars 1872, avec cette solennité grotesque qui lui est habituelle, que lui et ses amis renonçaient aux poursuites et consentaient k proposer « l’amnistie du dédain. • M. Pierre Lefranc protesta contre cet outrecuidant langage et demanda, mais en vain, en ce qui le concernait, la juridiction du droit comjuun (11 mars). M. Pierre Lafranc est un esprit élevé, un